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JACQUES COEUR DE BOURGES
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Par Roland NARBOUX
Charles VII 1-) Les dates de sa vie et son règne En 1417 À la mort de son aîné Jean de
France, il prend les titres de duc de Touraine, du Berry et de
Dauphin de France. 11 juillet 1419 Il conclut un accord avec son cousin le duc
de Bourgogne, Jean sans Peur. Et le 11 septembre 1419 Jean sans
peur est assassiné au pont de Montereau, les partisans
de Charles sont accusés. Les Bourguignons s'allient aux
anglais. Août 1422 Charles de Ponthieu se marie avec Marie d'Anjou (1404-1463) en la Cathédrale de Bourges. Marie et sa famille apporteront un soutien sans faille à Charles. Yolande d'Aragon, sa belle-mère, lui sera d'excellent conseil et le dynamisera en permanence. 31 octobre 1422 Mort de Charles VI, Charles de Ponthieu se déclare roi de France sous le nom de Charles le 7ème. Il se fait sacrer en la cathédrale Saint Etienne de Bourges (tous les auteurs ne sont pas d'accord sur ce sacre). 11 novembre 1422 Henri VI est proclamé roi de France
et d'Angleterre et Bedford est régent. 3 juillet 1423 - le futur Louis XI naît à Bourges, il est le premier des treize enfants de Charles VII et Marie d'Anjou 1423 Charles a quelques petites victoires (Meulan, Gravelle, Compiègne ) mais elles ne sont pas décisives. En voulant dégager la route de Reims par Troyes et en vue de se faire sacrer à Reims, il attaque à Cravant (dans l'Yonne actuelle), il est battu très sévèrement par les Anglo - Bourguignons. 17 août 1424 A l'arrivée nombreuse des anglais,
l'armée franco armagnac est défaite à Septembre 1427 Devant le danger anglais, il réunit les états généraux à Chinon afin de trouver une solution pour desserrer l'étau anglais sur l'axe ligérien. Orléans, Beaugency, Jargeau, Meung sur Loire sont assiégées. 12 février 1429 Bataille dite des " harengs " (sud Eure et Loir), les français tentent d'approvisionner Orléans, ils sont défais par l'anglais Falstaff. 6 mars 1429 Jeanne d'Arc la " pucelle " rencontre Charles à Chinon et obtient qu'il s'engage à bouter " l'anglois " hors de France. 8 mai 1429 Orléans est délivrée par Jeanne et ses compagnons : Etienne de Vignolles dit la Hire, le Bâtard d'Orléans (comte Dunois), Gilles de Rais, Poton de Xaintrailles ou Saintrailles, le duc d'Alençon et bien d'autres . 11- 15- 17 juin 1429 Jargeau, Meung sur Loire et Beaugency
sont aussi délivrées. 17 juillet 1429 Jeanne conduit Charles à Reims pour le faire sacrer roi de France. Son armée a franchi la Loire sans être inquiétée par les Anglo - Bourguignons. Pour être reconnu roi de France, Charles doit recevoir l'onction avec l'huile de la sainte ampoule en la cathédrale de Reims, c'est la coutume pour tous les rois de France. 23 mai 1430 Jeanne est faite prisonnière à Compiègne par les hommes de Jean du Luxembourg, allié du duc de Bourgogne. Il la vend aux anglais qui la conduisent à Rouen, où elle sera jugée pour hérésie et sorcellerie par l'évêque Pierre Cauchon. 30 mai 1431 Jeanne est brûlée vive sur la place du Marché de Rouen. Charles n'a rien fait pour la secourir, mais le pouvait-il ? Seuls Gilles de Rais et peut-être la Hire ont essayé de la libérer, sans succès. 6 décembre 1431 Charles signe une trêve de 6 ans avec le duc de Bourgogne. 21 septembre 1435 Charles signe un traité de paix séparé avec le duc de Bourgogne. Fin 1435-1437, c'est le début de la reconquête car les Anglais sont seuls et l'entretien de leurs troupes coûte cher. Charles reprend diverses villes (Dieppe, Pontoise, Meulan, Paris .) 12 novembre 1437 Charles VII rentre dans Paris. Sa présence au sud de la Loire (Chinon, Bourges, Mehun sur Yèvre) n'aura duré que 19 ans. Bourges n'est plus capitale de la France. 1437-1440 Les princes français se rebellent ainsi que
le Dauphin Louis (futur Louis XI), c'est l'épisode de
la Praguerie. Louis trouve refuge dans son Dauphiné et
ne revoit pas son père jusqu'à sa mort en 1461.
Louis trouve que le règne de son père est trop
long, il a hâte de prendre sa place, il s'appuie notamment
sur l'aide des ennemis d'hier, les Bourguignons. Louis devra
encore attendre plus de 20 ans. 28 mai 1444 : une trêve est signée avec les Anglais
qui se sentent en mauvaise posture. fin 1444 Agnès Sorel " damoiselle de beauté
" entre au service de la reine Marie, Charles la remarque,
elle devient très rapidement sa favorite et sera mère
plusieurs fois des uvres du Roi. Début de la guerre des deux roses en Angleterre, York (rose rouge) contre Lancastre (rose blanche) tenant la couronne anglaise. Les anglais ont assez à faire avec leur guerre civile et négligent leurs troupes sur le sol Français, ce qui fera l'affaire du roi Charles. 9 février 1450 Mort d'Agnès Sorel d'un " flux de ventre " ou de couches difficiles. 15 avril 1450 Bataille de Formigny (Calvados) : les Anglais
sont battus, la victoire française est nette et réelle.
Les troupes anglaises quittent définitivement la Normandie. 23 mai 1453 Jacques Cur est condamné à mort. 17 juillet 1453 Bataille de Castillon (Gironde), les Anglais
sont très nettement battus, leurs troupes quittent la
Guyenne où ils était présents depuis 300ans
(se souvenir du mariage d'Aliénor, duchesse d'aquitaine,
avec le roi Henri II " Plantagenêt " d'Angleterre
au XII ème siècle). Ils ne possèdent plus
que Calais en France. 25 novembre 1456 Mort de Jacques Cur dans l'île de Chio 1456-1457 Annexion du Dauphiné, Louis se réfugie en Bourgogne pour échapper à son père qui occupe le Dauphiné. Décembre 1457 Charles VII est malade, il a une tumeur à la jambe. 1461 Une dent lui est arrachée, l'infection s'installe. 22 juillet 1461 Charles VII meurt à Mehun sur Yèvre, il a régné pendant près de 40 ans. Son fils Louis lui succède sous le nom de Louis le 11ème. 7 août 1461 Charles VII est inhumé dans la basilique Saint Denis Voilà dressé en quelques lignes la vie oh combien mouvementée de Charles VII. 2-) Caractère et personnalité Il est victime du complexe de l'enfant abandonné, le
traité de Troyes (1420) confirme cette situation. Selon
les érudits du XIX ème, Charles était un
personnage falot et " aboulique " (mou, hésitant)
se comportant en marionnette entre les mains de ses conseillers
et de ses courtisans (Georges de la Trémoille en particulier).
3-) Action politique L'assassinat du duc d'Orléans, frère de Charles VI, en 1407, allié du clan Armagnac, par les Bourguignons d'une part et celui du duc de Bourgogne, Jean sans Peur en 1419, par le clan Armagnac d'autre part, ont scellé les alliances du début du XV ème siècle. Les Bourguignons s'allient aux Anglais et les Armagnacs sous la conduite de Bernard d'Armagnac, connétable de France, s'allient aux français. Il faut remarquer que le petit Charles vit une enfance et une adolescence dans un milieu où règne le crime et les enlèvements. Il faut bien retenir ces faits, car ils expliquent tout, à la fois son caractère et aussi la période Agnès Sorel. Le traité de Troyes signé entre Charles VI le
fol et les Anglais, suite à la défaite française
à Azincourt (1415), a contribué à isoler
Charles de Ponthieu. Son besoin permanent de ressources pour conduire la guerre, l'obligea à obtenir l'aide de grands financiers comme Jacques Cur, mais aussi à avoir l'appui des états généraux pour lever l'impôt (la taille). La fin du règne de Charles à partir de 1453,
fut marquée par une plus grande stabilité économique
et sociale. La guerre avait cessé, les bandes d'écorcheurs
mises au pilori. Après chaque période de guerre,
la soldatesque était " licenciée ", des
groupes se formaient et vivaient de rapines sur le pays (comme
les grandes compagnies du temps de Du Guesclin, à la fin
du XIV ème siècle). Charles a su s'en débarrasser
ou les recruter dans une armée permanente, stable et payée
à l'année. Cette armée était capable
de réagir vite, ce sont les " compagnies d'ordonnances
" et " les francs archers ". Ses enfants à Charles VII meurent assez vite, Sur les 13 enfants, il ne restera adultes que Louis, Radegonde, Madeleine et Charles . A sa mort, à 58 ans, le redressement du pays sur le plan militaire et les réformes entreprises, ont fait honneur à sa mémoire. Cette action sera poursuivi et améliorée avec ténacité par son fils Louis qui fera rendre gorge au Bourguignon Charles le Téméraire. La Bourgogne sera rattachée définitivement à la France sous Louis XI en 1477. Charles VII a été surnommé le " victorieux " vers 1450 grâce à la reconquête de la fin de son règne et le " bien servi " par l'aide qu'il a reçu de personnalités éclairées et remarquables. Retour à Toulouse et à la rencontre entre Charles VII et Agnès Sorel, nous sommes en février 1443. Après la rencontre de 1443 entre Agnès Sorel et son Roi Ce que l'on sait de certain, c'est le passage d'Agnès
de la cour du roi René à celle de Charles VII,
c'est en quelque sorte un " transfert ", comme l'on
dirait aujourd'hui. Et Agnès se retrouve comme cela est
de coutume dans la cour de la reine Marie d'Anjou. Au départ, le roi étant entouré de nombreuses femmes, les chroniqueurs ne font guère attention à Agnès Sorel, une parmi d'autres, et le roi avait eu déjà une ou plusieurs maîtresses. On signale d'ailleurs Catherine de l'Isle Bouchard, qui fut l'épouse de Pierre de Giac, elle est veuve en 1427 et devient la maîtresse de Charles VII, juste avant qu'elle n'épouse Georges de la Trémoille. A cette époque, le roi est mal vêtu, mal accompagné, il avait un petit cheval et la reine éternellement " grosse " , c'était l'expression, restait souvent à Tours ou à Amboise et elle priait. Le chroniqueur de l'époque Jean Chartier, qui voulait nous dit Jacques Heers, " défendre la renommée de Charles VII ", regarde le nouveau couple, comme des amis, " et il ne voyait là que d'honnêtes relations ". Ces relations, notons le, si honnêtes soient-elles ont donné 4 enfants à la belle !
Maîtresse " officielle " A partir de ces années 1444, Agnès Sorel devient comme le dit Minois, " la maîtresse en titre, officielle et reconnue par tout le monde ". Jean Chartier cherche à démolir la belle et
sa réputation, car elle se montrait souvent " en
grans et excessifs atours ", c'est à dire qu'elle
était couverte de bijoux et autres pierreries. La belle devait avoir pas mal d'influence sur son amant de
roi, car il lui donna :
Le diamant d'Agnès Sorel ?
Des bijoux introuvables
Craignant pour sa vie, Agnès Sorel aurait dissimulé sa cassette dans les murs ou les caves du château. S'y trouve-t-elle toujours ? Ou l'aurait-elle cachée dans le mystérieux souterrain qui relierait le manoir à une abbaye située à quelques kilomètres ? A en croire Monsieur Laurent, conservateur du manoir, c'est peu probable. A Jumièges, loin de la cour, Agnès Sorel n'avait aucun intérêt à emporter avec elle ses bijoux, d'autant plus qu'elle fit le voyage avec une petite escorte de quatre hommes. Selon lui, son trésor ne serait donc jamais arrivé en Normandie et les bijoux auraient été vendus et dispersés après la mort de la favorite, notamment par son exécuteur testamentaire, Jacques Cur. L'argent récolté aurait permis d'honorer les legs qu'elle avait faits dans son testament - à l'abbaye de Jumièges notamment - et de financer l'éducation de ses trois filles, nées de ses amours avec Charles VII. Le manoir de la Vigne, situé dans le bourg de Mesnil-sous-Jumièges
(Seine-Maritime) ne vous dit sans doute rien. Pourtant, il recèlerait
l'un des trésors les plus convoités de France :
les fameux bijoux d'Agnès Sorel. Selon les historiens,
la maîtresse du roi Charles VII y aurait séjourné
au terme de sa grossesse en 1450 afin de se reposer. " Agnès Sorel avait eu toutes sortes de plaisances
mondaines et tous les passe-temps et joies du monde, c'est à
savoir de porter grands et excessifs autours de robes, de fourrures,
colliers d'or et de pierreries et avoir eu tous ses autres plaisirs
et désirs comme étant jeune et jolie " dit
un chroniqueur de l'époque On ne voit plus aucune dame qui n'a pas sa ceinture lourde
de pierres précieuses ! Jacques vend d'ailleurs à
Agnès le premier collier en diamants taillés, parait-il
! Mais trop, c'est trop : en 1420, un arrêt du Parlement
interdit aux femmes le port de la robe à collet, de fourrure
précieuse ou de ceintures dorées sous peine de
prison ! ? SECONDE PARTIE : DE L'INFLUENCE D'AGNES SOREL SUR CHARLES VII
L'influence d'Agnès Sorel sur le roi Charles VII Pas simple à partir de ces années, de connaître
l'influence réelle d'Agnès Sorel, d'autant que
la durée de vie " commune " entre Charles VII
et Agnès Sorel est assez courte, 5 ans. C'est curieux
et faible car le règne des rois de cette époque,
les Valois sont considérables. Charles V : 1364- 1380 = 16 ans Et inversement, les grands faits de cette époque sont très courts, songez que Jeanne d'Arc a une vie publique de 2 ans .. Dans les documents de l'époque, on note qu'il n'y a
pas beaucoup de lignes sur le sujet. Les chroniqueurs évoquent
le roi Charles VII, la cour, sa maîtresse, mais surtout
les faits de guerre. Les réactions intimes des uns et
des autres, ce n'est pas trop leur problème. Prenons un exemple actuel sur les présidents de la République aujourd'hui, pour Jacques Chirac, attendons quelques années. Mais sur le président François Mitterrand, lisez les 4 volumes de Jacques Attali sur le président, Verbatim, publié dans les années 1995. Et bien, ce chroniqueur qui fut au cur du pouvoir raconte en plusieurs milliers de pages deux septennats, et bien, sur les sentiments de Mitterrand vis à vis de son épouse Danièle, il n'y a rien, sur la maîtresse non officielle, mais qui le deviendra, rien, sur Mazarine, rien non plus. Et des dizaines de pages sur la rencontre de Mitterrand avec Kadafi dans une île de la méditerranée. C'était il y a une dizaine d'années. Alors, sur Charles VII et Agnès Sorel, c'est la même
chose
peu en parlent. - Inversement, pour Du Fresne de Beaucourt, il n'y a aucune influence d'Agnès Sorel sur le roi et sa politique.
Qui croire ? Les influences d'Agnès Sorel sur le roi sont à mon sens, au moins de trois ordres, - une influence sur la vie de tous les jours, par sa seule
présence, elle illumine la vie de Charles VII. C'est le
mot qui convient elle illumine le roi et son entourage. Ce sont ces trois points qui méritent d'être analysés et développées : Le Roi Charles VII va se transformer au contact d'Agnès Sorel. Elle devient la Dame de Beauté. Elle était partout présente auprès de lui, de nuit comme de jour. Le roi ne pouvait plus se passer d'elle. 1/ La première influence concerne la vie quotidienne du roi et de la cour Le roi découvre la joie de vivre, le mélancolique se " lâche ", il était souvent renfermé, triste, en mal de vivre, et il va s'ouvrir, devenir un " joyeux luron ". Les chroniqueurs notent qu'aussi bien à Nancy qu'à Châlons, il se met à danser, il participe à des joutes, il s'en va cueillir des fleurs, et certains ajoutent " il pouvait dès lors discuter joyeusement ", ce qui semble être pour ces chroniqueurs à la fois une découverte et un exploit. Je vois d'ici le titre de " Voici ", ou " Paris
Match " s'ils avaient existé à l'époque,
l'exclusivité, " Le roi danse et joue ". Le roi, pour beaucoup n'avait pas connu l'amour avec un grand
A. Marie d'Anjou, est avant tout sa " copine " d'enfance,
une compagne très fidèle, qui est en admiration
devant cet homme et qui le suit là où il décide
de se rendre. Lui, il l'aime en amitié, dirions-nous tout
en lui faisant tout de même une douzaine d'enfants. C'est
une sorte de tendresse, elle est pour lui comme une sur
..
et un historien écrit aujourd'hui méchamment "
elle produit des héritiers, des princes et des princesses,
qui sont d'autant d'instruments d'alliances, de pions diplomatiques
sur l'échiquier européen ". (Minois p 432). Agnès Sorel était-elle si belle que cela ? Agnès Sorel était belle, mais dans les cours des rois et des princes, les dames à la beauté parfaite étaient légion ou presque. Alors Agnès Sorel devait être au-dessus du lot. Agnès Sorel a une vingtaine d'années, et sur
le plan physique, c'est sans aucun doute un " canon ",
une femme qui serait aujourd'hui " top modèle "
chez Dior ou Christian Lacroix. Il faut dire que Marie d'Anjou,
si le roi fait la comparaison n'a, sur le plan de l'attirance
physique aucune chance. Agnès Sorel est décrite comme " la beauté " de l'époque. Olivier de La Marche va écrire après sa mort, que c'était " une des plus belles femmes que j'ai vu ", alors que Jean Chartier dit de son côté, " entre les plus belles, c'était la plus belle et la plus jeune du monde ". Enfin, Monstrelet écrit " Comme entre les belles elle était tenue pour être la plus belle du monde, elle fut appelée damoyselle de Beaulté . ". Agnès Sorel était belle et avec ses bijoux et
pierreries, visiblement, elle devait être resplendissante.
D'ailleurs, c'est assez curieux car le roi Charles VII n'aimait
pas trop ce luxe. C'est là une affirmation qui est encore
aujourd'hui discutable. Le roi avait de l'argent où il
s'en faisait prêter et il vivait dans une certains forme
de luxe vestimentaire, même si il n'avait pas un amour
fou des lieux où il était. Mais pour d'autres chroniqueurs,
il n'encourageait pas ces attitudes et il semble qu'il reprochait
à sa belle de déploiement de luxe. Les portraits qui furent faits confirment ces affirmations, même si la notion de beauté féminine a varié au cours du temps et l'on entend parfois aujourd'hui, ces mots comme " Ha, elle n'était pas si bien que ça ", ou encore " avec ce grand front, elles n'est pas terrible la belle ". On connaît d'elle sans doute 4 portraits : - - un portrait est au cabinet des estampes : Portrait d'Agnès
Sorel D'après Jean Fouquet / Paris, BnF, département
des Estampes, Rés. Na 21, f. 28 C'est d'ailleurs " le portrait dit officiel ", que
le peintre tourangeau a réalisé quelques mois avant
la mort de la belle dame. C'est " la vierge à l'enfant
entourée d'anges ". C'est un diptyque qui représente
une vierge qui n'est autre qu'Agnès Sorel, elle est actuellement
au Musée royal des Beaux Arts d'Anvers, c'était
une commande d'Etienne Chevalier qui fut un des proches de la
maîtresse du roi. (Minois p 433) Donc la " belle " est vraiment belle ! Une influence psychologique réelle Le roi devient au cours des premiers mois, très fier
de sa conquête, il va " braver tous les interdits
", il " reprend du poil de la bête ", c'est
à dire du courage. Elle est belle mais elle a quelque chose de plus, pour Minois,
elle est " douceur et tendresse ", mais aussi "
culture et modestie ". Oliver de La Marche écrit " elle possède un langage honnête, et bien poli qui était en elle ", elle a une culture qui la met largement au-dessus des " autres filles de la cour et de son âge ". Mais elle reste toujours à sa place, elle n'en rajoute pas, en tout cas en public. On peut même pense que vis à vis de la reine Marie, elle a un peu de remord, à la fois d'être si belle et d'avoir ouvert le cur du roi. Le roi est heureux, et ce sont certainement les plus beaux moments de sa vie. Il va aussi beaucoup donner à Agnès, des bijoux, de l'argent, des terres, Chastelain écrit qu'elle est mieux traitée que la reine, elle a " les plus beaux parements de lit, meilleure tapisserie, meilleure linge et couverture, meilleure vaisselle, meilleures bagues et joyaux meilleur tout ".
Agnès la dévergondée Pour poursuivre l'analyse de l'influence d'Agnès Sorel sur Charles VII, il convient de voir ce que l'entourage pouvait en dire. En particulier sur ses moeurs. Comme aujourd'hui, les critiques pleuvent, même si l'on est habitué aux frasques des rois et princes de l'époque. La liberté sexuelle est bien plus forte au XV e siècle qu'aujourd'hui, enfin, je crois. Ainsi les " bâtards " sont nombreux, et ils sont appelés ainsi sans problème majeur. On connaît le bâtard d'Orléans, celui de bourbon ou encore le bâtard d'Armagnac. Minois signale que le duc de Bourgogne Philippe le Bon avait comme roi très chrétien, plus de 20 maîtresses, et il avait reconnu plus de 25 bâtards. Olivier de La Marche écrit de manière superbe : (p 437) " le duc de Bourgogne fut en son temps un prince le plus dameret et le plus envoiseux que l'on sceut : et avoit de bastards et de bastardes une moulte belle compagnie ".
Pour Agnès Sorel, ce qui choque, ce n'est pas non plus
le sort de la Reine, , mais c'est surtout que cette favorite
devient un personnage officiel, c'est une souveraine sans le
titre. Et c'est le début dans notre Histoire de France,
des grandes favorites comme Mme de Pompadour, Mme de Maintenon,
Diane de Poitiers ou plus proche de nous
.. Entre la Pucelle qui fait la guerre et la Dame de Beauté qui fait l'amour, les moralisateurs et les censeurs préfèrent la première. Elle apporte à la cour une gaîté, mais
aussi une mode jugée durement par la partie la plus austère
de l'entourage du roi. Elle a des tenues dites " indécentes
", avec des robes comportant de larges décolletés
qui dévoilent ses seins. Elle porte aussi des traînes
de longueur exagérée. Certains affirment que cela
" la ribaudise ". Jouvenel des Ursins sera très
sévère, car Agnès et ses tenues incite à
la débauche et au vice. Thomas Basin, de son côté parle de " la belle Agnès, mais aussi de ce troupeau de concubines qui était hélas, que trop onéreux pour le Royaume ". L'effet Agnès Sorel est donc essentiellement psychologique. Le roi qui avait eu une vie horrible depuis sa plus tendre enfance était devenu un être faible, juste remis en selle pendant un an par Jeanne d'Arc, et il pensait que la vie était triste, et ne méritait pas d'être vécu, comme l'on dirait aujourd'hui. Il était en permanence aux prises avec le doute, il voyait des complots partout, et n'avait confiance en personne. Une vie de chien en quelque sorte. Et c'est cet homme qu'Agnès transforme. Il va découvrir que la vie peut être belle, joyeuse, et que le bonheur existe. Au contact d'Agnès, le roi va s'épanouir, il se trouve tout simplement transformé. " Elle a un effet salutaire ". C'est un homme nouveau qui va désormais diriger les affaires de la France, croyant en lui, davantage porté vers l'action, il voit la vie en rose, et Agnès est sa raison de vivre. Minois ajoute d'ailleurs " Agnès Sorel n'a peut
être pas influencé le roi, mais elle a transformé
l'homme ". Ils vont vivre 5 années de bonheur ! Pourquoi ? Sans doute se souvient-il de ses jeunes années et des
grands et lugubres palais parisiens. Aussi va-t-il rester dans
des lieux plus modestes. Et avec Agnès Sorel, ce sera la même chose, le
roi va vivre avec sa belle dans des lieux peu ou mal connus. Enfin, aussi au château de Loches. Mais le lieu le plus connu, c'est à côté de Bourges, à Bois-sir-Amé. (canton de Levet).
Bois - Sir - Amé, encore appelé Bois-Trousseau Ce château appartenait au vicomte de Bourges, qui s'appelait
Artault Trousseau, et c'est là que Jacques Cur intervient. Charles VII, en 1447, passa plusieurs mois dans ce lieu du Berry profond, pas trop loin de Bourges. Agnès Sorel et Charles VII se rejoignaient nous dit
l'Histoire et un peu la légende à Bois-Sire-Amé,
un château situé à proximité de Bourges,
à 5 lieues au sud de la Ville, sur la commune de Vorly,
pas très loin non plus de Levet. Ils aimaient y passer
les mois d'été. Le roi, à qui le château devait plaire, à
moins que ce ne soit sur la demande pressante de sa belle, va
acheter le château à Trousseau en 1447, et il l'offre
à la dame de Beauté. De plus, c'est dans ce château que se déroulent en juin 1447, le mariage du fils Artault, Jacquelin, avec la fille de Jacques Cur, Perrette. Dans cette période, de 1447, le roi vit à Mehun
sur Yèvre, on sait que le 24 mai, il donne encore dans
cette ville des audiences. Par contre, dès qu'il a un
instant de libre, il chevauche jusqu'à Bois-Sire-Amé,
retrouver la belle. On le retrouve ainsi en juin 1447 et en juillet
de la même année avec toute la cour. Après la mort d'Agnès Sorel, le roi Charles VII, qui s'est consolé continue à venir l'été dans le château berrichon. Il vient avec toute sa cour, en août 1452, et aussi pendant l'été 1455. De la réalité à la légende : A Bourges et en Berry, depuis cette lointaine époque,
la légende du souterrain de la Belle est présent.
Il s'agit d'un souterrain important puisque l'on pouvait y passer
à cheval. Et ce souterrain, comme l'on en rencontre au
centre de la ville de Bourges allait de Mehun à Bois-Sire-Amé,
et la chronique indique que le Roi prenait ce souterrain pour
aller voir sa maîtresse
..
Il ne s'agit pas pour le roi de sa cacher, car dans ces demeures modestes, il reçoit ses conseillers, tient en particulier des conseils et il reçoit même des ambassadeurs. La cour est présente, mais elle est assez restreinte. Il faut dire que les petits châteaux ne permettaient pas de loger plusieurs centaines de personnes.
Une influence politique certaine mais controversée Agnès Sorel et la politique, c'est là que les avis divergent. Et il y plusieurs théories ou appréciations. Des auteurs comme Henri de Man au XX e siècle traitent l'influence de la Belle par le mépris, il écrit en effet : " C'était une cervelle d'oiseau, inculte et d'un horizon limité aux affaires de toilettes, de bijoux et autres soins de coquetterie, avec la pointe requise de repentir et de dévotion, mais incapable de suivre les profonds desseins politiques qu'on lui a prêtés ". Voilà avec ce texte, la belle dame habillée pour l'hiver .. Pourtant, ajoute Jacques Heers qui donne cette citation, si
elle avait une cervelle d'oiseau, elle a tout de même usé
de son crédit pour protéger et favoriser les siens,
ainsi que ses amis. Elle a en particulier bien avantagé
sa famille. Sur le plan politique, Agnès Sorel n'a sans doute pas eu l'influence que l'on peut penser, mais d'une manière indirecte, elle a su se faire des amis à la cour et les imposer au roi. C'est ce que semble penser aujourd'hui des historiens comme Georges Minois. C'est sans doute par elle que l'expression du roi appelé le " bien servi " va se révéler exacte. Le roi se retrouve entouré de personnages de haut niveau, aussi bien dans la noblesse que dans cette classe nouvelle de la bourgeoisie, dans laquelle nous pouvons placer Jacques Cur. Olivier de la Marche écrit : Et Brantôme poursuit le récit en affirmant qu'Agnès voyant ce roi si mou, elle pensait qu'elle s'était trompé et que le roi valeureux . C'était en fait le roi d'Angleterre, lequel " lui prenait tant de belles villes à sa barbe, donc dit-elle, je m'en vais le trouver, car c'est lui duquel entendait l'astrologue. Ces paroles piquèrent si fort le cur du roi qu'il se mit à pleurer et prenant courage, prit le frein aux dents, si bien que, par son bonheur et vaillance, chassa les Anglais de son royaume ". Magnifique récit, bien dans la légende de ces époques, mais la réalité est sans doute plus complexe. Il faut se souvenir qu'en mai 1444, c'est la signature d'une trêve avec les Anglais, et elle va durer avec des hauts et des bas, environ 5 ans. Jusqu'e,n 1449. Agnès Sorel avait-elle des convictions et un intérêt à favoriser la paix ou inversement à en finir avec cette guerre contre les anglais ? Deux types d'arguments sont en présence : Elle vit le parfait amour avec Charles VII, et n'a pas d'intérêt
majeur pour pousser le roi à la guerre, d'autant plus
que lui, n'y tient pas trop. On peut donc penser qu'elle favorise
avant tout la paix, elle brille à la cour, fait des enfants,
s'amuse, et veut protéger le roi. On peut raisonnablement penser que la guerre qui s'est déclenchée à partir du début de l'année 1449 n'est pas le fait d'Agnès Sorel, d'ailleurs dans ces périodes de conflit, elle ne peut pas suivre son amant. Le seul élément qui aurait pu pousser Agnès
Sorel à une attitude inverse, c'est le mythe Jeanne d'Arc,
c'est de vouloir être à sa manière une nouvelle
héroïne, en poussant le roi et son argentier à
bouter les anglais hors de France. C'est possible mais pas certain. L'influence d'Agnès Sorel est d'essence différente, c'est une influence indirecte, plus subtile, plus en harmonie avec son pouvoir qui est celui de la séduction. Elle a séduit le roi, mais aussi de nombreux hommes de son entourage qu'elle a choisi. C'est bientôt un clan ou un réseau.
le réseau Agnès Sorel Agnès Sorel si belle et si jeune semble avoir eu la
capacité très forte de réunir autour d'elle
des personnages de haut niveau qui vont former une sorte de premier
cercle et à la fois l'aider, la protéger et faire
un rempart entre " la dame et le roi " face à
tous les comploteurs. C'est de manière progressive qu'Agnès met en place ses pions dirions-nous aujourd'hui. Elle commence dès son arrivée près du roi, mais surtout après le départ du dauphin Louis, c'est à dire à partir du début 1447. On parle alors des amis d'Agnès Sorel comme d'un clan. On note la présence de Brézé, sénéchal et comte d'Evreux, un beau parleur nous dit Chastellain. Mais aussi Jean de Maupas
Ces grands personnages viennent de tous les milieux, nobles, clergés, et des bourgeois comme Jacques Cur.
Mais on retrouve aussi un grand personnage qui sera présent
dans la fin de la vie de Jacques Cur et un de ses ennemis
intimes : Guillaume Gouffier. Il vient de la maison d'Anjou,
et en 1444, on le retrouve écuyer valet de chambre du
roi. Ce Guillaume Gouffier est sans doute aussi le garde du corps de la belle Agnès, on le retrouve à Loches, à Tours et à Paris, il accompagne la Dame de Beauté. Ce cercle des " amis " d'Agnès Sorel comprend encore les frères Bureaux, surtout semble-t-il Jean Bureau. (p445) Jean Dauvet, lui aussi, est procureur du roi, il fait parti du même cercle. Notons que certains de ces personnages à la mort de la Belle vont s'entredéchirer . Et le premier à subir ces désunions fut Jacques Cur. Ce qui semble important pour cette étude, c'est de retrouver dans l'entourage immédiat du roi et de sa belle, une grande quantité d'hommes de valeur. Elle assure la cohésion du groupe ainsi constitué, et c'est sans doute là, la réponse à la question et à l'énigme sur l'influence d'Agnès Sorel dans les affaires de l'Etat. Les conseillers du roi ne sont pas des marionnettes, des gens compétents et tous au service de leur roi. Ainsi, le niveau de confiance est très fort, ils sont davantage axés sur les problèmes de l'Etat que généralement les nobles de cette époque. Le roi réunit le conseil tous les jours, et ne décide rien sans leur avis. Par contre, la belle n'assiste pas semble-t-il au Conseil, mais elle y a ses " hommes à elle ".
Agnès Sorel et le dauphin, futur Louis XI Les années 1444 et 1445 sont très importantes
pour tous les personnages de cette époque. C'est un drame
qui se noue eau plus haut somment de l'Etat. Pour la petite histoire, Marguerite d'Ecosse meurt à la suite d'un refroidissement, elle a 19 ans, et c'est au cours d'un pèlerinage vers Chalons, que la jeune femme attrape le mal qui va l'emporter, et ce pèlerinage était fait avec le roi et Agnès Sorel. (à Notre Dame de l'Epine). Ce drame de la mort de Marguerite d'Ecosse marque la césure entre les partisans du roi, donc du tout nouveau clan d'Agnès Sorel et ceux du Dauphin. Le Dauphin se libère, il veut choisir seul sa nouvelle épouse, et se coupe de plusieurs de ses partisans. C'est à ce moment que plusieurs des amis du Dauphin s'en vont, comme Etienne Chevalier qui était alors maître de la chambre du dauphin et qui s'en va dans le nouveau clan d'Agnès Sorel. Il deviendra trésorier de France. Les premières altercations entre le Dauphin et la belle ont sans doute pour sujet, la situation de Marie d'Anjou, Louis se rapproche de sa mère, l'affrontement est inévitable. C'est ainsi que cela vient aux oreilles du pape Pie II, sur la foi du rapport d'un nonce qui " montre le dauphin poursuivant la maîtresse du roi l'épée à la main, pour venger l'injure faite à sa mère ". Pourtant, tout avait bien commencé, car après la Praguerie de 1440, le Dauphin voulait se réconcilier avec les gens qui comptaient autour de Charles VII. Lorsqu'il revint de la campagne d'Armagnac, il fit don à la " belle ", de 6 tapisseries représentant " l'Histoire de la chaste Suzanne ". C'était gentil, mais peut-être avec des sous-entendus . La chaste Suzanne ! Agnès Sorel et le dauphin vont former deux clans et
s'opposer. Pour le futur Louis XI, Agnès est une rivale.
Elle a le roi à elle toute seule, et lui ne peut plus
guère approcher son père. Dans cette grande querelle qui oppose Agnès Sorel et
le dauphin Louis, un personnage fait l'objet d'un vrai débat,
c'est Pierre de Brézé. Il entre dans l'entourage du roi en même temps qu'Agnès et ils vont former, Agnès et de Brezé, un couple très proche du roi et le soutenant à tous les instants. Ce sont des gens de confiance et cela va les rapprocher, d'autant que de Brézé est un admirateur de la Dame de Beauté. A partir de 1444, alors que Agnès devient la maîtresse
royale, de Brézé devient lui un de ses ministre
les plus écoutés.
Le complot de 1446 Sans aller trop dans les détails, on peut voir au travers
de cette histoire, les influences des uns et des autres. Le dauphin
" commence par courtiser " de Brézé,
puis, voyant que ça ne marche pas, il demande son renvoie,
ce que le roi refuse. C'est la guerre entre les deux hommes,
Car c'est bien le complot de 1446. En voici le scénario : Louis décide de s'emparer du château de Razilly où loge le roi et sa maîtresse, ils sont en compagnie de de Brézé. Une fois le château prit en neutralisant nous dit Minois, la garde écossaise, le roi est fait prisonnier . Et de Brézé tué, on songe à faire comme pour Giac, un sac, une rivière et le tour est joué. Et le complot est assez sérieux puisque Charles d'Anjou est approché pour en être, et Antoine de Chabannes doit recevoir 10 000 livre de la part du futur Louis XI pour tuer de Brézé . Et c'est sans doute de Chabannes qui fait capoter le complot car les 10 000 livres lui semble assez peu pour une opération aussi risquée, car prendre le château de Razilly ne lui semble, lui, homme de guerre, pas très simple. L'affaire en reste là, car trop de monde sont mis dans la confidence, Charles d'Anjou se réconcilie avec de Brézé, et comme Chabannes refuse les avances de Louis, le dauphin se tourne vers un vrai brigands, Jean de Gaillon, comme si les autres n'étaient pas des brigands Le roi Charles VII a vent de ce complot, il fait surveiller
Louis, et l'affaire est bientôt connue de la cour toute
entière. Le dauphin est convoqué par son père,
et se retrouve poussé à l'exile
.. pour plusieurs
mois lui dit son papa. Louis est donc exilé, mais il met beaucoup de bonne volonté à ne pas partir . Il devient horrible, provocateur et, c'est là un élément intéressant, il devient dans ses paroles, l'ardent défenseur de sa mère face à la concubine qui est donc Agnès Sorel. Le combat entre le dauphin qui ne veut pas quitter la cour et la favorite fait rage. Les moqueries sur la belle Agnès sont journalières. Un jour, le dauphin fait couper la queue de ses chevaux pour faire comme le roi son père qui a désormais, à la demande d'Agnès lui aussi les cheveux courts. Gaminerie et provocation entre les trois personnages clés Charles, Louis et Agnès. Mais c'est Agnès qui gagne et le départ du dauphin fait suite à une altercation qui a failli mal se terminer pour elle. Et c'est sans aucun doute le tournant de cette période à trois, et la suite des événements dépendra en grande partie de cette journée de la haine. Les avis divergent sur ce qui s'est réellement passé, pour les uns, le dauphin a poursuivi la Belle avec un couteau pour lui faire la peau, ou encore avec son épée. D'autres, pensent que ce fut plus simplement une gifle que le dauphin aurait donné à Agnès.
En effet, quelque soit la méthode, que Louis en soit venu à menacer, une arme à la main, la Dame de Beauté, ou une gifle, c'est la goutte d'eau qui fera déborder le vase. Il doit quitter la cour, ce qui arrive le 1 er janvier de l'an 1447, laissant la place libre à Agnès Sorel grande vainqueur de cette joute. " Par cette tête qui n'a point de chaperon, je
me vengerai de ceux qui m'ont jeté hors de ma maison ".
Le clan Agnès Sorel s'étoffe Agnès sort renforcée du combat entre le père et le fils, mais si le premier en ce début d'année 1447 trouve une certaine sérénité, le second loin de la cour se morfond et ne songe qu'à revenir pour sa revanche. C'est alors que ce qui s'appellera le clan Agnès Sorel
se densifie. Ce qui est sans doute le plus remarquable, c'est cette sorte de synthèse qu'elle parvient à opérer. Dans ce milieu si cruel, avec les intrigues et les complots, elle a comme un sixième sens, certains diraient une intuition féminine, pour placer dans l'environnement immédiat du souverain, des gens, nobles ou non qui vont le servir, ce sera d'ailleurs un de ses titres, " le bien servi ", et cela c'est l'oeuvre de cette très jeune femme. Elle devait avoir une attirance et une intelligence forte. Comment ces gens, parfois des soudards et surtout pas des enfants de Chur, se sont ils agglutinés autour de la belle ? C'est bien là le trait essentiel de son influence politique, reconnaître et imposer les gens de valeur qui serviront sans arrière pensée le roi son amant. Et le clan se forme et s'étoffe avec des gens de grande valeur : On a vu Pierre de Brézé et Etienne Chevalier, vont suivre, deux autres personnages, : Guillaume Gouffier et notre Jacques Cur. Pour le premier, Minois dit p 443, " autre créature d'Agnès Sorel ", comme si elle avait la possibilité de façonner les gens. Et l'auteur parle alors de Guillaume Gouffier.
D'ailleurs après la mort de la belle, le clan va voler en éclat et partir dans tous les sens, le premier à s'en apercevoir étant Jacques Cur.
Agnès Sorel et Jacques Coeur Dans le clan d'Agnès Sorel figure Jacques Cur. Un mot de rappel sur le natif et grand personnage de Bourges.
Après la reprise de Paris en 1436, le roi Charles VII
le nomme maître de l'Hôtel des Monnaies de Paris,
et il va uvrer pour remettre de l'ordre dans la monnaie
du royaume, et en particulier pour remplacer par " une monnaie
de bon aloi, celle des Anglais ". En 1438, Jacques Cur devient l'argentier du roi, c'est
une charge qui consiste à gérer le budget de l'Hôtel
du Roi. Il doit procéder aux achats de tous les besoins
du roi, de sa famille et de la cour, ce n'est en aucune façon
un poste de ministre des fiances. On n'a pas assez insisté dans la période 1443,
1450 sur le fait que la cour est entraînée sur le
plan vestimentaire, des pareries et autres bijoux par la mode
lancée et entretenue par Agnès Sorel. Reprenons la chronologie sur Jacques Cur. C'est à cette époque, 1443, donc vers la rencontre du roi et d'Agnès Sorel que Jacques Cur diversifie son activité, il fait dans la diplomatie devenant un intermédiaire entre le sultan d'Egypte et Venise, et puis, il pense aussi à Bourges, il fait édicter une réglementation très strictes sur la qualité des draps . Or il possède une fabrique de draps à Bourges.
A cette époque, Jacques Cur est puissant et la
trêve de Tours avec les Anglais arrange en quelque sorte
son commerce, et il fait construire ses premiers navires pour
accentuer le commerce avec le Levant. Pour beaucoup, la Dame de Beauté et l'Argentier "
vont se soutenir mutuellement et tant qu'elle vivra, , le roi
accordera pleine confiance en son argentier " nous dit Minois. Les années 1445 / 1448 sont les plus importantes dans
la vie de l'Argentier par le nombre de missions et autres négociations
pour le compte du Roi. Et comme c'est aussi la grande période
d'Agnès Sorel, ils devaient effectivement s'entendre comme
larrons en foire. En 1447, Jacques Cur marie sa fille Perrette avec Artaud Trousseau, et ce dernier est le châtelain de Bois-Sir-Amé, qui est un des lieux favoris de la favorite. C'est encore le cercle Agnès. Vers 1449, écrit Minois, " Jacques Cur occupe une position exceptionnelle dans le royaume. Il est le troisième pôle du triumvirat non officiel qu'il forme avec Agnès Sorel et Pierre de Brézé ". Mais les nuages arrivent
et les jaloux avec eux. 1944 / 1949, c'est le temps des trêves , mais aussi celui de la réorganisation de l'armée et des impôts. P 474 C'est la grande période de Jacques Cur et d'Agnès Sorel.
CONCLUSION
Pour conclure sur l'influence d'Agnès Sorel sur le roi Charles VII, si les avis sont, comme toujours controversés, il ressort quelques éléments qui ne peuvent pas être niés : - Elle fut aimé du roi, il en était fou amoureux, même si il prit une nouvelle maîtresse dès la mort de la belle, mais il choisit une de ses cousines : Antoinette de Maignelais. Peut être un air de famille. En tout cas, il était très porté sur le sexe, c'est le moins que l'on puisse dire. - Elle fut très belle, et elle illumina les 6 ans qu'elle passa avec le roi . Elle l'a décoincé sur le plan de l'apparence, du caractère, de sa façon de prendre la vie. Elle fut un thérapeute redoutable. C'était " son petit rayon de soleil ", le roi vit autrement, plus gai, plus joyeux, il joue, il s'amuse . Mais il travaille. Son influence, c'est d'avoir transformé cet taciturne. - Elle met en place plus ou moins consciemment, des hommes autour du roi. Ce sont des gens de grande valeur comme Jacques Cur, elle forme le clan Agnès Sorel. Celui qui n'en est pas passe de forts mauvais moments. - Sur le plan politique, son influence est indirecte, ce n'est pas une femme de guerre, elle ne connaît rien à l'art de la guerre, mais elle a confiance dans ses " amis ", et nous allons le voir, elle peut prendre des risques pour rejoindre son amant et l'avertir qu'un nouveau complot se prépare . -Elle n'a sans doute pas poussé le roi à reprendre la guerre en 1449, à moins que ce soit pour une lutte rapide. En finir avec les anglais et vivre le parfait amour avec son amant de roi. Ce pouvait être une stratégie. Agnès Sorel était : Pas mal .. pour une dame presque sortie du peuple. Agnès Sorel, représentera une certaine puissance alors qu'elle est, comme Jacques Cur d'origine modeste, une amitié va les lier, elle protège l'Argentier du roi, ce qui lui permettra de monter dans l'honorabilité et favorisera son commerce. ? LA FIN DU REGNE D'AGNES SOREL
Pendant les 5 années qu'elle passe auprès du
roi, elle lui donne tout de même 3 enfants. Ce sont 3 filles
: - Marie de Valois, la plus âgée, épousera en 1484 le sire de Coëtivy. - Charlotte deviendra en 1462, la femme de Jacques de Brézé - la troisième, Jeanne, née à beauté, sera mariée par Louis XI à Antoine de Bueil.
La fin d'Agnès Sorel en 1450 Certains auteurs ou romanciers feront d'une liaison entre
Jacques Cur et Agnès Sorel la clé des malheurs
du grand Argentier. C'est pour l'instant une fable digne d'un
excellent téléfilm.... L'abbé de Jumièges voyant la dame enceinte de
plusieurs mois (7 peut-être ?), met à la disposition
du couple le manoir du Mesnil, lequel dépend de l'abbaye.
Son coeur et ses viscères restent à Jumièges,
son corps est transporté à Loches. Agnès Sorel aimait venir en Berry, le roi lui avait donné le fief d'Issoudun, et elle venait dans le château de Menetou Salon, propriété de Jacques Cur. La légende affirme qu'elle venait se reposer dans le parc à l'ombre d'un grand chêne. C'est à Bois-Sire-Amé, à 5 lieues au sud de Bourges, qu'elle rencontrait aussi son amant de roi, dans un château appartenant à la fille de Jacques Cur. Enfin, elle fréquentait la couche de Charles VII, dans le magnifique château de Mehun-sur-Yèvre. Dès sa mort, des rumeurs circulent, la Dame de Beauté
aurait été empoisonnée, et la main du coupable,
c'est Jacques Cur. Il sera lavé de ces soupçons
lors de son procès, alors que le propre médecin
du roi, Robert Poitevin affirme qu'Agnès est morte en
couche d'un "flux de ventre" et n'a pas été
empoisonnée. mais Ainsi commence une aventure de 550 ans
. Les restes d'Agnès Sorel étaient à Loches
dans une urne et sous l'impulsion de la mairie de Loches et du
Conseil général d'Indre et Loire, il fut décidé
que ces restes seraient transportés dans la Collégiale
Saint Ours, selon les vux de la belle. La décision
fut prise et en même temps, une demande d'étude
de ces restes est commandée en mai 2004 au docteur Philippe
Charlier du CHU de Lille. Il fallait déterminer s'il s'agissait
bien des reste de la maîtresse du roi, et aussi de savoir
de quoi elle était décédée. Bourges entre en scène Dans le cadre de ces analyses, Bourges entre alors en scène
avec la participation de l'Association des Amis de Jacques Cur,
et du Musée du Berry. C'est ainsi que le Musée
possédait depuis près de 2 siècles, une
mèche de cheveux attribuée à la Dame de
Beauté, mais sans en avoir aucune preuve, ainsi qu'une
reproduction du masque funéraire. A Loches, ce samedi matin 2 avril 2005, avec Marie France
Narboux, mon épouse, Présidente des Amis de Jacques
Cur, je retrouvais le docteur Charlier, qui nous redonna
"notre" mèche de cheveux qu'il avait étudié
De quoi est morte Agnès Sorel ? Les conclusions des équipes du docteur Philippe Charlier
sont passionnantes. Son âge a été déterminé,
elle est décédée à l'âge de
25 ans, (plus ou moins 2 ans). D'où vient ce mercure mortel ? L'utilisation du mercure était monnaie courante pour
les traitements contre les vermifuges. Mais les posologies étaient
alors bien connues et une erreur de dosage ne semble guère
possible. Le médecin d'Agnès Sorel, Robert Poitevin
était un des plus grands médecins de l'époque. Qui a tué Agnès Sorel ? L'enquête continue à partir des études de l'équipe du professeur Charlier. Il faut maintenant redonner la parole aux historiens, parmi lesquels, le professeur Robert Guillot, un des derniers grands médiévistes de cette époque. Jacques Cur était son ami, il n'avait aucun intérêt
à voir disparaître Agnès, et dans le procès
de l'Argentier, ce chef d'accusation a été rapidement
abandonné. Pourquoi Robert Poitevin ? Les relations des uns et des autres étaient conflictuelles,
entre la cour et les bourgeois arrivés comme Jacques Coeur,
entre les partisans du roi et ceux du dauphin, entre aussi le
clan d'Agnès, qui comprenait Jacques Coeur et le clan
du Dauphin. Les chroniqueurs ont peu parlé de la mort d'Agnès
Sorel, s'intéressant comme l'a fait remarquer Georges
Minois dans son Charles VII, ils ont davantage évoqué
la guerre de cette année 1450. "Et certains dirent aussi que le dauphin avait déjà fait mourir une damoiselle nommée la belle Agnès, laquelle était la plus belle femme du royaume, et totalement en amour avec le roi son père". Le dauphin avait une réputation exécrable et
Jacques Coeur qui a toujours servi son roi Charles, se rapprochera
du Dauphin, ce qui causera sa perte.
Quelques éléments nouveaux : Le docteur Philippe Charlier, qui est aujourd'hui au service de médecine légale et d'anatomie / cytologie pathologique de l'Hôpital Universitaire Raymond Poincaré de Garches (Il donne aussi des cours à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes de Paris), au cours de 2 conférences à Bourges le mardi 31 janvier a apporté quelques éléments nouveaux. Il y a eu 22 collaborateurs et 18 laboratoires qui ont participé
à cette étude sur les reste d'Agnès Sorel. Lors de la réduction du corps en 1777, les restes ont
été placés dans un vulgaire saloir à
cochon, neuf, de 43 cm par 35 cm. Cette réduction du corps
s'est fait d'abord par les pieds, puis le bassin, puis la poitrine
et enfin la tête. Mais la dernière découverte des restes, c'est
la présence d'un triponem, et la question se pose : Agnès
Sorel pouvait elle avoir la syphilis ? Cela reste une question
intéressante, car les historiens affirment que cette maladie
est arrivée en Europe à partir de 1493.... Et que
cette théorie est aujourd'hui contestée. Agnès
Sorel et ses restes pourraient donner des réponses, mais
le docteur Charlier est très prudent sur ces études
qui ne sont pas terminées. IMPORTANT : Quel historien peut nous en dire davantage sur le docteur Robert POITEVIN, qui fut le médecin de Charles VII. Qui était-il ? Qu'est ce qu'il devint après la mort de Charles VII, et en particulier s'est il enrichi après 1450 ? Le docteur Charlier, sur la lancée et le succès
obtenu avec Agnès Sorel travaille aujourd'hui sur de supposés
restes de Jeanne d'Arc, des reliques qui sont à Chinon.....
et sur un autre personnage (de dimension internationale, mais
nous n'en savons pas plus !).
Les chroniqueurs - Jacques Du Clercq, né à Arras vers 1420. - Georges Chastellain un chroniqueur bourguignon, a fréquenté
la cour de France entre 1441 et 1445. Rédige une chronique
à partir de 1455. |