|
|
SOMMAIRE :
- Actualités 2008
- Actualité 2009
- Agnès Sorel
- Agnès Sorel, assassinée ?
- Albums photos Picassa
- Alchimie et Jacques Coeur
- Amis de Jacques Coeur
- Association Amis de J Coeur
- Bourges sous Jacques Coeur
- Bibliographie
- Charles VII (Tout sur)
- Château (Le) de Boisy
- Chios (L'île de)
- Chronologie du XV ième siècle
- Conférence sur Jacques Coeur
- Courrier reçu
- Climat (le) en France sous J C.
- Dauvet (procureur)
- Enfants de Jacques Coeur
- Enigme dévoilée
- Essentiel (l') sur Jacques Coeur
- Gimart, facteur de JC
- Héritage du patrimoine de JC
- Jeanne d'Arc et Jacques Coeur
- Jean de Village
- Lyon et Jacques Coeur
- Macée de Léodepart
- Montpellier
- Mort (la) de Jacques Coeur
- Navires et la mer sous J Coeur
- Palais Jacques Coeur
- Pathographie
- Personnage de Jacques Coeur
- Plan du site
- Portraits de Jacques Coeur
- Programme 2008
- Programme 2009
- Questions sur Jacques Coeur
- Route Jacques Coeur
- Sources d'information
- Vie de Jacques Coeur
- Village (Jean de )
- Voyage (le dernier) de J C
ET ENCORE : - les restes humains ?
- Du nouveau sur Jacques Coeur
- Agnès Sorel avec LE MONDE / LIBERATION
- ARTICLES DE PRESSE :
- LA MORT d'AGNES SOREL DANS LE JOURNAL "LE MONDE" ET DANS "LIBERATION"
Les travaux d'une équipe de 22 médecins et scientifiques français, qui ont pu travailler sur les restes de la Dame de Beauté, maîtresse officielle de Charles VII, morte il y a 555 ans, montrent qu'elle a été intoxiquée au mercure. Crime ou accident ? Les chercheurs ne peuvent conclure : La cause de la mort d'Agnès Sorel est enfin dévoilée
LE MONDE | 02.04.05 | 14h12 o Mis à jour le 02.04.05 | 14h12
Dans le manoir normand du Mesnil à Jumièges (Seine-Maritime), le 11e jour du mois de
février 1450, vers 6 heures de l'après-midi, Agnès Sorel pousse un haut cri et trouve la mort. La célèbre maîtresse officielle du roi Charles VII succombe, selon les chroniqueurs, d'un "flux au ventre". Peu après sa mort, on prélève le coeur pour le mettre en terre au sein de l'abbaye de Jumièges, avant de conduire le corps en Touraine pour l'inhumer en l'église de Notre-Dame de Loches (Indre-et-Loire), devenue depuis la collégiale Saint-OursSamedi 2 avril, les restes des ossements d'Agnès Sorel, qui avaient été exhumés le 29 septembre 2004, devaient être réinhumés en cette collégiale. Ils viennent de faire l'objet d'une longue série d'analyses effectuées par 22 spécialistes de 18 laboratoires et institutions. Ce groupe était coordonné par le docteur Philippe Charlier (service d'anatomie et cytologie pathologiques, CHU de Lille, Ecole pratique des hautes études).
Les résultats de ces travaux devaient être rendus publics le jour de la cérémonie de réinhumation. Selon les signataires de "l'étude anthropologique et paléopathologique des restes présumés d'Agnès Sorel", la maîtresse de Charles VII aurait, à un âge compris entre 25 et 30 ans, été victime d'une intoxication aiguë au mercure, sans que l'on puisse conclure quant au caractère criminel ou non de cette intoxication. Nul ne peut savoir si elle a été empoisonnée sur ordre du dauphin, le futur Louis XI, comme cela a souvent été affirmé.Bien qu'il ne fasse pas encore l'objet d'une publication dans une revue scientifique, ce travail collectif vient confirmer la puissance des outils de la biologie contemporaine pour, à des siècles de distance, élucider des questions qui avaient pris la dimension du mystère.
Les chercheurs ont tout d'abord cherché à confirmer que les restes humains qui leur avait été confiés étaient bien ceux de la maîtresse de Charles VII. Ils expliquent comment ils ont pu en avoir la quasi- certitude : l'examen anthropologique des éléments osseux du crâne a prouvé qu'il avait toutes les caractéristiques d'un sujet féminin, et l'analyse des cheveux les plus longs mesurent 24 centimètres indique qu'il s'agissait bien d'une femme européenne, naturellement blonde. En dépit des recherches, aucune trace d'ADN nucléaire n'a pu être retrouvée.
"AUCUNE TRACE D'ARSENIC"
Le degré de fermeture des sutures crâniennes, la faible usure dentaire et l'absence totale d'arthrose sont autant d'arguments plaidant en faveur d'un jeune âge, évalué entre 25 et 30 ans. Enfin, la reconstitution du visage à partir du crâne a montré une très grande ressemblance avec le gisant d'Agnès Sorel à Loches, mais aussi avec son portrait dans une oeuvre de Jehan Fouquet (la Vierge de Melun, parfois aussi appelée Vierge à l'enfant, exposée au Musée d'Anvers). La compatibilité des restes crâniens avec les reliefs du visage du gisant avoisine les 100 %.
L'analyse des dents et des sutures crâniennes permet également d'évaluer un âge, au moment de la mort, compris entre 20 et 30 ans. L'examen microscopique du cément dentaire (un des constituants de la racine dont le rythme de dépôt est annuel) a permis aux chercheurs de déterminer qu'elle était morte à un âge compris entre 23 ans 9 mois et 27 ans 9 mois, soit une naissance située entre 1422 et 1426. Les historiens évaluaient jusque-là la naissance d'Agnès Sorel entre 1409 et 1425.
L'analyse des dents a aussi permis de préciser le nombre de grossesses. Les anneaux de cément sont, en effet, plus larges lors de la gestation. Trois anneaux larges consécutifs ont pu être identifiés, correspondant à trois grossesses survenues à 18, 19 et 20 ans. Ses trois filles reconnues par Charles VII ont ainsi, selon toute vraisemblance, vu le jour en 1443, 1444 et 1445. Différents témoignages laissent penser qu'un quatrième enfant serait né de l'union entre le roi et sa maîtresse, enfant qui n'aurait jamais été baptisé. Or les chercheurs ont retrouvé, dans l'urne qui contenait les fragments, la présence d'un squelette foetal de sept mois.
C'est l'étude toxicologique réalisée sur les phanères (les cheveux, les poils et les sourcils) prélevés sur le crâne et récupérés au cours de la fouille de l'urne funéraire qui a permis de conclure sur la cause de la mort. "Aucune trace d'arsenic n'a été détectée. Par contre, des taux considérables de mercure ont été mesurés dans les phanères, tant en superficie qu'en profondeur, souligne le docteur Charlier. Ce mercure aurait pu être contenu dans le plomb du sarcophage, mais l'analyse de ce dernier a montré qu'il n'en comptait qu'un taux infime. La fixation du mercure dans les phanères est donc bien antérieure au décès."
Cet empoisonnement était-il volontaire ? Rien ne permet de le dire. L'analyse paléo-parasitologique ayant montré qu'Agnès Sorel était atteinte d'une infection parasitaire intestinale par l'ascaris, on peut penser que des sels de mercure lui ont été administrés comme traitement vermifuge. A-t-elle été intoxiquée accidentellement ou bien a-t-on exagéré le dosage du médicament dans le but de l'empoisonner ? Le mercure était également utilisé pour faciliter le travail lors des accouchements longs et difficiles. A-t-il été administré à Agnès Sorel lors de la naissance de son quatrième enfant ?
La science, ici, reste muette.
Jean-Yves Nau - Article paru dans l'édition du 03.04.05
La paléopathologie a pour objet l'étude médicale des vestiges humains exhumés lors des fouilles archéologiques ou conservés dans les reliquaires et les musées. Grâce aux techniques d'investigation scientifiques et médicales (radiographie, génétique, biologie, anatomopathologie...), elle permet d'authentifier les corps, de retrouver la cause d'une mort, voire de résoudre des énigmes historiques. Le travail collectif sur Agnès Sorel a réuni médecins légistes, radiologues, toxicologues, anatomopathologistes, archéologues, anthropologues, paléoparasitologues... Il a été financé par le conseil général d'Indre-et-Loire à hauteur de 5 000 euros, une majorité des 22 signataires ayant collaboré gracieusement.
ARTICLE DE LIBERATION
La dépouille de la favorite de Charles VII a été analysée par des scientifiques.
Agnès Sorel, une reine de coeur victime du mercure
Par Nathalie RAULIN
lundi 04 avril 2005
Loches envoyée spéciale
Assassinat politique, meurtre passionnel ou simple drame domestique ? Avec de longs cheveux, un
crâne momifié et du jus de putréfaction recueilli au fond d'une urne funéraire de simple grès, voilà dissipé ou presque le mystère qui depuis cinq siècles entoure la mort brutale d'Agnès Sorel, favorite de Charles VII le roi qui doit tant à Jeanne d'Arc. Samedi à Loches (Indre-et-Loire), devant un ministre, un Orléans, un Bourbon et un chroniqueur mondain, le Dr Philippe Charlier, anatomo-pathologiste du CHRU de Lille, a pu reconstituer la vie et la terrible agonie de la dame de coeur du roi de France : six mois d'analyse des restes mortuaires ont révélé la cause du "flux de ventre" qui emporta la belle en trois jours. Et empoisonnement il y eut bien.Tourisme. Longtemps, l'énigme avait laissé princes et historiens indifférents, la disparition d'Agnès Sorel dans sa vingt-sixième année n'ayant engendré aucune querelle de pouvoir ou d'héritage. La manne touristique a changé la donne. En juin 2004, le conseil général d'Indre-et-Loire saisit l'occasion du retour programmé du tombeau Sorel dans la collégiale Saint-Ours de Loches, après 196 ans de pérégrinations, pour confier à une équipe scientifique le soin d'authentifier la dépouille. Pour la première fois en France, l'exploration scientifique est alors mise au service de la promotion du patrimoine.
Les chercheurs ont travaillé à partir d'un poil de l'aisselle. Dans ce phanère (le poil), l'analyse est formelle : aucune trace d'arsenic mais une quantité astronomique de mercure. "Agnès Sorel a été victime d'une intoxication aiguë au mercure qui l'a foudroyée en moins de 72 heures", a pu affirmer, samedi, Philippe Charlier. Les scientifiques n'en sont pas restés là. Au XVe siècle, le mercure est un poison prisé, mais pas seulement. L'analyse paléo-parasitologique a confirmé leurs soupçons : Agnès Sorel souffrait d'ascaridiose, une infection parasitaire intestinale douloureuse. Pour venir à bout de ces désagréables vers blancs, il était alors fréquent d'utiliser des sels de mercure, purge associée à de la fougère mâle, réputée paralyser les lombrics. "La posologie adéquate était bien connue depuis l'Antiquité", raconte Philippe Charlier. Or Agnès Sorel aurait ingéré de l'ordre de 10 000 fois la dose traditionnellement prescrite. Pourtant, le doute subsiste. Le mercure était aussi utilisé pour soulager les parturientes en cas d'accouchement difficile et la belle venait de mettre au monde un enfant prématuré de sept mois.
Décolletés épaules nues. Alors, erreur thérapeutique ou meurtre prémédité ? Impossible pour les scientifiques de trancher. Seule certitude : la favorite dérangeait à son époque. Au grand dam des moralistes, la jeune fille désargentée de petite noblesse était devenue la première maîtresse officielle de l'histoire de la royauté. A 18 ans, Agnès Sorel a imposé un train de vie fastueux à la cour de France, les premiers décolletés épaules nues et une liberté de moeurs jugée scandaleuse. Le roi l'a couverte de bijoux, l'a faite châtelaine de Loches, dame de Beauté-sur-Marne (d'où son nom de dame de Beauté) et comtesse de Penthièvre. Surtout, Charles VII a reconnu les trois filles qu'elle lui a données entre 18 et 20 ans, qui portent donc toutes le nom de Valois. Le dauphin, futur Louis XI, a mal supporté cette femme qui éclipsait sa propre mère, Marie d'Anjou. Il l'a même poursuivie un jour, l'épée à la main, dans la maison royale. Cet éclat lui a valu d'être chassé de la cour... Pourtant, c'est Jacques Coeur, grand argentier du roi et amant présumé de la belle, qui a été soupçonné du pire, avant d'être acquitté.
Morte, Agnès Sorel n'en a pas fini avec l'outrage. Inhumée dans la collégiale de Loches, à peine son roi disparu, on veut l'expulser de son caveau : les chanoines, peu soucieux de conserver la scandaleuse dépouille dans le coeur de leur abbaye, réclament, en effet, l'autorisation de la déplacer. Ils y renoncent sur ordre du roi Louis XI.
Vol. En 1777, Louis XVI lève l'interdit. L'errance posthume d'Agnès Sorel commence. A la fin du XVIIIe siècle, les révolutionnaires profanent le gisant qu'ils croient être celui d'une sainte, puis ils mettent les restes dans une urne qu'ils jettent le long du mur de l'abbaye. Le 21 prairial, an III, un soldat rouvre l'urne, pique des cheveux et des dents comme autant de reliques monnayables. En 1801, un vase funéraire est retrouvé et remis dans le tombeau restauré au logis royal, devenu sous-préfecture de Loches. Celui d'Agnès Sorel ? Avec les travaux de Charlier, on en a désormais la certitude. Mais il planera toujours un doute: l'empoisonnement fut-il volontaire ou non?