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Cet article est la suite d'une conférence de Roland Narboux à l'Université Populaire en octobre 2007 sur Jacques Coeur, ses navires et la mer. Il fut compléter par les apports de Robert Guyot en 2010.

Combien Jacques Cœur possédait-il de navires, nul ne le sait avec exactitude. Comment était la navigation en Méditerranée ? Les comptoirs de l'Argentier, les épices, le type de navire, et puis Gênes et Venise. Ce qui est certain, c'est que lors du séquestre des biens de Jacques Cœur, il a été comptabilisé 4 navires.
Il semble que le nombre de navires était assez proche du chiffre de 7. C'est en tout cas la conclusion à laquelle arrivent Michel Mollat et Jacques Heers. Cette conférence a aussi utilisé les travaux du professeur Robert Guillot.


Le voyage de 1432
 
Il traverse semble-t-il une période difficile, il aurait pu se retrouver en prison pour de nombreuses années.
Cet épisode d'ailleurs ne remet pas en cause les fonctions de Jacques Cœur puisqu'il garde la maîtrise de cet atelier jusqu'en 1436 avant un court passage à la monnaie de Paris, qui venait d'être libérée de l'occupation anglaise. C'est le premier aspect.
Mais de 1429 à 1432, il se fait sans doute " tout petit ", et c'est la période de Jeanne d'Arc à Bourges.
 
 
C'est à ce moment que l'on voit apparaître la mer et les navires pour la première fois dans la vie du futur argentier.
Alors qu'il vient de se sortir d'un mauvais pas, on le retrouve à Damas. C'est en 1432.
C'est un mystère aujourd'hui encore de savoir ce que fait le berrichon, un terrien Jacques Cœur si loin de ses bases.
Plusieurs hypothèses avec de parler plus en détail de ce voyage :
- Tout d'abord, dans le livres, on peut lire depuis très longtemps qu'il est au Levant pour mettre en place une flotte de navire afin de faire du commerce.
C'est peut être vrai, mais ses premiers navires qui feront ce commerce, les galées de monseigneur l'Argentier ne sont en place qu'en 1444, c'et à dire 12 ans plus tard !
Il semble de moins en moins crédible de penser qu'il est allé voir comment commercer. Sinon, il n'aurait pas attendu 12 ans.
- Sur ce voyage, certains ont songé à une expédition très personnelle, de dévotion vers les lieux saints, une sorte de pèlerinage. Certains à cette époque travaillaient sur une future croisade.
- Ce qui semble plus probable, c'est la fonction du Jacques Cœur diplomate. Et il était peut être tout simplement en mission diplomatique, pour le compte du duc de Bourgogne. A cette époque Jacques Cœur se cherche.
Et lorsqu'il va créer les galées de commerce, il utilisera ses vieux souvenirs de ce voyage, mais pas plus.
 
Le voyage de 1432
Lui-même avait fait en 1432 le voyage du Moyen-Orient en compagnie de marchands languedociens. Nous sommes renseignés sur le naufrage du retour devant Calvi et d'une manière très inattendue, nous avons un témoignage sur son passage à Damas, dans le récit d'un écuyer du duc de Bourgogne Philippe le Bon qui avait été envoyé par son maître dans cette région, au moment où il y avait déjà des bruits de croisade et cet écuyer s'appelle Bertrandon de la Broquière.
Il avait prit place dans un navire une galée, la Sainte Marie et Saint Paul qui appartient à Jean Vidal, un bourgeois de la ville de Narbonne. Souvent, ce navire était loué par des marchands de Narbonne, mais cette fois ci en mai 1432 lorsque le navire quitte le royaume, Jacques Cœur est avec des négociants de Montpellier, il s'agit de Secondino Bossavini, Louis et Paul Dandréas, Philibert de Nèves, et d'un commerçant d'Agdes.
Cette galée de Narbonne, on ne sait pas trop de quel navire il s'agit, nef, galée, galéasse, coque… ?
Le navire va de Narbonne à Alexandrie en 25 jours environ, selon le temps. Afin d'éviter les risques de piraterie, il faut naviguer au plus près des côtes.
En réalité, les historiens ne sont pas tous d'accord, pour Jacques Heers, que je suis, le navire est allé à Beyrouth et là, il a débarqué Jacques Cœur, lequel s'en est allé à Damas, pendant que le navire allait à Alexandrie.
Le duc de Bourgogne qui est en train d'assiéger une ville du nord de la Côte d'Or (Aube), un peu avant la signature de la paix d'Arras qui met fin au conflit entre le roi et le duc de Bourgogne et il reçoit de ce Bertrandon de la Broquière dont le costume oriental est particulièrement frappant, vraisemblablement le récit qu'il a fait de son voyage et sans doute le volume du Coran (miniature de Jean Le Tavernier de 1456) et voici ce qu'il déclare :


" Quant nous fûmes venus à Damas, nous y trouvâmes plusieurs marchands français, vénitiens, génois, florentins et catalans, entre lesquels il y avait un français nommé Jacques Cœur qui depuis a grande autorité en France et a été Argentier du roi".

Lequel nous dit que la galée de Narbonne sur laquelle Jacques Cœur avait navigué, qui était allée en Alexandrie et devait revenir à Beyrouth, aider lesdits marchands français pour aller acheter denrées comme épices et autres choses pour mettre en ladite galée".

 
Ce qui est troublant, c'est que Jacques Cœur lorsqu'il rencontre ce Bertrandon de la Broquière, ne parle pas de commerce ou de marchandise. Il dit simplement qu'il retourne de Damas à Beyrouth afin de retrouver 4 compagnons qui ne sont pas des commerçants mais des nobles bourguignons.
Il retrouve ainsi André de Toulongeon, un homme important de Philippe de Bourgogne, venu voir comment préparer une expédition armée, et non pas vendre du gingembre.
Mais aussi Pierre de Vaudrey, officier du duc de Bourgogne, un homme mystérieux qui " alla en 1444 en certains lieux pour matières secrètes touchant les affaires dont monseigneur ne veut autre déclaration ".
Deux autres nobles bourguignons sont aussi de la partie.
Alors Jacques Cœur était là, comme les 4 autres, pour une mission qui n'avait rien de commerciale, mais diplomatique ou l'idée d'un pèlerinage, et certains pensent à une enquête. S'informer sur les musulmans en Orient intéressait beaucoup Philippe Le Bon, qui voulait savoir les chances d'une nouvelle croisade.
Il était à la tête des grands projets d'intervention au levant.
 
Calvi et la Tempête
 
Le retour de Damas fut pour un premier voyage plein de surprise, et il semble que Jacques Cœur aurait pu rester ainsi un inconnu de l'Histoire, mais il a eu de la chance.
Que s'est-il passé ?
Et bien avec Jean Vidal comme capitaine, le navire revint de Beyrouth, et arriva vers la Sicile. Mais nous sommes en novembre et les tempêtes en Méditerranées peuvent être redoutables, et c'est ce qui va se passer.
Il s'agissait de longer les côtes de Corse qui était sous la domination de Gênes, pour rejoindre la côte de Nice et poursuivre vers Narbonne.
Et c'est ainsi que le navire fit naufrage au large de Calvi. On a plusieurs versions, dans une, le navire va s'échouer et une chaloupe sera mise à la mer pour aller chercher du secours. Dans une autre version, le navire va couler et les hommes vont se retrouver sur le sable ou les rochers de Calvi.
Au lieu de leur porter secours, le capitaine de la forteresse de Calvi Raynuxto de Marcha, fait arrêter tout ce beau monde de la galée, et enferme les naufragés dans un cachot. Jean Vidal, le capitaine, mais aussi le propriétaire, Augustin Sicard, les marchands dont Jacques Cœur et le reste de l'équipage. " Ils se saisirent de leurs personnes, et de tous leurs biens, qu'ils avaient avec eux
Ensuite, ils allèrent piller le navire.
Jean Vidal resta prisonnier pendant 14 mois. Et il ne fut libéré que contre 800 ducats, alors que le propriétaire, qui ne valait pas très cher, fut relâché contre 100 ducats.
Et Jacques Cœur ? il fut libéré contre quelques ducats.
D'ailleurs tous furent dédommagés, par un système d'assurance, et c'est la cour d'Aragon qui paya, on dirait " sur facture ". Jean Vidal reçut 2224 livres tournois, Sicart 350 et notre Jacques Cœur 27 livres. Une somme très inférieure à ce que reçurent les autres marchands qui étaient à bord..
Cela signifie que Jacques Cœur en 1432 ne comptait pas, qu'il n'avait aucune valeur et surtout qu'il n'avait pas fait d'affaire à Damas, en tout cas, il ne rapportait rien.
Conclusion :
Pour Jacques Heers, Jacques Cœur en 1432 n'est pas allé au levant pour acheter des épices ou pour s'ouvrir de nouveaux marchés. D'autant qu'il est allé à Beyrouth, puis Damas, alors que le centre du commerce au levant était alors Alexandrie et Le Caire.
Plus tard, les navires de Jacques Cœur auront un seul port, celui d'Alexandrie. Le voyage de 1432, n'est pas un voyage d'affaire au sens commercial.
 

De cette période de formation et d'exploration des conditions du grand commerce qui se clos au moment où la paix d'Arras en 1435 entre la France et la Bourgogne, commence à faire sentir ses effets nous pouvons retenir un certain nombre de caractéristiques, 2 ou 3 qui sont les suivantes :
D'abord apparaît déjà chez Jacques Cœur l'art de profiter des positions déjà acquises par ceux avec lesquels il s'associe, c'est le cas de la monnaie de Bourges, c'est le cas de ces marchands languedociens.
Ensuite, c'est le soucis d'atteindre le plus directement possible les lieux en approvisionnement en marchandises coûteuses
Et enfin le troisième aspect qui va perdurer c'est le cumul des fonctions publiques ou para publiques et du négoce.
Donc, première information, Jacques Cœur est bien allé en méditerranée en 1432, étais-ce la première fois ? Nous n'en savons rien.
 
Cette périodisation permet d'introduire une première phase avec pour terme les années 1440.
Jacques Cœur a alors 40 ans, et il vient d'être nommé à la tête de ce service financier de l'Hôtel du roi que l'on appelle l'Argenterie. On l'appelle donc l'Argentier mais il n'a rien à voir avec un ministre des finances.
Que peut-on retenir de ses activités jusque là ? Pour l'essentiel, nous le voyons tenter sa chance dans la fabrication des monnaies, et des premières tentatives intéressantes dans la marchandise.
 
Le deuxième aspect, c'est que nous le retrouvons comme partenaire de marchands de Bourges, ce sont les frères Godart dans une société commerciale pour la fourniture de la cour du roi qui était installée en cette ville : il s'agissait de marchandises de luxe et de produits importés du Levant.
De 1431 à 1436 date à laquelle il refait surface dans l'entourage du roi Charles VII, on ne sait rien de Jacques Cœur. Comme si, sur 5 ou 6 ans, il avait été victime du discrédit consécutif aux fraudes de 1429.


L'HISTOIRE DES NAVIRES EN MEDITERRANEE AU XIV et XV ième SIECLE
 
C'est le développement économique qui favorise l'expansion des grandes cités de commerce. Elles se situent assez souvent en bordure des fleuves ou encore sur la mer. C'est le cas du port de Bruges en Belgique, car il faut exporter la production industrielle comme le drap de laine de Belgique.
L'Occident médiéval présente schématiquement deux aires maritimes distinctes :
le Levant, ou secteur méditerranéen, dans lequel Byzance assure la relève des marines antiques, éduque pour une part les marins de l'Islam et parraine les armateurs vénitiens ou de Gêne.
Les pays du Nord descendants des Vikings, cela va du Portugal jusque dans les ports de Belgique ou d'Angleterre. Ils adoptent les techniques des Scandinaves.
Il faut remarquer que l'on ne parle pas, en Méditerranée ou sur l'Atlantique de ports et de navigateurs français.
Au sud, c'est Gênes et Venise qui s'enrichissent en organisant des transports pour les Croisés. C'est le début des navires sur la Méditerranée, de 1096 à 1291, donc pendant deux siècles, avec pas moins de 9 expéditions en Terre Sainte.
Ce sont les croisades qui vont stimuler le transport par la mer.
Le pèlerinage vers les lieux saints au départ d'Aigues Mortes ou de Venise est la première destination sur mer au XV e siècle. Certains armateurs proposent aux pèlerins de casser les prix, et les distances, avec par exemple des forfaits, qui font que vous allez et revenez des lieux saints en 6 semaines avec 15 jours sur place. C'est une promotion très contemporaine dans les agences de voyage du XXI ième siècle.
En cette fin du Moyen Age, deux cités veulent se partager la méditerranée, ce sont les villes de Venise et Gênes.
Gênes s'intéresse à Chio, Phocée et des comptoirs en mer Noire. Venise, a des positions fortes en mer Egée, mer Ionienne et au Levant.
Venise va devenir la grande cité navale :
Dans une harangue en 1423, le doge d'alors place sa ville au premier plan, avec en tête, la valeur de sa flotte, il dira : qu'il est fier de ses 3000 barques, et caboteurs, ses 300 naves et les 45 galères, avec un total de 35 000 marins. Philippe de Commine écrira que Venise est " la plus triomphante cité que j'ai jamais vue ".
Retenons les chiffres, 300 à 400 gros navires. En 1450, Venise possède 150 000 habitants.
 
La navigation au Moyen Age
 
Les premiers navigateurs connus furent les Vikings. Ils furent des pirates et des colons, Ils se rendent en Angleterre, et aussi en Islande. Vers 980, certains vont s'installer au Groenland, et avaient passé plus loin avec la découverte de l'Amérique vers 992, mais leur découverte sera oubliée.
Par la suite, le premier grand voyageur a pour nom Marco Polo, il va s'aventurer en Orient, par la terre à l'aller, et revenir par la mer. Lors de son premier voyage en Chine en 1271, il n'a que 15 ans. Avec ses oncles ils vont mettre 4 ans pour atteindre ce qui est aujourd'hui Pékin. Il y reste 18 ans, non pas prisonnier, mais comme Haut fonctionnaire. Il et revient ensuite par la mer et arrive en Italie en 1295, avec une grande richesse et… son livre " Le Livre des Merveilles du Monde ".
Après Marco Polo, l'autre grand nom du Moyen Age au XV e siècle, c'est Henri le Navigateur. Né en 1393, il meurt en 1460, il est donc contemporain de notre Jacques Cœur. (1400 - 1456). Henri le Navigateur est le troisième fils du roi Jean 1 er de Portugal, c'est lui qui va encourager les grands voyages vers l'Afrique. Il va en particulier faire avancer la connaissance que l'on a de l'Océan Atlantique, avec une sorte de programme scientifique, mettant au point de nouveaux instruments et de nouvelles méthodes de navigation. Il longe les côtes de l'Afrique. Le Cap Bojador est dépassé en 1434 par le capitaine Gil Eanes, c'étaient les " portes de l'enfer ".
 
Dans une récente conférence, (oct 2008) Robert Guillot revient sur la comparaison entre Jacques Coeur et Henri le Navigateur, insistant sur le fait que l'argentier du roi, reste très traditionnel dans son approche de la mer. En particulier il va peu dans l'Océan Atlantique, et il reste en Méditerranée, , comme les génois ou les gens de Venise. Sur ce plan, pour R. Guillot, Jacques Coeur est en retard sur d'autres navigateurs comme Henri le navigateur qui lui cherche à découvrir d'autres terres. Jacques Coeur reste dans une mer connue de tous depuis des siècles, et sur ce plan, ce n'est pas un aventurier.
 
La date mythique c'est 1492 ce qui correspond d'ailleurs à la fin du Moyen Age et c'est la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb qui était de Gênes. (Pinta, Santa Maria, Nina). Christophe Colomb (né en 1451 à Gênes - décédé le 20 mai 1506 à Valladolid, Espagne), est le premier européen de l'histoire moderne à traverser l'océan Atlantique et à découvrir une route aller-retour entre le continent américain et l'Europe. Il effectue en tout quatre voyages en tant que navigateur au service des Rois catholiques espagnols Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon. La découverte de l'espace caraïbe marque le début de la colonisation de l'Amérique par les européens. Cela fait de lui l'initiateur des Grandes Découvertes des XVe siècle et XVIe siècle, considérées comme l'étape majeure entre le Moyen Âge et les temps modernes1.
Bien qu'aujourd'hui universellement connu comme l'homme qui a " découvert " l'Amérique, où il accoste pour la première fois dans la nuit du 11 au 12 octobre 1492, il meurt en relative disgrâce, ses prérogatives sur les terres découvertes étant contestées, toujours persuadé d'avoir atteint les Indes, le but originel de son expédition.
Les historiens dressent le portrait d'un marin hors pair, " un des meilleurs navigateurs de tous les temps "2 mais " piètre politicien "3. Il apparaît " comme un homme de grande foi, profondément attaché à ses convictions, pénétré de religiosité, acharné à défendre et à exalter le christianisme partout "4.
En 1460, les Portugais atteignent la Guinée, et poursuivent vers le Cap de Bonne Espérance en 1488 par Bartolomeu Dias.
En 1497, John Cabot est envoyé par le roi d'Angleterre au Labrador, puis c'est Verrazano qui arrive en 1523, envoyé par le roi de France, François 1 er. Il baptise cette terre, la Nouvelle France.
En 1535, Jacques Cartier arrive au Saint Laurent qu'il baptise le Canada, et il arrive à Stadaconé qu'il appelle Québec. Par la suite il arrive au Mont appelé Mont Royal qui deviendra Montréal. Il est de Saint Malo, il a 2 navires et 60 hommes.
Roberval tente de s'installer au Canada dès 1541, mais il fait trop froid) et Champlain fonde réellement Québec en 1608.
Amérique vient de Amérigo Vespucci qui a comprit qu'il ne s'agissait pas des Indes, mais d'une terre inconnue, c'était en 1506.
Magellan c'est en 1520 qu'il débouche sur le Pacifique. Il a quitté Séville avec 5 nef en 1519 et 265 hommes à bord. Il est tué le 27 avril 1521 par des guerriers indigènes du côté de la Malaisie. Puis en septembre 1522, ce sont 18 survivants qui reviennent en Espagne, ils ont fait le tour du monde ! le bateau rescapé était la Victoria.

Navigation de l'Occident médiéval
 
À côté d'une traditionnelle galère, améliorée par la marine byzantine qui gréait le dromon d'une voile triangulaire (voile " latine "), la marine à voile méditerranéenne poursuivait une lente évolution.
Du bateau rond de l'Antiquité, la nef du Levant conservait au XIIIe siècle une coque bordée à franc-bord, des formes ventrues accentuées par l'accroissement des tonnages ; deux mâts gréés de voiles latines allaient remplacer le mât unique à voile carrée ; proue et poupe étaient rehaussées de châteaux entourés d'un pavois.
Si, dans le Nord, les cogges hanséates et les nefs du Ponant portaient des superstructures semblables, en revanche elles s'affirmaient les héritières des navires longs vikings ; bordées à clins, de formes moins massives, elles portaient une unique voile carrée.
C'est vers la fin du XIVe siècle que marins du Nord et marins du Midi joignirent leurs techniques et que se généralisa le gouvernail d'étambot qui remplaça en Méditerranée les rames-gouvernails pendantes à l'arrière et la rame latérale unique des marins du Nord. L'invention de ce gouvernail, toujours en usage aujourd'hui (safran axial pivotant autour d'une mèche fixée sur l'étambot), permettait au navire une tenue de route stable.
Vers la même époque, la boussole est l'instrument indiquant la route fit son apparition. Les premiers usages attestés de l'aiguille aimantée se situent à la fin du XIe siècle dans le bassin méditerranéen ; son utilisation par les Arabes est prouvée un siècle et demi plus tard. Les débuts de la boussole sont modestes : une aiguille aimantée enfilée dans un fétu de paille flottant sur un peu d'eau. L'aiguille fut ensuite montée sur un pivot, puis fixée à une rose divisée en huit, bientôt seize et trente-deux rhumbs. L'ensemble, enfermé dans un habitacle et suspendu pour éviter les mouvements de plate-forme, constitue à la fin du Moyen Âge le compas qui permet désormais aux marins de suivre une route déterminée.
Bien que la boussole soit une invention capitale, elle ne saurait résoudre tous les problèmes de navigation en haute mer.
L'art nautique médiéval conserve dans ses grands traits un caractère très empirique : navigation à l'estime dont la précision repose sur l'expérience du marin qui évalue dérive et vitesse sans instrument, calcul approximatif de la latitude par l'observation de la hauteur de la Polaire sur l'horizon à l'aide de l'astrolabe (fin XIIIe s.) et au moyen des Tables alphonsines , éphémérides nautiques établies en Espagne.
Les cartes : Il aurait été d'un faible intérêt d'établir un point précis si les cartes n'avaient pas apporté une précision du même ordre ; tel n'était pas le cas : aux mappemondes utilisées au XIe siècle succédèrent d'abord des cartes où figuraient la rose des vents et quelques contours imprécis des côtes, puis apparurent les portulans (XIVe s.) qui comportaient, outre de remarquables vues de côtes, un réseau de lignes entrecroisées et tracées en fonction de la rose des vents.
 

Les navires du Moyen Age
 
Les premiers navires sont des galères, et faire le point des différents types de navire au Moyen Age, est… une vraie galère. Le mot galère est entré dans notre vocabulaire d'une manière très forte.
Chaque région a son type de navire ou de barque, sur toutes cotes du Royaume, on trouve des centaines de chantiers, d'où sortent des milliers de navires qui sont pour les ¾ des barques de très faible tonnage.
Ces bateaux sont essentiellement utilisés pour la pêche côtière, le cabotage, le trafic entre deux estuaires. La fabrication de gros navires est assez rare en France.
Jusque vers 1450, les navires sont l'œuvre des charpentiers, le navire est construit au bord du rivage, sur des cales, au plus prêt des forêts, et les navires sont en lattes de bois qui se chevauchent pour faire l'étanchéité. (le bordage à clins où les planches se recouvrent comme des tuiles, est abandonné au profit du bordage franc, les planches sont fixées bord à bord, en " carvelle ". Le navire devient plus manoeuvrable. Plus tard, en 1450, les planches sont en bord à bord, ce qui allège le navire, mais ,nécessite un calfatage assez délicat.
Il faut que le navire ait une coque ronde pour les navires de charge, mais assez haute pour contenir beaucoup de marchandises mais pas trop pour tenir la mer. Pas simple.
 
Il faut environ 6 mois pour construire au Moyen Age une barque de 40 ou 50 tonneaux.
Les galères
Grosse galère = Bateau de commerce
Galère Ex Liburne.
La galère est le navire le plus connu pendant plusieurs siècles,
50 m de long, 7 m de large, bords bas, rame manoeuvrée par 2-3-4 rameurs, voiles triangulaires, 2 mats, éperon, baliste puis canons, 500 hommes d'équipages (marins, rameurs, bombardiers, archers, soldats).
 
 
Les galées ou galéasses :
Ce sont des navires utilisées dans les mers intérieurs, c'était en fait une tradition héritée des grecs et des romains. C'est un aménagement des galères anciennes.
Le bâtiment est long : 40 à 50 mètres.
Etroit : 5 à 6 mètres.
Plus haut que les galères : 3 mètres.
Cette galée marchande portait 2 ou 3 mâts, et ne faisait pas beaucoup d'arrêts. Elle avait à la fois des voiles et des rames.
Galée= navire, dont il existe plusieurs types, rapides, gréés à la latine et bordés à franc-bord. La galée transporte aussi bien du fret que des passagers. C'est le type parfait du navire de commerce de la Méditerranée.
Au temps de Jacques Cœur, vers 1440, la galée marchande même bien aménagée, avait une capacité réduite.
Les cargaisons étaient de 150 à 200 tonnes.
Donc utilisation pour des produits de luxe, valant très chère pour un faible poids.
 
La galéasse
La Galéasse est une grosse galée, représentée dans le palais Jacques Coeur sous forme d'un bas relief en pierre, situé au dessus de la porte de sortie de la chambre dite des galées.
Pour naviguer, les marins italiens, français ou catalans utilisaient la galéasse. La longueur du navire faisait trois fois sa largeur, et celle-ci deux fois sa hauteur, il s'agit de la règle catalane (tres dos y as, " trois, deux, un "). En mer Baltique, on avait plutôt recours à la hourque, dont la coque était faîte de planches superposées et non jointes.
Elle avait 3 mats et une voile carrée et une autre latine. Elle était mue par plus de 100 rameurs.
Pour la flotte de Jacques Coeur, on parle de galéasse pour la Notre Dame Sainte Madeleine, et Notre Dame Saint Jacques.
 
La nef
La nef qui signifie bateau désigne un navire de fort tonnage. C'est le plus connu des navires de l'époque. Il en existe toute une gamme de 80 à 200 tonnes. Ce sont des navires ronds et non pas long,
Plus large et plus élevé sur l'eau que la galée.
Une voile carrée, très développée. Un seul mât placé au milieu du navire.
Pas de rameurs.
Ces nefs sont lourdes et peu maniables, elles ne peuvent remonter le vent et peinent à virer.
Il faudra attendre quelques innovations pour que l'on puisse au XV ième siècle affronter des vents contraires.
La Santa Maria est une nef.
C'est aussi la nave, navis, nau selon les langues.
Appelée coque dans les pays du nord.
 
Certaines nefs en 1440 ne portaient pas plus de charge que les galées, mais d'autres étaient de véritables monuments et transportaient des produits lourds, peu coûteux. (grain, sel, vin).
Avec les croisades, ces nefs furent construites au XIII e siècle ( St Louis) à Gênes, Marseille et Venise, et atteignirent des capacités de 1000 tonnes de cargaison et 100 hommes d'équipages.
Navire à 3 ponts, avec des mâts dont un a 50 mètres de haut.
 
Caraque= Nef
bateau de commerce, bords hauts, plus larges et plus arrondis que les galères, premier à être dirigé par gouvernail, avec un château de poupe et un de proue, voile carrée.
La caraque ou nef est un grand navire, de la fin du Moyen Âge, caractérisé par sa coque arrondie et ses deux hauts châteaux avant et arrière. Elle fut l'un des premiers types de navires européens à pouvoir s'aventurer en haute mer. Les Espagnols l'appelaient nao (navire) et les Portugais nau, elle fut avec la caravelle, le navire des grands explorateurs de ces pays. Selon certaines sources, le mot caraque proviendrait de l'arabe karraka.
La Caraque est au moins le double de la Caravelle. Elle peut dépasser 1000 tonnes.
Caravelle
Plus tard, on trouvera les Caravelles.
En 1492 les caravelles mesurent :
longueur 24-25 m 20-21 m 19-20 m
largeur 8 m 6,5 m 6 m
profondeur 4 m 3 m 3 m
équipage 39 h 26 h 22 h
transporte 100-120 T 60-70 T 50-60 T
Une nef au 15ème siècle fait 60-120 tonneaux, est plus ronde que la caravelle, a un gréément carré.
Au 15ème siècle une caravelle transporte 40-70 tonneaux, a 2-3 voiles latines, peu de ligne, un calant fin.
Au 16ème siècle 150-200 tonneaux, 3 voiles latines, 1 voiles carrée à l'avant, c'est un navire rapide.
Au 16ème siècle, 400-500 tonneaux (parfois 700-800 et jusqu'a 1000), 4 mats (artimon, beaupre, mat de misaine, grand mat) avec des huniers, lourd, pansu, haut sur l'eau, lent, peu manoeuvrable, navigue par vent arrière.
 
La Caravelle est ce bateau utilisé par Christophe Colomb. Elle a été inventée par Henri le Navigateur, bateau solide, capable d'affronter les vents et d'approcher les rivages.
7 à 8 mètres de large. - 20 mètres de long - 50 tonneaux - 2 grosses voiles
1 voiles triangulaire à l'arrière.
 
Le Galion ne ressemble pas à la galère, la galère est longue et basse, le galion est issu des bateaux à coque ronde du XV e siècle comme les Caraques.
Le galion apparaît vers 1520 c'est un navire de guerre et de commerce, avec jusqu'à 180 hommes d'équipage et une cinquantaine de canons.
 
Le Cog
C'est un bateau avec un "château" à l'avant et un à l'arrière.
Les caraques
Ce sont des navires avec 3 ou 4 mâts et ils sont très lourds. On les utilise pour le commerce.
Invention du Gouvernail.
Le Gouvernail permet de manœuvrer le bateau. C'est une longue lame verticale située à l'arrière du bateau et qui peut le faire tourner. Au Moyen Age, on le manœuvre à l'aide d'un long manche : la barre franche.
Le gouvernail est articulé sur l'étambot, une pièce de bois qui prolonge la quille.
Peu à peu, on va l'améliorer et utiliser une barre à roue.
Le gréement, c'est l'ensemble des voiles et cordages qui équipent un navire.
Les Caravelles, nefs et galions possèdent 3 mâts, le mât d emisaine à l'avant, le mât au centre et ils o,t des voiles carrées.
A l'arrière, le mât d'artimon près de la poupe est équipé avec des voile triangulaire qui est plus facile à utiliser lorsque l'on veut virer de bord.
 
Le Loch sert à mesurer la vitesse du navire. Une planche et une corde à nœuds. ( on file à 15 nœuds dit on encore aujourd'hui).
L'équipage :
Pour les Caravelles, il n'y a que 20 hommes.
On note la présence du charpentier et des calfats qui surveillent les fuites d'eau.
Il y a aussi l'aumônier, le chirurgien, le cuisinier, l'écrivain de bord, le tonnelier
Les esclaves :
En 1455, le Portugais Diégo Gomès raconte qu'il captura en une seule journée 650 esclaves vers Lagos, qu'il amena au Portugal.
 

Les épices d'alors
 
Le clou de girofle, il est aussi cher que l'or, il vient d'Indonésie (Iles Moluques). Les portugais découvre cela en 1511.
La Muscade
Le poivre
 
Ces épices sont achetées aux Arabes jusque vers 1498, date à laquelle les Portugais atteignent l'Indes et obtiennent alors le monopole de ce commerce pendant 1 siècle.
 
Le commerce de marchandises de Jacques Cœur :
 
Il emporte également des fourrures, fourrures vairs, pare exemple , "Vair" du corail de Provence, de Sardaigne, en sens inverse, les bateaux revenant vers l'Occident transportent évidemment des épices, transportent de l'or, cette fois-ci, l'or était arrivé à Alexandrie en provenance du Soudan, du coton, des soieries et indirectement de l'alun, et il faut préciser quelque chose qui est intéressant, c'est que toutes cette zone ci, où se trouve Chio, où mourra Jacques Cœur était interdite pratiquement aux bateaux, notamment aux bateaux français, les génois se réservant le monopole de l'alun donc Jacques Cœur devait s'alimenter là, pour une fois indirectement en alun auprès des génois.
Une tentative malheureuse de laine et de cuir d'Ecosse qui arrive en très mauvais état à La Rochelle. Donc Jacques Cœur n'insiste pas. Son idée était de créer à Bruges une base qui, avec la paix retrouvée du côté de l'Angleterre aurait permis le développement de ses affaires dans cette direction.
Tout cela arrivait dans les ports de Méditerranée en ce qui concerne maintenant au trafic intérieur, nous allons passer à un autre document N°21, ce document est un peu complexe, je le détaillerais.
Venant des ports méditerranées, des épices dont je vous parlais avec un centre qui apparaît ici, Le Puy, par exemple où o,n peut passer également par Lyon, donc en direction de Bourges et en direction surtout l'affaire essentielle, car c'est à Tours que se trouvaient les magasins de l'Argenterie qui recevaient tous ces produits précieux, dont les familiers du roi étaient friands. Ces marchandises pouvaient aller ensuite en direction de Bruges, mais aussi vers Rouen et d'autres points du royaume.
On voit aussi en sens inverse, la descente des draps de Flandres en direction de la Méditerranée, l'alimentation en draps également du Berry bien entendu, le Languedoc, et le long des trois fleuves, la circulation du sel, le sel qui remontait de Camargue, le sel qui venait de la baie de Bourgneuf, ici et qui remontait la Loire en direction par exemple d'Orléans et de Paris et le même trafic sur le Seine.
L'essentiel de ce trafic était destiné à l'approvisionnement des magasins de l'Argenterie qui étaient à Tours puisque le roi Charles VII s'est plutôt bien fixé dans un petit château à côté de Tours, le château de Plessis-les -Tours, à partir de 1444. Et Jacques Cœur était à la fois, ce qui fait un des éléments essentiels de sa fortune, le fournisseur d'articles de luxe et celui qui les vendait ensuite aux gens de la Cour, avec des profits qui étaient sans doute substantiels. Au passage, on peut noter qu'il s'accommodait de paiements assez originaux. On sait qu'au moment de la construction de cette maison que le seigneur d'Aubigny, bien connu, Jean Stuart, qui avait pris des marchandises à l'Argenterie de Tours a payé directement sans passer par l'Argenterie. Il a payé Jacques Cœur en fournissant du bois pour la construction de la maison où nous sommes.
Inversement, bien sûr, ces opérations dans lesquelles il réalisait des profits et l'on disait qu'il faisait des profits considérables étaient obérés par le capital investi mis dans les stocks. Au moment du séquestre, par exemple, on a retrouvé à Tours, à l'Argenterie, un millier de pièces de tissu, 6500 pièces de fourrures, vairs essentiellement, était obérés également par l'importance des découverts qu'il consentait à ses clients. Toujours au moment du séquestre, on a relevé le nom de 200 débiteurs pour une charge globale supérieure à 100 000 livres tournois.
Pour clore cet aperçu concernant les affaires de Jacques Cœur, plusieurs traits méritent d'être soulignés; je crois que ce qui fait l'essentiel du succès de Jacques Cœur, c'est l'extraordinaire activité qu'il déploie. Une énergie tout à fait considérable, c'est un personnage sans cesse en mouvement, pour maîtriser la dispersion de ses affaires, pour s'assurer l'obtention d'offices, d'honneurs ; aux mentions des charges déjà indiquées auprès des Etats du Languedoc, visiteur général des gabelles, il faut ajouter toute une série de missions diplomatiques à Gênes, auprès du roi d'Aragon qui était fort important puisqu'il maîtrisait toute une large partie de la Méditerranée occidentale, auprès du pape évidemment, avec de très grandes ambassades, en particulier en 1447, 1448, et voyez c'est le moment où le statut d'homme du roi commence à s'imposer véritablement, donc une activité extraordinaire qui apparaît d'ailleurs en creux avec la médiocrité semble-t-il de son fils, du seul de ses fils qui ne soit pas clerc, Ravant Cœur un personnage autant qu'on puisse le saisir, particulièrement fallot.
Deuxième caractéristique, concernant les aspects techniques de ses affaires, l'accord est absolument unanime auprès des historiens, pour dire que nous ne trouverons absolument pas chez lui la sophistication que l'on connaît dans les entreprises italiennes.
Certes, Jacques Cœur connaît la lettre de change, on a quelques témoignages mais par exemple, lorsqu'il s'agit de transférer des sommes importantes pour régler des achats, il n'hésite pas à confier des sacs remplis de pièces de monnaies tout simplement à des voituriers qui les acheminent dans telle ou telle direction, ce qui est archaïque comme système et absolument impensable dans l'Italie des banquiers .
On note aussi l'association : fabrication, commerce ou diffusion des produits et ce dont on peu discuter c'est l'utilisation de formules un peu contemporaines, ( certains et non des moindres n'ont pas hésité à parler de concentration verticale à propos de la draperie du Berry), il avait la production, à propos de la soierie de Florence et à propos également de la fourniture armes puisqu'il était ici à Bourges en association avec des gens ,les frères de Tresse (?) et ils écoulaient ensuite les armes, d'autant plus facilement d'ailleurs que c'était la période de la fin de la guerre de 100 ans et qu'il y avait ces grandes opérations soit en Normandie soit dans les deux campagnes de Guyenne par lesquelles se termine la guerre de Cent ans.
 
 
JACQUES CŒUR, VOYAGE ET COMMERCE
 
Légende et flagornerie ?
Il n'est pas simple de faire le point entre la légende, la forte probabilité et la réalité.
Ainsi pour Mathieu d'Escouchy :
 

" Jacques Cœur avait plusieurs grands vaisseaux qui alloient en Barbarie et jusqu'en Babylone, qui était pour lui Le Caire, quérir les marchandises par la licence du Soudan et des Turcs infidèles. En leur payant " trivaige ", des droits de douane, il faisait venir desdist pays des draps d'or et de soye, de toute façon et de toute couleur, plus des fourures, tant martres, genettes, et autres choses étranges… que l'on n'aurait pu se procurer en Occident ".

 
Ainsi pour ce chroniqueur, Jacques Cœur faisait ce que nul autre en France n'était capable de faire.
De même Georges Chastelain, conseiller de Philippe de Bourgogne chante lui aussi les louanges de l'argentier.
 

" Jacques Cœur l'homme plein d'initiative sachant par labeur s'était enrichi d'étoinnante manière… n'avait pareil au monde. Tout le Levant il visita avec son navire et il n'y avoit en la mer d'Orient mast reestu sinon des fleurs de lys ".

 
Enfin, Thomas Basin, de son côté écrit :


" C'est lui, Jacques Cœur qui le premier de tous les français de son temps équipa et arma des galées qui, chargées de lainages et d'autres produits des ateliers de France, parcourait les rivages d'Afrique et d'Orient "


Il terminait en affirmant que les marchandises arrivaient en France avant Jacques Cœur par les gènois, Vénitien et Catalan… oubliant le rôle de gens de Marseille et du languedoc.
Ces récit ont fait l'objet au cours des siècles de ce qui fut l'Histoire officielle, celle que l'on ne remettait pas en cause. D'autant plus que ce Jacques Cœur très nationaliste finalement était un peu le pendant de Jeanne d'Arc.
Les Historiens modernes, avec Jacques Heers, ont revu " à la baisse " l'action de Jacques Cœur sur la mer.
 
Combien de fois est-il allé au Levant ?
 
On évoque toujours les voyages de Jacques Cœur, faisant de notre berrichon un grand voyageur. En fait qu'en savons-nous ?
Un voyage au levant est certain, le premier en 1432, où des témoins assurent avec certitude qu'il était à Damas. Un périple qui se termine mal au large de la Corse à Calvi. Mais de là à faire de Jacques Cœur un homme qui était partout, il y a un pas que l'on ne peut franchir. En fait, pour la suite, on ne sait pas.
Sur ses déplacements et voyages, aucune certitude pour le Levant.
Ailleurs, on sait qu'il s'en allait à Montpellier ou Marseille, mais aussi à Paris. Mais c'est à peu prêt tout.
L'histoire montre tout de même des ambassades à Lausanne, Gênes et Rome, avec d'autres, mais ce n'est pas du commerce.
On le rencontre aussi à Rouen, lorsqu'il parade à l'issue de la conquête de la Normandie par Charles VII avec une partie de son argent…. Mais c'est peu.
En fait, Jacques Cœur était attaché au Roi et ce dernier se déplaçait beaucoup, notre Grand Argentier le suivait tout simplement.
Jeune homme, il ne semble pas par exemple qu'il ait suivi Jeanne d'Arc et le roi pour le couronnement de Reims.
Il est à la fois marchand, il achète et il vend, mais aussi chef de flotte de navires.
En tout cas, on ne trouve aucune trace de Jacques Cœur sur un de ses navires. Il confiait les galées à ses commis ou facteurs.
 
La structure commerciale
Il n'a pas inventé une structure commerciale particulière, il s'est beaucoup inspiré de ce que faisaient les autres.
En particulier, dans les années 1430, il y avait sur les mers, les italiens et les autres. Jacques Cœur va être souvent à l'ombre de Gènes qui est le port de référence.
Il va tisser une toile, avec des routes, des comptoirs très sûrs, et des hommes plus que fidèles, ses facteurs.
Cette notion de réseau est très moderne, et il est en France, le premier à mettre sur place ce type de structure.
 
Les comptoirs
Jacques Cœur a un grand sens de l'organisation, il trace des routes, d'abord vers le midi et le levant puis vers le nord de la France jusqu'à Bruges.
Dans de nombreuses villes, il s'installe et pour cela achète des terres et des immeubles ou maisons, faisant parfois construire.
Il a des comptoirs sur les grandes routes, Montpellier, Tours, Paris, Rouen, mais aussi Roanne.
Par contre sur mer, il est très en retard vis à vis de Venise et de Gêne, ces derniers possèdent des comptoirs dans des ports et des îles alors que Jacques Cœur qui arrive et qui n'est pas très bien vu, a des difficultés à s'imposer.
Il aura uniquement Rhodes comme port et point d'attache, aidé par les Hospitaliers. Ailleurs il n'est pas souvent le bienvenu.
D'ailleurs ses galées ne font pas du cabotage, mais vont de Marseille au Levant souvent sans trop s'arrêter.
Son port d'attache étant souvent Aigues Mortes, c'est là qu'il chargeait et déchargeait les marchandises.
Le type de commerce
La encore il y a des légendes et comme toujours un certain mystère. Les écrits parlaient du Levant comme le lieu où on trouvait de la soie, des épices, des fruits merveilleux et aussi " des choses étranges " qui étaient souvent habillées de mystère. Nos manuels d'histoire parlent toujours de ce commerce comme celui des épices.
L'exotisme a toujours été privilégié.
Les épices se vendaient un bon prix, c'est certain, mais la consommation massive de poivre, de clous de girofle de gingembre ou encore de cannelle et de noix de muscade était forcément limitée. D'une part vis à vis des gens qui devaient avoir de l'argent et puis on ne pouvait pas mettre du poivre dans tous les mets.
Par contre, on ne pouvait pas oublier d'autres marchandises comme le sel, les grains ou les toiles car il fallait surtout manger et se vêtir. C'était cela le commerce de la méditerranée, le reste, intéressant restera marginal.
L'argentier travaillait à la petite semaine par rapport aux gens de Gênes ou de Venise. Jacques Cœur fait de l'import export, on dit qu'il transportait des marchandises du Levant pour les vendre en France et à la cour, mais aussi dans d'autres grandes villes. Certains affirment que pour rentabiliser ses voyages coûteux, à l'aller, outre l'argent qu'emporter en vue d'échanges avec l'or, il transportait aussi des voyageurs qui payaient leur voyage, un genre de tour-opérateur.
 
Une autorisation pontificale :
Par deux fois, l'argentier va recevoir une autorisation pontificale pour faire le commerce avec les infidèles. En effet, il y avait des restrictions, comme l'interdiction de livrer des armes, des métaux ou encore du bois d'oeuvre, car en Egypte, c'était la pénurie.
Il obtenait pour deux fois deux ans, ces autorisations.
Mais cela ne s'appliquait qu'aux 4 galées de la flotte royale et pas plus.
 
Jacques Cœur à Marseille (R. Guillot)
Autre élément très important, dans ce tournant c'est le transfert de sa base d'Aigues-Mortes à Marseille. A Marseille, cela veut dire en dehors du royaume, chez le roi René, là où les opérations portuaires étaient plus aisées, un port profond, protégé du Mistral par des collines, des magasins au bord de l'eau et surtout des avantages fiscaux. Alors vous allez voir le document 22, c'est une scène qui représente une Marie Madeleine, ici, il se trouve qu'un des bateaux de Jacques Cœur s'appelle La Madeleine, ce qui est intéressant ici, c'est le port de Marseille, et la maison de Jacques Cœur était sur le quai même, avec de très vastes entrepôts qui lui permettaient une décharge très facile des produits, et d'une manière très symbolique, se trouve ici, le château des Hospitaliers, qui est en quelque sorte la tête de la ligne qui conduisait à d'autres bâtiments que les Hospitaliers avaient à Rhodes.
Donc il s'en va à Marseille, cela va d'ailleurs lui causer pas mal d'ennuis au moment du déclenchement du procès.
C'est là qu'il installe le plus entreprenant de ses facteurs, son neveu, Jean de Village, bien connu à Bourges. Le dernier grand changement, c'est l'achèvement des travaux de cette "Grande Maison", entrepris en 1443.
Là aussi il ne faut pas se faire beaucoup d'illusions, Jacques Cœur n'a pas vraiment résidé là où nous sommes ce soir, un de ses facteur Pierre Jobert dit qu'il ne " faisait aucune résidence à Bourges ni en aucun lieu particulier", il circulait sans arrêt, et c'est l'occasion pour nous, c'est le document 24 de voir quels étaient les biens de Jacques Cœur à Bourges.
 
 
La renommée du roi Charles VII
Il semble en fait que les galées de Jacques Cœur avaient un but visible, ramener des épices et de l'or, mais un but moins visible, et disons plus diplomatique, assurer la renommée du roi. C'est au moment de la reconquête du royaume
Il s'agissait d'assurer et servir la gloire du roi et conforter sa renommée dans l'ensemble du bassin de la méditerranée.
C'était en réalité une flotte qui montrait une présence et une présence de l'Etat.
C'était un agent du roi, chargé comme le dit J Heers, de fonder une compagnie royale, avec toute une série de réglementations qui eurent pour effet de se fâcher avec les locaux du Languedoc, ainsi il usa de son autorité venue du roi pour fixezr le prix des manutentions pour chaque produit d'outre-mer.
Inversement il redonna un peu de vitalité au port de Lattes. Il réussit à conclure un accord entre les gens de Lattes et de Montpellier (avril 1444)
 
Les pigeons voyageurs de Jacques Cœur
C'est sans doute dans ce domaine des pigeons voyageurs que l'on s'aperçoit de nos lacunes en terme de recherches sur Jacques Cœur et son temps.
Lors de la préparation du programme de l'année 2000, commémorant les 600 ans de la naissance de Jacques Cœur, l'association franco belge qui se passionne pour les pigeons voyageurs indiqua qu'il serait possible de se lier à cet événement, chacun étant persuadé que Jacques Cœur était un colombophile passionné.
La preuve, car il fallait une preuve était sous nos yeux, dans le palais Jacques Cœur, il y avait tout en haut, un magnifique pigeonnier.
C'est Jean Yves Ribault qui, au cours d'une réunion de travail nous apporta quelques éléments, le colombier du palais datait du XIX ième siècle, et non pas de l'époque du Grand Argentier……
Il était trop tard pour changer le programme, et cela se traduisit par une conférence au Muséum sur les pigeons voyageurs avec M. Michel Coudray qui fit des recherches sur le sujet et qui n'était pas en accord avec J.Y. Ribault, avec de solides arguments, si ce n'était des preuves.
Première affirmation, les pigeons voyageurs, utilisés depuis l'antiquité étaient des outils parfaitement maîtrises au XV ième siècle, et beaucoup de seigneurs les utilisaient. D'ailleurs, un manant ne pouvait pas posséder, et ceci jusqu'à la révolution française, de pigeons voyageurs. Aujourd'hui encore, il faut être enregistré en préfecture.
Donc c'était une pratique de l'époque que d'utiliser les pigeons voyageurs pour communiquer.
En second lieu, Jacques Cœur, qui était novateur dans de nombreux domaines, pouvait-il se passer de ce moyen de communication, lui qui avait des comptoirs dans une grande partie de la France et qui lâchait des navires sur le Lavant ?
En toute logique, mais sans preuve, on ne voit pas très bien pourquoi Jacques Cœur aurait été absent de ce mode de communication.
On retrouve par ailleurs ces affirmations dan un livre de Kristian Wolf intitulé "à coeur vaillant…" paru en 1996.
Il est expliqué sur plusieurs pages, comment au Levant, on utilisait les pigeons, et Jacques Cœur avait été convaincu que "c'était la une activité noble, rémunératrice, et fort utile à la prospérité du commerce, donc tout à fait digne de considération".
 
Les bateaux de Jacques Cœur :
 
On peut ajouter quand même ceci, c'est que ces bateaux étaient certainement des bateaux d'assez faible tonnage, 100, 200 tonnes de port, autrement dit, rien de commun avec les grands bateaux génois qui atteignaient 1000 tonnes et davantage.
La méditerranée est la chasse gardée des Génois et Vénitiens.
Parmi les écrits qui se transmettent au fils du temps, ses débuts d'armateur sont intéressants. On dit que Jacques Cœur commande en 1443 une galée aux chantiers de Gènes, le délai est très court, il la reçoit, la baptise Notre Dame Saint Denis et s'empresse de la ramener à Aigues Mortes afin que les charpentiers locaux la copient pour en faire de semblables.
C'est peut être vrai, mais le bateau est acheté au titre des galées du roi, et financé par le roi, et surtout, on ne sait pas grand chose des bateaux suivants, ni de leur provenance, ni de leur chantier de construction. Il y a donc un vraie légende tendant à montrer, soit qu'il était bien un escroc, soit qu'il était débrouillard et très fort.
En réalité, c'est le roi Charles VII qui commande cette galée Notre Dame Saint Denis et un an plus tard, il nomme Jacques Cœur comme gérant du bateau. Il est en outre responsable de l'armement et de l'équipage qu'il doit recruter.
Ce navire quitte Aigues Mortes, et fait escale à Marseille en 1445, on sait que plusieurs marchands vont embarquer, très intéressés, semble-t-il par le commerce des épices.
Par exemple, la galée, La Madeleine est achetée au nom du roi par Jacques Cœur aux Chevaliers de Rhodes.
L'argentier en prend possession, mais le confit à un capitaine local Michel Teinturier, de Montpellier.
Les archives ont montré que les deux premières galées de France en octobre 1446 étaient dans le port de Marseille et partaient pour le Levant avec plusieurs marchand à leur bord, sans doute des notables de la ville.
Il fait construire deux autres navires, ils ont tous un double nom : Notre Dame Saint Jacques, Notre Dame Saint Michel.
On sait qu'ils ont pris la mer en 1447 ou au début de 1448, mais nul ne sait où ils furent construits.
Dernier bâtiment des galées connu de Jacques Cœur, la Rose, qui a été mise en chantier en 1450.
La flotte est formée de galées, mais les mots différent beaucoup à cette époque. C'est une embarcation de 40 à 50 mètres de longueur, avec 5 à 6 mètres de large. C'est donc un gros bateau. On peut transporter 150 à 200 tonnes de marchandises ou objets précieux. C'est donc un commerce important.
Lorsque la galée revient, il y a "gros à vendre".
Lorsque la galée sombre ou est prise par les pirates, c'est la ruine.
Une galée qui peut être à voile ou à rame comprend 150 à 200 rameurs.
Jacques Cœur possède 4 galées dans un premier temps ce sont 2 galées, et 4 à partir de 1447. La grande flotte de Jacques Cœur est donc assez modeste.
4 bateaux, ce n'est pas grand chose.
Le chiffre ira jusqu'à 7 ou plus sans savoir à qui elles appartiennent.
 
Comparer les flottes :
Donc au total, on voit déjà apparaître ici les réserves de certains historiens à propos du rôle d'armateur ou de grand commerçant et grand marchand de Jacques Cœur. Rien de commun avec les grandes firmes vénitiennes ou génoises d'autant qu'il ne semble pas que ces bateaux aient fait un nombre considérable de voyages vers l'Orient et la conclusion, c'est que l'on peut tout à fait bien prendre en considération la thèse d'un autre très grand historien du Moyen Age, grand spécialiste de Gênes, Jacques Heers, qui estime que Jacques Cœur n'est peut-être pas cet homme d'affaires que l'on a dit, qui courrait les chances et les risques d'une entreprise privée, mais plutôt un commis du roi et de l'Etat, agissant dans le cadre d'un service public. Si vous voulez une sorte d'énarque avant la lettre.
Le nombre de navires de Jacques Cœur pour Pierre Mollat serait au moins de 7.. En effet, c'est un marchand florentin, Janosso Bucelli qui l'affirme lors du procès. Mais 4 ou 5 pour Jacques Heers
Les galées de France sont au nombre de 4, on ne peut pas les comparer avec les nefs de Gènes qui en possède 20 à 25. Et 6 à 8 revenaient chaque année, contre 2 pour notre argentier.
En matière de tonnage, c'est pire encore, 4000 à 5000 tonnes de fret contre 400 à 500 pour Jaques Coeur, c'est à dire un rapport de 1 à 10.
Pour Jacques Cœur, on peut estimée deux galées de 200 tonnes.
Par contre les marchandises ne sont pas les mêmes.
Venise en a 12 et. (elles sont souvent plus larges).
La concurrence était farouche sur ces routes.
De plus les galées ne voulaient pas lutter sur tous les fronts, donc, Jacques Cœur ne visait qu'un seul pays, l'Egypte qui était aux mains des sultans mamelouk.
Pas de voyage à Constantinople ou dans la mer Egée, ou encore à Chio.
Un seul parcours, Aigues Mortes, Marseille, Rhodes, Alexandrie.
Et son trafic ne comportait que les produits de luxe.
En particulier, il ne s'occupait pas des produits de faible coût, ni de produits en grande quantité, comme du grain ou du sel.
De plus, les produits de luxe de Jacques Cœur n'étaient pas proposés ailleurs qu'en France, aucune tentative pour aller à Séville ou Cadix.
 
Sa flotte a donc au moins 7 bateaux, ce sont des "galères armées de France", c'est à dire une appellation royale, elles sont aussi appelées "galères de l'Argentier".
 
Il y eu des achats mais aussi des locations ce qui en soit est très moderne. Pour Mollat, les locations de navires portaient sur de petites unités. C'est l'exemple de l'un de ses facteurs, Pierre Castellain qui loua à Gènes en 1443 un navire appelé linh.
Il utilise des ports de la Méditerranée, Aigues Mortes et Lattes (Montpellier), mais avec les difficultés et l'envasement, il se déploie de plus en plus sur Collioure et Marseille.
A Colioure, Jacques Cœur fit construire deux gros navires pour aller sur l'Atlantique, des 400 tonneaux pour faire du commerce avec la Flandre. Il naviguait sous pavillon français mais était commandé par un catalan.
 
Combien Jacques Cœur possédait-il de navires,
nul ne le sait avec exactitude. Ce qui est certain, c'est que lors du séquestre des biens de Jacques Cœur, le procureur Dauvet en a comptabilisé 4 navires.
Il semble que le nombre de navires était assez proche du chiffre de 7. C'est en tout cas la conclusion à laquelle arrivent Michel Mollat et Jacques Heers.
 
Les navires :
 
- la Notre-Dame-Saint-Denis
On connaît bien ce bateau qui était de retour d'Orient au moment de l'arrestation de Jacques Cœur. Il était commandé par Gauillardet de la Farge.
C'est une galée marchande, la premier achetée par l'argentier pour 10500 livres tournois, navire rapide de 100 tonnes utilisé pour les denrées précieuses.
C'est cette galée qui ramena l'escalve chrétien d'Alexandrie avec Michel Teinturier qui la commandait alors.
Ce navire fut vendu par le procureur Dauvet en 1454, il était en mauvais état après 12 ans de navigation.
 
- La Notre Dame Sainte Madeleine
qui est une grosse galée, appelée galéasse, elle fut souvent commandée par Jean de Village.
Ce navire fut largement connu comme "la grosse galée de Mgr l'Argentier", car il était semble-t-il énorme par rapport à d'autres galées.
 
- la Notre-Dame-Saint-Michel,
qui était commandée par Guillaume Gilmart.
 
- la Notre-Dame-Saint-Jacques,
ce navire est une grosse galée,comme la précédente, donc une galéasse.
Elle fut vendu quelques jours après l'arrestation de Jacques Cœur par Ursin Botet, afin que le navire échappe au séquestre. C'était une vente fictive. Ce navire sera assez vite placé sous les ordres de Jean de Village.
 
- la Santa-maria-e-Sant-Jacques
dont on ne sait pas grand chose, ce serait une nef sans rame, qui navigait à faible vitesse, avec un tonnage important de 500 tonnes.
Ce navire fut construit pour Robert guillot à Collioure et on sait qu'elle a transporté du vin à Bruge en passant par Gibraltar.
 
- la Rose
qui était un navire en train de se terminer lors de l'arrestation de Jacques Coeur en 1451.
 
Ce qui est certain, c'est que 4 navires après l'arrestation seront mis sous séquestres et retrouvés par Jean Dauvet.
- la Notre Dame Saint Denis, arrive au large de Marseille au moment de l'arrestation du grand argentier. Elle partit pour l'Espagne.
- La Notre Dame Saint Jacques, qui est à Marseille et est vendue fictivement pour échapper à la prise du navire.
- La Notre dame Saint Michel
Mais il y a d'autres navires comme la Santa maria e saint jacques, qui est avec La rose, un navire du Grand Argentier.
 
 
 
Les navires dans le palais de Jacques Cœur
 
A l'étage, du côté de la place Berry, dans une des deux pièces, à côté de la grande salle d'apparat haute se situe la chambre des galées. Le jeune duc d'Enghien y coucha lors de son séjour à Bourges. Et c'est dans cette pièce que fut installée ensuite une " salle des Illustres " avec les portraits de personnages fabuleux, savants, érudits et autres de la ville.
Le nom de cette salle venait de sa décoration initiale.
Le vitrail : une nef
On remarque dans la chambre des galées, située au premier étage, côté place Berry, entre la salle d'apparat et le comptoir ou la chambre des évêques, un magnifique vitrail.
Il représente selon les auteurs, une " galée ", mais assez artistiquement dessinée, on voit qu'il s'agit d'un navire de type rond, plus proche d'une nef que d'une galée, une seule voile au lieu des trois habituelles, et les armes de Jacques Cœur sur la balustrade du château arrière du bateau et dans un oriflamme.
Ce bateau à coque ronde est mu par une immense voile carrée, portée par un mât unique, et on voit un gouvernail axial d'étambot. C'est une grosse nef ronde, d'un modèle assez ancien, qui n'a qu'un mât fortement haubanné portant une grande voile carrée.
Sur la gauche, un port fortifié qui pourrait ressembler à celui d'Aigues Mortes.
Selon les spécialistes, dans cette pièce, aux fenêtres, selon l'état de 1636, " sis grands panneaux de vistres où sont des galées et navires en peinture fort belle ".
Il est exact qu'il n'y avait pas un seul vitrail, mais 6 vitraux représentant les navires de Jacques Cœur. Les 5 autres ont été détruits, il resterait des fragments dans les caves du Musée du Berry.
Le bas relief : une galéasse
Au dessus de la porte de sortie juste à côté de la cheminée, un bas relief représente dans cette salle des galées, un navire. Il est sur un tympan. C'est assez proche d'une galée ou galéasse,
C'est un grand navire avec de nombreuses voiles et on voit les rameurs. C'est une nef ou une galée armée ; Cette galéasse à trois mâts, bordée à clins, possède un château avant et un château arrière dominant le gouvernail.
Il a un caractère hybride qui lui viendrait d'un mélange des pratiques de construction navale de l'occident autant que de l'Orient. Les trois voiles sont carrées, une misaine et un artimon latin.
En bas du navire, il y avait 2 trous, et on a retrouvé ces dernières années le canot en pierre.
Du vivant de Jacques Cœur, cette pièce, comportait un grand et un petit lit, mais aussi un coffre de bois, un buffet à deux portes, une table sur tréteaux, six tabourets, et une tapisserie qui a disparu et qui représentait " des galées et galéasses ". Cette tapisserie comportait aussi la devise de Jacques Cœur.
Par la suite, cette pièce fut affectée au logement du grand Condé, lorsqu'il suivait les cours du collège de Sainte-marie sous la direction des jésuites.
 
complément :
Les bateaux de Jacques Cœur dans le palais de Bourges par Robert GUILLOT)
L'évocation de l'Orient est aussi très caractéristique de la décoration de cette maison ;
la représentation des navires de Jacques Cœur ; il y en a deux, d'abord ce petit bâtiment qui semble surtout un bâtiment armé pour la guerre et pas tellement un bâtiment de commerce
et un vitrail, une grosse nef qui porte les armes de Jacques Cœur je m'arrêterais là ;
Ce sont des représentations d'artistes qui ne correspondent pas trop à la réalité.
pour le détail technique de ces bateaux qui étaient au nombre de 4 principaux, il se trouve que M. Mollat par son environnement familial est sans doute le plus grand connaisseur français des bateaux au Moyen Age, donc je vous y renvoie.
Ce qu'il faut surtout noter, c'est que ces bateaux bénéficiaient du monopole royal d'importation des produits venant d'Orient.; les épices en particulier,
 
Cartographie
En tout cas ce trafic maritime, nous pouvons le représenter et le cartographier, c'est la carte numéro 19, Vous voyez comment se présentent les choses, à partir de ce point de départ, Aigues Mortes, Marseille, mais également des ports catalans, Collioure appartient à ce moment là à la Catalogne. Un courant va se diriger vers Alexandrie en passant par une base qui est extrêmement importante qui est une sorte d'entrepôts, une base où s'arrêtent les bateaux, c'est Rhodes, Jacques Cœur avait de bons rapports avec les Hospitaliers installés à Rhodes. Et ce courant emmène en direction de l'Orient deux grandes catégories de marchandises, d'abord, des draps, Jacques Cœur profite ici d'une sorte de changement vestimentaire qui a lieu à ce moment là, on s'habille avec des draps, ce qui n'était pas le cas auparavant. Et il emporte en même temps des quantités importantes d'argent car l'argent fait prime en Orient, l'Orient et le Moyen Orient manquent d'argent et donc il y a tout intérêt à transporter de l'argent dans cette direction.
 


LA FIN DE LA VIE DE JACQUES CŒUR SUR MER
 
Depuis le 14 mai 1453, date de la prise de Constantinople , ce fut un sentiment d'effroi dans tout le monde chrétien.
La ville reine du monde avec ses remparts avait été livrée au pillage, les hommes massacrés ou envoyés en esclavage.
L'Islam triomphait.
Le conquérant était Mahomet II, il avait des forces considérables, dont plusieurs flottes de galères capables de faire la loi en méditerranée, et en particulier contre les navires marchands.
On disait Mahomet II à la fois cruel, déterminé, et il était terriblement ambitieux, il se voulait l'égal d'Alexandre ou de César, et voulait soumettre Rome.
Les papes, Nicolas V suivit celles de Eugène IV se lancèrent dès 1453 à une forte action diplomatique afin que la France et l'Angleterre cessent leur guerre et avec les princes d'Italie se consacrent avec leur or et leurs hommes à lutter contre les Turcs.
Le 30 septembre 1453, le pape proclame de manière très solennelle la croisade : il fallait préserver l'Occident de l'invasion turque.
Ce fut assez laborieux, les nations maritimes de l'Italie promirent 25 navires de guerre, alors qu'à Francfort, l'Empire promit une armée de fantassins.
Le 24 mars 1455 meurt le pape Nicolas V.
Un mois plus tard, un Borgia fut élu pape sous le nom de Calixte III.
Ce Calixte III, malgré un âge avancé ( 77 ans) déploya beaucoup d'énergie pour organiser une expédition. Il publie une bulle en mai 1455 pour appeler à la croisade qui devra partir le 1 er mars 1456. Il lança une campagne de quête, et récupéra 300 000 écus.
 
Et c'est dans ce contexte que Jacques Cœur apparaît.
Là, les études et avis divergent.
Pour les enfants et la famille de Jacques Cœur, l'ancien Argentier est au sommet des honneurs, et le pape lui confie l'expédition maritime contre les turcs.
Dans l'obituaire de la cathédrale de Bourges, les chanoines notent que Jacques Cœur fut nommé " capitaine général " de l'expédition pontificale.
Pour d'autres spécialistes, Jacques Cœur fut l'organisateur de la diplomatie et des finances de l'expédition. Il prit comme d'autres la croix et est nommé " Expert pour préparer la croisade ".
Il a donc de réels pouvoirs et de fortes responsabilités.
Ainsi le 17 septembre 1455, comme le dit J. Heers, Jacques Cœur accompagne le légat du pape Coëtivy en Provence , et avait mis 2 navires à sa disposition. Les deux hommes devaient prêcher la croisade, récupérer de l'argent (les dîmes), et Jacques Cœur devait lui seul recruter l'ensemble des équipages. En particulier les capitaines en second, officiers des navires, galères et autres bâtiments.
Il semble que la flotte devait être armée en Provence où à Marseille mais il n'était semble-t-il pas question du commandement des navires pour Jacques Cœur.
C'est ainsi que le 23 septembre 1455, ce sont 16 navires qui s'en allèrent en croisade sous la conduite du capitaine Pietro d'Urria, et cette première escadre comprenait 2 galées dites de Jacques Cœur. Mais l'ancien argentier ne prit pas la direction de cette armada.
Il semble que ces navires n'allèrent pas plus loin que Syracuse et ne firent aucune action contre les turcs.
La seconde flotte avait été placée sous les ordres d'un cardinal, Aloiso Trevisano d'Aquillée, il fut nommé " gouverneur général et capitaine " avec sous ses ordres Jacques Cœur.
Enfin, troisième flotte, celle des galères construites par le pape à Tibre, et elles partent en mer le 11 juin 1456. Elles s'arrêtèrent à Ostie pour attendre les navires de Pise. Elles retrouvèrent les bateaux du roi d'Aragon à Naples.
L'armada du pape avait semble-t-il une trentaine de navires.
Tous ces navires s'en allèrent pour la croisade, mais sans grands combats, et firent un long périple en mer Egée, s'en allant d'île en île. De Lemnos, Thasos, ou Chio.
 
C'est dans ces conditions que Jacques Cœur meurt le 25 novembre 1456 au début de cette croisade.
Il fut " peut être inhumé dans l'église des franciscains à Chio ". dit Jacques Heers.
La seule trace de l'époque date de 1501, c'est à dire 50 ans après les faits, et c'est un visiteur, Jean Auton, qui passe à Chio et note " … Auquel lieu est pareillement en sépulture Jacques Cœur dedans le milieu du cœur de ladite église ".
Autre chose, en 1467, le fils de l'argentier, Jean Cœur obtient du pape l'autorisation de ramener le corps de son père et il dit que ce corps est enterré " dans un lieu de Grèce appelé Chio ".
 
Comme on peut le voir, Jacques Cœur et sa mort demeurent un mystère.
- On a dit qu'il avait été tué en mer lors d'un combat naval.
- On dit qu'il fut blessé dans un combat et il mourut plus tard à Chio.
- On dit qu'il fut malade et débarqué à Chio où il succomba.
En fait on n'en sait rien.
Toutes les hypothèses depuis 6 siècles ont été mises en avant, mort à Chio a la faveur des historiens, dont J Y Ribault, alors que J Heers est plus mesuré.
A côté de cela circulent une foule de légendes, dont :
- Jacques Cœur n'est pas mort à Chio, il a fuit et s'est retrouvé dans une île où il a refait sa vie et eu des enfants.
Jacques Cœur est revenu en France et a vécu à Cuers, où il serait enterré.
Les recherches et études continuent encore aujourd'hui. C'est un vrai mystère.
 
 

COMPLEMENTS SUR LA MER AU XV e SIECLE
 
La mer vue par les berrichons du XV e siècle
 
Clément Marot que l'on verra à Bourges semble-t-il écrira sur la mer les mots suivants :
" Mer variable ou toute crainte abonde ".
Et c'est bien le cas pour un homme de la terre du Berry que de considérer la mer comme un monde terrifiant. C'est un univers mystérieux totalement imprévisible, qui est généralement fréquentée par des monstres et des démons.
Le profane ne sait pas ce qu'est la mer, elle fait peur.
Et à Bourges et en Berry, il n'y a même pas de grands fleuves, le Cher est peu navigable et à Bourges la seule rivière qui passe est l'Yèvre, assez peu représentative de la mer.
Il faut aussi savoir que Christophe Colombe n'a pas encore découvert l'Amérique, et la mer pour un berrichon, c'est la Méditerranée, l'Atlantique c'est encore davantage l'inconnue alors que c'est plus proche.
Donc, la mer au XV e siècle pour un berrichon, c'est la peur de l'inconnue, mais aussi des hommes. En effet sur les rivages d'en face, on trouve des hérétique nous dit Claude Poulain, des races et des confessions différentes, très différentes, avec des Turcs, des Arabes, de Juifs, des Nègres pour reprendre le vocabulaire de l'époque. Et au-dessus de tout cela des monstres.
Ainsi dans cet ouvrage de l'époque " le secret de l'Histoire naturelle ", on peut lire les lignes suivantes à propos de l'Egypte :
 

" En Egypte vivent deux périlleux monstres, ils se tiennent volontiers sur les rivages de la mer, ils sont craints des gens du pays ils se nomment Ypothames et autres Crocodiles.
Et on voit aussi des bestes sauvages comme lions, liépard, trigides, dragos, serpents et aspics, qui sont plaints de très périlleux et mortels venins ".

A partir de ces écrits, on voit le courage qu'il a fallut à Jacques Cœur et à ses facteurs , tous natifs de la campagne berrichonne, bien implantés dans la ville, et bientôt, il quitte ces lieux douillets, toutefois en guerre, il ne faut pas l'oublier pour aller sur la mer..
Et pour atteindre la mer, il faut commencer par traverser la moitié de la France, et c'est à cette époque aussi dangereux ou presque que d'aller sur les mers. A cette époque, il y a des brigands, et des bandes d'écorcheurs, des régiments en dissidence, brefs des bandits.
Il faut donc beaucoup de détermination pour Jacques Cœur que de s'en aller sur mer en 1432, il a alors environ 32 ans.

Avoir renvoyé un jeune esclave
 
Dans le procès de Jacques cœur, il y aura 2 arguments traitant de la mer. Le premier c'est d'avoir renvoyé le jeune esclave maure en Egypte.
Il s'agissait d'un adolescent de 14 ou 15 ans nommé Aboleris. C'était un esclave musulman d'Alexandrie.
En 1446, la caraque Notre Dame Saint Denis était dans ce port pour un de ses voyages annuels. Et soudain, Aboleris alla se réfugier dans ce navire. Le capitaine en était Michel Teinturier, c'était un capitaine du Languedoc.
Le jeune garçon criait : " Pater Noster, Ave Maria, je veux être un bon chrétien ".
Et devant cette supplique le capitaine de Jacques Cœur le ramena en France.
Le fugitif fut placé à Montpellier chez l'archevêque de Toulouse, comme valet d'écurie.
C'était sans compter sur la colère de Jacques Cœur qui apprit cette affaire et ordonna le retour d'Aboleris à Alexandrie dans les meilleurs délais.
Une fois arrivé à Alexandrie, le jeune homme " renia la foi et se tint à la loi des Sarrazins ".
Jacques Cœur fut accusé quelques années plus tard, d'avoir livré un chrétien aux Infidèles, telle fut d'ailleurs la déposition de Michel Teinturier qui était alors très fâché avec Jacques Cœur.
Il faut remarquer que la hiérarchie chrétienne ne dit rient sur ce retour et qu'ensuite, il n'était pas possible de commercer si l'on ne pratiquait pas les règles admises, et il n'était pas possible de ramener un esclave en France. Avec un tel incident, ce pouvait être une série de représailles, et le grand maître de Rhodes ainsi que des négociants du Languedoc insistèrent auprès de l'Argentier pour activer le retour du jeune esclave.
Un auteur affirme qu'il aurait été dramatique si des Sarrazins avaient enlevé un esclave à Montpellier, affirmant qu'il voulait se convertir à l'Islam ! Car il y avait je cite " de nombreux Magrhibins, des Grenadins, des Noirs, voire des Orientaux d'origine diverse et pas toujours musulmans, sont captifs dans les pays méditerranées chrétiens, surtout à Majorque et en Catalogne ".
Chacun remarquera que dans ce texte de Georges Bordonove, il est question d'une caraque, ce qui n'est pas identique à une galée, comme quoi, les définitions des navires de Jacques Cœur étaient assez approximatives.
 
L'embarquement forcé à bord des galées
 
Jacques Cœur fut aussi accusé d'avoir embarqué, en abusant de son autorité qu'il tenait du roi, des personnes qui n'étaient pas " des caïmans, des oyseux, ou encore des gibiers de potence ".
Pour illustrer cette accusation, on évoqua le cas d'un pèlerin allemand qui fut embarqué sur la galée Saint Jacques par Jean de Village. Et qui se jeta à la mer.
De même, un fripier affirma qu'avec une quinzaine de ses amis, il fut embarqué de force sur une galée, ce qui attentait à l'honneur du roi.
Cette pratique n'est sans doute pas à l'honneur de l'Argentier, mais c'était assez courant de se saisir comme rameurs, de vagabonds et condamnés. D'ailleurs Jacques Cœur jura qu'il ne connaissait pas ces abus de ses capitaines.
Ce que l'on peut retenir, c'est à la fois la pratique courante de l'époque, et le fait que Jacques Cœur est bien de son temps. Ensuite, qu'il peut être un homme de grande fermeté, comprenant assez bien la stratégie à opérer, et cette aventure aura pour conséquence de se fâcher avec les capitaines du Languedoc.

 

Que sont devenus les navires de Jacques Cœur
 
Lorsque l'Argentier est arrêté le 31 juillet 1451, les navires de Jacques Cœur sont un peu partout. Certains sont en haute mer, d'autres au port de Marseille.
Une chose est certaine, ses facteurs et capitaines firent tout pour mettre ces bien en sécurité, et surtout les marchandises qu'ils transportaient. La fidélité de ses capitaines fut totale.
Aussi, lorsque le roi fit valoir ses droits sur les navires, il faut dire qu'il les avait payé, il ne trouva que des navires vides ou en très mauvais état. Ils étaient à l'abandon et ne valaient pas grand chose.
Ainsi la Notre Dame Saint Denis était " affondrée " dans un coin du port de Marseille, et Jean de Village avait fait prendre d'assaut La Madeleine par des hommes de main qui avaient totalement dépouillé le navire. Il n'en restait rien, les appareils, les agrès, les cordages, les mâtes, le gouvernail, les ancres et les voiles avaient été récupérées.
Finalement, c'est un marchand de Montpellier, Bernard de Vaux qui acheta les navires pour 9100 livres. Il acheta un lot de 4 navires des galées de Jacques Cœur.
Il comptait reprendre les relations avec l'Egypte et Alexandrie, mais il vit, à l'expertise des 4 navires qu'il y avait du dégât.
Ainsi, la Notre Dame Saint Denis était véritablement inutilisable et fut totalement dépecée dans le port de Marseille Quant à la Notre Dame Saint Michel, manque de chance ; elle fut capturée par les pirates musulmans.
Et juste retour des choses, la flotte de Bernard de Vaux se retrouva avec 2 galées. Et très vite, avec ces deux navires qui se retrouvèrent sous contrôle royal, en 1456, et un de ces navires la Notre Dame Saint Jacques quittait Aigues Mortes (avril 1456) portait une lettre du roi Charles VII au sultan.
Et Jean de Village en février 1456 obtenait des lettres de rémission du roi et retrouvait sa fonction de capitaine des galées du roi.
Après la mort de Charles VII, son fils, natif de Bourges, Louis XI remis sur pied la compagnie à monopole instituée par Jacques Cœur.
Il va interdire l'entrée des épices dans le royaume autrement que par les ports du Languedoc., ou par les foires de Lyon.
Deux ans après, le roi fait construire 2 navires, des grandes galées dans le chantier naval et royal de Beaucaire. La Notre Dame Saint Martin et la Notre Dame Saint Nicolas, le même nom que celles de Jacques Cœur.
On sait que ces deux galées partirent d'Aigues Mortes pour Rhodes, desservant des ports comme Marseille, Nice , Pise, Naples, Palerme, Messine et l'île de Chio.
De Rhodes, un de ces 2 navires devait naviguer jusqu'à Beyrouth pour y débarquer des pèlerins, et l'autre s'en aller à Alexandrie.
Plus tard 2 autres navires, le Notre Dame Sainte Marie et le Notre Dame Saint Louis portèrent cette flotte à 4 bateaux, comme au temps de Jacques Cœur.
Et c'est ainsi que le roi Louis XI eut ses 4 galées, comme son papa de roi.
Et le gouverneur de ces 4 galées, après l'épisode Bernard de Vaux, fut donné à deux hommes bien connus de Jacques Cœur, Guillaume de Varye qui fut entré en grâce en 1457, il était alors devenu " général des finance "s en Languedoc " et Jean de Village, toujours lui, le fidèle d'entre les fidèles. Il résidait désormais à Marseille.
L'activité maritime était donc une fois encore entre les mains de l'Etat et du roi, par des intermédiaires qui pouvaient porter loin la renommé du roi.

La mer au XV ième siècle :
 
Le royaume de France ne possède pas sur la mer Méditerranée, un accès facile. Pour accéder à la mer, rien n'est simple :
Parmi les grands hommes de cette époque, le roi d'Alphonse d'Aragon, qui règne sur les deux rives de la Méditerranée occidentale. Il y a la Catalogne d'un côté et les îles comme la Sardaigne et la Sicile de l'autre, sans oublier le royaume de Naples.
Le rivage du Languedoc est le plus utilisé, en France car le port de Marseille est en Provence.
Sur une carte, on remarque qu'en 1430, le royaume de France est particulièrement petit, peu puissant et " mité ".
Les ports utilisés à cette époque en Méditerranée ne sont pas nombreux et surtout ils posent des problèmes énormes :
- le port principal est Aigues Mortes, mais il est ensablé de manière permanente.
- Le point le plus important de la région, c'est Montpellier. Mais il n'y a pas de port à Montpellier, seulement un mouillage incommode, comme le dit J Y Ribault. C'est en réalité le port de Lattes, celui même que Jacques Cœur va tenter de remettre en état, sans un très grand succès.
Les marins du Languedoc n'arrivent pas à rivaliser avec leurs concurrents qui sont de Catalogne, de Gênes ou de Venise.
Cela les poussent d'ailleurs à faire des actes de piraterie pour éviter la concurrence. Mais il y a des sortes d'indemnisations soit par les Etats, soit par une sorte de caisse d'assurance.
Les galées de Jacques Cœur commencent à apparaître en Méditerranée à partir de 1443, ces navires possèdent le pavillon à fleur de lys et bénéficient aussi du monopole royal d'importation des épices.

Les difficultés arrivent
 
Les galées de Jacques Cœur commencent à apparaître en Méditerranée à partir de 1443, ces navires possèdent le pavillon à fleur de lys et bénéficient aussi du monopole royal d'importation des épices.
Ce monopole d'Etat, a pour conséquence d'irriter les marchands du Languedoc. Bientôt ils accusent Jacques Coeur d'abuser de sa situation auprès du roi Charles VII.
C'est alors que Jacques Cœur va commencer à s'intéresser à Marseille, c'est un port franc. Et c'est à partir de 1446 que Jacques Cœur s'installe dans la ville et surtout il appelle un de ses principaux collaborateurs, Jean de Village, qui deviendra le responsable des galées de France.
C'est un point clé, car cet abandon de Lattes, pour Marseille commence à énerver les marchands du Languedoc, et sans doute aussi le roi Charles VII lui-même.
En effet, pour le roi Charles VII, cette volonté de Jacques Cœur d'aller à Marseille peut être considérée comme un affront, car Marseille est placé sous la protection de René d'Anjou, le comte de Provence. Ainsi, la flotte de Jacques Cœur payée par le roi de France, en allanr à Marseille pourrait échapper au roi de France.
 

Naviguer sur les rivières
 
En matière de transport, la rivière concurrence la route. C'est un moyen de transport pratique pour les marchandises comme pour les voyageurs. On transporte des matières lourdes comme le grain, le charbon de bois, le sel et les gros blocs de pierre qui serviront à la construction des cathédrales.
Le bois lui, est jeté directement dans la rivière qui l'emporte avec le courant, c'est le flottage.
Il faut 3 jours pour aller de Lyon à Beaucaire sur le Rhône en France, sur une distance de 270 kilomètres, mais 30 à 40 jours pour faire le trajet inverse, car il faut remonter le courant.
Il faut aussi compter sur les périodes de crues et celles de sècheresse.
On va d'Orléans à Nantes sur la Loire en 10 jours. Il faut parfois compter beaucoup plus.
A noter qu'il faut payer pour passer sous un pont.
Les bateaux sur les fleuves sont à fond plat. Ils peuvent avoir des noms très différents comme les gabarres, la galupe, le flouin. Elles jaugent de 10 à 40 tonneaux.
On navigue en France sur la Garonne, la Loire, le Rhône, la Seine, mais aussi et c'est plus surprenant sur la Dordogne, l'Ardèche et le Cher.
Dans le Larousse, il est possible ainsi de lire : " Même de petits cours d'eau, comme l'Auron qui traverse Bourges, peuvent être mis à contribution ".
Il faut dire que depuis les gallo-romain, Bourges était un port, qui a été retrouvé dans les années 1980, du côté du Val d'Auron.
Au Moyen Age, il semble que l'Yèvre était à certaine période navigable, à partir de Bourges vers Vierzon, mais aussi vers la Loire.
De même, pour certains historiens, la rue Charlet, qui est en bordure de l'Yèvrette, rivière artificielle, vient du village de Charly, où on avait une carrière de pierre, et ces blocs étaient charriés sur la rivière Yèvrette.
A l'époque ce Jacques Cœur, on utilisait donc les bateau sur les fleuves et rivières, mais il ne semble pas que l'Argentier ait choisi cette voie, préférant …. La route.
On utilise des bateaux à fond plat.

La vie à bord des navires au Moyen Age
 
Les hommes de la mer sont généralement de gens qui sont proches du port, ils viennent de communautés vivant très près des côtes. Basques, Normands, mais aussi gens du Languedoc ou de Marseille.
L'équipage est formé de proches car on prend les fils et les neveux. Les mousses embarquent dès l'âge de 10 ans. Ils peuvent vers 17 ans devenir compagnons " mariniers ". Le patron qui n'est pas capitaine est le maître à bord.
Les mutineries sont exceptionnelles, car les trajets sont assez courts.
La vie à bord est assez difficile, l'hygiène est absent, " on dit que puces, poux et rats " pullulent.
Il y a une couchette pour deux.
La nourriture est faite de galettes, et on les trempe dans un ragoût à base de viande ou de poisson séché. On a parfois du poisson frais pêché en laissant traîner la ligne.
L'eau douce est un vrai problème, car elle croupit rapidement , on la boit parfois coupée de vin. Dans ces conditions seuls les plus solides résistent. Les morts sont jetés à la mer dans un sac avec une poignée de terre.
On redoute comme le disait Marco Polo, d'être " pasture aux poissons ".

La tapisserie de Bayeux
 
La Tapisserie de Bayeux, aussi connue sous le nom de tapisserie de la reine Mathilde, et plus anciennement " telle du Conquest " (pour " toile de la Conquête ") semble avoir été commandée par Odon de Bayeux, demi-frère de Guillaume le Conquérant. Elle décrit les faits relatifs à la conquête de l'Angleterre en 1066.
Elle est large de 50 centimètres, et de 70 mètres de longueur.
Elle détaille les événements clés de cette conquête, notamment la bataille de Hastings. Il faut toutefois noter que près de la moitié des images relatent des faits antérieurs à l'invasion elle-même. Bien que très favorable à Guillaume le Conquérant, la Tapisserie de Bayeux a une valeur documentaire inestimable pour la connaissance du XIe siècle normand et anglais : elle nous renseigne sur les vêtements, les châteaux, les navires, les conditions de vie de cette époque. Conservée jusqu'à la fin du XVIIIe siècle dans le trésor de la cathédrale de Bayeux, elle est aujourd'hui présentée au public dans un musée qui lui est entièrement dédié.
Elle date de 1077. on trouve sur cette tapisserie 626 personnages, 202 chevaux et pour ce qui nous intéresse 41 navires.
Les navires sont tous du même type, ils viennent tout droit des navires scandinaves et vikings. Ils sont constants d'environ le VIII ième siècle, jusqu'au XII ième siècle en s'adaptant au commerce, à la guerre ou aux voyages.
Ils sont construits en bois, à clins, elles ont une seule voile triangulaire. Il s'agit de grandes barques.
 
Embarquement à Barfleur
 
Une femme qui utilisa beaucoup les voies maritimes, en tout cas Aliénor d'Aquitaine utilisa beaucoup le port de Barfleur .
Prendre la mer à cette époque, au XII ième siècle c'était une épreuve redoutable, car il y avait des côtes dangereuses, et de fréquents coups de vent.
Elle devait se souvenir qu'un peu avant, en 1120, au cours d'une traversée, le roi d'Angleterre Henri 1 er perdit dans un naufrage son fils et héritier, ils furent engloutis avec une bonne parie de l'aristocratie anglaise. Le navire s'appelait la Blanche Nef. Et Henri 1 er était le grand père de Henri II, le mari d'Aliénor d'Aquitaine.
C'est en sortant du port de Barfleur le grand port anglo-saxon du Moyen Age, que le navire royal heurta un récif et coula .
Aliénor ne devait pas être rassurée en quittant Barfleur pour s'en aller ceindre la couronne d'Angleterre à Westminster.
C'était parmi les aléas de la navigation au Moyen Age.
 
Progrès techniques dans la navigation

Le grand commerce médiéval bénéficia des progrès réalisés dans la construction des navires et dans l'apparition de nouveaux instruments de navigation. L'innovation la plus importante fut la diffusion de la boussole. Son origine reste incertaine : si les Chinois la connaissaient depuis longtemps, ce sont peut-être les Arabes qui l'introduisirent en Europe, à moins qu'elle n'est été redécouverte par des marins ou des astronomes occidentaux. L'aiguille magnétique qui flottait simplement, au début, sur l'eau ou sur l'huile fut, par la suite, fixée sur un pivot permettant de tourner la boussole dans toutes les directions. Les marins pouvaient désormais affronter la haute mer sans craindre de se tromper de cap. Outre la boussole, on commença à utiliser deux instruments arabes, l' astrolabe et le sextant, qui permettaient de mesurer la hauteur des astres au-dessus de l'horizon. En calculant exactement le temps passé à naviguer, on pouvait déterminer avec précision la distance que le navire avait parcourue vers le nord ou le sud (latitude), vers l'est ou l'ouest (longitude). Profitant de ces améliorations, les Génois furent les premiers à la fin du XIIIe siècle, à relier par voie maritime l'Italie aux Flandre et à l'Angleterre. A cette époque le navire type était la galéasse. Cette galère se déplaçait principalement à la voile. L'apparition de la voile latine triangulaire, qui pouvait être orientée dans toutes les directions permettait au navire de naviguer par vent de travers et même contre le vent. Le gouvernail de poupe, fixé par des charnières au milieu du pont arrière du navire (gouvernail d'étambot), remplaça les rames latérales, longues et pesantes, les manœuvres en furent améliorées. La vergue (support en croix de la voile) tournante permit d'orienter au vent de côté les voiles carrées. Sur certains voiliers, un second mât à l'avant commençait à faire son apparition
 
EN CONCLUSION :
 
Les galées de France vont essentiellement servir à la gloire du roi Charles VII et les noms ne seront pas choisi au hasard. C'est une dévotion à la vierge, avec Notre Dame pour chaque navire. Puis Saint Jacques pour le saint patron de l'argentier, mais aussi Marie Madeleine, … et Rose, c'était le prénom d'un des enfants du roi Charles VII.
 

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