"Qui voudrait tout connaître
de Jacques Cur, de l'homme et de sa vie, serait vite déçu
à considérer le peu que nous pouvons savoir.
Sa nature, son caractère,
ses façons d'être, tout nous échappe".
Ecrit Jacques Heers.
Alors, pour son épouse
Macée de Léodepart, c'est pire encore.
Les auteurs des livres
sur Jacques Cur ont tous évoqué la mémoire
de son épouse de manière assez curieuse.
Jacques Heers :
"Jacques Cur,
en 1418 épousa Macée de Léodepart, fille
du prévôt "
Et c'est tout ! sur un
ouvrage de type universitaire de 270 pages
François David
:
"Macée de
Léodepart était l'antithèse physique de
Jacques Cur. Une peinture réalisée au XIX
ième siècle, peut-être d'après une
uvre ancienne aujourd'hui disparue, nous montre une femme
fine et menue, plutôt pâle et frêle.
C'était une personne
délicate et soumise. Bref, la femme idéale pour
tenir un foyer et être fidèle à son époux.
De même jacques était le mari qu'il lui fallait,
sur lequel elle pouvait se reposer en toute quiétude."
Suit une description de
leur mariage, ils avaient 20 ans, avec quelques renseignements
complémentaires.
Les femmes se mariaient
entre 15 et 20 ans, et les hommes entre 25 et 30 nous dit l'auteur.
Il y avait souvent 10 ans d'écart entre l'homme et la
femme, "ce qui permettait à l'homme de commander
à sa jeunette".
" On ne jurerait
pas que Jacques Cur fît un mariage d'amour, mais
plutôt de raison. Un homme aussi vigoureux et remuant que
lui pouvait-il réellement être séduit par
une figure de porcelaine comme Macée de Léodepart.
Il n'avait sûrement pas été attiré
par l'aspect physique de cette jeune fille un peu falote. En
revanche son rang social et sa fortune ne l'avaient pas laissé
indifférent".
Georges Bordonove
"La même
année, ou l'année suivante, Jacques Cur épousa
Macée de Léodepart. C'était pour la famille
Cur une nouvelle progression sociale.
Les Léodepart
ou Lodderpop étaient d'origine flamande.
Le seul portrait connu
qui reste de Macée est une peinture du XIX e siècle,
réalisée d'après une uvre ancienne,
peut être originale.
La femme de Jacques
Cur est en robe de cour, largement décolletée
et bordée de fourrure
..elle a la moitié du
crâne rasé ou du moins les cheveux tirés
vers le haut de la tête. Son visage a la finesse et le
ton délicat d'un ivoire. Le regard est vif sous les sourcils
menus, comme tracés au pinceau. Le nez est un peu long,
la bouche un peu trop mince. Cependant l'ensemble a de la grâce,
celle de l'hermine. Elle porte, sur une sorte de haut bonnet
persan, un de ces hennins immenses dont les voiles transparents
étaient retenus par des fils d'archal".
Et la description
se termine par ces mots
. " Ce mariage fut-il une
alliance de famille ou l'aboutissement d'une histoire d'amour
? On l'ignore. Toutefois, le couple eut 5 enfants en dépit
des voyages et pérégrinations du mari."
Claude Poulain
"En l'année
1420 Jacques Cur épousait Macée de Léodepart,
la fille d'un imposant voisin de la rue d'Auron.
Macée, l'élue
appartenait à l'une des meilleures et des plus réputées
familles bourgeoises de la ville
.
De Macée, ne nous
est parvenu qu'un seul portrait. Il a quelque chance de pouvoir
nous renseigner honnêtement sur le physique de la jeune
femme
.
Macée n'a
d'ailleurs pas été spécialement flattée
sur ce tableau. Elle nous apparaît la joue passablement
creuse et sans doute pâle sous le fard, à la limite
du blafard. La bouche est mince mais ne révèle
nulle hargne, et le nez, légèrement trop long,
au point de nuire quelque peu à l'esthétique de
l'ovale. Sans doute la vie animant cet ensemble parvenait-elle
à lui conférer charme et séduction. Car
la finesse n'en est pas absente, non plus que l'élégance
.
Les cheveux, à la
mode du temps, rasés et tirés vers le haut, accentuant
la fragilité et l'extrême féminité
de l'ensemble.
On l'imagine un peu comme
une chatte aux gestes ravissants et précis, aux attitudes
presque hiératiques, disposant du contrôle souple
de son corps, avec ce constant souci de soi qu'entraîne
la sensualité".
"Jacques Cur
semble avoir été indéfectiblement lié
à Macée. A aucun moment on ne trouve trace d'une
quelconque désaffection
en dépit d'une vie
tellement active qu'elle l'emmenait parfois aux quatre coins
de l'univers connu, jamais il n'a négligé la captivante
Macée".
Edmond Jongleux
" Vers 1420, il
épousait la damoiselle Macée de Léodepart,
fille du valet de chambre de Jean de Berry et prévôt
de Bourges. "
Il écrit encore
:
" frappée
par tant d'injustice, sa femme meurt de chagrin pendant le procès
et est inhumée dans l'église "
Serge Lepeltier
" Cette année-là,
âgé de vingt ans, Jacques Cur épousait
sa voisine de la rue d'Auron, Macée de Léodepart.
Les deux jeunes gens se connaissaient depuis l'enfance. Avec
les autres gosses des environs, ils avaient jadis déboulé
dans les venelles pavées de la haute ville, et ils se
coulaient des regards complices et amicaux sous les voûtes
de la cathédrale
.
Toujours Jacques se
souviendra de ce jour de Pâques où Macée
lui était apparue différente et désirable.
Il avait vu défiler
les communiantes dans leurs plus beaux atours, Macée venait
la dernière, pâle et émue, avec quelques
mèches de cheveux blonds dépassant de sa coiffe
de batiste
.. soudain elle avait levé la tête,
leurs yeux s'étaient croisés. Moment fugace. Elle
avait rougi un peu et continué son chemin comme si rien
ne pouvait la distraire de la prière. Jacques, lui, ne
suivait plus l'office ; une brûlure inconnue lui parcourait
les veines, tout s'estompait autour de lui
.. seule l'image
de Macée émergeait de ce flou cotonneux.
Le visage mince, le
nez long, les lèvres fines, la jeune fille révélait
un caractère déterminé, prêt à
saisir à bras le corps les difficultés de la vie,
un esprit bien ancré dans la vieille terre berrichonne,
une nature attachée aux solides réalités
de l'existence. Ces qualités n'étaient sans doute
pas pour déplaire au futur marié".
Macée de Léodepart
la dépensière ?
On retrouve assez souvent
dans la littérature sur Jacques Cur, des mots assez
durs sur son épouse qui serait particulièrement
dépensière.
Pour Guillot Trépant,
semble-t-il, Jacques Cur regardait à la dépense
et se méfiait de ce que sa femme "avoit entre ses
mains".
C'est à partir de
cette déposition devant Dauvet que vient la légende
sans doute de Macée dépensière. Il faut
être très prudent sur ce type de conclusions.
Mollat affirme que de sa
vie, on ne vit jamais Jacques Cur faire des dépenses
somptuaires d'habillement, comme par exemple Jean de Berry. Il
faut dire que l'accoutrement de Charles VII et plus tard de Louis
XI ne sont pas de mise à cette époque.
Pour sa femme, Guillot
Trépant dit que sa garde robe , "chapeaux, saintures,
bourses de perles et autres habillements n'étaient guère
riches".
Jacques Cur
était peu intéressé par les femmes affirme
Mollat, et il ne laissait que peu d'argent à son épouse
Macée, c'est en tout cas ce que dira le procureur Dauvet.
C'est une affirmation qui peut être de circonstance puisque
c'est après l'arrestation, et Macée a intérêt
à se faire toute petite et sans argent ni bien.
NOUVEAU : Voir la contribution
de Philippe Goldman CLIQUER
ICI
Macée
de Léodepart fut l'épouse de Jacques Coeur, on
ne connaît pas grand chose de la vie privée de l'Argentier
du roi, on en connaît encore moins de sa femme. Philippe
Goldman a retrouvé deux portraits de cette femme :

(Cahiers d'archéologie et d'histoire du Berry - N°161
- 1er trimestre 2005.)
Le Musée du Berry conserve deux
portraits identiques de Macée de Léodepart.
L'un est une grande toile dénuée
d'intérêt, sans doute du XIX e siècle, elle
figure dans le catalogue de 1869. Elle devait appartenir à
la " Galerie des Illustres ".
L'autre, de plus petit format, 16 X
21 cm, mériterait un examen plus poussé. Il a été
à tout le moins très fortement restauré
et reverni. Il s'agit vraisemblablement d'une copie assez ancienne.
Son aspect est fort peu engageant et
laisse à première vue assez dubitatif. La légende
inscrite " Damoiselle Macée de Léodepart,
femme de Jacques Cur, Argentier du Roy " paraît
être une copie maladroite d'une inscription ancienne. Les
lettres sont trop rondes, par exemple si on les compare à
celles retrouvées par Chenu et identifiées par
lui comme provenant des verrières des Preux du palais
Jacques Cur.
En revanche, il est établi que le " couvrechef de
toile d'atour " représenté fut porté
pendant un très court laps de temps autour de 1450. On
en voit un semblable sur une des cheminée du palis.
La mention " Argentier " réduit la fourchette
aux années 1441 - 1451.
Peut être cette peinture a-t-elle pris comme modèle
une enluminure ou un panneau de verre, ce qui justifierait la
présence de la légende.
La seule représentation connue
de Macée de Léodepart, outre son gisant disparu,
faisait partie d'un vitrail de la sacristie de la cathédrale
disparu sans doute au XVIII e siècle
Ce petit portrait du Musée du
Berry est entré en 1906 par donation des héritiers
Delasalle.
L'hypothèse d'une copie de la
grande toile peut certes aussi être évoquée,
compte tenu du décalage des dates d'apparition (1869 -
1906) mais elle est peu vraisemblable.
A suivre ? " écrit Philippe Goldman.
Question : qui connaît l'origine
de ces portraits ?
Qui possède un portrait de Macée de Léodepart
?
Le gisant de Macée
de Léodepard
" Le gisant de Macée de
Léodepard date de 1453, date de son décès
où selon d'autres spécialistes ( Mâle en
1925, ou Gauchery) de 1457.
Il s'agissait d'une représentation nue ou plutôt
couverte d'un suaire, presque un transi donc, très peu
élevé au dessus du sol, environ un demi pied, sans
doute aussi par soucis d'humilité, est-il à mettre
en rapport avec la devise de son fils Archevêque ?
Ce gisant est connu par des descriptions très sommaires,
et disparu de l'église Saint-Oûtrillet peu après
1663, on peut noter qu'il a dû être réalisé
exactement en même temps que l'on achevait la décoration
du tombeau du duc Jean de Berry, notamment les pleurants. On
peut même avancer à tout hasard, les noms de Bobillet
et Mosselman, même s'ils n'ont pas été les
seuls à uvrer sur le chantier, ou ceux de Philippe
Colombe, mort en 1457 et de son fils Michel né en 1421.
Mais en l'absence de tout vestige, on ne peut aller plus loin.
On peut espérer que l'enlèvement
du gisant, probablement à l'occasion de l'aménagement
d'un nouvel autel au XVII e siècle, n'a pas entraîné
sa destruction mais seulement son enterrement ou sa réutilisation,
et qu'un jour peut-être, des fouilles archéologiques
dans les parties subsistantes de l'église permettront
de la retrouver
"