Agnes Sorel par Roland Narboux - site officiel sur Agnes Sorel

RETOUR 

 JACQUES COEUR DE BOURGES

Site des Amis de Jacques Coeur AGNES SOREL ET SON INFLUENCE POLITIQUE
 

 SOMMAIRE :

RETOUR AGNES

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Voyage (le dernier) de J C
 
ET ENCORE :
 
les restes humains ?
Du nouveau sur Jacques Coeur
Agnès Sorel avec LE MONDE / LIBERATION

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Quelle fut l'influence politique d'Agnès Sorel auprès de Charles VII et de l'ensemble de la cour ?

L'influence d'Agnès Sorel sur le roi Charles VII
 
Pas simple à partir de ces années, de connaître l'influence réelle d'Agnès Sorel, d'autant que la durée de vie " commune " entre Charles VII et Agnès Sorel est assez courte, 5 ans. C'est curieux et faible car le règne des rois de cette époque, les Valois sont considérables.

C'est d'ailleurs une constante dans l'Histoire de France de cette époque. La durée du pouvoir est considérable :
 
Charles V : 1364- 1380 = 16 ans
Charles VI : 1380 - 1422 = 42 ans
Charles VII - 1422 - 1461 = 39 ans
Louis XI : 1461 - 1483 = 22 ans
Et inversement, les grands faits de cette époque sont très courts, songez que Jeanne d'Arc a une vie publique de 2 ans…..
 
Dans les documents de l'époque, on note qu'il n'y a pas beaucoup de lignes sur le sujet. Les chroniqueurs évoquent le roi Charles VII, la cour, sa maîtresse, mais surtout les faits de guerre. Les réactions intimes des uns et des autres, ce n'est pas trop leur problème.

Car il n'y a pas de presse people en 1400.
 
Prenons un exemple actuel sur les présidents de la République aujourd'hui, pour Jacques Chirac, attendons quelques années. Mais sur le président François Mitterrand, lisez les 4 volumes de Jacques Attali sur le président, Verbatim, publié dans les années 1995. Et bien, ce chroniqueur qui fut au cœur du pouvoir raconte en plusieurs milliers de pages deux septennats, et bien, sur les sentiments de Mitterrand vis à vis de son épouse Danièle, il n'y a rien, sur la maîtresse non officielle, mais qui le deviendra, rien, sur Mazarine, rien non plus. Et des dizaines de pages sur la rencontre de Mitterrand avec Kadafi dans une île de la méditerranée. C'était il y a une dizaine d'années.
Alors, sur Charles VII et Agnès Sorel, c'est la même chose… peu en parlent.
C'est le temps des rumeurs et des fantasmes.
Des divergences certaines dans la vie de Charles VII apparaissent au XIX siècle lorsque des historiens se penchent sur ce règne.
- Pour Vallet de Viriville, le rôle d'Agnès Sorel fut tout simplement capital, à la fois sur la politique générale que sur la poursuite de la guerre contre les anglais.
- Inversement, pour Du Fresne de Beaucourt, il n'y a aucune influence d'Agnès Sorel sur le roi et sa politique.
 
Qui croire ?
 
Les influences d'Agnès Sorel sur le roi sont à mon sens, au moins de trois ordres,
- une influence sur la vie de tous les jours, par sa seule présence, elle illumine la vie de Charles VII. C'est le mot qui convient elle illumine le roi et son entourage.
- une influence psychologique qui est indéniable, elle va redonner confiance au souverain, et il va retrouver un nouvel ascendant sur son entourage.
- une influence politique, et c'est là que les avis divergent, la belle a-t-elle modifié le cours des choses et en particulier de la guerre contre les anglais ? Son influence politique est sans aucun doute réelle, mais je dirais qu'elle fut indirecte.
 
Ce sont ces trois points qui méritent d'être analysés et développées :
 
Le Roi Charles VII va se transformer au contact d'Agnès Sorel. Elle devient la Dame de Beauté. Elle était partout présente auprès de lui, de nuit comme de jour. Le roi ne pouvait plus se passer d'elle.
 
1/ La première influence concerne la vie quotidienne du roi et de la cour
 
Le roi découvre la joie de vivre, le mélancolique se " lâche ", il était souvent renfermé, triste, en mal de vivre, et il va s'ouvrir, devenir un " joyeux luron ". Les chroniqueurs notent qu'aussi bien à Nancy qu'à Châlons, il se met à danser, il participe à des joutes, il s'en va cueillir des fleurs, et certains ajoutent " il pouvait dès lors discuter joyeusement ", ce qui semble être pour ces chroniqueurs à la fois une découverte et un exploit.
Je vois d'ici le titre de " Voici ", ou " Paris Match " s'ils avaient existé à l'époque, l'exclusivité, " Le roi danse et joue ".
En fait, nul besoin d'être un fin psychologue pour donner un nom à cette transformation, à ces joies nouvelles, finalement, chacun de conclure par ces mots qui datent de tous les temps, cet homme, le roi, était tout simplement tombé amoureux. Un vrai coup de foudre !
Le roi, pour beaucoup n'avait pas connu l'amour avec un grand A. Marie d'Anjou, est avant tout sa " copine " d'enfance, une compagne très fidèle, qui est en admiration devant cet homme et qui le suit là où il décide de se rendre. Lui, il l'aime en amitié, dirions-nous tout en lui faisant tout de même une douzaine d'enfants. C'est une sorte de tendresse, elle est pour lui comme une sœur….. et un historien écrit aujourd'hui méchamment " elle produit des héritiers, des princes et des princesses, qui sont d'autant d'instruments d'alliances, de pions diplomatiques sur l'échiquier européen ". selo, Georges Minois.

L'amour transfigure le roi.

On peut aussi se demander ce qu'avait Agnès Sorel de plus que les autres ? Et son influence sera déterminante lorsque l'on aura répondu à cette question :
 
Agnès Sorel était-elle si belle que cela ?
 
Agnès Sorel était belle, mais dans les cours des rois et des princes, les dames à la beauté parfaite étaient légion… ou presque. Alors Agnès Sorel devait être au-dessus du lot.
Agnès Sorel a une vingtaine d'années, et sur le plan physique, c'est sans aucun doute un " canon ", une femme qui serait aujourd'hui " top modèle " chez Dior ou Christian Lacroix. Il faut dire que Marie d'Anjou, si le roi fait la comparaison n'a, sur le plan de l'attirance physique aucune chance.
Marie d'Anjou n'est pas très belle, des chroniqueurs affirment que " même un anglais aurait peur d'elle ", ce qui n'est pas très aimable. Elle n'a pourtant que 35 ans, mais les grossesses multiples lui ont encore davantage défiguré le corps. Les remises en forme après une grossesse n'étaient pas encore nées.
Pourtant, le roi nous dit Chartier, ne cessa, même dans ces années " de coucher avec la royne ".
Agnès Sorel est décrite comme " la beauté " de l'époque. Olivier de La Marche va écrire après sa mort, que c'était " une des plus belles femmes que j'ai vu ", alors que Jean Chartier dit de son côté, " entre les plus belles, c'était la plus belle et la plus jeune du monde ". Enfin, Monstrelet écrit " Comme entre les belles elle était tenue pour être la plus belle du monde, elle fut appelée damoyselle de Beaulté…. ".
Agnès Sorel était belle et avec ses bijoux et pierreries, visiblement, elle devait être resplendissante. D'ailleurs, c'est assez curieux car le roi Charles VII n'aimait pas trop ce luxe. C'est là une affirmation qui est encore aujourd'hui discutable. Le roi avait de l'argent où il s'en faisait prêter et il vivait dans une certains forme de luxe vestimentaire, même si il n'avait pas un amour fou des lieux où il était. Mais pour d'autres chroniqueurs, il n'encourageait pas ces attitudes et il semble qu'il reprochait à sa belle de déploiement de luxe.

Jean Chartier écrira à ce sujet :
" combien qu'il cognoissoit et apercevoit bien que la chose luy redondoit et tournoit en opprobe ".
Les portraits qui furent faits confirment ces affirmations, même si la notion de beauté féminine a varié au cours du temps et l'on entend parfois aujourd'hui, ces mots comme " Ha, elle n'était pas si bien que ça ", ou encore " avec ce grand front, elles n'est pas terrible la belle ".
 
On connaît d'elle sans doute 4 portraits :
 
- un portrait est au cabinet des estampes : Portrait d'Agnès Sorel D'après Jean Fouquet / Paris, BnF, département des Estampes, Rés. Na 21, f. 28

- un portrait est au château de Loches, c'est une huile sur toile qui a été réalisé au XVI siècle, ( mystère sur un portrait qui serait au château de Monchy)

- un portrait est dans un " album Médicis " donné par Robert Guillot.

- un portrait, le plus célèbre, a été réalisé par Jean Fouquet en 1450. (Peinte vers 1453 ( ?), cette vierge à l'enfant ornait autrefois à Melun le tombeau d'Etienne Chevalier, trésorier du roi de France, et ami d'Agnés Sorel dont le peintre a reproduit les traits. On peut l'admirer au musée d'Anvers.)
 
C'est d'ailleurs " le portrait dit officiel ", que le peintre tourangeau a réalisé quelques mois avant la mort de la belle dame. C'est " la vierge à l'enfant entourée d'anges ". C'est un diptyque qui représente une vierge qui n'est autre qu'Agnès Sorel, elle est actuellement au Musée royal des Beaux Arts d'Anvers, c'était une commande d'Etienne Chevalier qui fut un des proches de la maîtresse du roi. (Minois p 433)
Une copie est à Loches.
Très " gonflé " le peintre de réaliser un tel portrait, car représenter la vierge sous les traits dune " putain du roi ", c'est rare, osé et unique.
Donc la " belle " est vraiment belle !
Une influence psychologique réelle
Le roi devient au cours des premiers mois, très fier de sa conquête, il va " braver tous les interdits ", il " reprend du poil de la bête ", c'est à dire du courage.
La dévotion envers la belle devient publique.
Elle est belle mais elle a quelque chose de plus, pour Minois, elle est " douceur et tendresse ", mais aussi " culture et modestie ".

Les mots sont importants. Elle a un cerveau et quel cerveau, ce n'est pas une belle dame, sans cervelle, juste très bonne au lit. Non elle est cultivée et bénéficie d'une personnalité très attachante.
Oliver de La Marche écrit " elle possède un langage honnête, et bien poli qui était en elle ", elle a une culture qui la met largement au-dessus des " autres filles de la cour et de son âge ".
Mais elle reste toujours à sa place, elle n'en rajoute pas, en tout cas en public. On peut même pense que vis à vis de la reine Marie, elle a un peu de remord, à la fois d'être si belle et d'avoir ouvert le cœur du roi.
Le roi est heureux, et ce sont certainement les plus beaux moments de sa vie. Il va aussi beaucoup donner à Agnès, des bijoux, de l'argent, des terres, Chastelain écrit qu'elle est mieux traitée que la reine, elle a " les plus beaux parements de lit, meilleure tapisserie, meilleure linge et couverture, meilleure vaisselle, meilleures bagues et joyaux… meilleur tout ".
L'effet Agnès Sorel est donc essentiellement psychologique. Le roi qui avait eu une vie horrible depuis sa plus tendre enfance était devenu un être faible, juste remis en selle pendant un an par Jeanne d'Arc, et il pensait que la vie était triste, et ne méritait pas d'être vécu, comme l'on dirait aujourd'hui.
Il était en permanence aux prises avec le doute, il voyait des complots partout, et n'avait confiance en personne. Une vie de chien… en quelque sorte.
Et c'est cet homme qu'Agnès transforme. Il va découvrir que la vie peut être belle, joyeuse, et que le bonheur existe. Au contact d'Agnès, le roi va s'épanouir, il se trouve tout simplement transformé. " Elle a un effet salutaire ".
C'est un homme nouveau qui va désormais diriger les affaires de la France, croyant en lui, davantage porté vers l'action, il voit la vie en rose, et Agnès est sa raison de vivre.
Minois ajoute d'ailleurs " Agnès Sorel n'a peut être pas influencé le roi, mais elle a transformé l'homme ". Ils vont vivre 5 années de bonheur !
Le roi d'ailleurs était depuis sa plus petite enfance, un roi errant. C'est un vrai nomade, il va de château en château avec sa cour, ne restant dans chacun de ces lieu qu'assez peu de temps.
Pourquoi ?
Sans doute se souvient-il de ses jeunes années et des grands et lugubres palais parisiens. Aussi va-t-il rester dans des lieux plus modestes.
Ensuite, ce n'est pas un roi qui cherche le contact avec son peuple, il a peur de la foule, persuadé que s'y cache un sbire des partis opposés, ou des partisans de son propre fils, prêt à le trucider. Le souvenir de Montereau le mine.
Et avec Agnès Sorel, ce sera la même chose, le roi va vivre avec sa belle dans des lieux peu ou mal connus.
Il vit principalement dans de petites demeures bourgeoises, ou de petits châteaux.
C'est le cas de Razilly, qui est situé à proximité de Chinon, et il demeure en ce lieu plusieurs mois avec Agnès. Ce petit château appartenait à un simple chambellan qui ne le met pas gracieusement à la disposition du couple, mais il loue son petit château pour une somme de 200 livres en 1445, pour une durée de 8 mois.
Autre lieu des amours de deux amants, à Roberdeau, qui possède un beau parc.
Enfin, aussi au château de Loches.
Mais le lieu le plus connu, c'est à côté de Bourges, à Bois-sir-Amé. (canton de Levet).
 
Bois - Sir - Amé, encore appelé Bois-Trousseau
 
Ce château appartenait au vicomte de Bourges, qui s'appelait Artault Trousseau, et c'est là que Jacques Cœur intervient.
En effet, la seule fille de Jacques Cœur, Perrette était mariée avec Jacquelin Trousseau qui était le fils d'Artault. Le couple, Jacquelin et Perrette, venait souvent dans ce château lequel n'était pas en bon état.
Charles VII, en 1447, passa plusieurs mois dans ce lieu du Berry profond, pas trop loin de Bourges.
Agnès Sorel et Charles VII se rejoignaient nous dit l'Histoire et un peu la légende à Bois-Sire-Amé, un château situé à proximité de Bourges, à 5 lieues au sud de la Ville, sur la commune de Vorly, pas très loin non plus de Levet. Ils aimaient y passer les mois d'été.
Le nom du lieu s'appelait aussi parfois "Bois Trousseau".
Le roi, à qui le château devait plaire, à moins que ce ne soit sur la demande pressante de sa belle, va acheter le château à Trousseau en 1447, et il l'offre à la dame de Beauté.
Mais le château nécessite des travaux importants qui sont effectués par le roi, et le chantier est surveillé par Jacques Cœur. C'est sans doute à ce moment que les liens entre l'Argentier et Agnès Sorel se resserrent.
De plus, c'est dans ce château que se déroulent en juin 1447, le mariage du fils Artault, Jacquelin, avec la fille de Jacques Cœur, Perrette.
Dans cette période, de 1447, le roi vit à Mehun sur Yèvre, on sait que le 24 mai, il donne encore dans cette ville des audiences. Par contre, dès qu'il a un instant de libre, il chevauche jusqu'à Bois-Sire-Amé, retrouver la belle. On le retrouve ainsi en juin 1447 et en juillet de la même année avec toute la cour.
Il ne s'y cache pas, Robert Philippe, l'historien, affirme "qu'il y retrouve Agnès Sorel dont la présence n'est cachée à personne : ni le lieu, ni les hôtes ne sont tenus secrets". C'est un "vrai second ménage" et la proximité du château et de Bourges ou Mehun sont des atouts incontestables pour le roi.
Après la mort d'Agnès Sorel, le roi Charles VII, qui s'est consolé continue à venir l'été dans le château berrichon. Il vient avec toute sa cour, en août 1452, et aussi pendant l'été 1455.
De la réalité à la légende :
A Bourges et en Berry, depuis cette lointaine époque, la légende du souterrain de la Belle est présent. Il s'agit d'un souterrain important puisque l'on pouvait y passer à cheval. Et ce souterrain, comme l'on en rencontre au centre de la ville de Bourges allait de Mehun à Bois-Sire-Amé, et la chronique indique que le Roi prenait ce souterrain pour aller voir sa maîtresse…..
Jusqu'à ce jour, aucun souterrain n'a jamais été découvert….. mais les recherches continuent.
 
Il ne s'agit pas pour le roi de sa cacher, car dans ces demeures modestes, il reçoit ses conseillers, tient en particulier des conseils et il reçoit même des ambassadeurs. La cour est présente, mais elle est assez restreinte. Il faut dire que les petits châteaux ne permettaient pas de loger plusieurs centaines de personnes.
 
Une influence politique certaine mais controversée
 
Agnès Sorel et la politique, c'est là que les avis divergent. Et il y plusieurs théories ou appréciations.
Des auteurs comme Henri de Man au XX e siècle traitent l'influence de la Belle par le mépris, il écrit en effet : " C'était une cervelle d'oiseau, inculte et d'un horizon limité aux affaires de toilettes, de bijoux et autres soins de coquetterie, avec la pointe requise de repentir et de dévotion, mais incapable de suivre les profonds desseins politiques qu'on lui a prêtés ".
Voilà avec ce texte, la belle dame habillée pour l'hiver…..
Pourtant, ajoute Jacques Heers qui donne cette citation, si elle avait une cervelle d'oiseau, elle a tout de même usé de son crédit pour protéger et favoriser les siens, ainsi que ses amis. Elle a en particulier bien avantagé sa famille.
Et puis elle a formé un cercle de fidèles qui prirent de plus en plus d'influence au près du roi nous dit Jacques Heers.
Sur le plan politique, Agnès Sorel n'a sans doute pas eu l'influence que l'on peut penser, mais d'une manière indirecte, elle a su se faire des amis à la cour et les imposer au roi. C'est ce que semble penser aujourd'hui des historiens comme Georges Minois.
C'est sans doute par elle que l'expression du roi appelé le " bien servi " va se révéler exacte. Le roi se retrouve entouré de personnages de haut niveau, aussi bien dans la noblesse que dans cette classe nouvelle de la bourgeoisie, dans laquelle nous pouvons placer Jacques Cœur.
Olivier de la Marche écrit :
" Agnès Sorel fit en sa qualité beaucoup de bien au royaume de France, car elle avançoit devers le roi jeunes gens d'armes et gentils compagnons dont depuis le roui fut bien servi ".
Mais avec la belle Agnès, la légende n'est jamais très loin de la réalité, ainsi Brantôme 1540- 1618 (Pierre de Bourdeille - dit Brantôme - est un personnage à plusieurs facettes. En effet, abbé laïque (ou séculier) de Brantôme il s'illustre aussi bien par les armes que par la plume de l'écrivain. Même s'il n'est pas considéré comme un historien, il sera un chroniqueur du XVIème siècle. Il va faire d'elle l'instrument qui va permettre de poursuivre la guerre contre les Anglais, et il écrit :
" … le roi Charles VII, amouraché d'elle et ne se soucier que de lui faire l'amour, et, mol et lâche, ne tenir compte de son royaume, lui dit un jour que lorsqu'elle était encore jeune fille, un astrologue lui avait prédit qu'elle serait aimée et servie par l'un des plus vaillants et courageux rois de la chrétienté… et quant le roi l'aimât, elle pensait que ce fut ce roi valeureux qui lui avait été prédit ".
 
Et Brantôme poursuit le récit en affirmant qu'Agnès voyant ce roi si mou, elle pensait qu'elle s'était trompé et que le roi valeureux…. C'était en fait le roi d'Angleterre, lequel " lui prenait tant de belles villes à sa barbe, donc dit-elle, je m'en vais le trouver, car c'est lui duquel entendait l'astrologue. Ces paroles piquèrent si fort le cœur du roi qu'il se mit à pleurer et prenant courage, prit le frein aux dents, si bien que, par son bonheur et vaillance, chassa les Anglais de son royaume ".
Magnifique récit, bien dans la légende de ces époques, mais la réalité est sans doute plus complexe.
Il faut se souvenir qu'en mai 1444, c'est la signature d'une trêve avec les Anglais, et elle va durer avec des hauts et des bas, environ 5 ans. Jusqu'en 1449.
Agnès Sorel avait-elle des convictions et un intérêt à favoriser la paix ou inversement à en finir avec cette guerre contre les anglais ?
 
Deux types d'arguments sont en présence :
 
Elle vit le parfait amour avec Charles VII, et n'a pas d'intérêt majeur pour pousser le roi à la guerre, d'autant plus que lui, n'y tient pas trop. On peut donc penser qu'elle favorise avant tout la paix, elle brille à la cour, fait des enfants, s'amuse, et veut protéger le roi.
Il faut aussi avoir à l'esprit que Jacques Cœur, de son côté n'a pas intérêt à vouloir la guerre. Cela lui coûte de l'argent et il veut essentiellement faire du commerce et de la diplomatie, alors, la guerre c'est pas son truc.
 
On peut raisonnablement penser que la guerre qui s'est déclenchée à partir du début de l'année 1449 n'est pas le fait d'Agnès Sorel, d'ailleurs dans ces périodes de conflit, elle ne peut pas suivre son amant.
Le seul élément qui aurait pu pousser Agnès Sorel à une attitude inverse, c'est le mythe Jeanne d'Arc, c'est de vouloir être à sa manière une nouvelle héroïne, en poussant le roi et son argentier à bouter les anglais hors de France. C'est possible mais pas certain.

Dans cette dernière hypothèse à laquelle je ne m'associe pas, la fin de la guerre de 100 ans serait due à la puissance de conviction d'Agnès Sorel et à l'argent de Jacques Cœur….
L'influence d'Agnès Sorel est d'essence différente, c'est une influence indirecte, plus subtile, plus en harmonie avec son pouvoir qui est celui de la séduction. Elle a séduit le roi, mais aussi de nombreux hommes de son entourage qu'elle a choisi. C'est bientôt un clan ou un réseau.
 
le réseau Agnès Sorel
 
Agnès Sorel si belle et si jeune semble avoir eu la capacité très forte de réunir autour d'elle des personnages de haut niveau qui vont former une sorte de premier cercle et à la fois l'aider, la protéger et faire un rempart entre " la dame et le roi " face à tous les comploteurs.
Elle va ainsi favoriser la carrière de nombreuses personnes, dont elle détecte la valeur et l'aide qu'elles pouvaient apporter à son amant de souverain.
C'est de manière progressive qu'Agnès met en place ses pions dirions-nous aujourd'hui. Elle commence dès son arrivée près du roi, mais surtout après le départ du dauphin Louis, c'est à dire à partir du début 1447.
On parle alors des amis d'Agnès Sorel comme d'un clan.
On note la présence de Brézé, sénéchal et comte d'Evreux, un beau parleur nous dit Chastellain.
Mais aussi
      Jean de Maupas
      Etienne Chevalier
      Guillaume Cousinot
      Beauveau de Précigny
      Guillaume d'Estouteville
      Jamet du Tillet
      Jean Dauvet
      Jacques Cœur.
 
Ces grands personnages viennent de tous les milieux, nobles, clergés, et des bourgeois comme Jacques Cœur.
 
Mais on retrouve aussi un grand personnage qui sera présent dans la fin de la vie de Jacques Cœur et un de ses ennemis intimes : Guillaume Gouffier. Il vient de la maison d'Anjou, et en 1444, on le retrouve écuyer valet de chambre du roi.
Ce " bel, net et de bonne taille " homme, selon Chastellain est un vrai sportif et vrai homme d'armes, on dit qu'il aime les joutes et autres tournois comme ceux de Razilly et surtout celui de Bourges.
Ce Guillaume Gouffier est sans doute aussi le garde du corps de la belle Agnès, on le retrouve à Loches, à Tours et à Paris, il accompagne la Dame de Beauté.
 
Ce cercle des " amis " d'Agnès Sorel comprend encore les frères Bureaux, surtout semble-t-il Jean Bureau. (p445)
Jean Dauvet, lui aussi, est procureur du roi, il fait parti du même cercle. Notons que certains de ces personnages à la mort de la Belle vont s'entredéchirer…. Et le premier à subir ces désunions fut Jacques Cœur.
Ce qui semble important pour cette étude, c'est de retrouver dans l'entourage immédiat du roi et de sa belle, une grande quantité d'hommes de valeur. Elle assure la cohésion du groupe ainsi constitué, et c'est sans doute là, la réponse à la question et à l'énigme sur l'influence d'Agnès Sorel dans les affaires de l'Etat.
 
Les conseillers du roi ne sont pas des marionnettes, des gens compétents et tous au service de leur roi. Ainsi, le niveau de confiance est très fort, ils sont davantage axés sur les problèmes de l'Etat que généralement les nobles de cette époque. Le roi réunit le conseil tous les jours, et ne décide rien sans leur avis. Par contre, la belle n'assiste pas semble-t-il au Conseil, mais elle y a ses " hommes à elle ".
 
Agnès Sorel et le dauphin, futur Louis XI
 
Les années 1444 et 1445 sont très importantes pour tous les personnages de cette époque. C'est un drame qui se noue eau plus haut somment de l'Etat.
On trouve dans cette pièce digne de Shakespeare, le roi Charles VII, il est en froid avec son fils, lequel attend avec impatience le trône. Le Dauphin Louis, et Agnès Sorel, que le roi est en train d'imposer ne vont pas être des " amis de 5 ans ".
Et dans ce drame, l'épouse de Louis XI meurt le 16 août 1444, ce qui semble libérer le futur Louis XI.
Pour la petite histoire, Marguerite d'Ecosse meurt à la suite d'un refroidissement, elle a 19 ans, et c'est au cours d'un pèlerinage vers Chalons, que la jeune femme attrape le mal qui va l'emporter, et ce pèlerinage était fait avec le roi et Agnès Sorel. (à Notre Dame de l'Epine).
Ce drame de la mort de Marguerite d'Ecosse marque la césure entre les partisans du roi, donc du tout nouveau clan d'Agnès Sorel et ceux du Dauphin.
Le Dauphin se libère, il veut choisir seul sa nouvelle épouse, et se coupe de plusieurs de ses partisans. C'est à ce moment que plusieurs des amis du Dauphin s'en vont, comme Etienne Chevalier qui était alors maître de la chambre du dauphin et qui s'en va dans le nouveau clan d'Agnès Sorel. Il deviendra trésorier de France.
Les premières altercations entre le Dauphin et la belle ont sans doute pour sujet, la situation de Marie d'Anjou, Louis se rapproche de sa mère, l'affrontement est inévitable. C'est ainsi que cela vient aux oreilles du pape Pie II, sur la foi du rapport d'un nonce qui " montre le dauphin poursuivant la maîtresse du roi l'épée à la main, pour venger l'injure faite à sa mère ".
Pourtant, tout avait bien commencé, car après la Praguerie de 1440, le Dauphin voulait se réconcilier avec les gens qui comptaient autour de Charles VII. Lorsqu'il revint de la campagne d'Armagnac, il fit don à la " belle ", de 6 tapisseries représentant " l'Histoire de la chaste Suzanne ". C'était gentil, mais peut-être avec des sous-entendus…. La chaste Suzanne !
Agnès Sorel et le dauphin vont former deux clans et s'opposer. Pour le futur Louis XI, Agnès est une rivale. Elle a le roi à elle toute seule, et lui ne peut plus guère approcher son père.
Agnès Sorel est donc un peu " chef de clan ".

Agnès Sorel et Pierre de Brézé
 
Dans cette grande querelle qui oppose Agnès Sorel et le dauphin Louis, un personnage fait l'objet d'un vrai débat, c'est Pierre de Brézé.
C'est un homme qui est né vers 1410, il a donc environ 35 ans, il vient d'une petite noblesse, et se trouve être un personnage politique de bon niveau, mais aussi un homme de guerre et un amateur de littérature.
Il entre dans l'entourage du roi en même temps qu'Agnès et ils vont former, Agnès et de Brezé, un couple très proche du roi et le soutenant à tous les instants. Ce sont des gens de confiance et cela va les rapprocher, d'autant que de Brézé est un admirateur de la Dame de Beauté.
A partir de 1444, alors que Agnès devient la maîtresse royale, de Brézé devient lui un de ses ministre les plus écoutés.
Brézé devient le personnage principal de la cour et du conseil du roi. C'est ce que Minois appelle le clan Sorel qui triomphe alors, reléguant le clan des Angevins qui avaient été très puissants avec la reine Yolande qui était morte en 1442, alors que le roi René était retourné dans sa Provence et que Charles de Maine ne participaient plus au conseil. La place était donc toute chaude pour Agnès Sorel et ses amis.
Bourges, Vernon et Agnès Sorel
 
En 2006, Bourges a reçu une délégation de la ville de Vernon dans l'Eure, et au cours de plusieurs conversations, montrant les liens de Bourges avec cette ville lors des bombardements de la dernière guerre mondiale, il fut cité un autre lien avec Charles VII et Agnès Sorel.
En effet, dans cette époque du Moyen Age, la ville de Vernon est au centre de la guerre dite de cent ans, et en 1346, elle est incendiée par les troupe du roi Edouard III d'Angeterre. Une dizaine d'année plus tard, c'est le duc de Lancastre qui pille la cité, alors que trois ans après en 1359, Vernon est attribuée en apanage à Blanche de Navarre, veuve de Philippe IV de Valois.
Et c'est le roiCharles VI qui va tenter reconquérir la cité face aux Anglais en 1419, mais c'est finalement le "petit roi de Bourges", Charles VII qui délivre Vernon en 1449.... avec l'argent de Jacques Coeur.
Le roi Charles VII, alors très amoureux de sa belle, Agnès Sorel, attribue Vernon à Agnès Sorel. La favorite devient dès lors, pour les habitants de Vernon, "la Dame de Vernon".
Dame de Beauté (du château de Beauté sur Marne) et Dame de Vernon, décidément, Agnès Sorel était un grand personnage.
 
 
à suivre et à compléter.



affaire à suivre.