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 JACQUES COEUR DE BOURGES
 
Site des Amis de Jacques Coeur
 
LES QUESTIONS SUR JACQUES COEUR QUI SE POSENT ENCORE EN 2010.
 

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 Dans ces pages, se trouvent les questions importantes que chacun se pose sur Jacques Coeur. C'est un ensemble de données qui doivent servir aux étudiants ou aux curieux du XV e siècle, pour aller encore plus loin.


  JACQUES CŒUR, LES JEUNES ANNEES

 Né à Bourges en 1400 ?

Deux affirmations ou deux questions importantes : la première question est de savoir si Jacques Cœur est bien né à Bourges et ensuite en quelle année ?

Jusqu'à ces dernières années, beaucoup d'inconnues subsistaient sur la date et le lieu de naissance de Jacques Cœur. Il était né à Saint Pourçain ou à Bourges, parfois même à Montpellier ! et même à Bourges sa maison de naissance faisait l'objet d'une belle plaque commémorative indiquant que le futur Argentier était bien né dans cette maison située à l'angle de la rue d'Auron et des Armuriers et la date indiquait 1400.

Les travaux de Monsieur Jean Yves Ribault sur ces sujets permettent d'améliorer notre connaissance .

Pierre Cœur, son père, originaire de Saint Pourçain s'installe à Bourges, comme marchand pelletier. Bourges est alors une ville importante dans laquelle le commerce est florissant. Ce devait être avant 1400, probablement vers 1392/98.

 

Il va épouser la veuve d'un boucher, Jean Bacquelier, mort récemment, sans doute entre 1395 et 1400. Cette veuve dont on ignore le prénom avait eu un enfant, Jean Bacquelier, fils de son père Jean, et né vers 1395 et mort, là, c'est une certitude en 1475, comme chanoine. Les bouchers formaient une corporation riche et renommée au Moyen Âge.

Donc, la veuve Bacquelier se marie avec Pierre Cœur, et ils ont deux fils, Jacques, notre Jacques Cœur et Nicolas Cœur né vers 1403.

(pendant longtemps, on a pensé qu'il s'agissait de la fille ou de la sœur de Jean Bacquelier, mais aujourd'hui, cette hypothèse est abandonnée).

On retrouve un Pierre Cœur possédant une maison, en 1408, rue de la Parerie, et "sise près des étuves de Montmarault", au bord de l'Yévrette.

L'Yévrette est une rivière artificielle qui partait de la rue Charlet, boulevard Chanzy et passait rue Mirebeau, l'Hôtel Dieu et allait se jeter dans l'Yèvre vers la place Rabelais actuelle, on trouve cette rivière sur le plan de Nicolas de Fer. Aujourd'hui, cette rivière est busée et sa sortie se fait en face du centre Leclerc.

De plus, on retrouve cette même maison, dans un texte de 1409, comme ayant appartenu aux héritiers de "feu Jean Bacquelier". Donc Pierre Cœur est bien un des héritiers de ce Bacquelier.

Il y a aussi à Bourges, une tradition dont nous parle Raynal et qui évoque effectivement, mais sans apporter de preuve que Jacques Cœur serait bien né au bord de l'Yévrette.

Jacques Cœur est donc né au bord de l'Yèvrette à côté de l'Eglise Notre Dame (qui s'appelait Saint Pierre le Marché), dans ce qui est aujourd'hui la rue de la Parerie (plaque rue Parerie). Sa maison natale aurait été détruite lors du grand incendie de 1487. Il est vrai que cette fois l'incendie de la madeleine a détruit le quartier.

C'est une très forte probabilité, et aujourd'hui nous n'avons pas beaucoup d'autres solutions.

Ensuite, en quelle année Jacques Cœur est-il né ?

C'est beaucoup plus difficile, et si l'on dit par exemple en 1400 puisque Bourges a commémoré les 600 ans de Jacques Cœur en l'an 2000, encore faut-il connaître le mois puisque le calendrier Julien commençait l'année en avril.

Jean Yves Ribault affirme que Jacques naît en 1400 et son frère Nicolas en 1403.

Le calcul fait pour déterminer la date de naissance mérite que l'on s'y arrête :

La seule date connue avec précision sur cette époque est 1446.

C'est en effet en 1446 que sur l'insistance de Jacques Cœur, alors puissant, une demande auprès du pape de nommer son fils Jean comme archevêque de Bourges. Mais ce dernier est très jeune, il a 25 ans, et il doit attendre l'âge canonique (27 ans) pour prendre sa charge.

Il est donc né en 1421.

Comme on admet qu'il est né immédiatement après son mariage avec Macée de Léodepart, donc en 1420 et qu'il avait alors 20 ans, il est donc né en 1400. Irréfutable ?

Sans doute non, mais c'est une forte hypothèse.

Le frère cadet de Jacques Cœur est Nicolas, prêtre et licencié en 1428, il a donc environ 25 ans, ce qui le fait naître vers 1403, un peu après son frère aîné.

Signalons que Jean Cœur fera son entrée dans Bourges comme archevêque le 5 septembre 1450.

Pour Philippe Carton, "Jacques Cœur s'est marié avec Macée en 1423, c'est une date bien connue et indéniable !"

 

La maison natale de Jacques Cœur rue d'Auron ?

 Que dire de la maison natale de Jacques Cœur située à l'angle de la rue d'Auron et de la rue des Armuriers, et qui dispose d'une belle et grande plaque, largement photographiée par les touristes?

Il s'agit d'un faux, que des générations de berruyers ont colporté. Buhot de Kerser réprouve en 1883 l'existence de cette maison natale.

Plus proche de nous, Edmont Jongleux, à qui nous devons beaucoup de textes, écrit dans les années 1930 que dans cette belle maison de la rue d'Auron, naquit Jacques Cœur.

Il semble donc que jusqu'à ces dernières années, cette maison d'angle, magnifique, et qui fut une pâtisserie renommée ait passé pour être la maison natale de notre Grand Argentier.

Or cette maison, vers 1400 appartenait à Lambert de Léodepart, un berruyer d'origine flamande qui était le prévôt de la ville de Bourges. Il avait la puissance et les honneurs, ayant un titre très envié, celui de "valet de chambre du duc de Berry", une sorte de chef de cabinet comme l'on dirait aujourd'hui.

 

Sa famille, de Léodepart avait commercé dans le drap de laine et comme à cette époque, les foires de Bourges étaient célèbres, il était venu… et sans doute il était resté sur place. Il avait en outre épousé la fille du maître des monnaies de la ville.

 

Cette maison actuelle date du XVI ème siècle, elle a été reconstruite nous dit-on à la suite de l'incendie de 1487. Mais, ce n'est pas si simple puisqu'une étude de l'Université Populaire faite en 1987, montre que l'incendie n'a sans doute pas touché ce secteur. Il reste encore beaucoup d'incertitudes sur la destruction de la bâtisse. Il apparaît qu'elle a été effectivement plus ou moins reconstruite par la volonté du nouveau propriétaire, M. Jean Poncet.

 D'où vient la confusion de cette maison et de celle de Jacques Cœur ? Sans doute de la présence du petit jacques à partir de 1409 dans…. la maison d'en face.

Pour Philippe Goldman, Il s'agissait de deux maisons, la première fait l'angle, elle est la plus grande et fut à un certain Gauteron, puis à Léodepart, c'était le siège de la prévôté de Bourges, mais peut être seulement lorsque Léodepart exerça cette fonction de prévôt.

Ces deux maisons furent à Jacques Coeur après son mariage avec Macé, il "en acquita le cens de 1441"

Plus tard, c'est Geoffroy et Ravan qui héritèrent des maisons. Ilo semble que Geoffroy habitat la plus grande des deux maison, l'autre étant occupée par un éperonnier, Jean Chinon.

Ensuite, cette maison va s'appeler "la Maison Poncet" car Jean Poncet acquit ces maisons de Geoffroy Coeur en 1471. Il les rebatit toutes les deux "à neuf" quelque temps après.

Ce Jean Poncet était un marchand aisé, en 1465, il vendait du ... vin, des épices, des poudres des sucres et des fils d'arbalète. Il accédera aussi au métier de changeur nous dit P. Goldman.(CAHB N°132).

 

L'ENFANCE DE JACQUES COEUR

 C'est un peu l'inconnu, il suit un enseignement à l'Ecole de la Sainte Chapelle, son frère Nicolas poursuivra ses études à Orléans et à Paris. Il obtiendra une licence de droit.

Lorsqu'il a 14 ans, le petit Jacques est fils de marchand et il veut être marchand lui-même.

L'école et Jacques Cœur,

Thomas Basin, chroniqueur de l'époque décrit Jacques Cœur comme "sine litteris", ce qui ne signifie pas qu'il était illettré, mais qu'il n'avait pas fréquenté l'université.

A 18 ans, on peut penser qu'il s'agit d'un solide gaillard, sa musculation venant de la manipulation des ballots de cuirs et peaux.

1420, Jacques Cœur épouse Macée de Léodepart, c'est un beau mariage, car sa belle est fortunée, Jacques Cœur accède à un premier rang social.

Les maisons et résidences de Jacques Cœur à Bourges

Après avoir habité rue de la Parerie, au bord de l'Yèvrette, le père de Jacques Cœur déménage en 1409, il va s'installer avec toute la famille dans l'Ilôt Saint Hippolytte, propriété du chapitre de la Sainte Chapelle, et cette institution avait décidé de faire des logements. (la Sainte Chapelle était située place Marcel Plaisant).

Le pelletier, dans ce lieu situé à moins de 100 mètres de la Sainte Chapelle et du Palais du duc Jean, avait acheté ou loué, on n'en sait pas plus, deux maisons, la première pour faire boutique, et la seconde pour habiter avec sa petite famille. L'opération se déroula le 20 juillet 1409, et elle se fit avec Guillaume Bonnet, cordier de son état.

Jacques Cœur à son mariage vers 1420 s'en alla habiter dans le même quartier, on ne sait pas trop où.

Jean-Yves Ribault puis Jacques Heers affirment qu'en 1436, Jacques Coeur habitait dans une des maisons nouvellement construites, sans doute à l'angle de la rue des armuriers et de la rue de Linière, en face de l'actuelle bibliothèque des 4 Piliers. Mais on ne sait pas depuis quand......

Il restera dans ce lieu de nombreuses années, jusqu'à la construction à partir de 1443 de la Grant' maison.

 

En résumé, Jacques Cœur par achat où héritage possédait :

-par lui même :

la grant' maison

l'hôtel ou il habitait rue de Linière, rue du Vieux Poirier

- par son père :

la maison située à l'angle de la rue d'Auron et de la rue des Armuriers.

la maison contiguë

-par sa belle famille

la maison située à l'angle de la rue d'Auron et de la rue des Armuriers. (côté palais du Duc Jean, c'est actuellemnt un Pub )

la maison contiguë située du même côté.

 

Il possède aussi une maison rue Gambon, c'est la cinquième maison à partir de la rue des Trois Pommes, en face de l'hôtel Dieu.

Il en a une autre place Gordaine et une rue des Arênes.

 Comment Jacques Cœur était-il physiquement ?

Quelques portraits de Jacques Cœur, mais comme ils sont peu nombreux, on les retrouve partout et ils font loi, devenant alors authentiques.

Le plus célèbre est sans doute celui gravé par Grignon pour l'histoire de Charles VII par Godefroy, et ce portrait date de 1653.

Certains ajoutent, qu'il s'agit d'une toile réalisée d'après une peinture originale aujourd'hui disparue.

Autre image, un Jacques Cœur faisant amende honorable, dans la miniature de Monstrelet.

Jacques Cœur en couleur sur plusieurs ouvrages (J. Heers, F. David…), est intitulé "portrait de Jacques Cœur anonyme du XVe siècle" et certains ajoutent qu'il est déposé au Musée du Berry.

Ce portrait est en effet au Musée du Berry, dans les réserves.

Dans un livre d'Heures à Munich, on a un "Jacques Cœur en prière", mais les spécialistes ne lui donnent pas beaucoup de valeur historique.

(une reproduction figure dans le livre de Poulain)

Dans un ouvrage de Jongleux, on a page 16 un curieux portrait qui doit dater de peu de temps, comme cette gravure achetée par les musées de Bourges en cette année 2000, dessinée par Dupré et gravée par Ethiou.

N'ayant actuellement aucun portrait fiable, nous allons nous rabattre sur le célèbre tableau de la reconquête de Rouen avec Jacques Cœur accompagné de Dunois, Brézé sur leur cheval.

Pour la pierre, dans le livre de H. de Man, on trouve plusieurs photographies de bas reliefs très connus, et l'auteur affirme qu'elles pourraient représenter Jacques Cœur.

En particulier les bas reliefs sculptés sur les tympans donnant accès à la chapelle.

C'est aussi le cas des sculptures de la tour intérieure, ou l'auteur nous affirme que les deux personnages en habits de bourgeois de cette époque sont Jacques Cœur et son épouse.

Et puis l'homme de la façade extérieure, pour J. Y Ribault pourrait bien être Jacques Cœur.

 Pourquoi pas, mais nous n'en savons rien.

Après cette série de portraits, il faut avouer que l'on ne sait rien ou presque du physique de Jacques Cœur.

Il devait avoir une bonne dose de charisme et pour être à ce niveau en affaire, il fallait qu'il en impose à la fois par la parole et par la prestance.

On peut penser, avec Serge Lepeltier, qu'il était de taille moyenne, mais d'une corpulence au-dessus de la moyenne, n'avait-il pas, dans sa jeunesse aidé son père à transporter des baluchons de fourrures, ce qui devait muscler les épaules.

Il faut tout de même faire très attention, certains des grands de l'époque, et en particulier Charles VII ne ressemblait pas à un athlète et dans la famille, Charles VI ou Louis XI étaient d'apparence quelconque.

Thomas Bazin écrit :

" C'était un homme sans lettres, mais d'un esprit infini et très ouvert, très industrieux pour tout ce qui concernaient les affaires".

 Michelet évoque le portrait de Grignon :

"C'est une figure éminemment roturière, mais point du tout vulgaire, dure, fine, et hardie. Elle sent un peu le trafiquant en pays Sarrazin, le marchand d'hommes…."

Vallet de Viriville de son côté écrit en 1864 :

"La résolution et la dignité s'y combinent avec une certaine bonhomie. Le sourire de l'enjouement tempère par une courbe plus douce l'expression de ses lèvres fines et fermes".

La tenue de Jacques Cœur ?

Il n'y a donc aucune preuve de la tenue vestimentaire de Jacques Cœur, il est sans aucun doute identique à d'autres, en particulier lors de l'entrée à Rouen.

Mais l'époque n'est pas toujours à la luxure, bien sûr, Jean de Berry porte des vêtements somptueux, alors que Charles VII, est habillé de manière simple, comme le sera plus tard son fils Louis XI.

 Les données sont faibles et les hypothèses contradictoires. Pour ses ambassades, par exemple à Rome, il devait être magnifique avec son cortège. Mais proche du roi, sans lui faire de l'ombre, il devait rester en retrait.

Un exemple significatif, ce sont les sculptures du palais, Charles VII était sculpté en façade, sur son cheval, c'est une certitude, puisque c'est la révolution qui la met à bas. Et à l'opposé dans un dais de la cour intérieure c'est une autre sculpture équestre représentant dit-on le grand argentier.

En sommes nous certains ? point d'interrogation.

Mais c'est un Jacques Cœur calculateur qui s'habille, comme les autres, voir plus, à l'extérieur, il se change pour le roi et en sa présence.

Dernier élément, dans sa jeunesse, il va côtoyer les fastes de Jean de Berry et son père était pelletier. Jacques Cœur va faire le commerce du luxe, donc il connaît plus que d'autres l'art du vêtement et du luxe et il doit en user sans complexe mais avec une certaine intelligence, lui le parvenu.

Le costume faut-il le rappeler, si l'on est pas roi peut être un signe de la condition sociale.

 

  LA FIN DE L'EPOPEE DE JACQUES COEUR

Le procès de Jacques Cœur

Jacques Cœur est arrêté le 31 juillet 1451.

1451 = à la fin du mois de juillet, il écrit "que son fait estoit aussi bon et estoit aussi bien envers le roy …."

31 juillet 1451 = Jacques Cœur est arrêté au château de Taillebourg et ses biens sont mis sous séquestre.

 

A partir de ce moment, sur le plan historique, les documents sont très nombreux. On y trouve en particulier les minutes du procès, mais aussi la liste de tous les biens de Jacques Cœur dressés par le procureur Dauvet, ce qui sera une mine de renseignements pour les historiens.

Pendant 4 ans, Jean Dauvet va enquêter sur les biens de Jacques Cœur, les évaluer, les faire expertiser, un travail considérable.

 

Par contre, les raisons exactes de l'arrestation et du procès font toujours l'objet de recherches.

 Le premier élément officiel concerne un certain nombre de chefs d'accusations, dont certains, au tout début ne vont pas être crédibles, il faudra donc en trouver d'autres.

 On trouve des accusations très diverses et très variées comme l'accusation d'avoir empoisonné Agnès Sorel ou encore la diffusion de la fausse monnaie à ses débuts avec Ravant le Danois, puis le trafic d'armes avec les Sarrazins.....

 Dans la disgrâce de Jacques Cœur, on peut émettre des hypothèses, assez vraisemblables.

C'est en premier lieu un contexte de plus en plus défavorable, Jacques Cœur qui n'est pas de naissance noble est un parvenu, "il agace" les grands de ce monde, il est arrogant et ses devises le desservent.

A cette haine d'une partie de la cour, se superpose sa fortune bien sûr, mais surtout les prêts qu'il a consenti à certains puissants de cette cour.

Il faut aussi prendre en compte des jalousies de corporations. Les marchands languedociens sont les plus acharnés à la perte de Jacques Cœur, ls seront 17 marchands pour le juger.

Mais il faut aller dans la vie et la psychologie de Charles VII pour trouver un début de solution. Le roi aime bien Jacques Cœur, il lui rend de grands services, comme le fait de prêter de l'argent pour lever des armées, il le trouve aussi pour des missions diplomatique, vers le pape en particulier. Et puis c'est un leveur d'impôts hors pair. Sur le plan financier et de la monnaie, c'est un homme qui obtient des résultats, les finances du pays ne sont-elles pas en train de s'assainir! Il n'y a donc aucune raison grave dans le comportement visible de Jacques Cœur vis à vis du roi qui pourrait lui nuire.

 

Alors qu'est ce qui pouvait rendre Charles VII aussi ingrat ?

Deux éléments majeurs que l'on oublie parfois. Le premier, c'est la faiblesse nouvelle de Charles VII qui vient de perdre Agnès Sorel. Elle était celle qui lui redonnait le moral, et même si il l'a remplacé dans son lit assez vite, le dame de Beauté était un élément majeur du moral du souverain, une fois disparue, le roi retombait dans son chagrin, mais aussi dans sa mélancolie et sa faiblesse.

L'élément qui ne pouvait que rendre toutes les sentences de Charles VII irrationnelles, c'est son fils, le dauphin Louis.

Jacques Cœur respectait le roi, mais ressentait une certaine amitié pour le futur Louis XI. Ils étaient nés dans la même ville, et le caractère entier, dominateur, impatient, de Louis devait lui plaire et sans doute, davantage le fasciner, que Charles VII.

 Calculateur ou visionnaire, Jacques Cœur devait ménager la chèvre et le chou, Le roi n'était pas en bonne santé, il commençait à être âgé pour l'époque, et quelques bonnes relations avec le fils ne pouvaient qu'être une bonne chose.

Ce fut l'erreur à ne pas commettre. Le roi éprouvait une haine féroce envers son fils, peu immaginable. Il craignait à tout moment d'être assassiné par les sbires du dauphin.

Et toute relation personnelle avec le dauphin passait pour un crime de lèse majesté.

 Ce sera la perte de Jacques Cœur.

Les bonnes relations prouvées entre le futur Louis XI et Jacques Cœur avec peut être quelques interceptions de courriers, seront les prétextes de la furie du roi.

Son grand Argentier lié avec le Dauphin, c'était insupportable et d'une manière assez irrationnelle, tout le passé s'estompait. Jacques Cœur devenait un homme à abattre, et Agnès Sorel n'était plus la pour le soutenir, ajoutons les mots perfides de l'entourage du roi, et c'en était fini.

Mollat signale aussi, et c'est important que le mariage du Dauphin avec Charlotte de Savoie contre le bon vouloir du roi, a sans doute été un fait majeur. Ce mariage intervient le 9 mars 1451 c'est à dire 4 mois avant la disgrâce de jacques Cœur. Et dans les opérations financières de la dot de sa nouvelle "belle", il semble que l'on eut recours pour les finances à l'entremise de certains correspondants de Jacques Cœur, Guillaume Bolomier ou Charles Astars.

La restitution de certains des biens de Jacques Cœur à son fils Geoffroy en 1463 par Louis XI le montrent, c'est "pour les bons et humbles services à nous faictz par ledit Jacques Cueur".

Charles VII avait bien laissé Jeanne d'Arc mourir, sans tenter grand chose, et son favori du moment, Giac était mort à Dun, assassiné sans que le roi ne s'offusque.

 

La disgrâce de Jacques Cœur ne s'explique que par la tournure prise dans les relations entre le père et le fils. Charles VII et Louis XI.

Le reste, les nombreux actes d'accusation, c'est de l'habillage.

 

Il faut se souvenir que c'est Louis XI une fois sur le trône qui réhabilitera Jacques Cœur et qui rendra ses biens à la famille.

 

La sentence est rendue en mai 1453, non par le parlement, mais "de par le roi", sentence prononcée par Guillaume Jouvenel des Ursins alors chancelier de Charles VII.

Il est condamné à mort, sa peine commuée.

L'évasion

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Le 27 octobre 1454, Jacques Cœur s'évade de son cachot du château de Poitiers. Des lettres sont envoyées pour que le fuyard soit arrêté.

Il s'enfuit par le couvent de Montmorillon, puis, grâce à d'autres couvents, il arrive enfin à Beaucaire chez les Cordeliers.

 

Une lettre est alors envoyée par Jacques Cœur à Jean de Village qui se trouve alors à Marseille.

Cette lettre est assez curieuse, car elle parle longuement du danger et appelle à l'aide, "ils ont déjà tâché de l'occir en violence…. Ne tardez plus à venir me tirer hors de cette franchise, car dans cinq jours, ils m'en tireront eux-mêmes pour me mettre à mort….hâtez-vous de me venir en aide, où vous ne me trouverez pas vivant… faites en toute hâte."

Et c'est signé "Vostre pouvre bon maistre et père, JC"

Cette lettre qui est très importante pour comprendre la psychologie de Jacques Cœur est-elle authentique ? Nous n'en savons rien, elle est dans une collection privée inaccessible.

en savoir plus sur cette évasion : >>>cliquer

La mort de Jacques Cœur

Pour chacun, Jacques Cœur est mort sur l'île de Chio le 25 novembre 1456, alors qu'il faisait partie de l'Armada pontificale qui comprenait une trentaine de vaisseaux, chargée d'une croisade contre les Turcs.

Il s'agissait de faire d'île en île des arrêts pour soutenir les populations locales, les aider à reconstruire leurs murailles et aussi à être, même en faible nombre une "force de dissuasion" vis à vis des Turcs.

IL Y A 550 ANS, LA MORT DE JACQUES COEUR. par Robert Guillot

 
Comme l'indique l'obituaire du chapitre de la cathédrale de Bourges, confirmé par une bulle pontificale, Jacques Coeur est mort le 25 novembre 1456, à quelques encablures des côtes turques, dans l'ïle génoise de Chio.
Il y a donc 550 ans.
Condamné le 29 mai 1453, pour crime de lèse-majesté envers le roi Charles VII, il ne dut la vie sauve qu'à l'intervention du pape Nicolas V. Frappé d'une extraordinaire amende de 550 000 livres tournois, il devait rester emprisonné au château de Poitiers jusqu'au règlement de cette somme grâce à la vente de ses biens au profit du trésor royal.
Ne pouvant envisager son élargissement avant longtemps, il décida de forcer le destin en s'évadant vers la fin du mois d'octobre 1454.
Gagnant vers le sud, il s'était d'abord mis à l'abri chez les Dominicains de Limoges, puis chez les Franciscains de Beaucaire d'où il fut exfiltré par un audacieux coup de main de son neveu, Jean de Village.
Il put ainsi passer en Provence avec son fils Ravant et, vers le début de 1455 gagner Rome où l'amitié de Nicolas V lui assurait asile et protection.
Il y fut rejoint par les principaux responsables de ses affaires et prit une part très active dans la préparation d'une expédition navale contre les Turcs, maîtres de Constantinople depuis mai 1453.
En prenant au début de 1456, à 60 ans, une nouvelle fois après le voyage de 1432, la route du Levant, il entendait relancer ses affaires et peut-être aussi partager l'idéal de ces preux chevaliers qu'il admirait tant. Engagé dans une sorte de nouvelle quête du Graal, il allait trouver son tombeau au cours de cette ultime aventure.
 

Robert GUILLOT, novembre 2006

 

en savoir plus : la mort de Jacques Coeur

 JACQUES CŒUR ET BRUGES

Bruges au XVe siècle est selon Jacques Heers, le carrefour marchand du Nord.

C'est l'époque des Hanses, qui sont des associations de marchands d'origine germanique.

La fortune de Bruges, comme de nombreuses villes de Flandres vient de l'industrie du drap. La cité est florissante, la puissance des marchands drapiers est considérable.

C'est à Bruges que sont traitées les relations d'affaires, que sont rédigés les contrats de prêts, d'assurance maritime.

Après le drap, ce sont les industries de luxe qui assurent la prospérité, avec les tapisseries.

Bruges reste aussi, même après un léger déclin de l'industrie du drap, au profit des draps anglais, un port avec un commerce de transit.

 

Bruges est au centre d'un réseau qui couvre la Hollande, la Flandre bien entendu, mais aussi l'Allemagne jusqu'à Nuremberg, et aussi la France avec Rouen et La Rochelle.

 Les charrois au service des marchands italiens, comme Dantini, circulaient vers 1410 entre Montpellier, Paris et Bruges en moins de 3 semaines.

Les circuits commerciaux de Jacques Cœur concernaient essentiellement le midi et le monde de la méditerranée.

A partir de Bourges, il va créer des routes vers le Levant, en installant des comptoirs. Ces comptoirs, dans le midi, ce sont avant tout Montpellier, puis Marseille.

Mais assez vite, Jacques Cœur va accroître ses routes.

Entre 1444 et 1449, Jacques Cœur va essayer de nouer des liens commerciaux avec l'Angleterre, pendant la trêve de Tours. Guillaume de Mazoran va en Angleterre pour le compte du Grand Argentier et Guillaume de Varye s'était fait livrer des draps de Londres en février 1449, en vue de faire du commerce.

Il veut commercer vers l'ouest à Rouen, et bien entendu Bruges, qui était incontournable à cette époque pour faire du commerce et des échanges avec l'Europe du nord. Guillaume de Varye, pour le compte de Jacques Cœur achète du cuir, des draps et de la laine en Ecosse, une partie va à La Rochelle, une autre passe par Bruges.

Lorsqu'on regarde une carte de France, on remarque les implantations de Jacques Cœur à Bourges puis Tours, et le midi, Montpellier, Agde, Aigues Mortes… etc

 

Parmi les grandes routes Nord Sud, on a celle qui part de Bruges, puis passe par Paris, Orléans, Bourges et descend vers le sud par Le Puy et Montpellier.

Jacques Cœur avait mis en place une forte structure commerciale, avec des facteurs, qui étaient des permanents dans un certain nombre de villes, comme Antoine Noir à Montpellier ou Hervé Paris à Bruges. Cet homme avait travaillé sept ou huit ans avec Jacques Cœur, il était originaire d'Orléans.

On sait que Hervé Paris reçut à Bruges cent charges d'épicerie d'un des patrons d'une galée de l'Argentier dont le patron était Jean Forest. Les convois se croisaient, les uns venaient de méditerranée en passant par Bourges et Paris, ils comprenaient parfois des épices. En sens inverse, ce sont des harengs qui allaient vers Bourges ou Tours.

On dispose de peu d'informations sur le commerce de Jacques Cœur à Bruges, sinon quelques ordres pour livrer du poivre et du gingembre, on signale les difficultés de vendre tout un convoi à Bruges, et un cousin des frères Paris dû vendre à Anvers et dans tout le pays.

Mais les frais de voiturage étaient considérables et les rapports assez faibles. Les facteurs achètent à Bruges des marchandises diverses comme les draps, la garance et encore les harengs.

On remarque qu'un facteur de Jacques Cœur va refuser de transporter un chargement de laine et de draps pour Rouen par la route, et le convoi s'en ira par mer. Ce facteur prit la route et arriva une semaine avant le navire, et en profita pour trouver des débouchés avec le facteur de Jacques Cœur qui était le permanent à Rouen.

Compte tenu de l'insécurité des routes, la mer est préférable à la terre. En 1450, le hareng reçu de Flandre par la mer via Dieppe ou Rouen par la Seine se vend à Paris 30 à 38 écus le lest, et un lest correspond à 10 000 harengs. Par la terre, en venant de Flandres ou de Zélande, ce même hareng coûte 41 à 47 écus le lest. Donc beaucoup plus cher.

C'est ainsi que Jacques Cœur va commercer dans cette Europe du Nord vers 1450, mais son arrestation stoppe ce commerce et c'est le procureur Dauvet qui va se charger de déterminer les biens et les profits du Grand Argentier à Bruges.

Sans que l'on sache si ce commerce a été important, c'est pour Jacques Cœur le début d'un axe Bruges Montpellier par Paris et Bourges.


 

Qui peut répondre ?

Une association recherche des traces des pigeonniers en France et dans la région Centre. Hors, il existe le pigeonnier du Palais Jacques Coeur. Qui peut en parler ?

Merci de nous contacter.jacques-coeur@orange.fr

HISTOIRE : Nous avons reçu de M Alain Galan, des documents importants sur une fille de Jacques Coeur que nous ne connaissions pas.Voici une partie du courrier : " et à la rubrique De Cambray j'ai pu également voir que cet auteur donnait bien comme épouse Geoffrette Coeur fille de Jacques Coeur, là il fait même cette Geoffrette Coeur mère de Jean de Cambray (mon ancêtre) ce Jean marié à Marie de Corbie (ou Anne, elle porte les deux prénoms). Je vous joins cette page, pas de très bonne qualité, mais on peut lire quand même. Comme vous le dites il va falloir chercher encore, et peut-être trouver !"
Bien cordialement.Alain Galan

Bonjour ! Peut-être pourrez vous me renseigner: je cherche s'il existe un ouvrage quelconque (monographie, etc...) sur Guillaume de Varye.
Merci de bien vouloir me répondre! Jaques BOUYNOT

Question ?

Question ? "cette maison de Meschers, du 16è et 18è siècle, arbore - gravés dans la pierre - les nom, prénom
et armes de Jacques Coeur '(cf photo jointe), et que bien qu'elle soit déja affichée au ban de l'étude du notaire
de Meschers, je pensais qu'un passionné de Jacques Coeur pourrait avoir envie d'en devenir propriétaire.
Merci d'en parler autour de vous !" >>>cliquer

 

 A SUIVRE ......

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Vous pouvez cliquer sur le site de l'Institut KHEPERA pour trouver d'autres hypothèses sur la mort de Jacques Coeur.