JACQUES COEUR DE BOURGES
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" Sur la "Route Jacques Coeur" mon père était comme le savant Cosinus préoccupé par un intéressant problème; il devait mener deux parentes au bal et leur dit vers dix heures du soir: "Vous ne serez pas au Pont Neuf que je vous aurai déjà rattrapées!" A quatre heures du matin quand ces dames revinrent du bal il était encore devant son tableau noir. Quand j'étais petite mon père me disait d'attendre dans la voiture et disparaissait pendant des heures dans les archives d'un château du Cher " se souvient une de ses filles. Né en 1931, cet enfant de la guerre grandit dans une ville alors dépourvue de musée : autodidacte, il découpait des reproductions en noir et blanc qu'il collait dans des cahiers. Dès l'enfance, il prit l'habitude de créer des dossiers et de les classer. Plus tard, il fut comblé par sa fréquentation assidue des services d'archives.
Il avait commencé de bonne heure et ce goût récompensé en trouvant le Journal du Procureur Dauvet aux Archives départementales de la Loire ne s'est jamais démenti ; un des derniers jours de sa vie, une biographie de Charles VII à son chevet, il se demandait si de nouvelles découvertes seraient encore possibles sur Agnès Sorel. Robert était chercheur et enseignant, en grande complémentarité, avec une forte volonté de transmission. Son surnom auprès des enseignants qu'il forme à sa pédagogie : " Un petit Que sais-je sur la question ". Ses collègues, ses amis, son entourage et sa famille seront imprégnés de ce partage du savoir, qui passait parfois par des anecdotes singulières donc mémorables. L'association des Amis de Jacques Coeur occupa une place privilégiée dans sa vie et les conférences qu'il a données grâce à ce groupe de passionnés lui ont fait vivre sa retraite comme une renaissance, la confirmation de l'histoire rendue vivante en la partageant. Médiéviste spécialiste de Jacques Coeur certes, l'auteur de La chute de Jacques Coeur, une affaire d'Etat au XVème siècle aux éditions L'Harmattan était aussi ouvert à d'autres centres d'intérêt et à d'autres engagements. Descendant des " Purs " du Chambon-sur-Lignon il était resté attaché à ses racines protestantes. Petit-fils de mineur du bassin stéphanois, fidèle à ses origines, il s'intéressait particulièrement à l'histoire du mouvement ouvrier, à laquelle il consacra des recherches. La Commune de Paris en est un exemple. Il ne dédaignait pas l'histoire locale, loin de là : longtemps en poste à Amiens, il s'investit dans l'association Eklitra, société savante dont le but est de sauvegarder et promouvoir la culture picarde. Historien avant tout, il fut néanmoins séduit par d'autres Muses que Clio : touché par les beaux-arts (sa bibliothèque était riche de catalogues de grandes expositions), épris de musique (il a longtemps fréquenté le festival de musique de chambre de Menton parmi d'autres), amateur de littérature, en particulier des romans du XIXème ( faisant écho à sa curiosité universelle Bouvard et Pécuchet l'amusait beaucoup), cinéphile. Il resta aussi toute sa vie fidèle aux "Verts", l'équipe de football de sa ville natale.
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