SOMMAIRE :
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Amis de J Coeur
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Jacques Coeur
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- Charles VII (Tout sur)
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(Le) de Boisy
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(L'île de)
- Chronologie
du XV ième siècle
- Conférence
sur Jacques Coeur
- Courrier
reçu
- Climat
(le) en France sous J C.
-
- Dauvet (procureur)
-
- Enfants de Jacques Coeur
- Enigme
dévoilée
- Essentiel (l') sur Jacques Coeur
-
- Gimart, facteur de JC
-
- Héritage du patrimoine de JC
- Jeanne d'Arc et Jacques Coeur
- Jean
de Village
-
- Lyon et Jacques Coeur
-
- Macée de Léodepart
- Montpellier
- Mort
(la) de Jacques Coeur
-
- Navires et la mer sous J Coeur
-
- Palais Jacques Coeur
- Pathographie
- Personnage
de Jacques Coeur
- Plan
du site
- Portraits
de Jacques Coeur
- Programme
2008
- Programme
2009
-
- Questions
sur Jacques Coeur
-
- Route Jacques Coeur
-
- Sources d'information
-
- Vie de Jacques Coeur
- Village
(Jean de )
- Voyage
(le dernier) de J C
-
- ET ENCORE :
-
- les
restes humains ?
- Du
nouveau sur Jacques Coeur
- Agnès
Sorel avec LE MONDE / LIBERATION
|
Cet article
est la suite d'une conférence de Roland Narboux à
l'Université Populaire en octobre 2007 sur Jacques Coeur,
ses navires et la mer. Il fut compléter par les apports
de Robert Guyot en 2010.
- Combien Jacques Cur possédait-il
de navires, nul ne le sait avec exactitude. Comment était
la navigation en Méditerranée ? Les comptoirs de
l'Argentier, les épices, le type de navire, et puis Gênes
et Venise. Ce qui est certain, c'est que lors du séquestre
des biens de Jacques Cur, il a été comptabilisé
4 navires.
Il semble que le nombre de navires était assez proche
du chiffre de 7. C'est en tout cas la conclusion à laquelle
arrivent Michel Mollat et Jacques Heers. Cette conférence
a aussi utilisé les travaux du professeur Robert Guillot.
- Le voyage de 1432
-
- Il traverse semble-t-il une période
difficile, il aurait pu se retrouver en prison pour de nombreuses
années.
Cet épisode d'ailleurs ne remet pas en cause les fonctions
de Jacques Cur puisqu'il garde la maîtrise de cet
atelier jusqu'en 1436 avant un court passage à la monnaie
de Paris, qui venait d'être libérée de l'occupation
anglaise. C'est le premier aspect.
- Mais de 1429 à 1432, il se fait
sans doute " tout petit ", et c'est la période
de Jeanne d'Arc à Bourges.
-
-
- C'est à ce moment que l'on voit
apparaître la mer et les navires pour la première
fois dans la vie du futur argentier.
- Alors qu'il vient de se sortir d'un mauvais
pas, on le retrouve à Damas. C'est en 1432.
- C'est un mystère aujourd'hui encore
de savoir ce que fait le berrichon, un terrien Jacques Cur
si loin de ses bases.
- Plusieurs hypothèses avec de parler
plus en détail de ce voyage :
- - Tout d'abord, dans le livres, on peut
lire depuis très longtemps qu'il est au Levant pour mettre
en place une flotte de navire afin de faire du commerce.
C'est peut être vrai, mais ses premiers navires qui feront
ce commerce, les galées de monseigneur l'Argentier ne
sont en place qu'en 1444, c'et à dire 12 ans plus tard
!
Il semble de moins en moins crédible de penser qu'il est
allé voir comment commercer. Sinon, il n'aurait pas attendu
12 ans.
- - Sur ce voyage, certains ont songé
à une expédition très personnelle, de dévotion
vers les lieux saints, une sorte de pèlerinage. Certains
à cette époque travaillaient sur une future croisade.
- - Ce qui semble plus probable, c'est la
fonction du Jacques Cur diplomate. Et il était peut
être tout simplement en mission diplomatique, pour le compte
du duc de Bourgogne. A cette époque Jacques Cur
se cherche.
- Et lorsqu'il va créer les galées
de commerce, il utilisera ses vieux souvenirs de ce voyage, mais
pas plus.
-
- Le voyage de 1432
- Lui-même avait fait en 1432 le voyage
du Moyen-Orient en compagnie de marchands languedociens. Nous
sommes renseignés sur le naufrage du retour devant Calvi
et d'une manière très inattendue, nous avons un
témoignage sur son passage à Damas, dans le récit
d'un écuyer du duc de Bourgogne Philippe le Bon qui avait
été envoyé par son maître dans cette
région, au moment où il y avait déjà
des bruits de croisade et cet écuyer s'appelle Bertrandon
de la Broquière.
- Il avait prit place dans un navire une
galée, la Sainte Marie et Saint Paul qui appartient à
Jean Vidal, un bourgeois de la ville de Narbonne. Souvent, ce
navire était loué par des marchands de Narbonne,
mais cette fois ci en mai 1432 lorsque le navire quitte le royaume,
Jacques Cur est avec des négociants de Montpellier,
il s'agit de Secondino Bossavini, Louis et Paul Dandréas,
Philibert de Nèves, et d'un commerçant d'Agdes.
- Cette galée de Narbonne, on
ne sait pas trop de quel navire il s'agit, nef, galée,
galéasse, coque
?
- Le navire va de Narbonne à Alexandrie
en 25 jours environ, selon le temps. Afin d'éviter les
risques de piraterie, il faut naviguer au plus près des
côtes.
En réalité, les historiens ne sont pas tous d'accord,
pour Jacques Heers, que je suis, le navire est allé à
Beyrouth et là, il a débarqué Jacques Cur,
lequel s'en est allé à Damas, pendant que le navire
allait à Alexandrie.
- Le duc de Bourgogne qui est en train d'assiéger
une ville du nord de la Côte d'Or (Aube), un peu avant
la signature de la paix d'Arras qui met fin au conflit entre
le roi et le duc de Bourgogne et il reçoit de ce Bertrandon
de la Broquière dont le costume oriental est particulièrement
frappant, vraisemblablement le récit qu'il a fait de son
voyage et sans doute le volume du Coran (miniature de Jean Le
Tavernier de 1456) et voici ce qu'il déclare :
" Quant nous
fûmes venus à Damas, nous y trouvâmes plusieurs
marchands français, vénitiens, génois, florentins
et catalans, entre lesquels il y avait un français nommé
Jacques Cur qui depuis a grande autorité en France
et a été Argentier du roi".
Lequel nous dit que
la galée de Narbonne sur laquelle Jacques Cur avait
navigué, qui était allée en Alexandrie et
devait revenir à Beyrouth, aider lesdits marchands français
pour aller acheter denrées comme épices et autres
choses pour mettre en ladite galée".
-
- Ce qui est troublant, c'est que Jacques
Cur lorsqu'il rencontre ce Bertrandon de la Broquière,
ne parle pas de commerce ou de marchandise. Il dit simplement
qu'il retourne de Damas à Beyrouth afin de retrouver 4
compagnons qui ne sont pas des commerçants mais des nobles
bourguignons.
Il retrouve ainsi André de Toulongeon, un homme important
de Philippe de Bourgogne, venu voir comment préparer une
expédition armée, et non pas vendre du gingembre.
Mais aussi Pierre de Vaudrey, officier du duc de Bourgogne, un
homme mystérieux qui " alla en 1444 en certains lieux
pour matières secrètes touchant les affaires dont
monseigneur ne veut autre déclaration ".
Deux autres nobles bourguignons sont aussi de la partie.
- Alors Jacques Cur était là,
comme les 4 autres, pour une mission qui n'avait rien de commerciale,
mais diplomatique ou l'idée d'un pèlerinage, et
certains pensent à une enquête. S'informer sur les
musulmans en Orient intéressait beaucoup Philippe Le Bon,
qui voulait savoir les chances d'une nouvelle croisade.
Il était à la tête des grands projets d'intervention
au levant.
-
- Calvi et la Tempête
-
- Le retour de Damas fut pour un premier
voyage plein de surprise, et il semble que Jacques Cur
aurait pu rester ainsi un inconnu de l'Histoire, mais il a eu
de la chance.
- Que s'est-il passé ?
- Et bien avec Jean Vidal comme capitaine,
le navire revint de Beyrouth, et arriva vers la Sicile. Mais
nous sommes en novembre et les tempêtes en Méditerranées
peuvent être redoutables, et c'est ce qui va se passer.
- Il s'agissait de longer les côtes
de Corse qui était sous la domination de Gênes,
pour rejoindre la côte de Nice et poursuivre vers Narbonne.
- Et c'est ainsi que le navire fit naufrage
au large de Calvi. On a plusieurs versions, dans une, le navire
va s'échouer et une chaloupe sera mise à la mer
pour aller chercher du secours. Dans une autre version, le navire
va couler et les hommes vont se retrouver sur le sable ou les
rochers de Calvi.
- Au lieu de leur porter secours, le capitaine
de la forteresse de Calvi Raynuxto de Marcha, fait arrêter
tout ce beau monde de la galée, et enferme les naufragés
dans un cachot. Jean Vidal, le capitaine, mais aussi le propriétaire,
Augustin Sicard, les marchands dont Jacques Cur et le reste
de l'équipage. " Ils se saisirent de leurs personnes,
et de tous leurs biens, qu'ils avaient avec eux
- Ensuite, ils allèrent piller le
navire.
- Jean Vidal resta prisonnier pendant 14
mois. Et il ne fut libéré que contre 800 ducats,
alors que le propriétaire, qui ne valait pas très
cher, fut relâché contre 100 ducats.
- Et Jacques Cur ? il fut libéré
contre quelques ducats.
- D'ailleurs tous furent dédommagés,
par un système d'assurance, et c'est la cour d'Aragon
qui paya, on dirait " sur facture ". Jean Vidal reçut
2224 livres tournois, Sicart 350 et notre Jacques Cur 27
livres. Une somme très inférieure à ce que
reçurent les autres marchands qui étaient à
bord..
- Cela signifie que Jacques Cur en
1432 ne comptait pas, qu'il n'avait aucune valeur et surtout
qu'il n'avait pas fait d'affaire à Damas, en tout cas,
il ne rapportait rien.
- Conclusion :
Pour Jacques Heers, Jacques Cur en 1432 n'est pas allé
au levant pour acheter des épices ou pour s'ouvrir de
nouveaux marchés. D'autant qu'il est allé à
Beyrouth, puis Damas, alors que le centre du commerce au levant
était alors Alexandrie et Le Caire.
- Plus tard, les navires de Jacques Cur
auront un seul port, celui d'Alexandrie. Le voyage de 1432, n'est
pas un voyage d'affaire au sens commercial.
-
- De cette période de formation et
d'exploration des conditions du grand commerce qui se clos au
moment où la paix d'Arras en 1435 entre la France et la
Bourgogne, commence à faire sentir ses effets nous pouvons
retenir un certain nombre de caractéristiques, 2 ou 3
qui sont les suivantes :
- D'abord apparaît déjà
chez Jacques Cur l'art de profiter des positions déjà
acquises par ceux avec lesquels il s'associe, c'est le cas de
la monnaie de Bourges, c'est le cas de ces marchands languedociens.
Ensuite, c'est le soucis d'atteindre le plus directement possible
les lieux en approvisionnement en marchandises coûteuses
- Et enfin le troisième aspect qui
va perdurer c'est le cumul des fonctions publiques ou para publiques
et du négoce.
- Donc, première information, Jacques
Cur est bien allé en méditerranée
en 1432, étais-ce la première fois ? Nous n'en
savons rien.
-
- Cette périodisation permet d'introduire
une première phase avec pour terme les années 1440.
Jacques Cur a alors 40 ans, et il vient d'être nommé
à la tête de ce service financier de l'Hôtel
du roi que l'on appelle l'Argenterie. On l'appelle donc l'Argentier
mais il n'a rien à voir avec un ministre des finances.
Que peut-on retenir de ses activités jusque là
? Pour l'essentiel, nous le voyons tenter sa chance dans la fabrication
des monnaies, et des premières tentatives intéressantes
dans la marchandise.
-
- Le deuxième aspect, c'est que nous
le retrouvons comme partenaire de marchands de Bourges, ce sont
les frères Godart dans une société commerciale
pour la fourniture de la cour du roi qui était installée
en cette ville : il s'agissait de marchandises de luxe et de
produits importés du Levant.
- De 1431 à 1436 date à laquelle
il refait surface dans l'entourage du roi Charles VII, on ne
sait rien de Jacques Cur. Comme si, sur 5 ou 6 ans, il
avait été victime du discrédit consécutif
aux fraudes de 1429.
L'HISTOIRE DES NAVIRES
EN MEDITERRANEE AU XIV et XV ième SIECLE
-
- C'est le développement économique
qui favorise l'expansion des grandes cités de commerce.
Elles se situent assez souvent en bordure des fleuves ou encore
sur la mer. C'est le cas du port de Bruges en Belgique, car il
faut exporter la production industrielle comme le drap de laine
de Belgique.
- L'Occident médiéval présente
schématiquement deux aires maritimes distinctes :
- le Levant, ou secteur méditerranéen,
dans lequel Byzance assure la relève des marines antiques,
éduque pour une part les marins de l'Islam et parraine
les armateurs vénitiens ou de Gêne.
Les pays du Nord descendants des Vikings, cela va du Portugal
jusque dans les ports de Belgique ou d'Angleterre. Ils adoptent
les techniques des Scandinaves.
- Il faut remarquer que l'on ne parle pas,
en Méditerranée ou sur l'Atlantique de ports et
de navigateurs français.
- Au sud, c'est Gênes et Venise qui
s'enrichissent en organisant des transports pour les Croisés.
C'est le début des navires sur la Méditerranée,
de 1096 à 1291, donc pendant deux siècles, avec
pas moins de 9 expéditions en Terre Sainte.
Ce sont les croisades qui vont stimuler le transport par la mer.
Le pèlerinage vers les lieux saints au départ d'Aigues
Mortes ou de Venise est la première destination sur mer
au XV e siècle. Certains armateurs proposent aux pèlerins
de casser les prix, et les distances, avec par exemple des forfaits,
qui font que vous allez et revenez des lieux saints en 6 semaines
avec 15 jours sur place. C'est une promotion très contemporaine
dans les agences de voyage du XXI ième siècle.
- En cette fin du Moyen Age, deux cités
veulent se partager la méditerranée, ce sont les
villes de Venise et Gênes.
Gênes s'intéresse à Chio, Phocée et
des comptoirs en mer Noire. Venise, a des positions fortes en
mer Egée, mer Ionienne et au Levant.
- Venise va devenir la grande cité
navale :
Dans une harangue en 1423, le doge d'alors place sa ville au
premier plan, avec en tête, la valeur de sa flotte, il
dira : qu'il est fier de ses 3000 barques, et caboteurs, ses
300 naves et les 45 galères, avec un total de 35 000 marins.
Philippe de Commine écrira que Venise est " la plus
triomphante cité que j'ai jamais vue ".
- Retenons les chiffres, 300 à 400
gros navires. En 1450, Venise possède 150 000 habitants.
-
- La navigation au Moyen Age
-
- Les premiers navigateurs connus furent
les Vikings. Ils furent des pirates et des colons, Ils se rendent
en Angleterre, et aussi en Islande. Vers 980, certains vont s'installer
au Groenland, et avaient passé plus loin avec la découverte
de l'Amérique vers 992, mais leur découverte sera
oubliée.
- Par la suite, le premier grand voyageur
a pour nom Marco Polo, il va s'aventurer en Orient, par la terre
à l'aller, et revenir par la mer. Lors de son premier
voyage en Chine en 1271, il n'a que 15 ans. Avec ses oncles ils
vont mettre 4 ans pour atteindre ce qui est aujourd'hui Pékin.
Il y reste 18 ans, non pas prisonnier, mais comme Haut fonctionnaire.
Il et revient ensuite par la mer et arrive en Italie en 1295,
avec une grande richesse et
son livre " Le Livre des
Merveilles du Monde ".
- Après Marco Polo, l'autre grand
nom du Moyen Age au XV e siècle, c'est Henri le Navigateur.
Né en 1393, il meurt en 1460, il est donc contemporain
de notre Jacques Cur. (1400 - 1456). Henri le Navigateur
est le troisième fils du roi Jean 1 er de Portugal, c'est
lui qui va encourager les grands voyages vers l'Afrique. Il va
en particulier faire avancer la connaissance que l'on a de l'Océan
Atlantique, avec une sorte de programme scientifique, mettant
au point de nouveaux instruments et de nouvelles méthodes
de navigation. Il longe les côtes de l'Afrique. Le Cap
Bojador est dépassé en 1434 par le capitaine Gil
Eanes, c'étaient les " portes de l'enfer ".
-
- Dans une récente conférence,
(oct 2008) Robert Guillot revient sur la comparaison entre Jacques
Coeur et Henri le Navigateur, insistant sur le fait que l'argentier
du roi, reste très traditionnel dans son approche de la
mer. En particulier il va peu dans l'Océan Atlantique,
et il reste en Méditerranée, , comme les génois
ou les gens de Venise. Sur ce plan, pour R. Guillot, Jacques
Coeur est en retard sur d'autres navigateurs comme Henri le navigateur
qui lui cherche à découvrir d'autres terres. Jacques
Coeur reste dans une mer connue de tous depuis des siècles,
et sur ce plan, ce n'est pas un aventurier.
-
- La date mythique c'est 1492 ce qui correspond
d'ailleurs à la fin du Moyen Age et c'est la découverte
de l'Amérique par Christophe Colomb qui était de
Gênes. (Pinta, Santa Maria, Nina). Christophe Colomb (né
en 1451 à Gênes - décédé le
20 mai 1506 à Valladolid, Espagne), est le premier européen
de l'histoire moderne à traverser l'océan Atlantique
et à découvrir une route aller-retour entre le
continent américain et l'Europe. Il effectue en tout quatre
voyages en tant que navigateur au service des Rois catholiques
espagnols Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon. La découverte
de l'espace caraïbe marque le début de la colonisation
de l'Amérique par les européens. Cela fait de lui
l'initiateur des Grandes Découvertes des XVe siècle
et XVIe siècle, considérées comme l'étape
majeure entre le Moyen Âge et les temps modernes1.
Bien qu'aujourd'hui universellement connu comme l'homme qui a
" découvert " l'Amérique, où il
accoste pour la première fois dans la nuit du 11 au 12
octobre 1492, il meurt en relative disgrâce, ses prérogatives
sur les terres découvertes étant contestées,
toujours persuadé d'avoir atteint les Indes, le but originel
de son expédition.
Les historiens dressent le portrait d'un marin hors pair, "
un des meilleurs navigateurs de tous les temps "2 mais "
piètre politicien "3. Il apparaît " comme
un homme de grande foi, profondément attaché à
ses convictions, pénétré de religiosité,
acharné à défendre et à exalter le
christianisme partout "4.
- En 1460, les Portugais atteignent la Guinée,
et poursuivent vers le Cap de Bonne Espérance en 1488
par Bartolomeu Dias.
- En 1497, John Cabot est envoyé
par le roi d'Angleterre au Labrador, puis c'est Verrazano qui
arrive en 1523, envoyé par le roi de France, François
1 er. Il baptise cette terre, la Nouvelle France.
- En 1535, Jacques Cartier arrive au Saint
Laurent qu'il baptise le Canada, et il arrive à Stadaconé
qu'il appelle Québec. Par la suite il arrive au Mont appelé
Mont Royal qui deviendra Montréal. Il est de Saint Malo,
il a 2 navires et 60 hommes.
- Roberval tente de s'installer au Canada
dès 1541, mais il fait trop froid) et Champlain fonde
réellement Québec en 1608.
- Amérique vient de Amérigo
Vespucci qui a comprit qu'il ne s'agissait pas des Indes, mais
d'une terre inconnue, c'était en 1506.
- Magellan c'est en 1520 qu'il débouche
sur le Pacifique. Il a quitté Séville avec 5 nef
en 1519 et 265 hommes à bord. Il est tué le 27
avril 1521 par des guerriers indigènes du côté
de la Malaisie. Puis en septembre 1522, ce sont 18 survivants
qui reviennent en Espagne, ils ont fait le tour du monde ! le
bateau rescapé était la Victoria.
Navigation de l'Occident
médiéval
-
- À côté d'une traditionnelle
galère, améliorée par la marine byzantine
qui gréait le dromon d'une voile triangulaire (voile "
latine "), la marine à voile méditerranéenne
poursuivait une lente évolution.
- Du bateau rond de l'Antiquité,
la nef du Levant conservait au XIIIe siècle une coque
bordée à franc-bord, des formes ventrues accentuées
par l'accroissement des tonnages ; deux mâts gréés
de voiles latines allaient remplacer le mât unique à
voile carrée ; proue et poupe étaient rehaussées
de châteaux entourés d'un pavois.
- Si, dans le Nord, les cogges hanséates
et les nefs du Ponant portaient des superstructures semblables,
en revanche elles s'affirmaient les héritières
des navires longs vikings ; bordées à clins, de
formes moins massives, elles portaient une unique voile carrée.
- C'est vers la fin du XIVe siècle
que marins du Nord et marins du Midi joignirent leurs techniques
et que se généralisa le gouvernail d'étambot
qui remplaça en Méditerranée les rames-gouvernails
pendantes à l'arrière et la rame latérale
unique des marins du Nord. L'invention de ce gouvernail, toujours
en usage aujourd'hui (safran axial pivotant autour d'une mèche
fixée sur l'étambot), permettait au navire une
tenue de route stable.
- Vers la même époque, la boussole
est l'instrument indiquant la route fit son apparition. Les premiers
usages attestés de l'aiguille aimantée se situent
à la fin du XIe siècle dans le bassin méditerranéen
; son utilisation par les Arabes est prouvée un siècle
et demi plus tard. Les débuts de la boussole sont modestes
: une aiguille aimantée enfilée dans un fétu
de paille flottant sur un peu d'eau. L'aiguille fut ensuite montée
sur un pivot, puis fixée à une rose divisée
en huit, bientôt seize et trente-deux rhumbs. L'ensemble,
enfermé dans un habitacle et suspendu pour éviter
les mouvements de plate-forme, constitue à la fin du Moyen
Âge le compas qui permet désormais aux marins de
suivre une route déterminée.
- Bien que la boussole soit une invention
capitale, elle ne saurait résoudre tous les problèmes
de navigation en haute mer.
- L'art nautique médiéval
conserve dans ses grands traits un caractère très
empirique : navigation à l'estime dont la précision
repose sur l'expérience du marin qui évalue dérive
et vitesse sans instrument, calcul approximatif de la latitude
par l'observation de la hauteur de la Polaire sur l'horizon à
l'aide de l'astrolabe (fin XIIIe s.) et au moyen des Tables alphonsines
, éphémérides nautiques établies
en Espagne.
- Les cartes : Il aurait été
d'un faible intérêt d'établir un point précis
si les cartes n'avaient pas apporté une précision
du même ordre ; tel n'était pas le cas : aux mappemondes
utilisées au XIe siècle succédèrent
d'abord des cartes où figuraient la rose des vents et
quelques contours imprécis des côtes, puis apparurent
les portulans (XIVe s.) qui comportaient, outre de remarquables
vues de côtes, un réseau de lignes entrecroisées
et tracées en fonction de la rose des vents.
-
Les navires du Moyen
Age
-
- Les premiers navires sont des galères,
et faire le point des différents types de navire au Moyen
Age, est
une vraie galère. Le mot galère
est entré dans notre vocabulaire d'une manière
très forte.
- Chaque région a son type de navire
ou de barque, sur toutes cotes du Royaume, on trouve des centaines
de chantiers, d'où sortent des milliers de navires qui
sont pour les ¾ des barques de très faible tonnage.
- Ces bateaux sont essentiellement utilisés
pour la pêche côtière, le cabotage, le trafic
entre deux estuaires. La fabrication de gros navires est assez
rare en France.
- Jusque vers 1450, les navires sont l'uvre
des charpentiers, le navire est construit au bord du rivage,
sur des cales, au plus prêt des forêts, et les navires
sont en lattes de bois qui se chevauchent pour faire l'étanchéité.
(le bordage à clins où les planches se recouvrent
comme des tuiles, est abandonné au profit du bordage franc,
les planches sont fixées bord à bord, en "
carvelle ". Le navire devient plus manoeuvrable. Plus tard,
en 1450, les planches sont en bord à bord, ce qui allège
le navire, mais ,nécessite un calfatage assez délicat.
- Il faut que le navire ait une coque ronde
pour les navires de charge, mais assez haute pour contenir beaucoup
de marchandises mais pas trop pour tenir la mer. Pas simple.
-
- Il faut environ 6 mois pour construire
au Moyen Age une barque de 40 ou 50 tonneaux.
- Les galères
- Grosse galère = Bateau de commerce
- Galère Ex Liburne.
La galère est le navire le plus connu pendant plusieurs
siècles,
50 m de long, 7 m de large, bords bas, rame manoeuvrée
par 2-3-4 rameurs, voiles triangulaires, 2 mats, éperon,
baliste puis canons, 500 hommes d'équipages (marins, rameurs,
bombardiers, archers, soldats).
-
-
- Les galées ou galéasses
:
- Ce sont des navires utilisées dans
les mers intérieurs, c'était en fait une tradition
héritée des grecs et des romains. C'est un aménagement
des galères anciennes.
Le bâtiment est long : 40 à 50 mètres.
Etroit : 5 à 6 mètres.
Plus haut que les galères : 3 mètres.
- Cette galée marchande portait 2
ou 3 mâts, et ne faisait pas beaucoup d'arrêts. Elle
avait à la fois des voiles et des rames.
- Galée= navire, dont il existe plusieurs
types, rapides, gréés à la latine et bordés
à franc-bord. La galée transporte aussi bien du
fret que des passagers. C'est le type parfait du navire de commerce
de la Méditerranée.
Au temps de Jacques Cur, vers 1440, la galée marchande
même bien aménagée, avait une capacité
réduite.
Les cargaisons étaient de 150 à 200 tonnes.
Donc utilisation pour des produits de luxe, valant très
chère pour un faible poids.
-
La galéasse
La Galéasse est une grosse galée, représentée
dans le palais Jacques Coeur sous forme d'un bas relief en pierre,
situé au dessus de la porte de sortie de la chambre dite
des galées.
- Pour naviguer, les marins italiens, français
ou catalans utilisaient la galéasse. La longueur du navire
faisait trois fois sa largeur, et celle-ci deux fois sa hauteur,
il s'agit de la règle catalane (tres dos y as, "
trois, deux, un "). En mer Baltique, on avait plutôt
recours à la hourque, dont la coque était faîte
de planches superposées et non jointes.
- Elle avait 3 mats et une voile carrée
et une autre latine. Elle était mue par plus de 100 rameurs.
- Pour la flotte de Jacques Coeur, on parle
de galéasse pour la Notre Dame Sainte Madeleine, et Notre
Dame Saint Jacques.
-
- La nef
- La nef qui signifie bateau désigne
un navire de fort tonnage. C'est le plus connu des navires de
l'époque. Il en existe toute une gamme de 80 à
200 tonnes. Ce sont des navires ronds et non pas long,
Plus large et plus élevé sur l'eau que la galée.
Une voile carrée, très développée.
Un seul mât placé au milieu du navire.
Pas de rameurs.
Ces nefs sont lourdes et peu maniables, elles ne peuvent remonter
le vent et peinent à virer.
- Il faudra attendre quelques innovations
pour que l'on puisse au XV ième siècle affronter
des vents contraires.
- La Santa Maria est une nef.
- C'est aussi la nave, navis, nau selon
les langues.
Appelée coque dans les pays du nord.
-
- Certaines nefs en 1440 ne portaient pas
plus de charge que les galées, mais d'autres étaient
de véritables monuments et transportaient des produits
lourds, peu coûteux. (grain, sel, vin).
- Avec les croisades, ces nefs furent construites
au XIII e siècle ( St Louis) à Gênes, Marseille
et Venise, et atteignirent des capacités de 1000 tonnes
de cargaison et 100 hommes d'équipages.
Navire à 3 ponts, avec des mâts dont un a 50 mètres
de haut.
-
- Caraque= Nef
bateau de commerce, bords hauts, plus larges et plus arrondis
que les galères, premier à être dirigé
par gouvernail, avec un château de poupe et un de proue,
voile carrée.
La caraque ou nef est un grand navire, de la fin du Moyen Âge,
caractérisé par sa coque arrondie et ses deux hauts
châteaux avant et arrière. Elle fut l'un des premiers
types de navires européens à pouvoir s'aventurer
en haute mer. Les Espagnols l'appelaient nao (navire) et les
Portugais nau, elle fut avec la caravelle, le navire des grands
explorateurs de ces pays. Selon certaines sources, le mot caraque
proviendrait de l'arabe karraka.
La Caraque est au moins le double de la Caravelle. Elle peut
dépasser 1000 tonnes.
- Caravelle
- Plus tard, on trouvera les Caravelles.
- En 1492 les caravelles mesurent :
longueur 24-25 m 20-21 m 19-20 m
largeur 8 m 6,5 m 6 m
profondeur 4 m 3 m 3 m
équipage 39 h 26 h 22 h
transporte 100-120 T 60-70 T 50-60 T
- Une nef au 15ème siècle
fait 60-120 tonneaux, est plus ronde que la caravelle, a un gréément
carré.
- Au 15ème siècle une caravelle
transporte 40-70 tonneaux, a 2-3 voiles latines, peu de ligne,
un calant fin.
Au 16ème siècle 150-200 tonneaux, 3 voiles latines,
1 voiles carrée à l'avant, c'est un navire rapide.
Au 16ème siècle, 400-500 tonneaux (parfois 700-800
et jusqu'a 1000), 4 mats (artimon, beaupre, mat de misaine, grand
mat) avec des huniers, lourd, pansu, haut sur l'eau, lent, peu
manoeuvrable, navigue par vent arrière.
-
- La Caravelle est
ce bateau utilisé par Christophe Colomb. Elle a été
inventée par Henri le Navigateur, bateau solide, capable
d'affronter les vents et d'approcher les rivages.
7 à 8 mètres de large. - 20 mètres de long
- 50 tonneaux - 2 grosses voiles
1 voiles triangulaire à l'arrière.
-
- Le Galion
ne ressemble pas à la galère, la galère
est longue et basse, le galion est issu des bateaux à
coque ronde du XV e siècle comme les Caraques.
Le galion apparaît vers 1520 c'est un navire de guerre
et de commerce, avec jusqu'à 180 hommes d'équipage
et une cinquantaine de canons.
-
- Le Cog
C'est un bateau avec un "château" à l'avant
et un à l'arrière.
Les caraques
Ce sont des navires avec 3 ou 4 mâts et ils sont très
lourds. On les utilise pour le commerce.
Invention du Gouvernail.
Le Gouvernail permet de manuvrer le bateau. C'est une longue
lame verticale située à l'arrière du bateau
et qui peut le faire tourner. Au Moyen Age, on le manuvre
à l'aide d'un long manche : la barre franche.
Le gouvernail est articulé sur l'étambot, une pièce
de bois qui prolonge la quille.
Peu à peu, on va l'améliorer et utiliser une barre
à roue.
- Le gréement, c'est l'ensemble des
voiles et cordages qui équipent un navire.
Les Caravelles, nefs et galions possèdent 3 mâts,
le mât d emisaine à l'avant, le mât au centre
et ils o,t des voiles carrées.
A l'arrière, le mât d'artimon près de la
poupe est équipé avec des voile triangulaire qui
est plus facile à utiliser lorsque l'on veut virer de
bord.
-
- Le Loch sert à mesurer la vitesse
du navire. Une planche et une corde à nuds. ( on
file à 15 nuds dit on encore aujourd'hui).
- L'équipage :
- Pour les Caravelles, il n'y a que 20 hommes.
On note la présence du charpentier et des calfats qui
surveillent les fuites d'eau.
Il y a aussi l'aumônier, le chirurgien, le cuisinier, l'écrivain
de bord, le tonnelier
- Les esclaves :
- En 1455, le Portugais Diégo Gomès
raconte qu'il captura en une seule journée 650 esclaves
vers Lagos, qu'il amena au Portugal.
-
Les épices d'alors
-
- Le clou de girofle, il est aussi cher
que l'or, il vient d'Indonésie (Iles Moluques). Les portugais
découvre cela en 1511.
- La Muscade
- Le poivre
-
- Ces épices sont achetées
aux Arabes jusque vers 1498, date à laquelle les Portugais
atteignent l'Indes et obtiennent alors le monopole de ce commerce
pendant 1 siècle.
-
- Le commerce de marchandises de Jacques
Cur :
-
- Il emporte également des fourrures,
fourrures vairs, pare exemple , "Vair" du corail de
Provence, de Sardaigne, en sens inverse, les bateaux revenant
vers l'Occident transportent évidemment des épices,
transportent de l'or, cette fois-ci, l'or était arrivé
à Alexandrie en provenance du Soudan, du coton, des soieries
et indirectement de l'alun, et il faut préciser quelque
chose qui est intéressant, c'est que toutes cette zone
ci, où se trouve Chio, où mourra Jacques Cur
était interdite pratiquement aux bateaux, notamment aux
bateaux français, les génois se réservant
le monopole de l'alun donc Jacques Cur devait s'alimenter
là, pour une fois indirectement en alun auprès
des génois.
- Une tentative malheureuse de laine et
de cuir d'Ecosse qui arrive en très mauvais état
à La Rochelle. Donc Jacques Cur n'insiste pas. Son
idée était de créer à Bruges une
base qui, avec la paix retrouvée du côté
de l'Angleterre aurait permis le développement de ses
affaires dans cette direction.
Tout cela arrivait dans les ports de Méditerranée
en ce qui concerne maintenant au trafic intérieur, nous
allons passer à un autre document N°21, ce document
est un peu complexe, je le détaillerais.
- Venant des ports méditerranées,
des épices dont je vous parlais avec un centre qui apparaît
ici, Le Puy, par exemple où o,n peut passer également
par Lyon, donc en direction de Bourges et en direction surtout
l'affaire essentielle, car c'est à Tours que se trouvaient
les magasins de l'Argenterie qui recevaient tous ces produits
précieux, dont les familiers du roi étaient friands.
Ces marchandises pouvaient aller ensuite en direction de Bruges,
mais aussi vers Rouen et d'autres points du royaume.
- On voit aussi en sens inverse, la descente
des draps de Flandres en direction de la Méditerranée,
l'alimentation en draps également du Berry bien entendu,
le Languedoc, et le long des trois fleuves, la circulation du
sel, le sel qui remontait de Camargue, le sel qui venait de la
baie de Bourgneuf, ici et qui remontait la Loire en direction
par exemple d'Orléans et de Paris et le même trafic
sur le Seine.
L'essentiel de ce trafic était destiné à
l'approvisionnement des magasins de l'Argenterie qui étaient
à Tours puisque le roi Charles VII s'est plutôt
bien fixé dans un petit château à côté
de Tours, le château de Plessis-les -Tours, à partir
de 1444. Et Jacques Cur était à la fois,
ce qui fait un des éléments essentiels de sa fortune,
le fournisseur d'articles de luxe et celui qui les vendait ensuite
aux gens de la Cour, avec des profits qui étaient sans
doute substantiels. Au passage, on peut noter qu'il s'accommodait
de paiements assez originaux. On sait qu'au moment de la construction
de cette maison que le seigneur d'Aubigny, bien connu, Jean Stuart,
qui avait pris des marchandises à l'Argenterie de Tours
a payé directement sans passer par l'Argenterie. Il a
payé Jacques Cur en fournissant du bois pour la
construction de la maison où nous sommes.
- Inversement, bien sûr, ces opérations
dans lesquelles il réalisait des profits et l'on disait
qu'il faisait des profits considérables étaient
obérés par le capital investi mis dans les stocks.
Au moment du séquestre, par exemple, on a retrouvé
à Tours, à l'Argenterie, un millier de pièces
de tissu, 6500 pièces de fourrures, vairs essentiellement,
était obérés également par l'importance
des découverts qu'il consentait à ses clients.
Toujours au moment du séquestre, on a relevé le
nom de 200 débiteurs pour une charge globale supérieure
à 100 000 livres tournois.
- Pour clore cet aperçu concernant
les affaires de Jacques Cur, plusieurs traits méritent
d'être soulignés; je crois que ce qui fait l'essentiel
du succès de Jacques Cur, c'est l'extraordinaire
activité qu'il déploie. Une énergie tout
à fait considérable, c'est un personnage sans cesse
en mouvement, pour maîtriser la dispersion de ses affaires,
pour s'assurer l'obtention d'offices, d'honneurs ; aux mentions
des charges déjà indiquées auprès
des Etats du Languedoc, visiteur général des gabelles,
il faut ajouter toute une série de missions diplomatiques
à Gênes, auprès du roi d'Aragon qui était
fort important puisqu'il maîtrisait toute une large partie
de la Méditerranée occidentale, auprès du
pape évidemment, avec de très grandes ambassades,
en particulier en 1447, 1448, et voyez c'est le moment où
le statut d'homme du roi commence à s'imposer véritablement,
donc une activité extraordinaire qui apparaît d'ailleurs
en creux avec la médiocrité semble-t-il de son
fils, du seul de ses fils qui ne soit pas clerc, Ravant Cur
un personnage autant qu'on puisse le saisir, particulièrement
fallot.
- Deuxième caractéristique,
concernant les aspects techniques de ses affaires, l'accord est
absolument unanime auprès des historiens, pour dire que
nous ne trouverons absolument pas chez lui la sophistication
que l'on connaît dans les entreprises italiennes.
Certes, Jacques Cur connaît la lettre de change,
on a quelques témoignages mais par exemple, lorsqu'il
s'agit de transférer des sommes importantes pour régler
des achats, il n'hésite pas à confier des sacs
remplis de pièces de monnaies tout simplement à
des voituriers qui les acheminent dans telle ou telle direction,
ce qui est archaïque comme système et absolument
impensable dans l'Italie des banquiers .
- On note aussi l'association : fabrication,
commerce ou diffusion des produits et ce dont on peu discuter
c'est l'utilisation de formules un peu contemporaines, ( certains
et non des moindres n'ont pas hésité à parler
de concentration verticale à propos de la draperie du
Berry), il avait la production, à propos de la soierie
de Florence et à propos également de la fourniture
armes puisqu'il était ici à Bourges en association
avec des gens ,les frères de Tresse (?) et ils écoulaient
ensuite les armes, d'autant plus facilement d'ailleurs que c'était
la période de la fin de la guerre de 100 ans et qu'il
y avait ces grandes opérations soit en Normandie soit
dans les deux campagnes de Guyenne par lesquelles se termine
la guerre de Cent ans.
-
-
- JACQUES CUR, VOYAGE
ET COMMERCE
-
- Légende et flagornerie ?
- Il n'est pas simple de faire le point
entre la légende, la forte probabilité et la réalité.
Ainsi pour Mathieu d'Escouchy :
-
" Jacques
Cur avait plusieurs grands vaisseaux qui alloient en Barbarie
et jusqu'en Babylone, qui était pour lui Le Caire, quérir
les marchandises par la licence du Soudan et des Turcs infidèles.
En leur payant " trivaige ", des droits de douane,
il faisait venir desdist pays des draps d'or et de soye, de toute
façon et de toute couleur, plus des fourures, tant martres,
genettes, et autres choses étranges
que l'on n'aurait
pu se procurer en Occident ".
-
- Ainsi pour ce chroniqueur, Jacques Cur
faisait ce que nul autre en France n'était capable de
faire.
- De même Georges Chastelain, conseiller
de Philippe de Bourgogne chante lui aussi les louanges de l'argentier.
-
" Jacques Cur
l'homme plein d'initiative sachant par labeur s'était
enrichi d'étoinnante manière
n'avait pareil
au monde. Tout le Levant il visita avec son navire et il n'y
avoit en la mer d'Orient mast reestu sinon des fleurs de lys
".
-
- Enfin, Thomas Basin, de son côté
écrit :
" C'est
lui, Jacques Cur qui le premier de tous les français
de son temps équipa et arma des galées qui, chargées
de lainages et d'autres produits des ateliers de France, parcourait
les rivages d'Afrique et d'Orient "
Il terminait en affirmant que les marchandises arrivaient en
France avant Jacques Cur par les gènois, Vénitien
et Catalan
oubliant le rôle de gens de Marseille
et du languedoc.
- Ces récit ont fait l'objet au cours
des siècles de ce qui fut l'Histoire officielle, celle
que l'on ne remettait pas en cause. D'autant plus que ce Jacques
Cur très nationaliste finalement était un
peu le pendant de Jeanne d'Arc.
- Les Historiens modernes, avec Jacques
Heers, ont revu " à la baisse " l'action de
Jacques Cur sur la mer.
-
- Combien de fois est-il
allé au Levant ?
-
- On évoque toujours les voyages
de Jacques Cur, faisant de notre berrichon un grand voyageur.
En fait qu'en savons-nous ?
- Un voyage au levant est certain, le premier
en 1432, où des témoins assurent avec certitude
qu'il était à Damas. Un périple qui se termine
mal au large de la Corse à Calvi. Mais de là à
faire de Jacques Cur un homme qui était partout,
il y a un pas que l'on ne peut franchir. En fait, pour la suite,
on ne sait pas.
- Sur ses déplacements et voyages,
aucune certitude pour le Levant.
Ailleurs, on sait qu'il s'en allait à Montpellier ou Marseille,
mais aussi à Paris. Mais c'est à peu prêt
tout.
L'histoire montre tout de même des ambassades à
Lausanne, Gênes et Rome, avec d'autres, mais ce n'est pas
du commerce.
On le rencontre aussi à Rouen, lorsqu'il parade à
l'issue de la conquête de la Normandie par Charles VII
avec une partie de son argent
. Mais c'est peu.
- En fait, Jacques Cur était
attaché au Roi et ce dernier se déplaçait
beaucoup, notre Grand Argentier le suivait tout simplement.
Jeune homme, il ne semble pas par exemple qu'il ait suivi Jeanne
d'Arc et le roi pour le couronnement de Reims.
Il est à la fois marchand, il achète et il vend,
mais aussi chef de flotte de navires.
- En tout cas, on ne trouve aucune trace
de Jacques Cur sur un de ses navires. Il confiait les galées
à ses commis ou facteurs.
-
- La structure commerciale
- Il n'a pas inventé une structure
commerciale particulière, il s'est beaucoup inspiré
de ce que faisaient les autres.
En particulier, dans les années 1430, il y avait sur les
mers, les italiens et les autres. Jacques Cur va être
souvent à l'ombre de Gènes qui est le port de référence.
- Il va tisser une toile, avec des routes,
des comptoirs très sûrs, et des hommes plus que
fidèles, ses facteurs.
- Cette notion de réseau est très
moderne, et il est en France, le premier à mettre sur
place ce type de structure.
-
- Les comptoirs
- Jacques Cur a un grand sens de l'organisation,
il trace des routes, d'abord vers le midi et le levant puis vers
le nord de la France jusqu'à Bruges.
Dans de nombreuses villes, il s'installe et pour cela achète
des terres et des immeubles ou maisons, faisant parfois construire.
- Il a des comptoirs sur les grandes routes,
Montpellier, Tours, Paris, Rouen, mais aussi Roanne.
- Par contre sur mer, il est très
en retard vis à vis de Venise et de Gêne, ces derniers
possèdent des comptoirs dans des ports et des îles
alors que Jacques Cur qui arrive et qui n'est pas très
bien vu, a des difficultés à s'imposer.
Il aura uniquement Rhodes comme port et point d'attache, aidé
par les Hospitaliers. Ailleurs il n'est pas souvent le bienvenu.
- D'ailleurs ses galées ne font pas
du cabotage, mais vont de Marseille au Levant souvent sans trop
s'arrêter.
- Son port d'attache étant souvent
Aigues Mortes, c'est là qu'il chargeait et déchargeait
les marchandises.
- Le type de commerce
- La encore il y a des légendes et
comme toujours un certain mystère. Les écrits parlaient
du Levant comme le lieu où on trouvait de la soie, des
épices, des fruits merveilleux et aussi " des choses
étranges " qui étaient souvent habillées
de mystère. Nos manuels d'histoire parlent toujours de
ce commerce comme celui des épices.
L'exotisme a toujours été privilégié.
- Les épices se vendaient un bon
prix, c'est certain, mais la consommation massive de poivre,
de clous de girofle de gingembre ou encore de cannelle et de
noix de muscade était forcément limitée.
D'une part vis à vis des gens qui devaient avoir de l'argent
et puis on ne pouvait pas mettre du poivre dans tous les mets.
- Par contre, on ne pouvait pas oublier
d'autres marchandises comme le sel, les grains ou les toiles
car il fallait surtout manger et se vêtir. C'était
cela le commerce de la méditerranée, le reste,
intéressant restera marginal.
- L'argentier travaillait à la petite
semaine par rapport aux gens de Gênes ou de Venise. Jacques
Cur fait de l'import export, on dit qu'il transportait
des marchandises du Levant pour les vendre en France et à
la cour, mais aussi dans d'autres grandes villes. Certains affirment
que pour rentabiliser ses voyages coûteux, à l'aller,
outre l'argent qu'emporter en vue d'échanges avec l'or,
il transportait aussi des voyageurs qui payaient leur voyage,
un genre de tour-opérateur.
-
- Une autorisation pontificale :
- Par deux fois, l'argentier va recevoir
une autorisation pontificale pour faire le commerce avec les
infidèles. En effet, il y avait des restrictions, comme
l'interdiction de livrer des armes, des métaux ou encore
du bois d'oeuvre, car en Egypte, c'était la pénurie.
- Il obtenait pour deux fois deux ans, ces
autorisations.
Mais cela ne s'appliquait qu'aux 4 galées de la flotte
royale et pas plus.
-
- Jacques Cur à Marseille
(R. Guillot)
- Autre élément très
important, dans ce tournant c'est le transfert de sa base d'Aigues-Mortes
à Marseille. A Marseille, cela veut dire en dehors du
royaume, chez le roi René, là où les opérations
portuaires étaient plus aisées, un port profond,
protégé du Mistral par des collines, des magasins
au bord de l'eau et surtout des avantages fiscaux. Alors vous
allez voir le document 22, c'est une scène qui représente
une Marie Madeleine, ici, il se trouve qu'un des bateaux de Jacques
Cur s'appelle La Madeleine, ce qui est intéressant
ici, c'est le port de Marseille, et la maison de Jacques Cur
était sur le quai même, avec de très vastes
entrepôts qui lui permettaient une décharge très
facile des produits, et d'une manière très symbolique,
se trouve ici, le château des Hospitaliers, qui est en
quelque sorte la tête de la ligne qui conduisait à
d'autres bâtiments que les Hospitaliers avaient à
Rhodes.
Donc il s'en va à Marseille, cela va d'ailleurs lui causer
pas mal d'ennuis au moment du déclenchement du procès.
C'est là qu'il installe le plus entreprenant de ses facteurs,
son neveu, Jean de Village, bien connu à Bourges. Le dernier
grand changement, c'est l'achèvement des travaux de cette
"Grande Maison", entrepris en 1443.
Là aussi il ne faut pas se faire beaucoup d'illusions,
Jacques Cur n'a pas vraiment résidé là
où nous sommes ce soir, un de ses facteur Pierre Jobert
dit qu'il ne " faisait aucune résidence à
Bourges ni en aucun lieu particulier", il circulait sans
arrêt, et c'est l'occasion pour nous, c'est le document
24 de voir quels étaient les biens de Jacques Cur
à Bourges.
-
-
- La renommée du roi Charles VII
- Il semble en fait que les galées
de Jacques Cur avaient un but visible, ramener des épices
et de l'or, mais un but moins visible, et disons plus diplomatique,
assurer la renommée du roi. C'est au moment de la reconquête
du royaume
- Il s'agissait d'assurer et servir la gloire
du roi et conforter sa renommée dans l'ensemble du bassin
de la méditerranée.
- C'était en réalité
une flotte qui montrait une présence et une présence
de l'Etat.
- C'était un agent du roi, chargé
comme le dit J Heers, de fonder une compagnie royale, avec toute
une série de réglementations qui eurent pour effet
de se fâcher avec les locaux du Languedoc, ainsi il usa
de son autorité venue du roi pour fixezr le prix des manutentions
pour chaque produit d'outre-mer.
Inversement il redonna un peu de vitalité au port de Lattes.
Il réussit à conclure un accord entre les gens
de Lattes et de Montpellier (avril 1444)
-
- Les pigeons voyageurs de Jacques Cur
- C'est sans doute dans ce domaine des pigeons
voyageurs que l'on s'aperçoit de nos lacunes en terme
de recherches sur Jacques Cur et son temps.
Lors de la préparation du programme de l'année
2000, commémorant les 600 ans de la naissance de Jacques
Cur, l'association franco belge qui se passionne pour les
pigeons voyageurs indiqua qu'il serait possible de se lier à
cet événement, chacun étant persuadé
que Jacques Cur était un colombophile passionné.
La preuve, car il fallait une preuve était sous nos yeux,
dans le palais Jacques Cur, il y avait tout en haut, un
magnifique pigeonnier.
C'est Jean Yves Ribault qui, au cours d'une réunion de
travail nous apporta quelques éléments, le colombier
du palais datait du XIX ième siècle, et non pas
de l'époque du Grand Argentier
- Il était trop tard pour changer
le programme, et cela se traduisit par une conférence
au Muséum sur les pigeons voyageurs avec M. Michel Coudray
qui fit des recherches sur le sujet et qui n'était pas
en accord avec J.Y. Ribault, avec de solides arguments, si ce
n'était des preuves.
- Première affirmation, les pigeons
voyageurs, utilisés depuis l'antiquité étaient
des outils parfaitement maîtrises au XV ième siècle,
et beaucoup de seigneurs les utilisaient. D'ailleurs, un manant
ne pouvait pas posséder, et ceci jusqu'à la révolution
française, de pigeons voyageurs. Aujourd'hui encore, il
faut être enregistré en préfecture.
Donc c'était une pratique de l'époque que d'utiliser
les pigeons voyageurs pour communiquer.
- En second lieu, Jacques Cur, qui
était novateur dans de nombreux domaines, pouvait-il se
passer de ce moyen de communication, lui qui avait des comptoirs
dans une grande partie de la France et qui lâchait des
navires sur le Lavant ?
En toute logique, mais sans preuve, on ne voit pas très
bien pourquoi Jacques Cur aurait été absent
de ce mode de communication.
- On retrouve par ailleurs ces affirmations
dan un livre de Kristian Wolf intitulé "à
coeur vaillant
" paru en 1996.
Il est expliqué sur plusieurs pages, comment au Levant,
on utilisait les pigeons, et Jacques Cur avait été
convaincu que "c'était la une activité noble,
rémunératrice, et fort utile à la prospérité
du commerce, donc tout à fait digne de considération".
-
- Les bateaux de Jacques
Cur :
-
- On peut ajouter quand même ceci,
c'est que ces bateaux étaient certainement des bateaux
d'assez faible tonnage, 100, 200 tonnes de port, autrement dit,
rien de commun avec les grands bateaux génois qui atteignaient
1000 tonnes et davantage.
- La méditerranée est la chasse
gardée des Génois et Vénitiens.
- Parmi les écrits qui se transmettent
au fils du temps, ses débuts d'armateur sont intéressants.
On dit que Jacques Cur commande en 1443 une galée
aux chantiers de Gènes, le délai est très
court, il la reçoit, la baptise Notre Dame Saint Denis
et s'empresse de la ramener à Aigues Mortes afin que les
charpentiers locaux la copient pour en faire de semblables.
C'est peut être vrai, mais le bateau est acheté
au titre des galées du roi, et financé par le roi,
et surtout, on ne sait pas grand chose des bateaux suivants,
ni de leur provenance, ni de leur chantier de construction. Il
y a donc un vraie légende tendant à montrer, soit
qu'il était bien un escroc, soit qu'il était débrouillard
et très fort.
- En réalité, c'est le roi
Charles VII qui commande cette galée Notre Dame Saint
Denis et un an plus tard, il nomme Jacques Cur comme gérant
du bateau. Il est en outre responsable de l'armement et de l'équipage
qu'il doit recruter.
Ce navire quitte Aigues Mortes, et fait escale à Marseille
en 1445, on sait que plusieurs marchands vont embarquer, très
intéressés, semble-t-il par le commerce des épices.
- Par exemple, la galée, La Madeleine
est achetée au nom du roi par Jacques Cur aux Chevaliers
de Rhodes.
L'argentier en prend possession, mais le confit à un capitaine
local Michel Teinturier, de Montpellier.
- Les archives ont montré que les
deux premières galées de France en octobre 1446
étaient dans le port de Marseille et partaient pour le
Levant avec plusieurs marchand à leur bord, sans doute
des notables de la ville.
- Il fait construire deux autres navires,
ils ont tous un double nom : Notre Dame Saint Jacques, Notre
Dame Saint Michel.
On sait qu'ils ont pris la mer en 1447 ou au début de
1448, mais nul ne sait où ils furent construits.
- Dernier bâtiment des galées
connu de Jacques Cur, la Rose, qui a été
mise en chantier en 1450.
- La flotte est formée de galées,
mais les mots différent beaucoup à cette époque.
C'est une embarcation de 40 à 50 mètres de longueur,
avec 5 à 6 mètres de large. C'est donc un gros
bateau. On peut transporter 150 à 200 tonnes de marchandises
ou objets précieux. C'est donc un commerce important.
Lorsque la galée revient, il y a "gros à vendre".
Lorsque la galée sombre ou est prise par les pirates,
c'est la ruine.
Une galée qui peut être à voile ou à
rame comprend 150 à 200 rameurs.
- Jacques Cur possède 4
galées dans un premier temps ce sont 2 galées,
et 4 à partir de 1447. La grande flotte de Jacques Cur
est donc assez modeste.
4 bateaux, ce n'est pas grand chose.
- Le chiffre ira jusqu'à 7 ou plus
sans savoir à qui elles appartiennent.
-
- Comparer les flottes :
- Donc au total, on voit déjà
apparaître ici les réserves de certains historiens
à propos du rôle d'armateur ou de grand commerçant
et grand marchand de Jacques Cur. Rien de commun avec les
grandes firmes vénitiennes ou génoises d'autant
qu'il ne semble pas que ces bateaux aient fait un nombre considérable
de voyages vers l'Orient et la conclusion, c'est que l'on peut
tout à fait bien prendre en considération la thèse
d'un autre très grand historien du Moyen Age, grand spécialiste
de Gênes, Jacques Heers, qui estime que Jacques Cur
n'est peut-être pas cet homme d'affaires que l'on a dit,
qui courrait les chances et les risques d'une entreprise privée,
mais plutôt un commis du roi et de l'Etat, agissant dans
le cadre d'un service public. Si vous voulez une sorte d'énarque
avant la lettre.
- Le nombre de navires de Jacques Cur
pour Pierre Mollat serait au moins de 7.. En effet, c'est un
marchand florentin, Janosso Bucelli qui l'affirme lors du procès.
Mais 4 ou 5 pour Jacques Heers
- Les galées de France sont au nombre
de 4, on ne peut pas les comparer avec les nefs de Gènes
qui en possède 20 à 25. Et 6 à 8 revenaient
chaque année, contre 2 pour notre argentier.
En matière de tonnage, c'est pire encore, 4000 à
5000 tonnes de fret contre 400 à 500 pour Jaques Coeur,
c'est à dire un rapport de 1 à 10.
Pour Jacques Cur, on peut estimée deux galées
de 200 tonnes.
- Par contre les marchandises ne sont pas
les mêmes.
Venise en a 12 et. (elles sont souvent plus larges).
La concurrence était farouche sur ces routes.
- De plus les galées ne voulaient
pas lutter sur tous les fronts, donc, Jacques Cur ne visait
qu'un seul pays, l'Egypte qui était aux mains des sultans
mamelouk.
Pas de voyage à Constantinople ou dans la mer Egée,
ou encore à Chio.
Un seul parcours, Aigues Mortes, Marseille, Rhodes, Alexandrie.
- Et son trafic ne comportait que les produits
de luxe.
En particulier, il ne s'occupait pas des produits de faible coût,
ni de produits en grande quantité, comme du grain ou du
sel.
De plus, les produits de luxe de Jacques Cur n'étaient
pas proposés ailleurs qu'en France, aucune tentative pour
aller à Séville ou Cadix.
-
- Sa flotte a donc au moins 7 bateaux, ce
sont des "galères armées de France",
c'est à dire une appellation royale, elles sont aussi
appelées "galères de l'Argentier".
-
- Il y eu des achats mais aussi des locations
ce qui en soit est très moderne. Pour Mollat, les locations
de navires portaient sur de petites unités. C'est l'exemple
de l'un de ses facteurs, Pierre Castellain qui loua à
Gènes en 1443 un navire appelé linh.
- Il utilise des ports de la Méditerranée,
Aigues Mortes et Lattes (Montpellier), mais avec les difficultés
et l'envasement, il se déploie de plus en plus sur Collioure
et Marseille.
- A Colioure, Jacques Cur fit construire
deux gros navires pour aller sur l'Atlantique, des 400 tonneaux
pour faire du commerce avec la Flandre. Il naviguait sous pavillon
français mais était commandé par un catalan.
-
- Combien Jacques Cur possédait-il
de navires,
- nul ne le sait avec exactitude. Ce qui
est certain, c'est que lors du séquestre des biens de
Jacques Cur, le procureur Dauvet en a comptabilisé
4 navires.
Il semble que le nombre de navires était assez proche
du chiffre de 7. C'est en tout cas la conclusion à laquelle
arrivent Michel Mollat et Jacques Heers.
-
- Les navires :
-
- - la Notre-Dame-Saint-Denis
On connaît bien ce bateau qui était de retour d'Orient
au moment de l'arrestation de Jacques Cur. Il était
commandé par Gauillardet de la Farge.
- C'est une galée marchande, la premier
achetée par l'argentier pour 10500 livres tournois, navire
rapide de 100 tonnes utilisé pour les denrées précieuses.
- C'est cette galée qui ramena l'escalve
chrétien d'Alexandrie avec Michel Teinturier qui la commandait
alors.
Ce navire fut vendu par le procureur Dauvet en 1454, il était
en mauvais état après 12 ans de navigation.
-
- - La Notre Dame Sainte Madeleine
- qui est une grosse galée, appelée
galéasse, elle fut souvent commandée par Jean de
Village.
- Ce navire fut largement connu comme "la
grosse galée de Mgr l'Argentier", car il était
semble-t-il énorme par rapport à d'autres galées.
-
- - la Notre-Dame-Saint-Michel,
qui était commandée par Guillaume Gilmart.
-
- - la Notre-Dame-Saint-Jacques,
ce navire est une grosse galée,comme la précédente,
donc une galéasse.
- Elle fut vendu quelques jours après
l'arrestation de Jacques Cur par Ursin Botet, afin que
le navire échappe au séquestre. C'était
une vente fictive. Ce navire sera assez vite placé sous
les ordres de Jean de Village.
-
- - la Santa-maria-e-Sant-Jacques
dont on ne sait pas grand chose, ce serait une nef sans rame,
qui navigait à faible vitesse, avec un tonnage important
de 500 tonnes.
- Ce navire fut construit pour Robert guillot
à Collioure et on sait qu'elle a transporté du
vin à Bruge en passant par Gibraltar.
-
- - la Rose
qui était un navire en train de se terminer lors de l'arrestation
de Jacques Coeur en 1451.
-
- Ce qui est certain, c'est que 4 navires
après l'arrestation seront mis sous séquestres
et retrouvés par Jean Dauvet.
- - la Notre Dame Saint Denis, arrive au
large de Marseille au moment de l'arrestation du grand argentier.
Elle partit pour l'Espagne.
- La Notre Dame Saint Jacques, qui est à Marseille et
est vendue fictivement pour échapper à la prise
du navire.
- La Notre dame Saint Michel
- Mais il y a d'autres navires comme la
Santa maria e saint jacques, qui est avec La rose, un navire
du Grand Argentier.
-
-
-
- Les navires dans le palais
de Jacques Cur
-
- A l'étage, du côté
de la place Berry, dans une des deux pièces, à
côté de la grande salle d'apparat haute se situe
la chambre des galées. Le jeune duc d'Enghien y coucha
lors de son séjour à Bourges. Et c'est dans cette
pièce que fut installée ensuite une " salle
des Illustres " avec les portraits de personnages fabuleux,
savants, érudits et autres de la ville.
Le nom de cette salle venait de sa décoration initiale.
- Le vitrail : une nef
- On remarque dans la chambre des galées,
située au premier étage, côté place
Berry, entre la salle d'apparat et le comptoir ou la chambre
des évêques, un magnifique vitrail.
Il représente selon les auteurs, une " galée
", mais assez artistiquement dessinée, on voit qu'il
s'agit d'un navire de type rond, plus proche d'une nef que d'une
galée, une seule voile au lieu des trois habituelles,
et les armes de Jacques Cur sur la balustrade du château
arrière du bateau et dans un oriflamme.
Ce bateau à coque ronde est mu par une immense voile carrée,
portée par un mât unique, et on voit un gouvernail
axial d'étambot. C'est une grosse nef ronde, d'un modèle
assez ancien, qui n'a qu'un mât fortement haubanné
portant une grande voile carrée.
- Sur la gauche, un port fortifié
qui pourrait ressembler à celui d'Aigues Mortes.
- Selon les spécialistes, dans cette
pièce, aux fenêtres, selon l'état de 1636,
" sis grands panneaux de vistres où sont des galées
et navires en peinture fort belle ".
Il est exact qu'il n'y avait pas un seul vitrail, mais 6 vitraux
représentant les navires de Jacques Cur. Les 5 autres
ont été détruits, il resterait des fragments
dans les caves du Musée du Berry.
- Le bas relief : une galéasse
- Au dessus de la porte de sortie juste
à côté de la cheminée, un bas relief
représente dans cette salle des galées, un navire.
Il est sur un tympan. C'est assez proche d'une galée ou
galéasse,
- C'est un grand navire avec de nombreuses
voiles et on voit les rameurs. C'est une nef ou une galée
armée ; Cette galéasse à trois mâts,
bordée à clins, possède un château
avant et un château arrière dominant le gouvernail.
Il a un caractère hybride qui lui viendrait d'un mélange
des pratiques de construction navale de l'occident autant que
de l'Orient. Les trois voiles sont carrées, une misaine
et un artimon latin.
- En bas du navire, il y avait 2 trous,
et on a retrouvé ces dernières années le
canot en pierre.
- Du vivant de Jacques Cur, cette
pièce, comportait un grand et un petit lit, mais aussi
un coffre de bois, un buffet à deux portes, une table
sur tréteaux, six tabourets, et une tapisserie qui a disparu
et qui représentait " des galées et galéasses
". Cette tapisserie comportait aussi la devise de Jacques
Cur.
Par la suite, cette pièce fut affectée au logement
du grand Condé, lorsqu'il suivait les cours du collège
de Sainte-marie sous la direction des jésuites.
-
- complément :
- Les bateaux de Jacques Cur dans
le palais de Bourges par Robert GUILLOT)
- L'évocation de l'Orient est aussi
très caractéristique de la décoration de
cette maison ;
- la représentation des navires de
Jacques Cur ; il y en a deux, d'abord ce petit bâtiment
qui semble surtout un bâtiment armé pour la guerre
et pas tellement un bâtiment de commerce
et un vitrail, une grosse nef qui porte les armes de Jacques
Cur je m'arrêterais là ;
- Ce sont des représentations d'artistes
qui ne correspondent pas trop à la réalité.
pour le détail technique de ces bateaux qui étaient
au nombre de 4 principaux, il se trouve que M. Mollat par son
environnement familial est sans doute le plus grand connaisseur
français des bateaux au Moyen Age, donc je vous y renvoie.
- Ce qu'il faut surtout noter, c'est que
ces bateaux bénéficiaient du monopole royal d'importation
des produits venant d'Orient.; les épices en particulier,
-
- Cartographie
- En tout cas ce trafic maritime, nous pouvons
le représenter et le cartographier, c'est la carte numéro
19, Vous voyez comment se présentent les choses, à
partir de ce point de départ, Aigues Mortes, Marseille,
mais également des ports catalans, Collioure appartient
à ce moment là à la Catalogne. Un courant
va se diriger vers Alexandrie en passant par une base qui est
extrêmement importante qui est une sorte d'entrepôts,
une base où s'arrêtent les bateaux, c'est Rhodes,
Jacques Cur avait de bons rapports avec les Hospitaliers
installés à Rhodes. Et ce courant emmène
en direction de l'Orient deux grandes catégories de marchandises,
d'abord, des draps, Jacques Cur profite ici d'une sorte
de changement vestimentaire qui a lieu à ce moment là,
on s'habille avec des draps, ce qui n'était pas le cas
auparavant. Et il emporte en même temps des quantités
importantes d'argent car l'argent fait prime en Orient, l'Orient
et le Moyen Orient manquent d'argent et donc il y a tout intérêt
à transporter de l'argent dans cette direction.
-
LA FIN
DE LA VIE DE JACQUES CUR SUR MER
-
- Depuis le 14 mai 1453, date de la prise
de Constantinople , ce fut un sentiment d'effroi dans tout le
monde chrétien.
La ville reine du monde avec ses remparts avait été
livrée au pillage, les hommes massacrés ou envoyés
en esclavage.
L'Islam triomphait.
- Le conquérant était Mahomet
II, il avait des forces considérables, dont plusieurs
flottes de galères capables de faire la loi en méditerranée,
et en particulier contre les navires marchands.
On disait Mahomet II à la fois cruel, déterminé,
et il était terriblement ambitieux, il se voulait l'égal
d'Alexandre ou de César, et voulait soumettre Rome.
- Les papes, Nicolas V suivit celles de
Eugène IV se lancèrent dès 1453 à
une forte action diplomatique afin que la France et l'Angleterre
cessent leur guerre et avec les princes d'Italie se consacrent
avec leur or et leurs hommes à lutter contre les Turcs.
- Le 30 septembre 1453, le pape proclame
de manière très solennelle la croisade : il fallait
préserver l'Occident de l'invasion turque.
- Ce fut assez laborieux, les nations maritimes
de l'Italie promirent 25 navires de guerre, alors qu'à
Francfort, l'Empire promit une armée de fantassins.
- Le 24 mars 1455 meurt le pape Nicolas
V.
Un mois plus tard, un Borgia fut élu pape sous le nom
de Calixte III.
- Ce Calixte III, malgré un âge
avancé ( 77 ans) déploya beaucoup d'énergie
pour organiser une expédition. Il publie une bulle en
mai 1455 pour appeler à la croisade qui devra partir le
1 er mars 1456. Il lança une campagne de quête,
et récupéra 300 000 écus.
-
- Et c'est dans ce contexte que Jacques
Cur apparaît.
- Là, les études et avis divergent.
Pour les enfants et la famille de Jacques Cur, l'ancien
Argentier est au sommet des honneurs, et le pape lui confie l'expédition
maritime contre les turcs.
Dans l'obituaire de la cathédrale de Bourges, les chanoines
notent que Jacques Cur fut nommé " capitaine
général " de l'expédition pontificale.
- Pour d'autres spécialistes, Jacques
Cur fut l'organisateur de la diplomatie et des finances
de l'expédition. Il prit comme d'autres la croix et est
nommé " Expert pour préparer la croisade ".
- Il a donc de réels pouvoirs et
de fortes responsabilités.
Ainsi le 17 septembre 1455, comme le dit J. Heers, Jacques Cur
accompagne le légat du pape Coëtivy en Provence ,
et avait mis 2 navires à sa disposition. Les deux hommes
devaient prêcher la croisade, récupérer de
l'argent (les dîmes), et Jacques Cur devait lui seul
recruter l'ensemble des équipages. En particulier les
capitaines en second, officiers des navires, galères et
autres bâtiments.
- Il semble que la flotte devait être
armée en Provence où à Marseille mais il
n'était semble-t-il pas question du commandement des navires
pour Jacques Cur.
- C'est ainsi que le 23 septembre 1455,
ce sont 16 navires qui s'en allèrent en croisade sous
la conduite du capitaine Pietro d'Urria, et cette première
escadre comprenait 2 galées dites de Jacques Cur.
Mais l'ancien argentier ne prit pas la direction de cette armada.
- Il semble que ces navires n'allèrent
pas plus loin que Syracuse et ne firent aucune action contre
les turcs.
- La seconde flotte avait été
placée sous les ordres d'un cardinal, Aloiso Trevisano
d'Aquillée, il fut nommé " gouverneur général
et capitaine " avec sous ses ordres Jacques Cur.
- Enfin, troisième flotte, celle
des galères construites par le pape à Tibre, et
elles partent en mer le 11 juin 1456. Elles s'arrêtèrent
à Ostie pour attendre les navires de Pise. Elles retrouvèrent
les bateaux du roi d'Aragon à Naples.
L'armada du pape avait semble-t-il une trentaine de navires.
- Tous ces navires s'en allèrent
pour la croisade, mais sans grands combats, et firent un long
périple en mer Egée, s'en allant d'île en
île. De Lemnos, Thasos, ou Chio.
-
- C'est dans ces conditions que Jacques
Cur meurt le 25 novembre 1456 au début de cette
croisade.
Il fut " peut être inhumé dans l'église
des franciscains à Chio ". dit Jacques Heers.
- La seule trace de l'époque date
de 1501, c'est à dire 50 ans après les faits, et
c'est un visiteur, Jean Auton, qui passe à Chio et note
"
Auquel lieu est pareillement en sépulture
Jacques Cur dedans le milieu du cur de ladite église
".
- Autre chose, en 1467, le fils de l'argentier,
Jean Cur obtient du pape l'autorisation de ramener le corps
de son père et il dit que ce corps est enterré
" dans un lieu de Grèce appelé Chio ".
-
- Comme on peut
le voir, Jacques Cur et sa mort demeurent un mystère.
- - On a dit qu'il
avait été tué en mer lors d'un combat naval.
- On dit qu'il fut blessé dans un combat et il mourut
plus tard à Chio.
- On dit qu'il fut malade et débarqué à
Chio où il succomba.
- En fait on n'en
sait rien.
- Toutes les hypothèses
depuis 6 siècles ont été mises en avant,
mort à Chio a la faveur des historiens, dont J Y Ribault,
alors que J Heers est plus mesuré.
A côté de cela circulent une foule de légendes,
dont :
- - Jacques Cur n'est pas mort à
Chio, il a fuit et s'est retrouvé dans une île où
il a refait sa vie et eu des enfants.
Jacques Cur est revenu en France et a vécu à
Cuers, où il serait enterré.
- Les recherches et études continuent
encore aujourd'hui. C'est un vrai mystère.
-
-
- COMPLEMENTS
SUR LA MER AU XV e SIECLE
-
- La mer vue par les berrichons du
XV e siècle
-
- Clément Marot que l'on verra à
Bourges semble-t-il écrira sur la mer les mots suivants
:
- " Mer variable ou toute crainte abonde
".
Et c'est bien le cas pour un homme de la terre du Berry que de
considérer la mer comme un monde terrifiant. C'est un
univers mystérieux totalement imprévisible, qui
est généralement fréquentée par des
monstres et des démons.
- Le profane ne sait pas ce qu'est la mer,
elle fait peur.
- Et à Bourges et en Berry, il n'y
a même pas de grands fleuves, le Cher est peu navigable
et à Bourges la seule rivière qui passe est l'Yèvre,
assez peu représentative de la mer.
- Il faut aussi savoir que Christophe Colombe
n'a pas encore découvert l'Amérique, et la mer
pour un berrichon, c'est la Méditerranée, l'Atlantique
c'est encore davantage l'inconnue alors que c'est plus proche.
- Donc, la mer au XV e siècle pour
un berrichon, c'est la peur de l'inconnue, mais aussi des hommes.
En effet sur les rivages d'en face, on trouve des hérétique
nous dit Claude Poulain, des races et des confessions différentes,
très différentes, avec des Turcs, des Arabes, de
Juifs, des Nègres pour reprendre le vocabulaire de l'époque.
Et au-dessus de tout cela des monstres.
- Ainsi dans cet ouvrage de l'époque
" le secret de l'Histoire naturelle ", on peut lire
les lignes suivantes à propos de l'Egypte :
-
" En Egypte
vivent deux périlleux monstres, ils se tiennent volontiers
sur les rivages de la mer, ils sont craints des gens du pays
ils se nomment Ypothames et autres Crocodiles.
Et on voit aussi des bestes sauvages comme lions, liépard,
trigides, dragos, serpents et aspics, qui sont plaints de très
périlleux et mortels venins ".
- A partir de ces écrits, on voit
le courage qu'il a fallut à Jacques Cur et à
ses facteurs , tous natifs de la campagne berrichonne, bien implantés
dans la ville, et bientôt, il quitte ces lieux douillets,
toutefois en guerre, il ne faut pas l'oublier pour aller sur
la mer..
- Et pour atteindre la mer, il faut commencer
par traverser la moitié de la France, et c'est à
cette époque aussi dangereux ou presque que d'aller sur
les mers. A cette époque, il y a des brigands, et des
bandes d'écorcheurs, des régiments en dissidence,
brefs des bandits.
- Il faut donc beaucoup de détermination
pour Jacques Cur que de s'en aller sur mer en 1432, il
a alors environ 32 ans.
Avoir renvoyé
un jeune esclave
-
- Dans le procès de Jacques cur,
il y aura 2 arguments traitant de la mer. Le premier c'est d'avoir
renvoyé le jeune esclave maure en Egypte.
Il s'agissait d'un adolescent de 14 ou 15 ans nommé Aboleris.
C'était un esclave musulman d'Alexandrie.
En 1446, la caraque Notre Dame Saint Denis était dans
ce port pour un de ses voyages annuels. Et soudain, Aboleris
alla se réfugier dans ce navire. Le capitaine en était
Michel Teinturier, c'était un capitaine du Languedoc.
Le jeune garçon criait : " Pater Noster, Ave
Maria, je veux être un bon chrétien ".
Et devant cette supplique le capitaine de Jacques Cur le
ramena en France.
- Le fugitif fut placé à Montpellier
chez l'archevêque de Toulouse, comme valet d'écurie.
C'était sans compter sur la colère de Jacques Cur
qui apprit cette affaire et ordonna le retour d'Aboleris à
Alexandrie dans les meilleurs délais.
- Une fois arrivé à Alexandrie,
le jeune homme " renia la foi et se tint à la loi
des Sarrazins ".
- Jacques Cur fut accusé quelques
années plus tard, d'avoir livré un chrétien
aux Infidèles, telle fut d'ailleurs la déposition
de Michel Teinturier qui était alors très fâché
avec Jacques Cur.
- Il faut remarquer que la hiérarchie
chrétienne ne dit rient sur ce retour et qu'ensuite, il
n'était pas possible de commercer si l'on ne pratiquait
pas les règles admises, et il n'était pas possible
de ramener un esclave en France. Avec un tel incident, ce pouvait
être une série de représailles, et le grand
maître de Rhodes ainsi que des négociants du Languedoc
insistèrent auprès de l'Argentier pour activer
le retour du jeune esclave.
- Un auteur affirme qu'il aurait été
dramatique si des Sarrazins avaient enlevé un esclave
à Montpellier, affirmant qu'il voulait se convertir à
l'Islam ! Car il y avait je cite " de nombreux Magrhibins,
des Grenadins, des Noirs, voire des Orientaux d'origine diverse
et pas toujours musulmans, sont captifs dans les pays méditerranées
chrétiens, surtout à Majorque et en Catalogne ".
- Chacun remarquera que dans ce texte de
Georges Bordonove, il est question d'une caraque, ce qui n'est
pas identique à une galée, comme quoi, les définitions
des navires de Jacques Cur étaient assez approximatives.
-
- L'embarquement forcé
à bord des galées
-
- Jacques Cur fut aussi accusé
d'avoir embarqué, en abusant de son autorité qu'il
tenait du roi, des personnes qui n'étaient pas "
des caïmans, des oyseux, ou encore des gibiers de potence
".
- Pour illustrer cette accusation, on évoqua
le cas d'un pèlerin allemand qui fut embarqué sur
la galée Saint Jacques par Jean de Village. Et qui se
jeta à la mer.
- De même, un fripier affirma qu'avec
une quinzaine de ses amis, il fut embarqué de force sur
une galée, ce qui attentait à l'honneur du roi.
- Cette pratique n'est sans doute pas à
l'honneur de l'Argentier, mais c'était assez courant de
se saisir comme rameurs, de vagabonds et condamnés. D'ailleurs
Jacques Cur jura qu'il ne connaissait pas ces abus de ses
capitaines.
- Ce que l'on peut retenir, c'est à
la fois la pratique courante de l'époque, et le fait que
Jacques Cur est bien de son temps. Ensuite, qu'il peut
être un homme de grande fermeté, comprenant assez
bien la stratégie à opérer, et cette aventure
aura pour conséquence de se fâcher avec les capitaines
du Languedoc.
-
Que sont devenus les
navires de Jacques Cur
-
- Lorsque l'Argentier est arrêté
le 31 juillet 1451, les navires de Jacques Cur sont un
peu partout. Certains sont en haute mer, d'autres au port de
Marseille.
- Une chose est certaine, ses facteurs et
capitaines firent tout pour mettre ces bien en sécurité,
et surtout les marchandises qu'ils transportaient. La fidélité
de ses capitaines fut totale.
- Aussi, lorsque le roi fit valoir ses droits
sur les navires, il faut dire qu'il les avait payé, il
ne trouva que des navires vides ou en très mauvais état.
Ils étaient à l'abandon et ne valaient pas grand
chose.
- Ainsi la Notre Dame Saint Denis était
" affondrée " dans un coin du port de Marseille,
et Jean de Village avait fait prendre d'assaut La Madeleine par
des hommes de main qui avaient totalement dépouillé
le navire. Il n'en restait rien, les appareils, les agrès,
les cordages, les mâtes, le gouvernail, les ancres et les
voiles avaient été récupérées.
- Finalement, c'est un marchand de Montpellier,
Bernard de Vaux qui acheta les navires pour 9100 livres. Il acheta
un lot de 4 navires des galées de Jacques Cur.
Il comptait reprendre les relations avec l'Egypte et Alexandrie,
mais il vit, à l'expertise des 4 navires qu'il y avait
du dégât.
- Ainsi, la Notre Dame Saint Denis était
véritablement inutilisable et fut totalement dépecée
dans le port de Marseille Quant à la Notre Dame Saint
Michel, manque de chance ; elle fut capturée par les pirates
musulmans.
- Et juste retour des choses, la flotte
de Bernard de Vaux se retrouva avec 2 galées. Et très
vite, avec ces deux navires qui se retrouvèrent sous contrôle
royal, en 1456, et un de ces navires la Notre Dame Saint Jacques
quittait Aigues Mortes (avril 1456) portait une lettre du roi
Charles VII au sultan.
- Et Jean de Village en février 1456
obtenait des lettres de rémission du roi et retrouvait
sa fonction de capitaine des galées du roi.
- Après la mort de Charles VII, son
fils, natif de Bourges, Louis XI remis sur pied la compagnie
à monopole instituée par Jacques Cur.
- Il va interdire l'entrée des épices
dans le royaume autrement que par les ports du Languedoc., ou
par les foires de Lyon.
- Deux ans après, le roi fait construire
2 navires, des grandes galées dans le chantier naval et
royal de Beaucaire. La Notre Dame Saint Martin et la Notre Dame
Saint Nicolas, le même nom que celles de Jacques Cur.
- On sait que ces deux galées partirent
d'Aigues Mortes pour Rhodes, desservant des ports comme Marseille,
Nice , Pise, Naples, Palerme, Messine et l'île de Chio.
- De Rhodes, un de ces 2 navires devait
naviguer jusqu'à Beyrouth pour y débarquer des
pèlerins, et l'autre s'en aller à Alexandrie.
Plus tard 2 autres navires, le Notre Dame Sainte Marie et le
Notre Dame Saint Louis portèrent cette flotte à
4 bateaux, comme au temps de Jacques Cur.
- Et c'est ainsi que le roi Louis XI eut
ses 4 galées, comme son papa de roi.
- Et le gouverneur de ces 4 galées,
après l'épisode Bernard de Vaux, fut donné
à deux hommes bien connus de Jacques Cur, Guillaume
de Varye qui fut entré en grâce en 1457, il était
alors devenu " général des finance "s
en Languedoc " et Jean de Village, toujours lui, le fidèle
d'entre les fidèles. Il résidait désormais
à Marseille.
- L'activité maritime était
donc une fois encore entre les mains de l'Etat et du roi, par
des intermédiaires qui pouvaient porter loin la renommé
du roi.
La mer au XV ième
siècle :
-
- Le royaume de France ne possède
pas sur la mer Méditerranée, un accès facile.
Pour accéder à la mer, rien n'est simple :
- Parmi les grands hommes de cette époque,
le roi d'Alphonse d'Aragon, qui règne sur les deux rives
de la Méditerranée occidentale. Il y a la Catalogne
d'un côté et les îles comme la Sardaigne et
la Sicile de l'autre, sans oublier le royaume de Naples.
- Le rivage du Languedoc est le plus utilisé,
en France car le port de Marseille est en Provence.
Sur une carte, on remarque qu'en 1430, le royaume de France est
particulièrement petit, peu puissant et " mité
".
- Les ports utilisés à cette
époque en Méditerranée ne sont pas nombreux
et surtout ils posent des problèmes énormes :
- le port principal est Aigues Mortes, mais il est ensablé
de manière permanente.
- Le point le plus important de la région, c'est Montpellier.
Mais il n'y a pas de port à Montpellier, seulement un
mouillage incommode, comme le dit J Y Ribault. C'est en réalité
le port de Lattes, celui même que Jacques Cur va
tenter de remettre en état, sans un très grand
succès.
- Les marins du Languedoc n'arrivent pas
à rivaliser avec leurs concurrents qui sont de Catalogne,
de Gênes ou de Venise.
Cela les poussent d'ailleurs à faire des actes de piraterie
pour éviter la concurrence. Mais il y a des sortes d'indemnisations
soit par les Etats, soit par une sorte de caisse d'assurance.
- Les galées de Jacques Cur
commencent à apparaître en Méditerranée
à partir de 1443, ces navires possèdent le pavillon
à fleur de lys et bénéficient aussi du monopole
royal d'importation des épices.
Les difficultés arrivent
-
- Les galées de Jacques Cur
commencent à apparaître en Méditerranée
à partir de 1443, ces navires possèdent le pavillon
à fleur de lys et bénéficient aussi du monopole
royal d'importation des épices.
- Ce monopole d'Etat, a pour conséquence
d'irriter les marchands du Languedoc. Bientôt ils accusent
Jacques Coeur d'abuser de sa situation auprès du roi Charles
VII.
- C'est alors que Jacques Cur va commencer
à s'intéresser à Marseille, c'est un port
franc. Et c'est à partir de 1446 que Jacques Cur
s'installe dans la ville et surtout il appelle un de ses principaux
collaborateurs, Jean de Village, qui deviendra le responsable
des galées de France.
- C'est un point clé, car cet abandon
de Lattes, pour Marseille commence à énerver les
marchands du Languedoc, et sans doute aussi le roi Charles VII
lui-même.
- En effet, pour le roi Charles VII, cette
volonté de Jacques Cur d'aller à Marseille
peut être considérée comme un affront, car
Marseille est placé sous la protection de René
d'Anjou, le comte de Provence. Ainsi, la flotte de Jacques Cur
payée par le roi de France, en allanr à Marseille
pourrait échapper au roi de France.
-
Naviguer sur les rivières
-
- En matière de transport, la rivière
concurrence la route. C'est un moyen de transport pratique pour
les marchandises comme pour les voyageurs. On transporte des
matières lourdes comme le grain, le charbon de bois, le
sel et les gros blocs de pierre qui serviront à la construction
des cathédrales.
Le bois lui, est jeté directement dans la rivière
qui l'emporte avec le courant, c'est le flottage.
Il faut 3 jours pour aller de Lyon à Beaucaire sur le
Rhône en France, sur une distance de 270 kilomètres,
mais 30 à 40 jours pour faire le trajet inverse, car il
faut remonter le courant.
Il faut aussi compter sur les périodes de crues et celles
de sècheresse.
- On va d'Orléans à Nantes
sur la Loire en 10 jours. Il faut parfois compter beaucoup plus.
A noter qu'il faut payer pour passer sous un pont.
- Les bateaux sur les fleuves sont à
fond plat. Ils peuvent avoir des noms très différents
comme les gabarres, la galupe, le flouin. Elles jaugent de 10
à 40 tonneaux.
- On navigue en France sur la Garonne, la
Loire, le Rhône, la Seine, mais aussi et c'est plus surprenant
sur la Dordogne, l'Ardèche et le Cher.
- Dans le Larousse, il est possible ainsi
de lire : " Même de petits cours d'eau, comme l'Auron
qui traverse Bourges, peuvent être mis à contribution
".
- Il faut dire que depuis les gallo-romain,
Bourges était un port, qui a été retrouvé
dans les années 1980, du côté du Val d'Auron.
Au Moyen Age, il semble que l'Yèvre était à
certaine période navigable, à partir de Bourges
vers Vierzon, mais aussi vers la Loire.
- De même, pour certains historiens,
la rue Charlet, qui est en bordure de l'Yèvrette, rivière
artificielle, vient du village de Charly, où on avait
une carrière de pierre, et ces blocs étaient charriés
sur la rivière Yèvrette.
- A l'époque ce Jacques Cur,
on utilisait donc les bateau sur les fleuves et rivières,
mais il ne semble pas que l'Argentier ait choisi cette voie,
préférant
. La route.
- On utilise des bateaux à fond plat.
La vie à bord
des navires au Moyen Age
-
- Les hommes de la mer sont généralement
de gens qui sont proches du port, ils viennent de communautés
vivant très près des côtes. Basques, Normands,
mais aussi gens du Languedoc ou de Marseille.
- L'équipage est formé de
proches car on prend les fils et les neveux. Les mousses embarquent
dès l'âge de 10 ans. Ils peuvent vers 17 ans devenir
compagnons " mariniers ". Le patron qui n'est pas capitaine
est le maître à bord.
Les mutineries sont exceptionnelles, car les trajets sont assez
courts.
- La vie à bord est assez difficile,
l'hygiène est absent, " on dit que puces, poux et
rats " pullulent.
Il y a une couchette pour deux.
- La nourriture est faite de galettes, et
on les trempe dans un ragoût à base de viande ou
de poisson séché. On a parfois du poisson frais
pêché en laissant traîner la ligne.
- L'eau douce est un vrai problème,
car elle croupit rapidement , on la boit parfois coupée
de vin. Dans ces conditions seuls les plus solides résistent.
Les morts sont jetés à la mer dans un sac avec
une poignée de terre.
- On redoute comme le disait Marco Polo,
d'être " pasture aux poissons ".
La tapisserie de Bayeux
-
- La Tapisserie de Bayeux, aussi connue
sous le nom de tapisserie de la reine Mathilde, et plus anciennement
" telle du Conquest " (pour " toile de la Conquête
") semble avoir été commandée par Odon
de Bayeux, demi-frère de Guillaume le Conquérant.
Elle décrit les faits relatifs à la conquête
de l'Angleterre en 1066.
Elle est large de 50 centimètres, et de 70 mètres
de longueur.
- Elle détaille les événements
clés de cette conquête, notamment la bataille de
Hastings. Il faut toutefois noter que près de la moitié
des images relatent des faits antérieurs à l'invasion
elle-même. Bien que très favorable à Guillaume
le Conquérant, la Tapisserie de Bayeux a une valeur documentaire
inestimable pour la connaissance du XIe siècle normand
et anglais : elle nous renseigne sur les vêtements, les
châteaux, les navires, les conditions de vie de cette époque.
Conservée jusqu'à la fin du XVIIIe siècle
dans le trésor de la cathédrale de Bayeux, elle
est aujourd'hui présentée au public dans un musée
qui lui est entièrement dédié.
- Elle date de 1077. on trouve sur cette
tapisserie 626 personnages, 202 chevaux et pour ce qui nous intéresse
41 navires.
Les navires sont tous du même type, ils viennent tout droit
des navires scandinaves et vikings. Ils sont constants d'environ
le VIII ième siècle, jusqu'au XII ième siècle
en s'adaptant au commerce, à la guerre ou aux voyages.
Ils sont construits en bois, à clins, elles ont une seule
voile triangulaire. Il s'agit de grandes barques.
-
- Embarquement à
Barfleur
-
- Une femme qui utilisa beaucoup les voies
maritimes, en tout cas Aliénor d'Aquitaine utilisa beaucoup
le port de Barfleur .
Prendre la mer à cette époque, au XII ième
siècle c'était une épreuve redoutable, car
il y avait des côtes dangereuses, et de fréquents
coups de vent.
- Elle devait se souvenir qu'un peu avant,
en 1120, au cours d'une traversée, le roi d'Angleterre
Henri 1 er perdit dans un naufrage son fils et héritier,
ils furent engloutis avec une bonne parie de l'aristocratie anglaise.
Le navire s'appelait la Blanche Nef. Et Henri 1 er était
le grand père de Henri II, le mari d'Aliénor d'Aquitaine.
- C'est en sortant du port de Barfleur le
grand port anglo-saxon du Moyen Age, que le navire royal heurta
un récif et coula .
- Aliénor ne devait pas être
rassurée en quittant Barfleur pour s'en aller ceindre
la couronne d'Angleterre à Westminster.
- C'était parmi les aléas
de la navigation au Moyen Age.
-
- Progrès techniques
dans la navigation
Le grand commerce médiéval bénéficia
des progrès réalisés dans la construction
des navires et dans l'apparition de nouveaux instruments de navigation.
L'innovation la plus importante fut la diffusion de la boussole.
Son origine reste incertaine : si les Chinois la connaissaient
depuis longtemps, ce sont peut-être les Arabes qui l'introduisirent
en Europe, à moins qu'elle n'est été redécouverte
par des marins ou des astronomes occidentaux. L'aiguille magnétique
qui flottait simplement, au début, sur l'eau ou sur l'huile
fut, par la suite, fixée sur un pivot permettant de tourner
la boussole dans toutes les directions. Les marins pouvaient
désormais affronter la haute mer sans craindre de se tromper
de cap. Outre la boussole, on commença à utiliser
deux instruments arabes, l' astrolabe et le sextant, qui permettaient
de mesurer la hauteur des astres au-dessus de l'horizon. En calculant
exactement le temps passé à naviguer, on pouvait
déterminer avec précision la distance que le navire
avait parcourue vers le nord ou le sud (latitude), vers l'est
ou l'ouest (longitude). Profitant de ces améliorations,
les Génois furent les premiers à la fin du XIIIe
siècle, à relier par voie maritime l'Italie aux
Flandre et à l'Angleterre. A cette époque le navire
type était la galéasse. Cette galère se
déplaçait principalement à la voile. L'apparition
de la voile latine triangulaire, qui pouvait être orientée
dans toutes les directions permettait au navire de naviguer par
vent de travers et même contre le vent. Le gouvernail de
poupe, fixé par des charnières au milieu du pont
arrière du navire (gouvernail d'étambot), remplaça
les rames latérales, longues et pesantes, les manuvres
en furent améliorées. La vergue (support en croix
de la voile) tournante permit d'orienter au vent de côté
les voiles carrées. Sur certains voiliers, un second mât
à l'avant commençait à faire son apparition
-
- EN CONCLUSION :
-
- Les galées de France vont essentiellement
servir à la gloire du roi Charles VII et les noms ne seront
pas choisi au hasard. C'est une dévotion à la vierge,
avec Notre Dame pour chaque navire. Puis Saint Jacques pour le
saint patron de l'argentier, mais aussi Marie Madeleine,
et Rose, c'était le prénom d'un des enfants du
roi Charles VII.
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