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 JACQUES COEUR DE BOURGES

Site des Amis de Jacques Coeur LE DOSSIER AGNES SOREL
 

 Par Roland NARBOUX

Agnès Sorel, la dame de Beauté, la Belle Agnès, c'est une des femmes les plus connues de notre Histoire de France. Elle a peu vécu, elle est née vers 1422, décédée en 1450 à l'âge de 27 ou 28 ans, et elle est restée auprès du roi de France, le pâle Charles VII entre 1444 et 1450, c'est à dire pendant 5 à 6 ans, ce qui est très peu. Et c'était il y a presque 600 ans !
Elle n'a pas fait de prouesse sinon d'avoir été la maîtresse du roi, lui avoir donné 4 enfants, et c'est tout.
Pourquoi dès lors cette jeune femme est-elle connue de tous, plus connue que notre Jacques Cœur, de très nombreux ouvrages ont été écrits et consacrés à cette belle dame. Elle est admirée pour sa beauté, elle est devenue un véritable mythe de notre Histoire de France ?

 

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INTRODUCTION

Pourquoi parler aujourd'hui et ici à Menetou d'Agnès Sorel ?

De quoi est morte Agnès Sorel ?

Agnès Sorel était en bonne place dans les livres d'Histoire, à l'égale de Diane de Poitiers ou de madame de Pompadour, sans doute parce qu'ion pouvait illustrer le texte avec une superbe photographie que vous connaissez tous. Mais elle n'était pas au hit parade dans les préoccupations de nos concitoyens. Et pourtant à partir de 2005, elle va véritablement éclater… et tenir pour quelque temps le haut du pavé, des historiens et des autres.

Pourquoi ce regain d'intérêt pour Agnès Sorel en ce début de XXI e siècle ?

Parce que la Science s'est alliée à l'Histoire afin d'éclaircir un de ces mystères dont le public est friant. Et cela a fait l'effet d'une bombe chez les historiens et les amateurs éclairés du XV e siècle. C'est en avril 2005 que fut décryptée ce qui était une énigme depuis plus de 550 ans : Agnès Sorel a bel et bien été empoisonnée.
Le docteur Charlier vous en parlera ici même dans quelque temps, il devait venir aujourd'hui, lais il a eu un léger contretemps…. Il se marie !

Cette maîtresse de Charles VII, amie de Jacques Cœur possédait de nombreuses attaches avec le Berry, une beauté redoutable entre Claudia Schiffer et Monica Belluchi mais une courte vie, oh combien intense. Une existence de légende, une vie de roman.

Trois parties dans mon propos d'une heure environ :
- ce que nous savons d'Agnès Sorel, et aussi de Charles VII, avec " la rencontre ".
- l'influence d'Agnès Sorel sur Charles VII
- des questions que vous pourrez poser.


PREMIERE PARTIE : AGNES SOREL ET LE ROI

 

Agnès Sorel : une vie de roman

Que savons nous d'Agnès Sorel et la question du jour, celle qui est aujourd'hui posée est de savoir si elle a eu ou non une influence sur le roi Charles VII, et surtout quel type d'influence, et en particulier sur le plan politique.
La question a parfois été abordée, mais jamais tranchée, je vais, très modestement tenter d'apporter une pierre à cet édifice.

Premiers éléments à préciser pour la suite : quand est née Agnès Sorel ? Quand a-t-elle rencontré Charles VII et donc, quelle était alors son âge ?
Sur Agnès Sorel, pendant assez longtemps, les historiens se sont demandé à quelle moment elle avait rencontré Charles VII pour la première fois. Comme souvent ils n'étaient pas d'accord entre eux.
C'est à partir d'une chronique de Jacques du Clercq que de nombreux historiens font de 1435, la rencontre entre Agnès et Charles.

Il est écrit dans cette chronique :
" le roi Charles menait moult sainte vie, et disoit ses heures canoniaux. Mais depuis la paix faiyte audit duc de Bourgogne… il s'accointat d'une jeune femme, laquelle fut appelée la belle Agnès ". Et c'est à partir de cette phrase que l'on a écrit que c'est vers 1435 qu'ils se sont rencontrés puisque la paix fut signée en 1435 avec le duc de Bourgogne.
Or Georges Minois signale que c'est écrit " depuis la paix ", qui ne signifie pas " l'année juste après la paix ". L'historien moderne auteur d'un superbe Charles VII continue à être très sceptique sur ces dates en signalant les écrits de Vallet de Viriville (qui datent de 1861), qui font naître un enfant d'Agnès Sorel en 1433, puis en 1436.
Comme chacun peut le constater, les dates sont très aléatoires dans notre Histoire, et vous le savez, nous ne possédons aucun document sur l'année de naissance de Jacques Cœur. 1400 est une forte probabilité, et c'est tout. J'y suis un peu pour quelque chose. Il en est de même pour Agnès Sorel et son année de naissance.
Les historiens, depuis des lustres ont fait naître généralement Agnès Sorel au début du XV e siècle. En 1409 pour Jacques Heers, mais en 1415 pour Robert Philippe, deux sommités. La différence est considérable et change l'histoire de la dame.
La réalité, c'est que la date était beaucoup plus tardive qu'on pouvait le penser.
Il faut donc, de mon point de vue, ôter ces dates de naissance de 1410 ou de la rencontre avec le roi vers 1435 de nos mémoires, et les jeter aux oubliettes.

Mais depuis les travaux de Philippe Charlier, il semble que la dame soit née en 1422, et peut être un peu plus tard. (entre 1422 et 1426).

(Elle est née en 1422, donc en 1433 ou 1436, c'est une enfant qui n'a que 11 ou 14 ans, c'est vrai qu'à cette époque des enfants de cet âge pouvaient se marier, mais de là à avoir des enfants, non, ce n'est pas possible.)

Il ne faut prendre en compte que les dates dont nous sommes absolument certains, c'est à dire en 1422 pour la naissance et 1443, et même le mois de février 1443 pour être précis en ce qui concerne sa première rencontre avec le roi Charles VII.
On récapitule :

Agnès Sorel est née en Touraine à Fromenteau vers 1422. ( pour certains elle est né en Lorraine, d'autres en Picardie. A la limite ce n'est pas très important, d'autant qu'elle n'est pas née en Berry. Son père, Jean Soreau ou Sorel, il n'y a pas d'orthographe pour les noms en cette lointaine époque, donc Jean Sorel était de petite noblesse, seigneur de Coudun, un fief situé près de Compiègne. Sa mère se nommait Catherine de Maignelais, elle était une petite châtelaine de Verneuil-en-Bourbonnais.

Agnès a 4 frères qui sont assez bien connus :
- deux seront des écuyers du roi en 1446, c'est Charles et André,
- deux autres seront des hommes d'armes de la garde, c'est Jean et Louis.
Pas de sœur connue, à notre connaissance, et c'est dommage !………… pour la beauté.

Elle reçut une éducation très soignée.

Le roi Charles VII rencontre Agnès Sorel en février 1443, elle est alors dame d'honneur d'Isabelle de Lorraine, épouse de René d'Anjou. Et de 1435 à 1442 elle va sans doute demeurer à Naples.

La première rencontre se déroule à Toulouse, c'est là que Charles VII fête ses 40 ans, et dans la ville méridionale, le roi passe l'hiver. Il vient de terminer une " petite guerre qui l'a fait combattre à Tartas ( ?), près de Bordeaux.
Il est donc à Toulouse avec Marie d'Anjou son épouse. Ils ont déjà 12 enfants.
L'aîné est le plus connu, c'est Louis le dauphin né à Bourges le 3 juillet 1423. Puis les naissances vont se succéder : 1425, 1426, 1428, 1430, 1432, 1434, 1436, 1437, 1438 (Marie) 1438 (Jeanne), 1442. Il reste encore un enfant à naître Charles le plus jeune en 1446…. Et c'est fini . (Marie d'Anjou meurt en 1463.)

C'est donc lorsqu'ils sont à Toulouse que le roi René choisit le moment de rendre visite à Charles VII. Le roi René, est venu à l'issue d'une campagne en Italie, en effet, il qui rentre tout juste d'Italie, où il vient de perdre le royaume de Naples. Et le roi René est venu, avec son épouse Isabelle, peut-être pour rechercher un peu de confort et de réconfort. Mais il demeure comme toujours gai, rieur, pétillant et pour certains peu affecté.
Et c'est dans la suite de cette Isabelle de Lorraine que l'on trouve dans les comptes une liste de femmes parmi lesquelles figurent en vrac :
Marie de Maillé, Catherine de Séraucourt, Jehanne de Manonville, d'autres comme Phélise, Odille, Hervée… etc et une dénommée Agnès Sorelle ou Sorel.

C'est la preuve de la présence d'Agnès et de cette première rencontre, tout ce qui peut se dire avant ce moment est très aléatoire et sans preuve.
Agnès Sorel selon les historiens d'aujourd'hui a une vingtaine d'années, (21 ans semble-t-il) ce qui semble être conforme à la réalité du moment et aux dernières études et recherches. Que se passe-t-il à Toulouse entre le roi et Agnès ? ET bien je suis désolé, mais nous n'en savons rien.
Seule certitude, la belle va rapidement conquérir les faveurs du roi Charles VII qui n'était pas ce que l'on pourrait appeler un Don Juan. Charles VII est chétif, mélancolique, assez renfermé sur lui-même, il manque de confiance en soi.
Et elle, selon Erlanger, possède " un visage rond éclairé par des yeux adorables, une bouche minuscule d'enfant, une gorge à damner les saints ".
Et c'est la première rencontre, mais avant d'aller plus loin, un mot sur Charles VII, celui que l'on va appeler par dérision " le petit roi de Bourges ", puis le " bien servis " et enfin " le Victorieux ", est un personnage intéressant mais qui n'a pas dans l'opinion publique actuelle, la renommé ou le prestige, ou la phrase qui en fait un homme populaire.

A titre d'exemple, Georges Minois nous parle des rois et de leur connaissance par le public actuel, et l'on utilise des adjectifs pour qualifier un roi :
Philippe le Bel et les Templiers,
Charles V et sa bibliothèque, un sage
Charles VI, encore plus connu, même en mal, c'est Charles VI le roi fou
" Notre Louis XI " né à Bourges et ses ages de fer.

Quant à Charles VII, il est assez laid, et on dit aujourd'hui, Charles VII de Fouquet et son chapeau rond, ou Charles VII et Agnès Sorel.
Il manque " de panache et de pittoresque ".
Et pourtant, il va régner de 1422 à 1461, soit une quarantaine d'années, près de 8 quinquennats. Et puis, tout n'est pas négatif, il excelle à cheval, très bon à la paume et au tir à l'arbalète… pas de quoi séduire Agnès … bien que.

Charles VII

1-) Les dates de sa vie et son règne
22 février1403 Charles naît à Paris, son règne sera long 1380-1422 soit 40 ans), il sera le 5ème Valois à régner. Il est le fils de Charles VI le fol et d'Isabeau de Bavière, c'est le 11ème enfant ( ?) et dernier fils. Il porte le titre de comte de Ponthieu. Aucune chance de devenir roi. D'autant qu'il passe pour un bâtard.
Avant il a eu des sœurs, puis un frère aîné, Louis duc de Guyenne, mort en 1415, et deux ans plus tard, en 1417, c'est le futur roi, on dira plus tard, le dauphin, Jean de France duc de Touraine qui meurt à son tour. Les deux prétendants au trône meurent et certains évoquent deux assassinats. Bonjours l'ambiance à la cour de Charles VI, lui même un peu fou…..

En 1417 À la mort de son aîné Jean de France, il prend les titres de duc de Touraine, du Berry et de Dauphin de France.
On va survoler cette période de l'Histoire de France, de Bourges et de Charles VII en quelques flashs.
29 mai 1418 Charles quitte Paris, car les Bourguignons entrent dans la ville, il se réfugie à Bourges et crée son ministère, il se déclare régent du royaume.

11 juillet 1419 Il conclut un accord avec son cousin le duc de Bourgogne, Jean sans Peur. Et le 11 septembre 1419 Jean sans peur est assassiné au pont de Montereau, les partisans de Charles sont accusés. Les Bourguignons s'allient aux anglais.
(Bernard d'Armagnac (gendre du duc Jean de Berry et père de Bonne d'Armagnac personnage de nos nuits sécrètes des lundis d'été) reste fidèle à Charles et au parti français. Il deviendra, pour un temps, connétable de France, il sera remplacé par le comte de Richemont (parent du duc de Bretagne), peu avant la période Jeanne d'Arc.)
17 janvier 1420 Le traité de Troyes entre Charles VI (le père) et les Anglais prévoit de donner la couronne de France au roi anglais Henri V, celui-ci meurt rapidement c'est son fils Henri VI qui lui succède. Il est trop jeune pour régner, c'est le régent le duc de Lancastre (Bedford) qui prend le pouvoir. Ce traité est la suite des négociations qui ont eu lieu après la bataille d'Azincourt (1415).
Charles de Ponthieu est déchu de ses droits car il est déclaré " bâtard ",
(se souvenir de l'activité amoureuse hors mariage de sa mère Isabeau, dans les périodes " d'empêchement " du roi Charles VI)
Il se déclare néanmoins régent du royaume, la France a alors deux régents.

Août 1422 Charles de Ponthieu se marie avec Marie d'Anjou (1404-1463) en la Cathédrale de Bourges. Marie et sa famille apporteront un soutien sans faille à Charles. Yolande d'Aragon, sa belle-mère, lui sera d'excellent conseil et le dynamisera en permanence.

31 octobre 1422 Mort de Charles VI, Charles de Ponthieu se déclare roi de France sous le nom de Charles le 7ème. Il se fait sacrer en la cathédrale Saint Etienne de Bourges (tous les auteurs ne sont pas d'accord sur ce sacre).

11 novembre 1422 Henri VI est proclamé roi de France et d'Angleterre et Bedford est régent.
La France a deux rois, la guerre de cent ans reprend avec l'invasion de la France par les Anglais

3 juillet 1423 - le futur Louis XI naît à Bourges, il est le premier des treize enfants de Charles VII et Marie d'Anjou

1423 Charles a quelques petites victoires (Meulan, Gravelle, Compiègne…) mais elles ne sont pas décisives. En voulant dégager la route de Reims par Troyes et en vue de se faire sacrer à Reims, il attaque à Cravant (dans l'Yonne actuelle), il est battu très sévèrement par les Anglo - Bourguignons.

17 août 1424 A l'arrivée nombreuse des anglais, l'armée franco armagnac est défaite à
Verneuil sur Avre (dans l'Eure), c'est une victoire décisive pour les godons.
Septembre 1427 Charles reprend l'initiative en étant victorieux à Montargis sur les Bourguignons et signe une trêve avec le duc de Bourgogne.

Septembre 1427 Devant le danger anglais, il réunit les états généraux à Chinon afin de trouver une solution pour desserrer l'étau anglais sur l'axe ligérien. Orléans, Beaugency, Jargeau, Meung sur Loire … sont assiégées.

12 février 1429 Bataille dite des " harengs " (sud Eure et Loir), les français tentent d'approvisionner Orléans, ils sont défais par l'anglais Falstaff.

6 mars 1429 Jeanne d'Arc la " pucelle " rencontre Charles à Chinon et obtient qu'il s'engage à bouter " l'anglois " hors de France.

8 mai 1429 Orléans est délivrée par Jeanne et ses compagnons : Etienne de Vignolles dit la Hire, le Bâtard d'Orléans (comte Dunois), Gilles de Rais, Poton de Xaintrailles ou Saintrailles, le duc d'Alençon et bien d'autres….

11- 15- 17 juin 1429 Jargeau, Meung sur Loire et Beaugency sont aussi délivrées.
18 juin 1429 Bataille de Patay, c'est une victoire décisive en rase campagne du camp français et Armagnac. L'effet Jeanne la Pucelle se poursuit et dynamise les armées qui lui reconnaissent un pouvoir divin. " L'étau " se desserre petit à petit.

17 juillet 1429 Jeanne conduit Charles à Reims pour le faire sacrer roi de France. Son armée a franchi la Loire sans être inquiétée par les Anglo - Bourguignons. Pour être reconnu roi de France, Charles doit recevoir l'onction avec l'huile de la sainte ampoule en la cathédrale de Reims, c'est la coutume pour tous les rois de France.

23 mai 1430 Jeanne est faite prisonnière à Compiègne par les hommes de Jean du Luxembourg, allié du duc de Bourgogne. Il la vend aux anglais qui la conduisent à Rouen, où elle sera jugée pour hérésie et sorcellerie par l'évêque Pierre Cauchon.

30 mai 1431 Jeanne est brûlée vive sur la place du Marché de Rouen. Charles n'a rien fait pour la secourir, mais le pouvait-il ? Seuls Gilles de Rais et peut-être la Hire ont essayé de la libérer, sans succès.

6 décembre 1431 Charles signe une trêve de 6 ans avec le duc de Bourgogne.

21 septembre 1435 Charles signe un traité de paix séparé avec le duc de Bourgogne.

Fin 1435-1437, c'est le début de la reconquête car les Anglais sont seuls et l'entretien de leurs troupes coûte cher. Charles reprend diverses villes (Dieppe, Pontoise, Meulan, Paris….)

12 novembre 1437 Charles VII rentre dans Paris. Sa présence au sud de la Loire (Chinon, Bourges, Mehun sur Yèvre) n'aura duré que 19 ans. Bourges n'est plus capitale de la France.

1437-1440 Les princes français se rebellent ainsi que le Dauphin Louis (futur Louis XI), c'est l'épisode de la Praguerie. Louis trouve refuge dans son Dauphiné et ne revoit pas son père jusqu'à sa mort en 1461. Louis trouve que le règne de son père est trop long, il a hâte de prendre sa place, il s'appuie notamment sur l'aide des ennemis d'hier, les Bourguignons. Louis devra encore attendre plus de 20 ans.
Et puis ce jour de
Février 1443, Charles VII rencontre Agnès Sorel pour la première fois.
On va voir plus en détail ces 6 années 1443 - 1450.

28 mai 1444 : une trêve est signée avec les Anglais qui se sentent en mauvaise posture.
Cette trêve, avec quelques transgressions va tout de même durer jusqu'en 1449.

fin 1444 Agnès Sorel " damoiselle de beauté " entre au service de la reine Marie, Charles la remarque, elle devient très rapidement sa favorite et sera mère plusieurs fois des œuvres du Roi.
Et c'est la reconquête
A partir de 1449 La reconquête est spectaculaire : 28/2 Metz, 10/11 Rouen. Jacques Cœur qui a été anobli, entre dans Rouen à cheval au coté du roi Charles.(le 10 octobre 1449)

Début de la guerre des deux roses en Angleterre, York (rose rouge) contre Lancastre (rose blanche) tenant la couronne anglaise. Les anglais ont assez à faire avec leur guerre civile et négligent leurs troupes sur le sol Français, ce qui fera l'affaire du roi Charles.

9 février 1450 Mort d'Agnès Sorel d'un " flux de ventre " ou de couches difficiles.

15 avril 1450 Bataille de Formigny (Calvados) : les Anglais sont battus, la victoire française est nette et réelle. Les troupes anglaises quittent définitivement la Normandie.
31 juillet 1450 Jacques Cœur est arrêté sur ordre du roi, il est soupçonné d'empoisonnement sur Agnès Sorel et de pratiquer l'alchimie. Charles le fait emprisonner à Poitiers et soumettre à la question, puis juger par le procureur de roi Jean Dauvet. Ce dernier fera un inventaire minutieux de ses biens, qui seront confisqués au profit du trésor royal, cet inventaire existe toujours.

23 mai 1453 Jacques Cœur est condamné à mort.

17 juillet 1453 Bataille de Castillon (Gironde), les Anglais sont très nettement battus, leurs troupes quittent la Guyenne où ils était présents depuis 300ans (se souvenir du mariage d'Aliénor, duchesse d'aquitaine, avec le roi Henri II " Plantagenêt " d'Angleterre au XII ème siècle). Ils ne possèdent plus que Calais en France.
Date totalement oubliée par tout le monde mais C'est la fin de la Guerre dite de " cent ans "
Fin octobre 1454 Jacques Cœur s'évade, rejoint la Provence à Beaucaire puis Rome, tout cela grâce à des complicités et notamment celle de Jean de Villages son neveu.

25 novembre 1456 Mort de Jacques Cœur dans l'île de Chio

1456-1457 Annexion du Dauphiné, Louis se réfugie en Bourgogne pour échapper à son père qui occupe le Dauphiné.

Décembre 1457 Charles VII est malade, il a une tumeur à la jambe.

1461 Une dent lui est arrachée, l'infection s'installe.

22 juillet 1461 Charles VII meurt à Mehun sur Yèvre, il a régné pendant près de 40 ans. Son fils Louis lui succède sous le nom de Louis le 11ème.

7 août 1461 Charles VII est inhumé dans la basilique Saint Denis

Voilà dressé en quelques lignes la vie oh combien mouvementée de Charles VII.

2-) Caractère et personnalité

Il est victime du complexe de l'enfant abandonné, le traité de Troyes (1420) confirme cette situation. Selon les érudits du XIX ème, Charles était un personnage falot et " aboulique " (mou, hésitant) se comportant en marionnette entre les mains de ses conseillers et de ses courtisans (Georges de la Trémoille en particulier).
Sa personnalité est peu attrayante, son visage est ingrat et peu séduisant. Comme son père, il semble avoir les nerfs fragiles.
Quelques personnes ont su le dynamiser dans les prises d'initiatives, comme Jeanne d'Arc, Jacques Cœur, Dunois, Xaintrailles, Agnès Sorel mais aussi sa belle-mère Yolande d'Aragon et tout le clan Anjou. L'analyse de la situation en France par Yolande d'Aragon a été très pertinente, elle a défendu la cause de son gendre de manière exceptionnelle et a su le conseiller dans ses choix politiques. La fin du règne de Charles est d'ailleurs très riche de succès.
Il est apparu ingrat en ne secourant pas Jeanne d'Arc et en emprisonnant Jacques Cœur, et beaucoup d'autres, ce qui ne le rend pas sympathique.
Pour Jeanne, il a organisé avant la fin de son règne, un procès en réhabilitation. Pour Jacques Cœur, seul Louis XI le réhabilitera et rétablira sa famille dans ses biens.
Homme de fermeté, il a su se montrer ferme envers les princes et son fils, ainsi qu'avec l'église et le Pape.

 

3-) Action politique

L'assassinat du duc d'Orléans, frère de Charles VI, en 1407, allié du clan Armagnac, par les Bourguignons d'une part et celui du duc de Bourgogne, Jean sans Peur en 1419, par le clan Armagnac d'autre part, ont scellé les alliances du début du XV ème siècle. Les Bourguignons s'allient aux Anglais et les Armagnacs sous la conduite de Bernard d'Armagnac, connétable de France, s'allient aux français.

Il faut remarquer que le petit Charles vit une enfance et une adolescence dans un milieu où règne le crime et les enlèvements. Il faut bien retenir ces faits, car ils expliquent tout, à la fois son caractère et aussi la période Agnès Sorel.

Le traité de Troyes signé entre Charles VI le fol et les Anglais, suite à la défaite française à Azincourt (1415), a contribué à isoler Charles de Ponthieu.
La guerre de 100 ans est relancée, car les Anglais et Bourguignons déferlent dans les apanages français.
Bien que son caractère soit hésitant et qu'il doute de ses origines, Charles de Ponthieu a su trouver les appuis et les alliances pour ne pas être isolé dans l'adversité. La famille de sa femme, le clan Anjou notamment sa belle-mère Yolande d'Aragon et le clan Armagnac l'ont conseillé de manière éclairée. Au sud de la Loire, il a tenté de créer un embryon de pouvoir, la chambre des comptes à Bourges et un parlement à Poitiers, Toulouse….
L'épisode Jeanne d'Arc (une grosse année) a permis de relancer l'espoir et la reconquête. C'est Yolande d'Aragon qui a su exploiter et valoriser " l'effet " Jeanne la pucelle auprès de Charles VII. A partir de 1425, plusieurs chefs de guerre ont été fidèles à Charles, le Bâtard d'Orléans (comte Dunois), Gilles de Rais, la Hire, Xaintrailles…. Il avait aussi l'appui d'Arthur de Bretagne comte de Richemont, connétable de France (1425-1458) en remplacement de Bernard d'Armagnac.
A partir du sacre à Reims (juillet 1429), sa légitimité est renforcée. Charles avait aussi des conseillers proches assez néfastes, tel que Georges de la Trémoille cousin et informateur d'Arthur de Richemont. La Trémoille était contre l'action de Jeanne d'arc, c'était un intriguant qui avait peur de perdre son influence sur le roi. Il a d'ailleurs conseillé à Charles, de ne pas secourir Jeanne prisonnière à Rouen.
Charles a voulu avoir la main mise sur l'église, suite à l'échec du concile de Bâle, il ne reconnaissait pas l'autorité du pape. C'est la période de la " pragmatique sanction de Bourges " (1438).
De plus, il a été capable d'asseoir son pouvoir en s'imposant aux nobles de haut lignage, ceux-ci et son fils Louis se sont révoltés, c'est la période de la " praguerie ".

Son besoin permanent de ressources pour conduire la guerre, l'obligea à obtenir l'aide de grands financiers comme Jacques Cœur, mais aussi à avoir l'appui des états généraux pour lever l'impôt (la taille).

La fin du règne de Charles à partir de 1453, fut marquée par une plus grande stabilité économique et sociale. La guerre avait cessé, les bandes d'écorcheurs mises au pilori. Après chaque période de guerre, la soldatesque était " licenciée ", des groupes se formaient et vivaient de rapines sur le pays (comme les grandes compagnies du temps de Du Guesclin, à la fin du XIV ème siècle). Charles a su s'en débarrasser ou les recruter dans une armée permanente, stable et payée à l'année. Cette armée était capable de réagir vite, ce sont les " compagnies d'ordonnances " et " les francs archers ".
Il a restructuré l'administration dans son royaume, il a notamment créé les parlements de province et réorganisé l'impôt en essayant de le rendre plus juste.

Ses enfants à Charles VII meurent assez vite,
Jean en 1425, Philippe en 1436, Jacques et Marguerite la même année en 1438, Marie l'année suivante en 1439 et Catherine un peu après en 1446.. Le seul ou presque qui résiste c'est Louis, le futur Louis XI !

Sur les 13 enfants, il ne restera adultes que Louis, Radegonde, Madeleine et Charles .

A sa mort, à 58 ans, le redressement du pays sur le plan militaire et les réformes entreprises, ont fait honneur à sa mémoire. Cette action sera poursuivi et améliorée avec ténacité par son fils Louis qui fera rendre gorge au Bourguignon Charles le Téméraire. La Bourgogne sera rattachée définitivement à la France sous Louis XI en 1477.

Charles VII a été surnommé le " victorieux " vers 1450 grâce à la reconquête de la fin de son règne et le " bien servi " par l'aide qu'il a reçu de personnalités éclairées et remarquables.

Retour à Toulouse et à la rencontre entre Charles VII et Agnès Sorel, nous sommes en février 1443.

Après la rencontre de 1443 entre Agnès Sorel et son Roi

Ce que l'on sait de certain, c'est le passage d'Agnès de la cour du roi René à celle de Charles VII, c'est en quelque sorte un " transfert ", comme l'on dirait aujourd'hui. Et Agnès se retrouve comme cela est de coutume dans la cour de la reine Marie d'Anjou.
A partir de ce moment, Agnès Sorel est de toutes les fêtes, et chacun la remarque, sans doute par sa beauté, et en prime par l'intérêt que lui porte désormais le roi.
En mai 1444, c'est aux Montils-les-Tours, alors que se présente une ambassade anglaise que les chroniques parlent de la présence auprès du roi de cette nouvelle conquête. Puis on la retrouve selon des chroniques de l'époque à Nancy, au cours de l'hiver qui suit (1444/1445). Enfin, au cours du printemps et de l'été 1445, elle suit le roi à Châlons.

Au départ, le roi étant entouré de nombreuses femmes, les chroniqueurs ne font guère attention à Agnès Sorel, une parmi d'autres, et le roi avait eu déjà une ou plusieurs maîtresses. On signale d'ailleurs Catherine de l'Isle Bouchard, qui fut l'épouse de Pierre de Giac, elle est veuve en 1427 et devient la maîtresse de Charles VII, juste avant qu'elle n'épouse Georges de la Trémoille.

A cette époque, le roi est mal vêtu, mal accompagné, il avait un petit cheval et la reine éternellement " grosse " , c'était l'expression, restait souvent à Tours ou à Amboise et elle priait.

Le chroniqueur de l'époque Jean Chartier, qui voulait nous dit Jacques Heers, " défendre la renommée de Charles VII ", regarde le nouveau couple, comme des amis, " et il ne voyait là que d'honnêtes relations ". Ces relations, notons le, si honnêtes soient-elles ont donné 4 enfants à la belle !

 

Maîtresse " officielle "

A partir de ces années 1444, Agnès Sorel devient comme le dit Minois, " la maîtresse en titre, officielle et reconnue par tout le monde ".

Jean Chartier cherche à démolir la belle et sa réputation, car elle se montrait souvent " en grans et excessifs atours ", c'est à dire qu'elle était couverte de bijoux et autres pierreries.
Il poursuit en parlant que " ce fut une commune renommée que le Roy la maintenoit en entretenoit en concubinage,(c'est le mot utilisé) car aujourd'hui le monde est plus enclin à penser et dire mal que bien ".

La belle devait avoir pas mal d'influence sur son amant de roi, car il lui donna :
- le château de Beauté sur Marne, ce qui lui valu un de ses surnoms.
- Mais aussi la châtellenie de la Roquecesière en Rouergue,
- des terres en Berry vers Issoudun,
- d'autres à Vernon sur Seine
- e

 

Le diamant d'Agnès Sorel ?


Agnès Sorel est la première femme à outrepasser cette interdiction en portant le diamant offert par Charles VII follement épris d'elle.
Le diamant devient le symbole de l'amour qui dure.

Des bijoux introuvables


Un vrai magot ! Car Charles VII, fou d'amour, a pris l'habitude de couvrir sa douce de joyaux : rien qu'en 1444, le roi lui offre pas moins de 26 000 écus de bijoux… Parmi ces cadeaux, les premiers diamants taillés jamais portés à la cour de France, dont Agnès aimait parer sa coiffure. Où diable sont donc passées ces pierres ? Depuis des siècles, les chasseurs de trésor prétendent qu'ils sont enfouis… à Jumièges !

 

Craignant pour sa vie, Agnès Sorel aurait dissimulé sa cassette dans les murs ou les caves du château. S'y trouve-t-elle toujours ? Ou l'aurait-elle cachée dans le mystérieux souterrain qui relierait le manoir à une abbaye située à quelques kilomètres ? A en croire Monsieur Laurent, conservateur du manoir, c'est peu probable. A Jumièges, loin de la cour, Agnès Sorel n'avait aucun intérêt à emporter avec elle ses bijoux, d'autant plus qu'elle fit le voyage avec une petite escorte de quatre hommes.

Selon lui, son trésor ne serait donc jamais arrivé en Normandie et les bijoux auraient été vendus et dispersés après la mort de la favorite, notamment par son exécuteur testamentaire, Jacques Cœur. L'argent récolté aurait permis d'honorer les legs qu'elle avait faits dans son testament - à l'abbaye de Jumièges notamment - et de financer l'éducation de ses trois filles, nées de ses amours avec Charles VII.

Le manoir de la Vigne, situé dans le bourg de Mesnil-sous-Jumièges (Seine-Maritime) ne vous dit sans doute rien. Pourtant, il recèlerait l'un des trésors les plus convoités de France : les fameux bijoux d'Agnès Sorel. Selon les historiens, la maîtresse du roi Charles VII y aurait séjourné au terme de sa grossesse en 1450 afin de se reposer.
Victime d'un empoisonnement au mercure, la jeune femme y serait décédée, emportant avec elle le secret de la cachette contenant ses précieux bijoux. Parmi eux figurerait le premier diamant taillé connu à ce jour, offert par son amant Charles VII. Plusieurs documents d'archives ont révélé la valeur globale de ces bijoux : 20 600 écus d'or de l'époque, ce qui représenterait aujourd'hui… 20 millions d'euros.

" Agnès Sorel avait eu toutes sortes de plaisances mondaines et tous les passe-temps et joies du monde, c'est à savoir de porter grands et excessifs autours de robes, de fourrures, colliers d'or et de pierreries et avoir eu tous ses autres plaisirs et désirs comme étant jeune et jolie " dit un chroniqueur de l'époque
(vu dans Jacques Cœur et Charles VII ou La France au XVe siècle de Pierre Clément).
Une belle garde-robe à faire mourir d'envie les plus coquettes, merci qui ? Merci Jacques Cœur !
Aah, entre la coquette Agnès et Jacques le marchand, ça fait tilt ! Une fois celui-ci rentré à la Cour, il devient le grand ami d'Agnès. La dame lui offre son amitié mais aussi sa protection.
En échange, Jacques lui procure les plus beaux tissus venus de pays lointains et les dernières nouveautés en matière de mode. Ainsi, Agnès et Isabeau de Bavière (la mère de Charles VII) sont les premières à utiliser de la toile pour leur chemise ; on se servait avant de la laine !

On ne voit plus aucune dame qui n'a pas sa ceinture lourde de pierres précieuses ! Jacques vend d'ailleurs à Agnès le premier collier en diamants taillés, parait-il ! Mais trop, c'est trop : en 1420, un arrêt du Parlement interdit aux femmes le port de la robe à collet, de fourrure précieuse ou de ceintures dorées sous peine de prison !
t près de Jumiège, le château d'Anneville.

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SECONDE PARTIE : DE L'INFLUENCE D'AGNES SOREL SUR CHARLES VII

 

L'influence d'Agnès Sorel sur le roi Charles VII

Pas simple à partir de ces années, de connaître l'influence réelle d'Agnès Sorel, d'autant que la durée de vie " commune " entre Charles VII et Agnès Sorel est assez courte, 5 ans. C'est curieux et faible car le règne des rois de cette époque, les Valois sont considérables.
C'est d'ailleurs une constante dans l'Histoire de France de cette époque. La durée du pouvoir est considérable :

Charles V : 1364- 1380 = 16 ans
Charles VI : 1380 - 1422 = 42 ans
Charles VII - 1422 - 1461 = 39 ans
Louis XI : 1461 - 1483 = 22 ans

Et inversement, les grands faits de cette époque sont très courts, songez que Jeanne d'Arc a une vie publique de 2 ans…..

Dans les documents de l'époque, on note qu'il n'y a pas beaucoup de lignes sur le sujet. Les chroniqueurs évoquent le roi Charles VII, la cour, sa maîtresse, mais surtout les faits de guerre. Les réactions intimes des uns et des autres, ce n'est pas trop leur problème.
Car il n'y a pas de presse people en 1400.

Prenons un exemple actuel sur les présidents de la République aujourd'hui, pour Jacques Chirac, attendons quelques années. Mais sur le président François Mitterrand, lisez les 4 volumes de Jacques Attali sur le président, Verbatim, publié dans les années 1995. Et bien, ce chroniqueur qui fut au cœur du pouvoir raconte en plusieurs milliers de pages deux septennats, et bien, sur les sentiments de Mitterrand vis à vis de son épouse Danièle, il n'y a rien, sur la maîtresse non officielle, mais qui le deviendra, rien, sur Mazarine, rien non plus. Et des dizaines de pages sur la rencontre de Mitterrand avec Kadafi dans une île de la méditerranée. C'était il y a une dizaine d'années.

Alors, sur Charles VII et Agnès Sorel, c'est la même chose… peu en parlent.
C'est le temps des rumeurs et des fantasmes.
Des divergences certaines dans la vie de Charles VII apparaissent au XIX siècle lorsque des historiens se penchent sur ce règne.
- Pour Vallet de Viriville, le rôle d'Agnès Sorel fut tout simplement capital, à la fois sur la politique générale que sur la poursuite de la guerre contre les anglais.

- Inversement, pour Du Fresne de Beaucourt, il n'y a aucune influence d'Agnès Sorel sur le roi et sa politique.

 

 

 

 

 

Qui croire ?

Les influences d'Agnès Sorel sur le roi sont à mon sens, au moins de trois ordres,

- une influence sur la vie de tous les jours, par sa seule présence, elle illumine la vie de Charles VII. C'est le mot qui convient elle illumine le roi et son entourage.
- une influence psychologique qui est indéniable, elle va redonner confiance au souverain, et il va retrouver un nouvel ascendant sur son entourage.
- une influence politique, et c'est là que les avis divergent, la belle a-t-elle modifié le cours des choses et en particulier de la guerre contre les anglais ? Son influence politique est sans aucun doute réelle, mais je dirais qu'elle fut indirecte.

Ce sont ces trois points qui méritent d'être analysés et développées :

Le Roi Charles VII va se transformer au contact d'Agnès Sorel. Elle devient la Dame de Beauté. Elle était partout présente auprès de lui, de nuit comme de jour. Le roi ne pouvait plus se passer d'elle.

1/ La première influence concerne la vie quotidienne du roi et de la cour

Le roi découvre la joie de vivre, le mélancolique se " lâche ", il était souvent renfermé, triste, en mal de vivre, et il va s'ouvrir, devenir un " joyeux luron ". Les chroniqueurs notent qu'aussi bien à Nancy qu'à Châlons, il se met à danser, il participe à des joutes, il s'en va cueillir des fleurs, et certains ajoutent " il pouvait dès lors discuter joyeusement ", ce qui semble être pour ces chroniqueurs à la fois une découverte et un exploit.

Je vois d'ici le titre de " Voici ", ou " Paris Match " s'ils avaient existé à l'époque, l'exclusivité, " Le roi danse et joue ".
En fait, nul besoin d'être un fin psychologue pour donner un nom à cette transformation, à ces joies nouvelles, finalement, chacun de conclure par ces mots qui datent de tous les temps, cet homme, le roi, était tout simplement tombé amoureux. Un vrai coup de foudre !

Le roi, pour beaucoup n'avait pas connu l'amour avec un grand A. Marie d'Anjou, est avant tout sa " copine " d'enfance, une compagne très fidèle, qui est en admiration devant cet homme et qui le suit là où il décide de se rendre. Lui, il l'aime en amitié, dirions-nous tout en lui faisant tout de même une douzaine d'enfants. C'est une sorte de tendresse, elle est pour lui comme une sœur….. et un historien écrit aujourd'hui méchamment " elle produit des héritiers, des princes et des princesses, qui sont d'autant d'instruments d'alliances, de pions diplomatiques sur l'échiquier européen ". (Minois p 432).
L'amour transfigure le roi.
On peut aussi se demander ce qu'avait Agnès Sorel de plus que les autres ? Et son influence sera déterminante lorsque l'on aura répondu à cette question :

Agnès Sorel était-elle si belle que cela ?

Agnès Sorel était belle, mais dans les cours des rois et des princes, les dames à la beauté parfaite étaient légion… ou presque. Alors Agnès Sorel devait être au-dessus du lot.

Agnès Sorel a une vingtaine d'années, et sur le plan physique, c'est sans aucun doute un " canon ", une femme qui serait aujourd'hui " top modèle " chez Dior ou Christian Lacroix. Il faut dire que Marie d'Anjou, si le roi fait la comparaison n'a, sur le plan de l'attirance physique aucune chance.
Marie d'Anjou n'est pas très belle, des chroniqueurs affirment que " même un anglais aurait peur d'elle ", ce qui n'est pas très aimable. Elle n'a pourtant que 35 ans, mais les grossesses multiples lui ont encore davantage défiguré le corps. Les remises en forme après une grossesse n'étaient pas encore nées.
Pourtant, le roi nous dit Chartier, ne cessa, même dans ces années " de coucher avec la royne ".

Agnès Sorel est décrite comme " la beauté " de l'époque. Olivier de La Marche va écrire après sa mort, que c'était " une des plus belles femmes que j'ai vu ", alors que Jean Chartier dit de son côté, " entre les plus belles, c'était la plus belle et la plus jeune du monde ". Enfin, Monstrelet écrit " Comme entre les belles elle était tenue pour être la plus belle du monde, elle fut appelée damoyselle de Beaulté…. ".

Agnès Sorel était belle et avec ses bijoux et pierreries, visiblement, elle devait être resplendissante. D'ailleurs, c'est assez curieux car le roi Charles VII n'aimait pas trop ce luxe. C'est là une affirmation qui est encore aujourd'hui discutable. Le roi avait de l'argent où il s'en faisait prêter et il vivait dans une certains forme de luxe vestimentaire, même si il n'avait pas un amour fou des lieux où il était. Mais pour d'autres chroniqueurs, il n'encourageait pas ces attitudes et il semble qu'il reprochait à sa belle de déploiement de luxe.
Jean Chartier écrira à ce sujet : " combien qu'il cognoissoit et apercevoit bien que la chose luy redondoit et tournoit en opprobe ".

Les portraits qui furent faits confirment ces affirmations, même si la notion de beauté féminine a varié au cours du temps et l'on entend parfois aujourd'hui, ces mots comme " Ha, elle n'était pas si bien que ça ", ou encore " avec ce grand front, elles n'est pas terrible la belle ".

On connaît d'elle sans doute 4 portraits :

- - un portrait est au cabinet des estampes : Portrait d'Agnès Sorel D'après Jean Fouquet / Paris, BnF, département des Estampes, Rés. Na 21, f. 28
- un portrait est au château de Loches, c'est une huile sur toile qui a été réalisé au XVI siècle, ( mystère sur un portrait qui serait au château de Monchy)
- un portrait est dans un " album Médicis " donné par Robert Guillot.
- un portrait, le plus célèbre, a été réalisé par Jean Fouquet en 1450. (Peinte vers 1453 ( ?), cette vierge à l'enfant ornait autrefois à Melun le tombeau d'Etienne Chevalier, trésorier du roi de France, et ami d'Agnés Sorel dont le peintre a reproduit les traits. On peut l'admirer au musée d'Anvers.)

C'est d'ailleurs " le portrait dit officiel ", que le peintre tourangeau a réalisé quelques mois avant la mort de la belle dame. C'est " la vierge à l'enfant entourée d'anges ". C'est un diptyque qui représente une vierge qui n'est autre qu'Agnès Sorel, elle est actuellement au Musée royal des Beaux Arts d'Anvers, c'était une commande d'Etienne Chevalier qui fut un des proches de la maîtresse du roi. (Minois p 433)
Une copie est à Loches.
Très " gonflé " le peintre de réaliser un tel portrait, car représenter la vierge sous les traits dune " putain du roi ", c'est rare, osé et unique.

Donc la " belle " est vraiment belle !

Une influence psychologique réelle

Le roi devient au cours des premiers mois, très fier de sa conquête, il va " braver tous les interdits ", il " reprend du poil de la bête ", c'est à dire du courage.
La dévotion envers la belle devient publique.

Elle est belle mais elle a quelque chose de plus, pour Minois, elle est " douceur et tendresse ", mais aussi " culture et modestie ".
Les mots sont importants. Elle a un cerveau et quel cerveau, ce n'est pas une belle dame, sans cervelle, juste très bonne au lit. Non elle est cultivée et bénéficie d'une personnalité très attachante.

Oliver de La Marche écrit " elle possède un langage honnête, et bien poli qui était en elle ", elle a une culture qui la met largement au-dessus des " autres filles de la cour et de son âge ".

Mais elle reste toujours à sa place, elle n'en rajoute pas, en tout cas en public. On peut même pense que vis à vis de la reine Marie, elle a un peu de remord, à la fois d'être si belle et d'avoir ouvert le cœur du roi.

Le roi est heureux, et ce sont certainement les plus beaux moments de sa vie. Il va aussi beaucoup donner à Agnès, des bijoux, de l'argent, des terres, Chastelain écrit qu'elle est mieux traitée que la reine, elle a " les plus beaux parements de lit, meilleure tapisserie, meilleure linge et couverture, meilleure vaisselle, meilleures bagues et joyaux… meilleur tout ".

 

Agnès la dévergondée

Pour poursuivre l'analyse de l'influence d'Agnès Sorel sur Charles VII, il convient de voir ce que l'entourage pouvait en dire. En particulier sur ses moeurs.

Comme aujourd'hui, les critiques pleuvent, même si l'on est habitué aux frasques des rois et princes de l'époque. La liberté sexuelle est bien plus forte au XV e siècle qu'aujourd'hui, enfin, je crois. Ainsi les " bâtards " sont nombreux, et ils sont appelés ainsi sans problème majeur. On connaît le bâtard d'Orléans, celui de bourbon ou encore le bâtard d'Armagnac. Minois signale que le duc de Bourgogne Philippe le Bon avait comme roi très chrétien, plus de 20 maîtresses, et il avait reconnu plus de 25 bâtards.

Olivier de La Marche écrit de manière superbe : (p 437)

" le duc de Bourgogne fut en son temps un prince le plus dameret et le plus envoiseux que l'on sceut : et avoit de bastards et de bastardes une moulte belle compagnie ".

 

Pour Agnès Sorel, ce qui choque, ce n'est pas non plus le sort de la Reine, , mais c'est surtout que cette favorite devient un personnage officiel, c'est une souveraine sans le titre. Et c'est le début dans notre Histoire de France, des grandes favorites comme Mme de Pompadour, Mme de Maintenon, Diane de Poitiers ou plus proche de nous…..
Agnès Sorel n'est pas populaire, Chastelain écrit " Cent milles murmures s'élevaient contre elle et non moins contre le roi ".
Agnès introduit des modes pour le moins osées.

Entre la Pucelle qui fait la guerre et la Dame de Beauté qui fait l'amour, les moralisateurs et les censeurs préfèrent la première.

Elle apporte à la cour une gaîté, mais aussi une mode jugée durement par la partie la plus austère de l'entourage du roi. Elle a des tenues dites " indécentes ", avec des robes comportant de larges décolletés qui dévoilent ses seins. Elle porte aussi des traînes de longueur exagérée. Certains affirment que cela " la ribaudise ". Jouvenel des Ursins sera très sévère, car Agnès et ses tenues incite à la débauche et au vice.
Il écrit demandant au roi " en son hostel mesme il mist remesde tant en ouvertures de par devant par lesquelle on voit les tétins, tettes et seings de femme…. "
Et il ajoute un peu plus loin dans son Discours à la charge de Chancellier, les mots de " puterye et ribaudie ", et tout autre péché qui ne plut à Dieu. :

Thomas Basin, de son côté parle de " la belle Agnès, mais aussi de ce troupeau de concubines qui était hélas, que trop onéreux pour le Royaume ".

L'effet Agnès Sorel est donc essentiellement psychologique. Le roi qui avait eu une vie horrible depuis sa plus tendre enfance était devenu un être faible, juste remis en selle pendant un an par Jeanne d'Arc, et il pensait que la vie était triste, et ne méritait pas d'être vécu, comme l'on dirait aujourd'hui.

Il était en permanence aux prises avec le doute, il voyait des complots partout, et n'avait confiance en personne. Une vie de chien… en quelque sorte.

Et c'est cet homme qu'Agnès transforme. Il va découvrir que la vie peut être belle, joyeuse, et que le bonheur existe. Au contact d'Agnès, le roi va s'épanouir, il se trouve tout simplement transformé. " Elle a un effet salutaire ".

C'est un homme nouveau qui va désormais diriger les affaires de la France, croyant en lui, davantage porté vers l'action, il voit la vie en rose, et Agnès est sa raison de vivre.

Minois ajoute d'ailleurs " Agnès Sorel n'a peut être pas influencé le roi, mais elle a transformé l'homme ". Ils vont vivre 5 années de bonheur !
Le roi d'ailleurs était depuis sa plus petite enfance, un roi errant. C'est un vrai nomade, il va de château en château avec sa cour, ne restant dans chacun de ces lieu qu'assez peu de temps.

Pourquoi ?

Sans doute se souvient-il de ses jeunes années et des grands et lugubres palais parisiens. Aussi va-t-il rester dans des lieux plus modestes.
Ensuite, ce n'est pas un roi qui cherche le contact avec son peuple, il a peur de la foule, persuadé que s'y cache un sbire des partis opposés, ou des partisans de son propre fils, prêt à le trucider. Le souvenir de Montereau le mine.

Et avec Agnès Sorel, ce sera la même chose, le roi va vivre avec sa belle dans des lieux peu ou mal connus.
Il vit principalement dans de petites demeures bourgeoises, ou de petits châteaux.
C'est le cas de Razilly, qui est situé à proximité de Chinon, et il demeure en ce lieu plusieurs mois avec Agnès. Ce petit château appartenait à un simple chambellan qui ne le met pas gracieusement à la disposition du couple, mais il loue son petit château pour une somme de 200 livres en 1445, pour une durée de 8 mois.
Autre lieu des amours de deux amants, à Roberdeau, qui possède un beau parc.

Enfin, aussi au château de Loches.

Mais le lieu le plus connu, c'est à côté de Bourges, à Bois-sir-Amé. (canton de Levet).

 

Bois - Sir - Amé, encore appelé Bois-Trousseau

Ce château appartenait au vicomte de Bourges, qui s'appelait Artault Trousseau, et c'est là que Jacques Cœur intervient.
En effet, la seule fille de Jacques Cœur, Perrette était mariée avec Jacquelin Trousseau qui était le fils d'Artault. Le couple, Jacquelin et Perrette, venait souvent dans ce château lequel n'était pas en bon état.

Charles VII, en 1447, passa plusieurs mois dans ce lieu du Berry profond, pas trop loin de Bourges.

Agnès Sorel et Charles VII se rejoignaient nous dit l'Histoire et un peu la légende à Bois-Sire-Amé, un château situé à proximité de Bourges, à 5 lieues au sud de la Ville, sur la commune de Vorly, pas très loin non plus de Levet. Ils aimaient y passer les mois d'été.
Le nom du lieu s'appelait aussi parfois "Bois Trousseau".

Le roi, à qui le château devait plaire, à moins que ce ne soit sur la demande pressante de sa belle, va acheter le château à Trousseau en 1447, et il l'offre à la dame de Beauté.
Mais le château nécessite des travaux importants qui sont effectués par le roi, et le chantier est surveillé par Jacques Cœur. C'est sans doute à ce moment que les liens entre l'Argentier et Agnès Sorel se resserrent.

De plus, c'est dans ce château que se déroulent en juin 1447, le mariage du fils Artault, Jacquelin, avec la fille de Jacques Cœur, Perrette.

Dans cette période, de 1447, le roi vit à Mehun sur Yèvre, on sait que le 24 mai, il donne encore dans cette ville des audiences. Par contre, dès qu'il a un instant de libre, il chevauche jusqu'à Bois-Sire-Amé, retrouver la belle. On le retrouve ainsi en juin 1447 et en juillet de la même année avec toute la cour.
Il ne s'y cache pas, Robert Philippe, l'historien, affirme "qu'il y retrouve Agnès Sorel dont la présence n'est cachée à personne : ni le lieu, ni les hôtes ne sont tenus secrets". C'est un "vrai second ménage" et la proximité du château et de Bourges ou Mehun sont des atouts incontestables pour le roi.

Après la mort d'Agnès Sorel, le roi Charles VII, qui s'est consolé continue à venir l'été dans le château berrichon. Il vient avec toute sa cour, en août 1452, et aussi pendant l'été 1455.

De la réalité à la légende :

A Bourges et en Berry, depuis cette lointaine époque, la légende du souterrain de la Belle est présent. Il s'agit d'un souterrain important puisque l'on pouvait y passer à cheval. Et ce souterrain, comme l'on en rencontre au centre de la ville de Bourges allait de Mehun à Bois-Sire-Amé, et la chronique indique que le Roi prenait ce souterrain pour aller voir sa maîtresse…..
Jusqu'à ce jour, aucun souterrain n'a jamais été découvert….. mais les recherches continuent.

 

Il ne s'agit pas pour le roi de sa cacher, car dans ces demeures modestes, il reçoit ses conseillers, tient en particulier des conseils et il reçoit même des ambassadeurs. La cour est présente, mais elle est assez restreinte. Il faut dire que les petits châteaux ne permettaient pas de loger plusieurs centaines de personnes.

 

Une influence politique certaine mais controversée

Agnès Sorel et la politique, c'est là que les avis divergent. Et il y plusieurs théories ou appréciations.

Des auteurs comme Henri de Man au XX e siècle traitent l'influence de la Belle par le mépris, il écrit en effet : " C'était une cervelle d'oiseau, inculte et d'un horizon limité aux affaires de toilettes, de bijoux et autres soins de coquetterie, avec la pointe requise de repentir et de dévotion, mais incapable de suivre les profonds desseins politiques qu'on lui a prêtés ".

Voilà avec ce texte, la belle dame habillée pour l'hiver…..

Pourtant, ajoute Jacques Heers qui donne cette citation, si elle avait une cervelle d'oiseau, elle a tout de même usé de son crédit pour protéger et favoriser les siens, ainsi que ses amis. Elle a en particulier bien avantagé sa famille.
Et puis elle a formé un cercle de fidèles qui prirent de plus en plus d'influence au près du roi nous dit Jacques Heers.

Sur le plan politique, Agnès Sorel n'a sans doute pas eu l'influence que l'on peut penser, mais d'une manière indirecte, elle a su se faire des amis à la cour et les imposer au roi. C'est ce que semble penser aujourd'hui des historiens comme Georges Minois.

C'est sans doute par elle que l'expression du roi appelé le " bien servi " va se révéler exacte. Le roi se retrouve entouré de personnages de haut niveau, aussi bien dans la noblesse que dans cette classe nouvelle de la bourgeoisie, dans laquelle nous pouvons placer Jacques Cœur.

Olivier de la Marche écrit :
" Agnès Sorel fit en sa qualité beaucoup de bien au royaume de France, car elle avançoit devers le roi jeunes gens d'armes et gentils compagnons dont depuis le roui fut bien servi ".
Mais avec la belle Agnès, la légende n'est jamais très loin de la réalité, ainsi Brantôme 1540- 1618 (Pierre de Bourdeille - dit Brantôme - est un personnage à plusieurs facettes. En effet, abbé laïque (ou séculier) de Brantôme il s'illustre aussi bien par les armes que par la plume de l'écrivain. Même s'il n'est pas considéré comme un historien, il sera un chroniqueur du XVIème siècle. Il va faire d'elle l'instrument qui va permettre de poursuivre la guerre contre les Anglais, et il écrit :
" … le roi Charles VII, amouraché d'elle et ne se soucier que de lui faire l'amour, et, mol et lâche, ne tenir compte de son royaume, lui dit un jour que lorsqu'elle était encore jeune fille, un astrologue lui avait prédit qu'elle serait aimée et servie par l'un des plus vaillants et courageux rois de la chrétienté… et quant le roi l'aimât, elle pensait que ce fut ce roi valeureux qui lui avait été prédit ".

Et Brantôme poursuit le récit en affirmant qu'Agnès voyant ce roi si mou, elle pensait qu'elle s'était trompé et que le roi valeureux…. C'était en fait le roi d'Angleterre, lequel " lui prenait tant de belles villes à sa barbe, donc dit-elle, je m'en vais le trouver, car c'est lui duquel entendait l'astrologue. Ces paroles piquèrent si fort le cœur du roi qu'il se mit à pleurer et prenant courage, prit le frein aux dents, si bien que, par son bonheur et vaillance, chassa les Anglais de son royaume ".

Magnifique récit, bien dans la légende de ces époques, mais la réalité est sans doute plus complexe.

Il faut se souvenir qu'en mai 1444, c'est la signature d'une trêve avec les Anglais, et elle va durer avec des hauts et des bas, environ 5 ans. Jusqu'e,n 1449.

Agnès Sorel avait-elle des convictions et un intérêt à favoriser la paix ou inversement à en finir avec cette guerre contre les anglais ?

Deux types d'arguments sont en présence :

Elle vit le parfait amour avec Charles VII, et n'a pas d'intérêt majeur pour pousser le roi à la guerre, d'autant plus que lui, n'y tient pas trop. On peut donc penser qu'elle favorise avant tout la paix, elle brille à la cour, fait des enfants, s'amuse, et veut protéger le roi.
Il faut aussi avoir à l'esprit que Jacques Cœur, de son côté n'a pas intérêt à vouloir la guerre. Cela lui coûte de l'argent et il veut essentiellement faire du commerce et de la diplomatie, alors, la guerre c'est pas son truc.

On peut raisonnablement penser que la guerre qui s'est déclenchée à partir du début de l'année 1449 n'est pas le fait d'Agnès Sorel, d'ailleurs dans ces périodes de conflit, elle ne peut pas suivre son amant.

Le seul élément qui aurait pu pousser Agnès Sorel à une attitude inverse, c'est le mythe Jeanne d'Arc, c'est de vouloir être à sa manière une nouvelle héroïne, en poussant le roi et son argentier à bouter les anglais hors de France. C'est possible mais pas certain.
Dans cette dernière hypothèse à laquelle je ne m'associe pas, la fin de la guerre de 100 ans serait due à la puissance de conviction d'Agnès Sorel et à l'argent de Jacques Cœur….

L'influence d'Agnès Sorel est d'essence différente, c'est une influence indirecte, plus subtile, plus en harmonie avec son pouvoir qui est celui de la séduction. Elle a séduit le roi, mais aussi de nombreux hommes de son entourage qu'elle a choisi. C'est bientôt un clan ou un réseau.

 

le réseau Agnès Sorel

Agnès Sorel si belle et si jeune semble avoir eu la capacité très forte de réunir autour d'elle des personnages de haut niveau qui vont former une sorte de premier cercle et à la fois l'aider, la protéger et faire un rempart entre " la dame et le roi " face à tous les comploteurs.
Elle va ainsi favoriser la carrière de nombreuses personnes, dont elle détecte la valeur et l'aide qu'elles pouvaient apporter à son amant de souverain.

C'est de manière progressive qu'Agnès met en place ses pions dirions-nous aujourd'hui. Elle commence dès son arrivée près du roi, mais surtout après le départ du dauphin Louis, c'est à dire à partir du début 1447.

On parle alors des amis d'Agnès Sorel comme d'un clan.

On note la présence de Brézé, sénéchal et comte d'Evreux, un beau parleur nous dit Chastellain.

Mais aussi

Jean de Maupas
Etienne Chevalier p443
Guillaume Cousinot
Beauveau de Précigny
Guillaume d'Estouteville
Jamet du Tillet
Jean Dauvet
Jacques Cœur.

 

Ces grands personnages viennent de tous les milieux, nobles, clergés, et des bourgeois comme Jacques Cœur.

 

Mais on retrouve aussi un grand personnage qui sera présent dans la fin de la vie de Jacques Cœur et un de ses ennemis intimes : Guillaume Gouffier. Il vient de la maison d'Anjou, et en 1444, on le retrouve écuyer valet de chambre du roi.
Ce " bel, net et de bonne taille " homme, selon Chastellain est un vrai sportif et vrai homme d'armes, on dit qu'il aime les joutes et autres tournois comme ceux de Razilly et surtout celui de Bourges.

Ce Guillaume Gouffier est sans doute aussi le garde du corps de la belle Agnès, on le retrouve à Loches, à Tours et à Paris, il accompagne la Dame de Beauté.

Ce cercle des " amis " d'Agnès Sorel comprend encore les frères Bureaux, surtout semble-t-il Jean Bureau. (p445)

Jean Dauvet, lui aussi, est procureur du roi, il fait parti du même cercle. Notons que certains de ces personnages à la mort de la Belle vont s'entredéchirer…. Et le premier à subir ces désunions fut Jacques Cœur.

Ce qui semble important pour cette étude, c'est de retrouver dans l'entourage immédiat du roi et de sa belle, une grande quantité d'hommes de valeur. Elle assure la cohésion du groupe ainsi constitué, et c'est sans doute là, la réponse à la question et à l'énigme sur l'influence d'Agnès Sorel dans les affaires de l'Etat.

Les conseillers du roi ne sont pas des marionnettes, des gens compétents et tous au service de leur roi. Ainsi, le niveau de confiance est très fort, ils sont davantage axés sur les problèmes de l'Etat que généralement les nobles de cette époque. Le roi réunit le conseil tous les jours, et ne décide rien sans leur avis. Par contre, la belle n'assiste pas semble-t-il au Conseil, mais elle y a ses " hommes à elle ".

 

Agnès Sorel et le dauphin, futur Louis XI

Les années 1444 et 1445 sont très importantes pour tous les personnages de cette époque. C'est un drame qui se noue eau plus haut somment de l'Etat.
On trouve dans cette pièce digne de Shakespeare, le roi Charles VII, il est en froid avec son fils, lequel attend avec impatience le trône. Le Dauphin Louis, et Agnès Sorel, que le roi est en train d'imposer ne vont pas être des " amis de 5 ans ".
Et dans ce drame, l'épouse de Louis XI meurt le 16 août 1444, ce qui semble libérer le futur Louis XI.

Pour la petite histoire, Marguerite d'Ecosse meurt à la suite d'un refroidissement, elle a 19 ans, et c'est au cours d'un pèlerinage vers Chalons, que la jeune femme attrape le mal qui va l'emporter, et ce pèlerinage était fait avec le roi et Agnès Sorel. (à Notre Dame de l'Epine).

Ce drame de la mort de Marguerite d'Ecosse marque la césure entre les partisans du roi, donc du tout nouveau clan d'Agnès Sorel et ceux du Dauphin.

Le Dauphin se libère, il veut choisir seul sa nouvelle épouse, et se coupe de plusieurs de ses partisans. C'est à ce moment que plusieurs des amis du Dauphin s'en vont, comme Etienne Chevalier qui était alors maître de la chambre du dauphin et qui s'en va dans le nouveau clan d'Agnès Sorel. Il deviendra trésorier de France.

Les premières altercations entre le Dauphin et la belle ont sans doute pour sujet, la situation de Marie d'Anjou, Louis se rapproche de sa mère, l'affrontement est inévitable. C'est ainsi que cela vient aux oreilles du pape Pie II, sur la foi du rapport d'un nonce qui " montre le dauphin poursuivant la maîtresse du roi l'épée à la main, pour venger l'injure faite à sa mère ".

Pourtant, tout avait bien commencé, car après la Praguerie de 1440, le Dauphin voulait se réconcilier avec les gens qui comptaient autour de Charles VII. Lorsqu'il revint de la campagne d'Armagnac, il fit don à la " belle ", de 6 tapisseries représentant " l'Histoire de la chaste Suzanne ". C'était gentil, mais peut-être avec des sous-entendus…. La chaste Suzanne !

Agnès Sorel et le dauphin vont former deux clans et s'opposer. Pour le futur Louis XI, Agnès est une rivale. Elle a le roi à elle toute seule, et lui ne peut plus guère approcher son père.
Agnès Sorel est donc un peu " chef de clan ".
Agnès Sorel et Pierre de Brézé

Dans cette grande querelle qui oppose Agnès Sorel et le dauphin Louis, un personnage fait l'objet d'un vrai débat, c'est Pierre de Brézé.
C'est un homme qui est né vers 1410, il a donc environ 35 ans, il vient d'une petite noblesse, et se trouve être un personnage politique de bon niveau, mais aussi un homme de guerre et un amateur de littérature.

Il entre dans l'entourage du roi en même temps qu'Agnès et ils vont former, Agnès et de Brezé, un couple très proche du roi et le soutenant à tous les instants. Ce sont des gens de confiance et cela va les rapprocher, d'autant que de Brézé est un admirateur de la Dame de Beauté.

A partir de 1444, alors que Agnès devient la maîtresse royale, de Brézé devient lui un de ses ministre les plus écoutés.
Brézé devient le personnage principal de la cour et du conseil du roi. C'est ce que Minois appelle le clan Sorel qui triomphe alors, reléguant le clan des Angevins qui avaient été très puissants avec la reine Yolande qui était morte en 1442, alors que le roi René était retourné dans sa Provence et que Charles de Maine ne participaient plus au conseil. La place était donc toute chaude pour Agnès Sorel et ses amis.

 

Le complot de 1446

Sans aller trop dans les détails, on peut voir au travers de cette histoire, les influences des uns et des autres. Le dauphin " commence par courtiser " de Brézé, puis, voyant que ça ne marche pas, il demande son renvoie, ce que le roi refuse. C'est la guerre entre les deux hommes,
Un véritable complot est mis en œuvre en 1446, le dauphin a bénéficié de plusieurs victoires en Guyenne et en Normandie, et il a sondé les Etats du Languedoc afin de voir, comme pour un sondage aujourd'hui, s'il était populaire ou non, et ce que feraient ces Etats s'il prenait le pouvoir.

Car c'est bien le complot de 1446. En voici le scénario : Louis décide de s'emparer du château de Razilly où loge le roi et sa maîtresse, ils sont en compagnie de de Brézé. Une fois le château prit en neutralisant nous dit Minois, la garde écossaise, le roi est fait prisonnier…. Et de Brézé tué, on songe à faire comme pour Giac, un sac, une rivière et le tour est joué.

Et le complot est assez sérieux puisque Charles d'Anjou est approché pour en être, et Antoine de Chabannes doit recevoir 10 000 livre de la part du futur Louis XI pour tuer de Brézé…. Et c'est sans doute de Chabannes qui fait capoter le complot car les 10 000 livres lui semble assez peu pour une opération aussi risquée, car prendre le château de Razilly ne lui semble, lui, homme de guerre, pas très simple.

L'affaire en reste là, car trop de monde sont mis dans la confidence, Charles d'Anjou se réconcilie avec de Brézé, et comme Chabannes refuse les avances de Louis, le dauphin se tourne vers un vrai brigands, Jean de Gaillon, comme si les autres n'étaient pas des brigands…

Le roi Charles VII a vent de ce complot, il fait surveiller Louis, et l'affaire est bientôt connue de la cour toute entière. Le dauphin est convoqué par son père, et se retrouve poussé à l'exile….. pour plusieurs mois lui dit son papa.
Le dauphin, dans ces circonstances se montre assez lâche, il met tout sur le dos de Chabannes, lequel veut le poursuivre en duel " judiciaire ", dit Minois.

Louis est donc exilé, mais il met beaucoup de bonne volonté à ne pas partir…. Il devient horrible, provocateur et, c'est là un élément intéressant, il devient dans ses paroles, l'ardent défenseur de sa mère face à la concubine qui est donc Agnès Sorel.

Le combat entre le dauphin qui ne veut pas quitter la cour et la favorite fait rage. Les moqueries sur la belle Agnès sont journalières. Un jour, le dauphin fait couper la queue de ses chevaux pour faire comme le roi son père qui a désormais, à la demande d'Agnès lui aussi les cheveux courts.

Gaminerie et provocation entre les trois personnages clés Charles, Louis et Agnès.

Mais c'est Agnès qui gagne et le départ du dauphin fait suite à une altercation qui a failli mal se terminer pour elle.

Et c'est sans aucun doute le tournant de cette période à trois, et la suite des événements dépendra en grande partie de cette journée de la haine.

Les avis divergent sur ce qui s'est réellement passé, pour les uns, le dauphin a poursuivi la Belle avec un couteau pour lui faire la peau, ou encore avec son épée. D'autres, pensent que ce fut plus simplement une gifle que le dauphin aurait donné à Agnès.

 

En effet, quelque soit la méthode, que Louis en soit venu à menacer, une arme à la main, la Dame de Beauté, ou une gifle, c'est la goutte d'eau qui fera déborder le vase. Il doit quitter la cour, ce qui arrive le 1 er janvier de l'an 1447, laissant la place libre à Agnès Sorel grande vainqueur de cette joute.

" Par cette tête qui n'a point de chaperon, je me vengerai de ceux qui m'ont jeté hors de ma maison ".
Charles VII et son fils ne se reverront jamais.

 

Le clan Agnès Sorel s'étoffe

Agnès sort renforcée du combat entre le père et le fils, mais si le premier en ce début d'année 1447 trouve une certaine sérénité, le second loin de la cour se morfond et ne songe qu'à revenir pour sa revanche.

C'est alors que ce qui s'appellera le clan Agnès Sorel se densifie.
Elle réunit autour de sa personne, des hommes de confiance, ceux dont le roi a besoin.

Ce qui est sans doute le plus remarquable, c'est cette sorte de synthèse qu'elle parvient à opérer. Dans ce milieu si cruel, avec les intrigues et les complots, elle a comme un sixième sens, certains diraient une intuition féminine, pour placer dans l'environnement immédiat du souverain, des gens, nobles ou non qui vont le servir, ce sera d'ailleurs un de ses titres, " le bien servi ", et cela c'est l'oeuvre de cette très jeune femme.

Elle devait avoir une attirance et une intelligence forte. Comment ces gens, parfois des soudards et surtout pas des enfants de Chœur, se sont ils agglutinés autour de la belle ?

C'est bien là le trait essentiel de son influence politique, reconnaître et imposer les gens de valeur qui serviront sans arrière pensée le roi son amant.

Et le clan se forme et s'étoffe avec des gens de grande valeur :

On a vu Pierre de Brézé et Etienne Chevalier, vont suivre, deux autres personnages, :

Guillaume Gouffier et notre Jacques Cœur.

Pour le premier, Minois dit p 443, " autre créature d'Agnès Sorel ", comme si elle avait la possibilité de façonner les gens. Et l'auteur parle alors de Guillaume Gouffier.

 

D'ailleurs après la mort de la belle, le clan va voler en éclat et partir dans tous les sens, le premier à s'en apercevoir étant Jacques Cœur.

 

Agnès Sorel et Jacques Coeur

Dans le clan d'Agnès Sorel figure Jacques Cœur.

Un mot de rappel sur le natif et grand personnage de Bourges. Après la reprise de Paris en 1436, le roi Charles VII le nomme maître de l'Hôtel des Monnaies de Paris, et il va œuvrer pour remettre de l'ordre dans la monnaie du royaume, et en particulier pour remplacer par " une monnaie de bon aloi, celle des Anglais ".
C'est ainsi à partir de cette date que Jacques Cœur fréquente le roi, car si le sujet n'est pas encore très lucratif, c'est un poste clé, et très vite le roi est subjugué par l'efficacité de ce petit bourgeois.

En 1438, Jacques Cœur devient l'argentier du roi, c'est une charge qui consiste à gérer le budget de l'Hôtel du Roi. Il doit procéder aux achats de tous les besoins du roi, de sa famille et de la cour, ce n'est en aucune façon un poste de ministre des fiances.
Et peu à peu, Jacques Cœur devient dans l'import-export, une sorte de personnage qui achète à lui-même avec l'argent du roi, des marchandises et il les revend à la cour, pièce à pièce, il fixe donc les prix…. Et il n'y a pas d'appel d'offre. C'est tout bénéfice…. A condition que ce qu'il fait venir du Levant corresponde bien aux besoins de la cour.

On n'a pas assez insisté dans la période 1443, 1450 sur le fait que la cour est entraînée sur le plan vestimentaire, des pareries et autres bijoux par la mode lancée et entretenue par Agnès Sorel.
Ce n'est pas la reine qui fixe les tenues, mais les belles demoiselles, au rang desquelles se trouve Agnès.
Malin plus qu'un autre, il est certain que Jacques Cœur a vu le parti de satisfaire les goûts d'Agnès Sorel, c'est le " top modèle " qui joue les entraîneuses et les ensorceleuses pour reprendre un livre de Michel Hérubel.

Reprenons la chronologie sur Jacques Cœur.
En 1441, il est anoblit par le roi, c'est une marche essentielle dans son ascension, d'autant qu'il décroche la même année le poste de commissaire royal auprès des Etats du Languedoc à Toulouse, et ça, c'est le jack pot, il gagne beaucoup d'argent par cette charge. L'année suivante, il obtient la même charge cette fois pour les états d'Auvergne.

C'est à cette époque, 1443, donc vers la rencontre du roi et d'Agnès Sorel que Jacques Cœur diversifie son activité, il fait dans la diplomatie devenant un intermédiaire entre le sultan d'Egypte et Venise, et puis, il pense aussi à Bourges, il fait édicter une réglementation très strictes sur la qualité des draps…. Or il possède une fabrique de draps à Bourges.

 

A cette époque, Jacques Cœur est puissant et la trêve de Tours avec les Anglais arrange en quelque sorte son commerce, et il fait construire ses premiers navires pour accentuer le commerce avec le Levant.
Nous sommes en 1444 : l'arrivée d'Agnès Sorel ne passe pas inaperçue et Jacques Cœur a tout intérêt à la bichonner.

Pour beaucoup, la Dame de Beauté et l'Argentier " vont se soutenir mutuellement et tant qu'elle vivra, , le roi accordera pleine confiance en son argentier " nous dit Minois.
Mais Jacques Cœur réussit l'exploit, lui, de ne pas se fâcher avec le Dauphin, ce sera, de mon point de vue, l'origine de sa perte.
Il restera en contact secret avec le dauphin, même après 1447 et son bannissement de la cour. On connaît aujourd'hui son agent chargé de maintenir le contact, c'est Charles Astars, chargé des comptes des mines du Lyonnais appartenant à Jacques Cœur et pas loin… du Dauphiné.

Les années 1445 / 1448 sont les plus importantes dans la vie de l'Argentier par le nombre de missions et autres négociations pour le compte du Roi. Et comme c'est aussi la grande période d'Agnès Sorel, ils devaient effectivement s'entendre comme larrons en foire.
C'est aussi à cette période qu'il écrit cette phrase énigmatique digne d'un quelconque Da Vinvy Code :
" Je sais bien que la conquête du Saint Graal ne peut se faire sans moi ". Ne va-t-il pas trop loin, et ne se prend-il pas pour un souverain, il est plus puissant que le roi sur le plan financier, lui prêtant de l'argent pour ses besoins et aussi pour faire la guerre.

En 1447, Jacques Cœur marie sa fille Perrette avec Artaud Trousseau, et ce dernier est le châtelain de Bois-Sir-Amé, qui est un des lieux favoris de la favorite. C'est encore le cercle Agnès.

Vers 1449, écrit Minois, " Jacques Cœur occupe une position exceptionnelle dans le royaume. Il est le troisième pôle du triumvirat non officiel qu'il forme avec Agnès Sorel et Pierre de Brézé ".

Mais les nuages arrivent… et les jaloux avec eux.
Une réussite aussi insolente et aussi malhonnête ne peut être due qu'au diable, évoquera Guillaume des Ursins. Les rumeurs commencent à venir, sur l'esclave musulman, Aboléris. Ensuite, il décide de délocaliser certaines de ses activités. Il veut transférer ses activités de Montpellier vers Marseille, ce qui fâche le Languedoc. Car Marseille c'est la Provence, et la Provence, ce n'est pas tout à fait la France.
Et puis il doit sans doute se rapprocher du dauphin… mais si des nuages apparaissent, tant qu'Agnès Sorel est là, il n'a rien à craindre.

1944 / 1949, c'est le temps des trêves , mais aussi celui de la réorganisation de l'armée et des impôts. P 474

C'est la grande période de Jacques Cœur et d'Agnès Sorel.

 

CONCLUSION

 

Pour conclure sur l'influence d'Agnès Sorel sur le roi Charles VII, si les avis sont, comme toujours controversés, il ressort quelques éléments qui ne peuvent pas être niés :

- Elle fut aimé du roi, il en était fou amoureux, même si il prit une nouvelle maîtresse dès la mort de la belle, mais il choisit une de ses cousines : Antoinette de Maignelais. Peut être un air de famille. En tout cas, il était très porté sur le sexe, c'est le moins que l'on puisse dire.

- Elle fut très belle, et elle illumina les 6 ans qu'elle passa avec le roi . Elle l'a décoincé sur le plan de l'apparence, du caractère, de sa façon de prendre la vie. Elle fut un thérapeute redoutable. C'était " son petit rayon de soleil ", le roi vit autrement, plus gai, plus joyeux, il joue, il s'amuse…. Mais il travaille. Son influence, c'est d'avoir transformé cet taciturne.

- Elle met en place plus ou moins consciemment, des hommes autour du roi. Ce sont des gens de grande valeur comme Jacques Cœur, elle forme le clan Agnès Sorel. Celui qui n'en est pas passe de forts mauvais moments.

- Sur le plan politique, son influence est indirecte, ce n'est pas une femme de guerre, elle ne connaît rien à l'art de la guerre, mais elle a confiance dans ses " amis ", et nous allons le voir, elle peut prendre des risques pour rejoindre son amant et l'avertir qu'un nouveau complot se prépare….

-Elle n'a sans doute pas poussé le roi à reprendre la guerre en 1449, à moins que ce soit pour une lutte rapide. En finir avec les anglais et vivre le parfait amour avec son amant de roi. Ce pouvait être une stratégie.

Agnès Sorel était :
Belle
Douce
Intelligente

Pas mal….. pour une dame presque sortie du peuple.

Agnès Sorel, représentera une certaine puissance alors qu'elle est, comme Jacques Cœur d'origine modeste, une amitié va les lier, elle protège l'Argentier du roi, ce qui lui permettra de monter dans l'honorabilité et favorisera son commerce.

?

LA FIN DU REGNE D'AGNES SOREL

 

Pendant les 5 années qu'elle passe auprès du roi, elle lui donne tout de même 3 enfants. Ce sont 3 filles :
Et le roi va les légitimer et les mariera selon leur rang.
Elle lui donne 3 filles et devient, pour la première fois dans l'histoire de France, la maîtresse officielle et attitrée de la cour..

- Marie de Valois, la plus âgée, épousera en 1484 le sire de Coëtivy.

- Charlotte deviendra en 1462, la femme de Jacques de Brézé

- la troisième, Jeanne, née à beauté, sera mariée par Louis XI à Antoine de Bueil.


 

La fin d'Agnès Sorel en 1450

Certains auteurs ou romanciers feront d'une liaison entre Jacques Cœur et Agnès Sorel la clé des malheurs du grand Argentier. C'est pour l'instant une fable digne d'un excellent téléfilm....
Alors qu'elle est enceinte pour la quatrième fois, Agnès Sorel veut rejoindre le roi qui guerroie en Normandie, et voyage en février sur les routes défoncées. Agnès Sorel, lorsqu'elle est arrivée en "mauvais état" retrouver le Roi, venait de Loches, et c'est à Jumièges qu'elle retrouve Charles VII son royal amant. Ce dernier s'est installé à l'abbaye de Montivilliers, au début de l'année 1450, puis à l'abbaye de Jumièges. Il est là pour terminer la "guerre de cent ans".

L'abbé de Jumièges voyant la dame enceinte de plusieurs mois (7 peut-être ?), met à la disposition du couple le manoir du Mesnil, lequel dépend de l'abbaye.
C'est dans ce lieu qu'elle met au monde un enfant, et qu'elle meurt le 9 février 1450, aujourd'hui nous savons qu'elle est décédée, empoisonnée par du mercure.

 

Son coeur et ses viscères restent à Jumièges, son corps est transporté à Loches.
Jacques Cœur perd sa protectrice et Charles VII son inspiratrice.

Agnès Sorel aimait venir en Berry, le roi lui avait donné le fief d'Issoudun, et elle venait dans le château de Menetou Salon, propriété de Jacques Cœur. La légende affirme qu'elle venait se reposer dans le parc à l'ombre d'un grand chêne. C'est à Bois-Sire-Amé, à 5 lieues au sud de Bourges, qu'elle rencontrait aussi son amant de roi, dans un château appartenant à la fille de Jacques Cœur. Enfin, elle fréquentait la couche de Charles VII, dans le magnifique château de Mehun-sur-Yèvre.

Dès sa mort, des rumeurs circulent, la Dame de Beauté aurait été empoisonnée, et la main du coupable, c'est Jacques Cœur. Il sera lavé de ces soupçons lors de son procès, alors que le propre médecin du roi, Robert Poitevin affirme qu'Agnès est morte en couche d'un "flux de ventre" et n'a pas été empoisonnée. mais Ainsi commence une aventure de 550 ans…….
Du côté de Loches :

Les restes d'Agnès Sorel étaient à Loches dans une urne et sous l'impulsion de la mairie de Loches et du Conseil général d'Indre et Loire, il fut décidé que ces restes seraient transportés dans la Collégiale Saint Ours, selon les vœux de la belle. La décision fut prise et en même temps, une demande d'étude de ces restes est commandée en mai 2004 au docteur Philippe Charlier du CHU de Lille. Il fallait déterminer s'il s'agissait bien des reste de la maîtresse du roi, et aussi de savoir de quoi elle était décédée.
C'est ainsi que sous l'impulsion du docteur Charlier et de son équipe, 8 laboratoires français, dont le Cyclotron de Grenoble vont travailler sur ce qui se trouvait dans l'urne funéraire, c'est à dire un crâne, des mandibules, des poils du pubis, des aisselles, et autres sourcils, des cheveux et des morceaux de muscle, de peau ainsi que du jus de putréfaction. Ajoutons quelques restes du fœtus et un morceau de vêtement et l'on aura une idée de la "matière première confiée aux laboratoires.

Bourges entre en scène

Dans le cadre de ces analyses, Bourges entre alors en scène avec la participation de l'Association des Amis de Jacques Cœur, et du Musée du Berry. C'est ainsi que le Musée possédait depuis près de 2 siècles, une mèche de cheveux attribuée à la Dame de Beauté, mais sans en avoir aucune preuve, ainsi qu'une reproduction du masque funéraire.
Le docteur Charlier vint donc à Bourges "récupérer la mèche" afin de l'analyser. Ces cheveux joliment encadrés, étaient de couleur brune alors que chacun sait qu'Agnès était une belle blonde ! Et pourtant la science sera formelle :

A Loches, ce samedi matin 2 avril 2005, avec Marie France Narboux, mon épouse, Présidente des Amis de Jacques Cœur, je retrouvais le docteur Charlier, qui nous redonna "notre" mèche de cheveux qu'il avait étudié
Il nous dit : " Voici la mèche que je vous rends, il faudra la mettre en valeur !"
Ah bon, ce sont donc bien les cheveux d'Agnès Sorel ?
"Vous le saurez à 11 H 45......."
Et c'est ainsi qu'à midi,il fut annoncé officiellement que Bourges possédait bien les cheveux d'Agnès Sorel ainsi que la reproduction de son masque mortuaire.

De quoi est morte Agnès Sorel ?

Les conclusions des équipes du docteur Philippe Charlier sont passionnantes.
Agnès Sorel était bien blonde et si les cheveux que l'on observe sont bruns, c'est par réaction chimique avec la gangue de plomb provenant du sarcophage. Celui-ci était triple, fait de plomb, de chêne et de cèdre. Cette gangue de plomb dissimilait la blondeur de la Belle, ainsi que des débris de résille d'or qui recouvraient sa chevelure.

Son âge a été déterminé, elle est décédée à l'âge de 25 ans, (plus ou moins 2 ans).
Dans l'urne mortuaire se trouvait aussi un fragment d'un foetus de 7 mois, il est né en 1450, son sexe n'a pas été déterminé. Mais à 7 mois, l'enfant n'était pas viable au XV e siècle.
De quoi est morte Agnès Sorel ? Telle est la question. Trois équipes ont travaillé sur les examens toxicologiques. Les analyses ont porté sur le contenu des poils, des cheveux et de la putréfaction. Les conclusions de ces experts du XXI e siècle sont formelles : Agnès Sorel a été foudroyée en quelques jours par une dose astronomique de Mercure.
L'enquête avance mais pourquoi tant de mercure ?
Le mercure à cette époque était utilisée comme médicament pour de nombreuses maladies, pour les accouchements longs et difficiles et aussi.... comme poison !
En premier lieu, Agnès Sorel était plutôt en bonne santé, elle avait une bonne hygiène de vie et une alimentation équilibrée. On a retrouvé 7 dents, dont une seule avait une carie, ce qui à l'époque, est un bon résultat. Son âge a d'ailleurs été confirmé par les dents.
Mais les études parasitologiques ont démontré qu'elle était atteinte d'une maladie parasitaire : l'ascaridiose, c'est à dire des vers intestinaux. Ce sont des vers blanchâtres de 2 à 25 centimètres de long provoquant une infection du tube digestif, comme cela n'était pas exceptionnel au XV e siècle.
C'était donc fréquent à l'époque, avec des douleurs abdominales, des diarrhées, des selles sanglantes et des complications pouvaient survenir. Cette ascaridiose provenait de l'hygiène alimentaire d'alors et de la préparation des repas.
On a pas trouvé de trace d'arsenic, alors qu'il s'agissait d'un poison parmi les plus utilisés.

D'où vient ce mercure mortel ?

L'utilisation du mercure était monnaie courante pour les traitements contre les vermifuges. Mais les posologies étaient alors bien connues et une erreur de dosage ne semble guère possible. Le médecin d'Agnès Sorel, Robert Poitevin était un des plus grands médecins de l'époque.
Le mercure pouvait-il provenir du sarcophage et du plomb ? Sans doute pas, car le cercueil de plomb ne comprend que des traces de mercure et non des quantités importantes.
Sur l'hypothèse des soins de conservation, il en est de même, on n'a pas trouvé mercure à haute dose dans les fosses nasales.
Ce taux considérable de mercure trouvé dans les phanères (cheveux, poils et sourcils) semble davantage correspondre à un meurtre au Mercure. Ce mercure était très utilisé au moyen Age comme poison, c'était aussi bien en Europe, dans les cours, qu'à Moscou par exemple. Remarquons que Pline l'Ancien évoquait déjà ce poison.....
Agnès Sorel était sans doute soignée par un traitement de cette parasitose intestinale avec des fougères mâles et du mercure, mais de manière volontaire, une dose massive de mercure a été ajoutée dans les médications que devait prendre Agnès Sorel.
Le mercure au Moyen Age a souvent été considéré comme étant "le poison du pauvre".

Qui a tué Agnès Sorel ?

L'enquête continue à partir des études de l'équipe du professeur Charlier. Il faut maintenant redonner la parole aux historiens, parmi lesquels, le professeur Robert Guillot, un des derniers grands médiévistes de cette époque.

Jacques Cœur était son ami, il n'avait aucun intérêt à voir disparaître Agnès, et dans le procès de l'Argentier, ce chef d'accusation a été rapidement abandonné.
Agnès Sorel aurait pu être tuée par beaucoup de gens. Jacques Coeur fait parti du nombre des suspects, mais aussi Etienne Chevalier, ou encore des obscurs de l'entourage du roi. Et puis, un des rares hommes avec lequel Agnès Sorel était en guerre : le dauphin Louis.
Le futur Louis XI apparaît comme le coupable idéal...... mais les recherches en ce domaine ne font que commencer.
Le commanditaire peut être effectivement Louis XI, mais le dauphin n'était pas présent à la mort de la belle. Il a donc, si l'hypothèse s'avère confirmée qu'il a eu, sur place un "exécutant".
Parmi les personnes qui ont été en contact étroit avec Agnès Sorel dans ces moments figure le docteur de Charles VII, Robert Poitevin, un des plus grands médecins de son temps, et il fut en outre un des trois exécuteurs testamentaires de la belle.

Pourquoi Robert Poitevin ?

Les relations des uns et des autres étaient conflictuelles, entre la cour et les bourgeois arrivés comme Jacques Coeur, entre les partisans du roi et ceux du dauphin, entre aussi le clan d'Agnès, qui comprenait Jacques Coeur et le clan du Dauphin.
Poitevin s'est-il laissé convaincre que cette "belle" devait périr car elle prenait de plus en plus d'importance dans les décisions du roi ? peut-être, mais c'est sans doute la future arrivée du dauphin à la tête du pays, car Charles n'a jamais été en bonne santé qui est au coeur de l'affaire.
Un médecin assassin ? c'est un peu la théorie nouvelle développée par Philippe Charlier, en prenant beaucoup de précautions...
Un argument de plus, c'est la déclaration de Poitevin, après la mort pour affirmer de manière péremptoire que l'amante de Charles VII avait été victime "d'un flux au ventre", et face à la rumeur qui circulait sur un éventuel empoisonnement, il a démentit de manière forte, comme l'on dirait aujourd'hui or un tel empoisonnement ne pouvait passer inaperçu pour un homme de la valeur du docteur du roi.

Les chroniqueurs ont peu parlé de la mort d'Agnès Sorel, s'intéressant comme l'a fait remarquer Georges Minois dans son Charles VII, ils ont davantage évoqué la guerre de cette année 1450.
On trouve pourtant quelques lignes sur Agnès, l'empoisonnement et... Louis XI :
c'est ainsi que Du Clercq a écrit :

"Et certains dirent aussi que le dauphin avait déjà fait mourir une damoiselle nommée la belle Agnès, laquelle était la plus belle femme du royaume, et totalement en amour avec le roi son père".

Le dauphin avait une réputation exécrable et Jacques Coeur qui a toujours servi son roi Charles, se rapprochera du Dauphin, ce qui causera sa perte.
Agnès Sorel empoisonnée, cela semble aujourd'hui certain.
Agnès Sorel assassinée, la probabilité est de plus en plus forte
Robert Poitevin, a mis le poison dans les médications de la belle, c'est probable
Le dauphin Louis, à l'origine du meurtre dont il est le commanditaire, c'est fort possible.
Jacques Coeur innocent, là encore c'est certain.

 

Quelques éléments nouveaux :

Le docteur Philippe Charlier, qui est aujourd'hui au service de médecine légale et d'anatomie / cytologie pathologique de l'Hôpital Universitaire Raymond Poincaré de Garches (Il donne aussi des cours à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes de Paris), au cours de 2 conférences à Bourges le mardi 31 janvier a apporté quelques éléments nouveaux.

Il y a eu 22 collaborateurs et 18 laboratoires qui ont participé à cette étude sur les reste d'Agnès Sorel.
Agnès Sorel est la "maîtresse" officielle du roi Charles VII, et ses enfants peuvent prétendre au trône, ce qui était politiquement très important.
Le transport du corps de la Dame de Beauté (hormis le coeur et les viscères) vers Loches a été fait en une quinzaine ou vingtaine de jours.
Le gisant, magnifique sculpture de Loches, est en albâtre, et il aurait été réalisé "d'après nature". Ce qui est important pour les comparaisons du visage.
Il n'a pas été possible de déterminer la taille d'Agnès Sorel, il aurait été nécessaire d'avoir des os plus longs.

Lors de la réduction du corps en 1777, les restes ont été placés dans un vulgaire saloir à cochon, neuf, de 43 cm par 35 cm. Cette réduction du corps s'est fait d'abord par les pieds, puis le bassin, puis la poitrine et enfin la tête.
Il n'y avait pas de bijoux dans l'urne, mais il a été signalé que des reliques, chaque fois que l'urne a été ouverte elle a fait l'objet de vols de dents ou d'os.
Au cours de ses recherches, le docteur Charlier a été victime d'une maladie pulmonaire due semble-t-il à des champignons microscopiques, un peu comme une malédiction ( on se souvient de la malédiction de Toutankhamon).

Mais la dernière découverte des restes, c'est la présence d'un triponem, et la question se pose : Agnès Sorel pouvait elle avoir la syphilis ? Cela reste une question intéressante, car les historiens affirment que cette maladie est arrivée en Europe à partir de 1493.... Et que cette théorie est aujourd'hui contestée. Agnès Sorel et ses restes pourraient donner des réponses, mais le docteur Charlier est très prudent sur ces études qui ne sont pas terminées.
Le paludisme qui était très présent en Berry, n'a pas atteint Agnès Sorel.

IMPORTANT :

Quel historien peut nous en dire davantage sur le docteur Robert POITEVIN, qui fut le médecin de Charles VII. Qui était-il ? Qu'est ce qu'il devint après la mort de Charles VII, et en particulier s'est il enrichi après 1450 ?

Le docteur Charlier, sur la lancée et le succès obtenu avec Agnès Sorel travaille aujourd'hui sur de supposés restes de Jeanne d'Arc, des reliques qui sont à Chinon..... et sur un autre personnage (de dimension internationale, mais nous n'en savons pas plus !).
Au cours de l'été 2005, les cheveux et le masque mortuaire d'Agnès Sorel ont été présentés à l'Hôtel Lallemant de Bourges (entrée gratuite)

 

Les chroniqueurs

- Jacques Du Clercq, né à Arras vers 1420.
Laisse un récit assez sec entre 1448 et 1467.

- Georges Chastellain un chroniqueur bourguignon, a fréquenté la cour de France entre 1441 et 1445. Rédige une chronique à partir de 1455.
- Mathieu d'Escouchy échevin de Peronne, il est né en 1420. Rédige un journal à partir de 1444.
Vallet de Viriville vers 1850.
- Olivier de La Marche
Bernard Chevalier : Marie d'Anjou.