Deux ans après avoir montré
sur quels documents originaux avaient été bâtie
une histoire scientifique de l'Argentier, le médiéviste,
Robert Guillot voudrait maintenant faire le point sur un certain
nombre d'interprétations de la documentation disponible.
En effet, à l'exception
des comptes de l'Hôtel des Monnaies de Bourges et des traces
laissées par les liens de l'équipe marseillaise
de Jacques Cur avec la grande famille florentine des Pazzi,
il semble bien que la phase de recherche documentaire touche
maintenant à sa fin.
Il resterait à clarifier les hypothèses formulées
à partir de sources déjà connues.
Il en va ainsi tout d'abord des
affaires de Jacques Cur. Il apparaît en premier lieu
que l'on a jusqu'ici sous estimé la difficulté
rencontrée par un homme du centre du royaume pour s'introduire
dans les affaires méditerranéennes dominées
par les Génois et les Vénitiens. S'assurer de la
neutralité de ces rois de la mer, obtenir l'appui de la
Papauté, du roi de France, du roi d'Aragon, l'accord du
sultan d'Alexandrie, tout cela exigeait un courage, une persévérance
et une habileté diplomatique hors pair.
Quant à la compréhension
de la nature et de la structure de ses entreprises, elle a peut-être
trop longtemps souffert de l'inadaptation d'un vocabulaire peu
familier à notre époque.
C'est la raison pour laquelle
sera avancée une analyse faisant intervenir des concepts
de notre temps comme délocalisation, concentration verticale,
holding
..
Robert Guillot pense avoir surestimé
jusqu'ici la part prise par la volonté de s'emparer des
biens de Jacques Cur dans la décision d'ouvrir un
procès. Il importe de placer au premier plan la détermination
de Charles VII qui, la paix retrouvée, veut remettre de
l'ordre dans les affaires publiques.
Assumée directement par les hommes du roi et non par les
magistrats du Parlement de Paris, la procédure retenue
est en parfaite cohérence avec cette détermination.
S'agissant de l'affaire Agnès
Sorel - qu'il s'agisse d'un empoisonnement criminel ou résultant
d'une médication mal dosée - aucune charge n'a
été imputée à Jacques Cur au
cours d'un procès marqué par le rôle (insuffisamment
relevé) joué par Otto Castellani, son successeur
à l'Argenterie.