Le XIV e et le XV e siècle,
c'est l'apogée de Bourges, une période qui fait
de la ville, la capitale du royaume de France. Les noms qui font
alors la renommée de la ville sont parmi les plus illustres
de l'Histoire de France. C'est Jean de Berry, le duc mécène,
ami des artistes, mais c'est aussi Charles VII, devenu par la
force des choses, " le petit roi des Bourges ", à
ses côtés de fabuleux personnages comme Jeanne d'Arc,
mais aussi dans un autre registre, Jacques Coeur et aussi la
dame de Beauté Agnès Sorel. C'est à Bourges
que va naître le dauphin, le futur roi Louis XI
.
Avec sa cathédrale, puis le Palais
du duc Jean de Berry, et la Sainte Chapelle, avant le Palais
de monseigneur l'Argentier Jacques Cur, c'est une ville
somptueuse de 30 000 habitants
Quelques repères :
Jean II le Bon ( 1319 - 1364) est roi de
France, c'est lui qui est battu à Poitiers en 1356, et
fait prisonnier, il meurt à Londres en 1364.
Charles V le Sage, né à Vincennes
en 1338, il meurt à Nogent en 1380, il est le fils aîné
de Jean le Bon, et donc frère du duc Jean de Berry.
Charles VI le Fol, il est né à
Paris en 1368, devint roi en 1380, et meurt en 1422, il va régner
42 ans
pour un roi fou, ce n'est pas mal.
Charles VII le Victorieux (ou le Bien Servi),
il est né en 1403 à paris il est le fils de Charles
VI le roi fou et d'Isabeau de Bavière. Il est reconnu
roi par certains en 1422, mais se fait sacrer à Reims
en 1429, avec Jeanne d'Arc. Il meurt à Mehun du Yèvre
en 1461, il a régner lui aussi près de 40 ans,
c'est " le petit roi de Bourges ".
Louis XI, le fils détesté
de Charles VII est né à Bourges en 1423, et il
meurt en 1483, après un règne de 22 ans puisqu'il
a été roi à la mort de son père en
1461.
Charles VIII, dit parfois l'affable, a
peu régné une15 ans de 1483 à 1498, il était
né à Amboise en 1470, il eut pour épouse
Anne de Bretagne.
Louis XII, le Père du Peuple, est
né à Blois en 1462, il meurt à Paris en
.
1515 !
Les fastes du duc Jean de Berry à
Bourges
Tout commence donc avec l'apanage qui est
donné au troisième fils de Jean le Bon, c'est en
1361 et c'est le duc Jean de Berry né en 1340 qui prend
possession de " ses terres ".
C'est le début d'une période
faste avec le duc qui est un ami des arts, on lui doit les livres
d'enluminure dont " les Très Riches Heures "
par les frères de Limbourg, des constructions comme le
palais de Bourges encore visible et la Sainte Chapelle aujourd'hui
détruite, mais c'est le constructeur du château
de Mehun sur Yèvre, une merveille parmi les merveilles.
Avec le duc de Berry commence la grande
période de Bourges, ce duc est à l'égal
d'un roi, et sa cour est tout simplement fastueuse. Il y entraîne
le futur Charles VI son neveu, fils de Charles V le frère
du duc de Berry.
En 1380, Charles V meurt et laisse le trône
à son fils Charles VI.
Charles VI ne va pas laisser une grande
image de roi dans la population, c'est même l'inverse.
En effet, c'est ce roi qui devient malade et " fou "
à partir de 1392. C'est lui aussi qui a failli brûler
dans un déguisement de poix et de plume, lors du bal appelé
" bal des Ardents ".
Pourtant ce roi Charles VI va régner
de 1380 à 1418, c'est à dire pendant une petite
quarantaine d'années.
Le grand personnage du moment est donc
le duc Jean de Berry. C'est un mécène très
généreux, il commande beaucoup aux artistes, dans
tous les domaines, et c'est une réussite considérable.
Les sculpteurs, verriers, graveurs, enlumineurs et autres constructeurs
sont à Bourges et en Berry, et ils oeuvrent. Rarement,
l'Occident s'est trouvé dans une si courte période
aussi fécond dans le milieu de l'art.
Seule ombre au tableau : le financement. Il ne semble pas que
le duc Jean de Berry, pour construire son palais de Bourges ou
commander son tombeau visible en partie dans la crypte de la
cathédrale de Bourges ait " fait dans la dentelle
". L'argent, il le trouvait
et tous les moyens licites
et illicites étaient utilisés. C'est vrai que c'était
l'époque qui voulait cela, mais il allait sans doute un
peu loin, ce bon duc.
A Bourges et en Berry, le duc va créer
des structures administratives très efficaces, comme ce
qui touche à la justice et aux finances de son duché.
En 1379, le duc Jean constitue une chambre des comptes.
La ville de Bourges rayonne, et les spécialistes
affirment que la cité comprend près de 30 000 habitants,
du jamais vu jusqu'alors. Bourges qui sera à partir de
1418, un peu la capitale du royaume en est la troisième
ville juste dépassé en nombre d'habitants par Paris
et Beauvais.
Jean de Berry s'affirme comme un grand
constructeur, certains affirment que ce ne sont pas moins de
17 châteaux, palais et autres demeures importantes qu'il
fait édifier. Il n'en reste pas grand chose aujourd'hui.
On connaît par exemple Poitiers, Lusignan, Riom ou Gien
et surtout Mehun sur Yèvre, à une quinzaine
de kilomètres de Bourges, sur la rivière l'Yèvre.
Le palais ducal de Bourges dans lequel
se trouve aujourd'hui des services du Conseil général
du cher fut construit vers 1375, et jouxtant ce très grand
palais dont il ne reste qu'un tiers environ encore visible, il
fait édifier " la merveille des merveilles : la Sainte
Chapelle ". C'est sans doute le plus bel édifice,
avec la cathédrale jamais construit à Bourges.
La Sainte Chapelle date de 1405, le duc
est âgé et il veut en faire le lieu de sa dernière
demeure, et pour cela il demande à ses " artistes
", un tombeau qui sera en marbre blanc avec le gisant du
duc, et 40 pleurants en marbre et en albâtre.
Jean de Berry, est un homme de passions,
mais pas de pouvoir. Il aurait pu, compte tenu de la situation
mentale de son neveu, Charles VI, accaparer le pouvoir royal,
ce qu'il ne fit pas. Il laissa même gouverner dans certains
moments délicats, son frère, Philippe le Hardi,
qui était le duc de Bourgogne.
Homme de passion et de fidélité,
après le traité de Brétigny, en 1360, il
fut prisonnier dans la Tour de Londres, il avait 20 ans et resta
2 ans dans cette geôle, alors que son épouse Jeanne
d'Armagnac l'attendait en Berry. Et lorsque son père Jean
le Bon retourna en prison dans la Tour de Londres, parce que
son petit frère s'était enfui, Jean de Berry accompagna
son père et demeura encore 3 ans prisonnier.
Les passions de Jean, c'est l'art sous
toutes ses formes, et aussi, la nature et par exemple, il aimait
courir la campagne, faire des chasses, et pour cela il possédait
une meute de près de 1500 chiens
. D'ailleurs, dans
ce domaines, il est presque l'inventeur des zoo et autres parcs
animaliers. A Mehun, il élevait toutes sortes d'animaux
plus ou moins tropicaux, comme des ours, son animal fétiche
avec le cygne, mais aussi des autruches et une girafe !
Parmi les autres passions du duc, il faut
signaler les jeunes femmes, et s'il n'était sans doute
pas plus volage que les nobles de cette époque, ses mariages
avec des gamines à un age avancé a fait beaucoup
jaser dans la rue du vieux Poirier à Bourges.
Guerre et crimes au royaume de France
Cette période du début du
XV e siècle n'est pas des plus tranquilles. Signalons,
toutefois la naissance sans doute en 1400 d'un petit Jacques
au foyer de M et Mme Cuers ( aujourd'hui orthographié
Cur) qui habitaient dans la rue de Parrerie, en bordure
de l'Yèvrette, où papa Cuers exerçait la
profession de pelletier, et il commerçait de belle façon
avec la cour du duc Jean de Berry.
A la même époque, c'est à
dire en 1403 va naître à Paris le fils de Charles
VI et d'Isabeau de Bavière, le futur Charles VII.
Mais les instants de bonheur à Bourges
ou à Paris étaient assez courts, et un jour de
novembre 1407, c'étais le 23, Louis d'Orléans fut
assassiné par le tout nouveau duc de Bourgogne que l'on
commençait à appeler Jean " Sans Peur ",
sa tour à Paris, dans le quartier du marais se visite
toujours. Louis d'Orléans était le frère
cadet de 4 ans du roi en place et le neveu du duc Jean de Berry.
Et cette mort de Louis d'Orléans
a des conséquences sur l'ensemble du royaume puisque cela
va amener une guerre civile que nos manuels d'histoire ont appelé,
la " guerre des Armagnacs contre les Bourguignons ".
Le duc Jean de Berry qui n'était pas un homme de guerre,
est particulièrement fâché et il consent
au mois de mai 1412 à lever son étendard aux côtés
de Bernard d'Armagnac son gendre afin de venger son neveu assassiné.
D'où le nom de clan des Armagnacs qui devient une ligue
et
fait appel aux anglais.
Mais comme rien n'est simple, en face du
Duc Jean se trouve bien entendu le duc de Bourgogne mais aussi
le roi lui-même Charles VI, une affaire de famille cette
guerre qui a Bourges comme centre des combats.
En effet, le 11 juin 1412, Charles VI vient
mettre le siège devant Bourges avec ses amis Bourguignons
alors que la ville est défendue par le duc Jean et son
gendre Armagnac. Avec une bombarde genre " grosse Bertha
", les troupes de Charles VI se font un plaisir de briser
les murailles et fissurer les monuments de la ville
jusqu'à
ce que la maladie soit la plus forte. Car des deux côtés,
c'est la dysenterie qui mit d'accord les deux armées.
L'archevêque de Bourges voulu hâter
la fin du siège avant que la dysenterie ait eu raison
des deux armées, et il entama des négociations
et ce fut ainsi que Guillaume de Boisratier va réunir
autour d'une table, le duc Jean de Berry et son neveu Jean sans
Peur, qui était donc le fils de son frère Philippe
le Hardy.
Le résultat fut triste pour le duc de Berry qui dû
" faire amende honorable " devant l'assassin de son
autre neveu Louis qui était lui aussi son neveu Jean sans
Peur
. Drôle de famille. Et c'est ainsi que se termina
cette première phase de la guerre civile par " la
paix de Bourges " signée le 15 juillet 1412.
La fin du duc Jean de Berry
Cet épisode de la prise de Bourges
fut très mal ressenti par le vieux duc, et les soucis
financiers s'accumulèrent. Il du en effet, payer les troupes
anglaises qu'il avait fait venir pour le soutenir dans la guerre,
et il doit faire " les fonds de tiroir " et laisser
partir sa fortune.
On dit que c'est un homme ruiné,
malade, et démoralisé qui s'en va de Bourges pour
rejoindre Paris et son Hôtel de Nesle où il meurt
le 15 juin 1416. Il avait tout de même 76 ans, ce qui n'est
pas mal pour l'époque.
Son épouse, Jeanne de Boulogne qu'il
avait épousé en seconde noce était plus
jeune de 36 ans
.
Ses funérailles seront grandioses, son corps est ramené
à Bourges et ce sont près de 200 messes qui sont
dites à la Sainte Chapelle où il repose dans un
tombeau somptueux.
Jean de Berry mort, arrive le futur
Charles VII à Bourges
Jean de Berry meurt en 1416, mais les difficultés
du pays n'en sont qu'à leur début. Le troisième
fils de Charles VI, le roi fou, le futur " petit roi de
Bourges " reçoit en 1417 l'apanage de la province
du Berry, après la mort de Jean de Berry son petit neveu,
Les deux aînés de Charles
VI, Jean et Louis meurent et Charles se retrouve avec beaucoup
de chance l'héritier du trône de France. Mais il
se trouve à paris, la ville est tenue par les Bourguignons
qui n'ont aucune envie de voir ce Charles succéder à
son père. Il est pratiquement prisonnier, et c'est avec
l'aide de Yolande d'Anjou qu'il va réussir à fuir,
car il sent que l'étau se referme et que les Bourguignons
vont lui faire un triste sort.
Alors pour ne pas se retrouver jeté à la Seine
dans un sac de toile bien cousu, c'était la mode à
l'époque , il accepte de fuir la capitale et il se réfugie
à Bourges.
A Bourges, le jeune Charles devient le régent, où
plutôt se proclame régent le 26 octobre 1418. Il
a contre lui, les Bourguignons, les parisiens, sa mère
Isabeau de Bavière
. Qui s'est aussi proclamée
régente. Il a 15 ans, et peu dans le royaume croient en
son avenir. Pourtant Bourges l'accueille bien et il en conservera
toujours un excellent souvenir de cette période qui le
façonne.
Et la guerre fratricide continue
Tout ne va pas pour le mieux car l'assassinat
de Louis d'Orléans a une suite, et en 1419, alors que
les deux camps ennemis semblent se rapprocher, c'est un nouveau
drame.
Jean sans Peur, l'assassin de Louis d'Orléans est à
son tour trucidé par " la bande à Charles
", c'est au pont de Montereau que se produit le crime réalisé
par Tanneguy du Chatel, un des hommes de Charles, et bien entendu,
c'est ce pauvre Charles qui est accusé d'avoir assassiné
son cousin.
Il est aussitôt déshérité
par sa maman, Isabeau de Bavière qui lui en veut beaucoup
et qui proclame à tout vent que ce fils est un bâtard,
ce qui va affecter pendant plusieurs années le jeune Charles
de plus en plus recroquevillé sur lui-même.
Et Isabeau qui reste à Paris, alors
que son régent de fiston est toujours à Bourges
ou en Berry, offre la couronne du royaume de France à
Henry V de Lancastre, le roi d'Angleterre.
Charles dans ces années, file un
mauvais coton, comme l'on dit en Berry. Il est de plus en plus
complexé par cette rumeur sur sa " batardise ",
et il se terre dans le palais ducal de Bourges ou dans le château
de Mehun sur Yèvre.
Un moment de joie semble-t-il dans cette
période " pourrie ", il épouse le 22
avril 1422, sa copine de jeu, Marie d'Anjou dont Chastelain fera
un portrait peu amène, disant " qu'elle avait un
visage à faire peur aux Anglais même ".
Marie d'Anjou, fille de Yolande d'Anjou,
sera une reine effacée, elle " fera dans la prière,
le rouet
et les enfants ". Charles lui fera 14 enfants
en 23 ans.
C'est sans doute à cette époque
à deux ou trois ans près que Jacques Cur,
fils de commerçant aisé, va épousé
lui aussi sa voisine de la maison d'en face, Macée de
Léoddepart, fille d'un notable de la ville de Bourges.
Et c'est sans aucun doute son beau père qui va mettre
le pied à l'étrier des affaires à son gendre.
La guerre continue, et Charles le régent
se sent à l'étroit dans son Berry. Aussi, avec
l'aide des écossais de Jean Stuart, il tente de reprendre
quelques villes comme La Charité ou Cosne.
Et puis tout arrive, puisque le 22 octobre
1422, le roi fou, Charles VI meurt, et après avoir convoqué
les Etats Généraux des provinces à Bourges,
son fils Charles est proclamé roi de France, en tout cas
par ceux qui étaient venus en Berry et qui ne représentaient
pas la majorité. Car au m^me instant à Paris se
déroulait une autre cérémonie qui proclamait
roi de France
et d'Angleterre, le fils de Catherine et
de Henri V de Lancastre, qui s'appelait lui aussi Henri.
La France avait 2 rois, Charles VII et Henri VI. Il y en avait
un de trop semble-t-il. Charles VII était un roi français
mais il n'avait autour de lui à Bourges qu'une poignée
de fidèles, et il était devenue par dérision
" le petit roi de Bourges ", et à paris, dans
une ville où sévissait la famine et dans laquelle
pénétraient les loups, un roi qui était
reconnu par la majorité des " grands " du royaume,
mais ce roi était anglais, et cela allait poser quelque
problème.
Charles VII, roi berrichon et tourangeau
On raconte que le roi Charles
VII avait peur de tout, et il avait sans doute un peu
raison. Lors d'un voyage, alors qu'il était dans une grande
pièce, le plancher s'effondra et il en réchappa
par miracle.
Alors, il revint à Bourges et resta dans cette ville protectrice
le maximum de son temps. De 1422 à 1437, c'est à
dire pendant 15 ans, il fit de Bourges sa capitale pais surtout
son point d'attache.
Progressivement, il mit en place une véritable cour, même
s'il vivait à crédit et que cette cour était
quelque peu piteuse
. C'est le chapitre de la cathédrale
qui réglait certaines dépenses, la rumeur affirmait
que le poisson à Carême venait des chanoines
.
Et puis le 3 juillet 1423, c'est la joie
au palais de l'archevêque de Bourges en face de la cathédrale
Saint Etienne. Le palais royal étant alors en réparation,
c'est dans ce palais archiépiscopal que logeait alors
le roi et la reine, et cette dernière mit au monde un
garçon que l'on prénomma Louis, c'était
le premier enfant du couple, et ce sera le futur Louis XI. En
regardant les premiers instants de vie de ce nouveau né,
Charles VII n'imaginait pas que ce bébé, une fois
grand serait son ennemi le plus redoutable !
Louis fut aussitôt baptisé
dans la cathédrale de Bourges et son parrain fut le duc
d'Alençon.
Le roi ne pouvait jamais partir très
longtemps, lorsqu'il quittait Bourges, c'était pour revenir
rapidement, car une catastrophe s'était produite.
Ainsi, avec un entourage turbulent, ne sachant pas choisir ses
" vrais amis ", le roi n'était pas au mieux
de sa forme, l'épisode d'un de ses favoris, le sire de
Giac qui fut jeté dans l'Auron, dans un sac cousu, et
en mourut est symptomatique du climat de l'époque.
Lorsqu'il était à Poitiers,
c'était en 1428, le connétable de Richemont qui
avait un temps aidé Charles VII, sentait que ce dernier
était en difficulté, il prit Bourges et la Grosse
Tour, et lorsque Charles VII revint du Poitou, la ville n'était
plus à lui. Il s'arrêta dans les faubourgs du Château,
aujourd'hui, vers la route de Dun, et négocia pour qu'on
lui rendit sa ville
. Ce qui fut fait. ( à confirmer)
Et vint Jeanne d'Arc
Alors que le jeune Jacques Cur, il
a moins de 30 ans frappe monnaie avec deux associés, du
côté de la Place Gordaine, il va avoir quelques
problèmes en frappant de la monnaie à un titre
un peu trop bas par rapport à la loi.
Il aura de la chance puisque le roi qui aurait pu l'envoyer aux
galères va finalement le laisser libre. Mais il traverse
sans doute une période difficile.
En septembre 1427 le roi Charles VII veut
desserrer son petit royaume de Bourges et il reprend l'initiative
en étant victorieux à Montargis sur les Bourguignons
et signe une trêve avec le duc de Bourgogne.
Mais les anglais sont très présents
dans cette guerre dite de " 100 ans ", et ils se maintiennent
au nord de la Loire, mais ne rêvent que de conquérir
Bourges et le Berry. Le roi Charles cherche une solution, et
pour cela à l'automne 1427, il réunit les Etats
généraux à Chinon afin de délivrer
des villes comme Orléans, Beaugency, Jargeau, Meung sur
Loire
toutes ces villes sont plus ou moins assiégées
par les anglais.
La guerre fait rage sur les bords de Loire,
ainsi se déroule la célèbre bataille du
12 février 1429 appelée " des harengs ",
les français tentent de délivrer et d'approvisionner
Orléans, ils sont défaits par un célèbre
anglais, bien connu par Falstaff.
Et puis c'est 6 mars 1429 ce jour connu
par tous les enfants de France, voit l'arrivée d'une très
jeune fille, ayant pour nom Jeanne
d'Arc dite, la " pucelle ". Elle rencontre
Charles VII à Chinon et après une entrevue bien
mystérieuse, entre le roi et Jeanne, elle réussit
à le " regonfler " et elle obtient qu'il s'engage
à bouter " l'anglois " hors de France. C'est
ce qui sera fait quelques mois plus tard.
Que peut dire l'Histoire sur cette conversation ? Il semble que
la jeune fille mue par Dieu ou une psychologie de haut niveau
ait réussit à redonner confiance à ce roi
faible et malingre. Qu'à pu lui dire Jeanne ? Sans doute
a-elle affirmé que les voix de Dieu qu'elle avait entendu
à Domrémy lui avaient dit que le roi était
bien légitime et le fils de son père le roi et
non le bâtard que sa mère évoquait
..
Et puis c'est une des pages les plus connues
de l'Histoire, avec l'épopée de Jeanne d'Arc en
Val de Loire, et à Bourges. Car ce qui est moins connu,
c'est la présence très longue de Jeanne d'Arc à
Bourges, elle y vint à plusieurs reprises.
Le 8 mai 1429 la ville d'Orléans
est délivrée par Jeanne et ses compagnons : Etienne
de Vignolles dit La Hire, le Bâtard d'Orléans (comte
Dunois), Gilles de Rais, Poton de Xaintrailles ou Saintrailles,
le duc d'Alençon et bien d'autres
.
Et sur la lancée d'Orléans,
juste avant l'été, en juin 1429 ce sont les villes
de Jargeau, Meung sur Loire et Beaugency qui sont aussi délivrées.
Jeanne d'Arc est en train de gagner son pari, et elle entraîne
Charles dans la victoire.
Jeanne poursuit ses combats et elle gagne,
c'est ainsi que se déroule un 18 juin 1429 la bataille
de Patay, c'est une victoire décisive en rase campagne
du camp de Charles VII et des Armagnac. L'effet Jeanne la Pucelle
se poursuit et dynamise les armées qui lui reconnaissent
un pouvoir divin.17 juillet 1429 Jeanne conduit Charles à
Reims pour le faire sacrer roi de France. Son armée a
franchi la Loire sans être inquiétée par
les Anglo - Bourguignons. Pour être reconnu roi de France,
Charles doit recevoir l'onction avec l'huile de la sainte ampoule
en la cathédrale de Reims, c'est la coutume pour tous
les rois de France.
23 mai 1430 Jeanne est faite prisonnière à Compiègne
par les hommes de Jean du Luxembourg, allié du duc de
Bourgogne. Il la vend aux anglais qui la conduisent à
Rouen, où elle sera jugée pour hérésie
et sorcellerie par l'évêque Pierre Cauchon.
30 mai 1431 Jeanne est brûlée vive sur la place
du Marché de Rouen. Charles n'a rien fait pour la secourir,
mais le pouvait-il ? Seuls Gilles de Rais et peut-être
la Hire ont essayé de la libérer, sans succès.
6 décembre 1431 Charles signe une trêve de 6 ans
avec le duc de Bourgogne.
21 septembre 1435 Charles signe un traité de paix séparé
avec le duc de Bourgogne.
Fin 1435-1437C'est le début de la reconquête car
les Anglais sont seuls et l'entretien de leurs troupes coûte
cher. Charles reprend diverses villes (Dieppe, Pontoise, Meulan,
Paris
.)
12 novembre 1437 Charles VII rentre dans Paris. Sa présence
au sud de la Loire (Chinon, Bourges, Mehun sur Yèvre
.)
n'aura duré que 19 ans.
1437-1440 Les princes français se rebellent ainsi que
le Dauphin Louis (futur Louis XI), c'est l'épisode de
la Praguerie. Louis trouve refuge dans son Dauphiné et
ne revoit pas son père jusqu'à sa mort en 1461.
Louis trouve que le règne de son père est trop
long, il a hâte de prendre sa place, il s'appuie notamment
sur l'aide des ennemis d'hier, les Bourguignons. Louis devra
encore attendre plus de 20 ans.
28 mai 1444 Une trêve est signée avec les Anglais
qui se sentent en mauvaise posture.
fin 1444 Agnès Sorel " damoiselle de beauté
" entre au service de la reine Marie, Charles la remarque,
elle devient très rapidement sa favorite et sera mère
plusieurs fois des uvres du Roi.
A partir de 1445 La reconquête est spectaculaire : 28/2
Metz, 10/11 Rouen. Jacques Cur qui a été
anobli, entre dans Rouen à cheval au coté du roi
Charles.
Début de la guerre des deux roses
en Angleterre, York (rose rouge) contre Lancastre (rose blanche)
tenant la couronne anglaise. Les anglais ont assez à faire
avec leur guerre civile et négligent leurs troupes sur
le sol Français, ce qui fera l'affaire du roi Charles.
9 février 1450 Mort d'Agnès Sorel d'un " flux
de ventre " ou de couches difficiles.
15 avril 1450 Bataille de Formigny (Calvados) : les Anglais sont
battus, la victoire française est nette et réelle.
Les troupes anglaises quittent définitivement la Normandie.
31 juillet 1450 Jacques Cur est arrêté sur
ordre du roi, il est soupçonné d'empoisonnement
sur Agnès Sorel et de pratiquer l'alchimie. Charles le
fait emprisonner à Poitiers et soumettre à la question,
puis juger par le procureur de roi Jean Dauvet. Ce dernier fera
un inventaire minutieux de ses biens, qui seront confisqués
au profit du trésor royal, cet inventaire existe toujours.
23 mai 1453 Jacques Cur est condamné à mort.
17 juillet 1453 Bataille de Castillon (Gironde), les Anglais
sont très nettement battus, leurs troupes quittent la
Guyenne où ils était présents depuis 300ans
(se souvenir du mariage d'Aliénor, duchesse d'aquitaine,
avec le roi Henri II " Plantagenêt " d'Angleterre
au XII ème siècle). Ils ne possèdent plus
que Calais en France.C'est la fin de la Guerre dite de "
cent ans "
Fin octobre 1454 Jacques Cur s'évade, rejoint la
Provence à Beaucaire puis Rome, tout cela grâce
à des complicités et notamment celle de Jean de
Villages son neveu.
25 novembre 1456 Mort de Jacques Cur dans l'île de
Chio
1456-1457 Annexion du Dauphiné, Louis se réfugie
en Bourgogne pour échapper à son père qui
occupe le Dauphiné.
Décembre 1457 Charles VII est malade, il a une tumeur
à la jambe.
1461 Une dent lui est arrachée, l'infection s'installe.
22 juillet 1461 Charles VII meurt à Mehun sur Yèvre,
il a régné pendant près de 40 ans. Son fils
Louis lui succède sous le nom de Louis le 11ème.
7 août 1461 Charles VII est inhumé dans la basilique
Saint Denis
Quelques expressions d'aujourd'hui
venues du Moyen Age :
- Avoir la poisse : c'était simplement
la poix qui étant jentée du haut des châteaux
forts contre l'ennemi.
- Machicouli = mâcher le cou ou le
col.
- Trié sur le volet = il s'agissait
des bottes qui étaient mises sur un volet à l'entrée
de l'auberge et que l'on triait pour les retrouver.
- Le travail au noir = les tisserands (de
Lyon par exemple) ne devaient pas travailler la nuit, et lorsqu'ils
le faisaient, ils étaient dans le noir.